Après sa première visite au Vatican le 20 décembre 2007, et son discours sur la "laïcité positive" où le président de la république défendait les "racines chrétiennes de la France", lors de son voyage à Rome, Nicolas Sarkozy a tenu un discours historique à l'ambassade de France près le Saint-Siège qui restera dans l'histoire comme la seconde lézarde de son mandat présidentiel dans l'édifice maçonnique de 1905 et la loi dite de "séparation de l'Eglise et de l'Etat"...
L'édifice du "Grand Orient" qui s'effrite sans bruit, mais sûrement... Tic Tac...
INTERVENTION DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Rome -- Vendredi 8 octobre 2010
Monsieur le Cardinal Secrétaire d'État,
Éminences,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui à la résidence de France, à l'issue de ma visite au Saint Siège. Votre présence parmi nous Monsieur le Cardinal Secrétaire d'Etat, premier collaborateur du Souverain Pontife, nous honore et elle témoigne de ce lien si particulier qui a toujours uni le Siège apostolique à la France.
Le France n'oublie pas qu'elle a avec l'Église 2000 ans d'histoire commune et qu'elle partage avec elle, aujourd'hui, un trésor inestimable de valeurs morales, de culture, de civilisation qui sont inscrites au cœur de son identité.
L'Église avec les moyens spirituels qui lui sont propres, la République française avec les moyens politiques qui sont les siens, servent un grand nombre de causes communes.
Que veulent-elles ?
Elles veulent la justice.
Elles veulent l'équilibre.
Elles veulent la paix.
Elles veulent la fraternité.
Alors pourquoi ne se parleraient-elles pas ?
Pourquoi ne travailleraient-elles pas ensemble ?
Elles n'ont pas les mêmes responsabilités mais elles ont la même exigence contre tout ce qui porte atteinte à la dignité de la personne humaine.
C'est le devoir de l'Église envers tous les hommes.
C'est le devoir de la France envers tous les peuples.
Alors pourquoi ne réuniraient-elles pas leurs efforts ?
Je crois à la distinction du spirituel et du temporel [Ndlr. qui ne veut pas dire "séparation"...] comme un principe de liberté.
Je crois à la laïcité comme un principe de respect.
Mais l'Église ne peut pas être indifférente aux problèmes de la société à laquelle elle appartient en tant qu'institution, pas plus que la politique ne peut être indifférente au fait religieux et aux valeurs spirituelles et morales. Il n'y a pas de religion sans responsabilité sociale, ni de politique sans morale [Ndlr. C'est la doctrine du Christ-Roi.].
Alors pourquoi, chacune s'efforçant de comprendre l'autre et de la respecter, chacune restant à sa place et dans son rôle, mais conscientes qu'elles aient des idéaux communs, l'Église et la République française ne seraient-elles pas davantage aux côtés l'une de l'autre pour proposer à l'humanité un sort meilleur que celui qui lui semble promis aujourd'hui par l'accumulation de tant de déséquilibres et d'injustices ?
Le moment est crucial.
De crises économiques et financières en crises écologiques, de crises identitaires en crises sociales et politiques, nous courons au désastre si nous ne faisons rien.
Soyons bien conscients qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème d'économie ou de finance. Dans toutes ces crises, il y a une dimension intellectuelle et morale.
La crise financière de 2008 doit nous ouvrir les yeux : un monde uniquement gouverné par la rente, la spéculation, l'appât du gain à court terme et, disons-le, par l'égoïsme et le cynisme, n'est pas viable.
Les mesures que nous devons prendre, les changements que nous devons opérer dans nos comportements, dans nos choix, doivent être une réponse à cette crise si profonde des valeurs qui est la cause de tout.
Réparer l'injustice faite au peuple palestinien qui a le droit d'avoir un État et garantir au peuple juif qu'il puisse vivre en sécurité dans ses frontières, c'est un impératif moral !
