Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 23:17

http://www.realpolitik.tv/wp-content/uploads/2014/02/kiev-ukraine-604x272.jpg

 

Pour ceux qui croyaient que l’Afrique fut le seul continent où des puissances étrangères pouvaient s’appuyer sur une minorité ethnique pour renverser un Président démocratiquement élu, les récents événements à Kiev montrent que l’Europe partage également ce privilège. Ils démontrent également que l’antifascisme pour l’Union Européenne et les gouvernements soumis n’est pas une conviction, mais une posture, qui vise à discréditer les mouvements patriotiques à l’intérieur de l’UE, tandis que cette même UE promeut les groupuscules réellement fascistes à l’extérieur de ses frontières, contre les états récalcitrants. Ce fut le cas en Géorgie, c’est maintenant le cas à Kiev.

Le gouvernement ukrainien issu du coup d’État est en train de prendre des mesures hautement démocratiques comme l’interdiction des partis d’opposition. Svoboda a demandé de limiter la transmission des programmes télévisés. Kiev s’oriente vers un gouvernement fasciste de transition, afin d’écraser toute forme de contestation, et de transmettre le pouvoir par la suite, à un gouvernement UE compatible, qui s’empressera alors de satisfaire toutes ses obligations « morales et économiques ».

Svoboda en profite également pour s’attaquer aux églises du patriarcat de Moscou. Ces attaques, jusque-là réservées à l’ouest de l’Ukraine, s’étendent désormais à Kiev même où 76 hommes armés ont encerclé le monastère de Kiev-Pechersk Lavra, rattaché à l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou. Le but est de remettre ces églises à l’Église orthodoxe du patriarcat de Kiev, sorte de secte dissidente et militarisée créée en 1992. Le programme de Svoboda exige le rattachement de toutes les Églises d’Ukraine à sa dissidence, par la force s’il le faut.

 

 


Pour compléter le système répressif, le nouveau ministre de l’intérieur, Arsen Avakov, a proposé d’intégrer les milices radicales au sein des troupes du ministère de l’intérieur. Il s’agit à la fois de maintenir un régime de terreur vis-à-vis des anciens députés du parti des régions, toujours majoritaire au parlement, et de tenter de contrôler ces groupements à qui l’opposition doit sa victoire sur Ianoukovitch. « Pravy sektor » a d’ailleurs déclaré qu’il n’avait pas l’intention de quitter Maïdan.

L’opposition et l’UE ont en effet remporté une victoire sur Ianoukovitch mais pas sur la Russie, qui s’est très peu impliquée jusqu’à aujourd’hui. Le départ de Ianoukovitch, parangon de lâcheté et de corruption, clarifie la situation pour le gouvernement russe. Rappelons encore une fois que l’accord de coopération était SON projet, et que si l’Union Européenne lui avait apporté de quoi financer son État en banqueroute, Ianoukovtich aurait signé des deux mains. Personne ne regrettera ce Milosevic ukrainien, à commencer par Vladimir Poutine.

La ratification de l’accord de coopération pourrait d’ailleurs intervenir aujourd’hui, puisque le Président par intérim vient d’être nommé. Il s’agit d’un proche de Yulia Timochenko, Alexandre Turchinov. Cette signature signifie un retour brutal à la réalité pour les quelques centaines de milliers de naïfs manipulés qui occupèrent Maïdan, le samedi et le dimanche (la semaine étant réservée aux quelques centaines de radicaux désœuvrés et armés par l’UE et les États-Unis). Point de nouveau régime pour les visas, point d’aide économique, point de candidature à l’UE, des dizaines de milliers de normes à appliquer avec en cadeau, 650 millions d’euros de technocrates de l’UE, qui feront l’aller-retour Bruxelles/Kiev pendant les prochaines années. Les gogos de Maïdan vont enfin comprendre pourquoi ils ont manifesté, mais cette fois c’est aux partis pro-européens de le leur expliquer. Les pro-européens vont aussi devoir trouver 10 milliards de dollars rapidement pour empêcher le pays de s’écrouler dans les semaines qui viennent. Il n’est pas exclu que nous les voyions tendre la sébile vers Vladimir Poutine. Dans cette perspective, Timochenko n’est pas un mauvais choix, rappelons qu’elle fut condamnée pour abus de pouvoir POUR AVOIR SIGNÉ UN ACCORD GAZIER AVEC LA RUSSIE. Rappelons que le Kremlin s’était élevé contre sa condamnation et son incarcération.

Yulia est donc de retour. Visiblement éprouvée par ses années de prison, et déconnectée de la réalité. Son discours enflammé et redondant d’hier soir, a rapidement lassé les spectateurs de Maïdan, le tout dans une atmosphère de délation particulièrement odieuse. Elle a appelé à continuer d’occuper Maïdan, ce qui est exactement le contraire de ce que souhaite l’opposition. Elle a félicité les « 5000 héros » qui ont tenu Maïdan, alors que l’on nous explique depuis le début que c’est l’Ukraine entière qui s’est soulevée. Elle a appelé à la vengeance, ce qui peut se comprendre étant donné ce qu’elle a enduré, mais qui n’est pas un discours d’homme d’état. La princesse du gaz est de retour et les médias français se sont lancés dans un tressage de lauriers avec l’ignorance et la bêtise qui les caractérisent depuis le début du conflit. L’Ukraine est de retour en 2004, avec une constitution inutilisable, qui empêchera le pays d’être gouverné et favorisera le système oligarchique dont Timochenko fut le pilier principal.

Dire aujourd’hui si le pays va éclater est difficile. Si Kiev part en guerre contre le sud-est de l’Ukraine, c’est tout à fait possible à condition que la Russie soutienne le mouvement. Libéré de Sotchi et sans doute fatigué des coups tordus des occidentaux, le Kremlin est en droit de le faire. L’ouest de l’Ukraine a montré qu’il était incapable de contenir ses populations minoritaires arriérées. Pour la Russie ce serait une belle opération. Elle récupérerait la Crimée, terre russe par excellence, et l’est, seule région riche et industrialisée de l’Ukraine. Elle laisserait à l’UE, l’Ukraine agricole et pauvre, avec son foyer national-socialiste, qui fera le bonheur des groupuscules néo-nazis européens, et donc, celui du département d’État américain. Il n’est cependant pas évident que les Russes souhaitent s’ingérer à ce point. Contrairement aux élucubrations de Gallia Ackermann et de Marie Mandras, ils ont brillé par leur absence, surpris de voir Ianoukovitch se tourner vers eux au dernier moment, en novembre dernier.

L’UE a remporté une victoire à la Pyrrhus. Ianoukovitch est tombé, mais au prix d’un coup d’état. Les peuples européens ont observé cette nouvelle URSS s’allier avec les groupuscules les plus radicaux d’Europe pour écraser toutes velléités de résistance à son emprise. L’UE n’a rien résolu en Ukraine et malgré l’opposition fanatique de Barroso, elle devra tôt ou tard s’assoir à la même table que la Russie, pour discuter de l’avenir de ce pays, si avenir il y a encore.

Xavier Moreau

 

Source: http://www.realpolitik.tv/2014/02/republique-bananiere-dukraine-episode-1/

 

 

 

 

. Le portrait d’Adolf Hitler "Le Libérateur" dressé devant l’hôtel de ville de Kiev

Partager cet article
Repost0

commentaires

Articles RÉCents