Lors du dîner du Crif, le 8 février, Sarkozy a crié son amour d’Israël: "Israël, c’est un miracle", a-t-il répété à plusieurs reprises.
Il a tenu à rassurer les Israéliens en promettant : "Jamais la France ne reconnaîtra unilatéralement et sans conditions l’Etat palestinien".
Le président de la République "française" a assuré Israël de son soutien lors d’un éventuel conflit armé avec l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad. "Toute mon histoire, ça a été d’être proche d’Israël", a-t-il insisté.
Nicolas Sarkozy a aussi révisé l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Selon lui, la France et l’Allemagne ont eu "l’idée folle de la Shoah"... Vous avez bien entendu : la France, avec l’Allemagne, a eu l’idée d’exterminer les juifs d’Europe ! C’est un scoop !
Souvenez-vous : en 2007, celui qui n’était pas encore chef de l’Etat avait tenu un discours très différent : "La France n'a jamais cédé à la tentation totalitaire. Elle n'a jamais exterminé un peuple. Elle n'a pas inventé la solution finale, elle n'a pas commis de crime contre l'humanité, ni de génocide". (Discours de Nicolas Sarkozy à Metz le 17 avril 2007. Source: Quand le candidat Sarkozy était accusé de "germanophobie" en 2007, LEMONDE.FR | 05.12.11 | 11h48 • Mis à jour le 05.12.11 | 13h47)
Soit dit en passant on eut pu lui rappeler le génocide vendéen...
Un mois plus tôt, le candidat de l'UMP avait déjà prononcé ces mêmes phrases, au mot près, lors d'un discours électoral, à Caen, le 9 mars 2007 (voir le discours en PDF).
Le 30 mars 2007, M. Sarkozy tenait encore des propos de la même teneur, déclarant lors d'un discours à Nice : "Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'homme et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté. Je suis convaincu que pour un Français, haïr la France, c'est se haïr lui-même." (voir le discours en PDF).
A l'époque, les propos du candidat de l'UMP visaient à glorifier la fierté nationale. M. Sarkozy, qui se présentait comme le candidat de la "rupture" après douze années de présidence de Jacques Chirac, souhaitait se démarquer de son prédécesseur, en déclarant vouloir "en finir avec la repentance", qu'il voyait comme un écueil typiquement français. Dans sa ligne de mire : les propos de M. Chirac, en 1995, affirmant que "la France" des années d'Occupation avait commis "l'irréparable". La France et non le seul régime de Vichy. Le chef de l'Etat rompait alors avec la vulgate gaulliste.
M. Sarkozy, au contraire, estimait que les Français pouvaient être fiers de leur histoire. C'est ce qu'il a exprimé pendant la campagne de 2007, quitte à opposer l'histoire de son pays à celle de l'Allemagne.
Les propos tenus par Nicolas Sarkozy avaient suscité à ce moment-là une polémique en Allemagne et en France. "Sarkozy s'en prend à l'Allemagne", écrivait le Frankfurter Allgemeine Zeitung le 12 avril 2007. "Nicolas Sarkozy est-il germanophobe ?", demandait le magazine eurocitoyen Le Taurillon. Le 19 avril 2007, les propos de M. Sarkozy avaient été jugés "absolument scandaleux" par... Dominique Strauss-Kahn. "Ils choquent nos amis allemands en les renvoyant à une réalité historique dont ils ne sont pas responsables", avait lancé DSK dans le cadre de la campagne électorale. "Il y a des articles dans la presse allemande disant : 'Est-ce que Nicolas Sarkozy est germanophobe ?'", soulignait encore le socialiste.
"Ces phrases ne sont pas seulement insultantes pour les Allemands d'aujourd'hui, et ceux d'hier, qui ont accompli un travail de mémoire tel qu'aucun autre peuple n'en a accompli. Elles sont surtout irresponsables", jugeait par exemple Daniel Schneidermann, dans une chronique publiée dans Libération, le 6 avril 2007.
"Là, on atteint l'insupportable. Envoyer à la face des Allemands, en 2007, le génocide des juifs, il faut oser !", avait aussi fustigé le journaliste du quotidien, Jean Quatremer, dans un billet diffusé le 31 mars 2007, sur son blog. A notre tour, nous pouvons nous demander : Nicolas Sarkozy serait-il francophobe ?
Il y a fort à parier que cette fois-ci, les propos tenus ayant eu lieu au Crif, aucune personnalité du microcosme communautaire et médiatique ne viendra s'indigner de la francophobie du président... Deux poids deux mesures au pays des "droits de l'homme"...