J'ai dit au Saint-Père combien son déplacement en Terre Sainte, en mai 2009, avait frappé les esprits et combien son appel à une solution juste et durable avait été écouté avec respect. Dimanche s'ouvrira le Synode des Evêques pour le Moyen-Orient. Il permettra de rappeler à l'ensemble de la communauté internationale une réalité trop souvent oubliée : la présence des chrétiens en Terre Sainte est non seulement cruciale pour l'avenir du christianisme mais aussi pour la Paix. Comment croire au dialogue si les chrétiens d'Orient, qui ont toujours été un pont entre les communautés, ne peuvent plus accomplir cette mission ? Comment ne pas voir que le respect de la diversité est la clé de l'avenir d'un Moyen-Orient où pendant tant de siècles toutes les religions et toutes les cultures ont vécu ensemble.
Réformer la gouvernance mondiale, y faire participer tous les continents et pas seulement les plus riches, pour que des milliards d'hommes et de femmes ne se sentent plus exclus quand on discute des affaires du monde, c'est un impératif moral !
Réguler la finance pour éviter que la folie spéculative n'entraine une fois encore le monde au bord du gouffre, en finir avec les paradis fiscaux, taxer les transactions financières pour avoir les moyens d'arracher les pays les plus pauvres à la misère, c'est un impératif moral !
Stabiliser les marchés de matières premières pour que des millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans le monde ne soient pas réduits périodiquement à la famine par des variations de prix aberrantes, c'est un impératif moral !
Conditionner la liberté du commerce à la réciprocité, au refus du dumping monétaire, au respect de normes fondamentales en matière de droit du travail, de la santé, de l'environnement, c'est un impératif moral !
Réguler internet pour en corriger les excès et les dérives qui naissent de l'absence totale de règles, c'est un impératif moral !
Lutter contre l'immigration illégale qui produit tant de détresse et de drames, qui prive les pays les plus pauvres de leurs forces vives, c'est un impératif moral !
Il n'y a pas d'économie sans règles.
Il n'y a pas de vie en société sans règles.
Il n'y a pas de liberté sans règles.
La loi de la jungle, la loi du plus fort, du plus malin, du plus cynique, c'est le contraire de la liberté, de l'égalité, de la fraternité, c'est le contraire de la civilisation.
Voilà l'enjeu.
C'est dans cet état d'esprit que la France présidera le G8 et le G20 à partir de la fin du mois de novembre.
Elle y consacrera toute son énergie.
Mais la mobilisation de toutes les forces non seulement politiques, mais aussi morales et spirituelles ne sera pas de trop. Car la partie décisive se joue d'abord dans les consciences. Son issue dépend de l'engagement de tous les hommes de bonne volonté et bien sûr d'abord de celui des responsables politiques, mais aussi de celui de toutes les autorités intellectuelles, morales, religieuses.
Permettez-moi pour conclure de citer Péguy :
« La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance (...)
Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout »
L'espérance nous en sommes tous comptables.
La rendre à tous ceux qui aujourd'hui l'ont perdue, voilà notre devoir commun.
Si nous avons foi dans nos valeurs, dans nos idéaux, si nous avons profondément ancrés en nous la conviction d'œuvrer pour le bonheur des générations futures, alors rien ne nous arrêtera.
Au milieu des difficultés de toutes sortes, c'est en nous-mêmes d'abord qu'il nous faut faire vivre l'espérance.
C'est depuis toujours la vocation de la France.
C'est depuis toujours la mission de l'Église.
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Nous attendons la réplique du côté du Front national et de Marine Le Pen en particulier... Ou bien bonjour les dégâts en 2012... Parce que à ce niveau de discours, Sarkozy est bon pour repasser en "captant les voix du Front national"... A bon entendeur...
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- Nicolas Sarkozy part à la reconquête des catholiques (Le Figaro, 7.10.10)
- Le défi: promouvoir un sécularisme modéré ou une "laïcité positive" (DICI n°222 du 02/10/10)
- J-M Quillardet sur les Francs maçons et la "loi qui ne devra pas être modifiée" (loi de 1905)
- Sarkozy/Vatican: le Grand Orient inquiet
- L'Unsa-Education charge Nicolas Sarkozy sur la laïcité positive
- Une première lézarde dans l'édifice maçonnique de construction de la société en dehors du Christ
- Add. 09.10.10 Sarkozy au Vatican, le Grand Orient pas content