Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Christ Roi

  • : Christ Roi
  • : Blog d'informations royaliste, légitimiste, pour une France libre, indépendante et souveraine
  • Contact

Horloge

4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 08:07

Personnage auquel s’attacha longtemps une légende de cynisme puis de faiblesse, auquel on prêta également des mots historiques apocryphes, Madame du Barry fait à la fin du XIXe siècle l’objet de travaux d’étude notamment entrepris par le conservateur du château de Versailles de l’époque, qui brosse le portrait d’une femme injustement vilipendée, en réalité sensible et n’ayant exercé qu’une influence heureuse sur Louis XV.

 

 Notre époque révise volontiers tous les vieux procès, corrige toutes les légendes et se plaît à une foule de réhabilitations, écrit le journaliste Jean Frollo. Le mot, cette fois, serait peut-être excessif : mettons qu’il s’agisse seulement d’une atténuation à des opinions couramment reçues sur une femme pour qui l’histoire a été sévère, sans consentir, pendant longtemps, à l’étudier d’un peu près. Elle paya, cependant, par une mort terrible les égarements de sa vie, et cette tragique expiation aurait pu lui valoir, du moins, un peu de pitié.

Madame du Barry par Élisabeth Vigée-Lebrun (1781)
Madame du Barry par Élisabeth Vigée-Lebrun (1781)
Depuis un siècle – écrit Frollo, du Petit Parisien, au début du XXe siècle –, le souvenir de Mme du Barry la dernière favorite de Louis XV, s’était résumé en deux mots, constamment répétés, qui ne sont pas moins apocryphes l’un que l’autre, d’ailleurs. C’était la maîtresse du roi, lançant, dans l’intimité d’un déjeuner, l’interjection fameuse : « La France, ton café fout le camp ! » Puis, l’épilogue de cette existence : la du Barry, traînée, le 8 décembre 1793, à l’échafaud, et suppliant l’exécuteur : « Monsieur le bourreau, ne me faites pas de mal ! »

Comme beaucoup de paroles « historiques », celles-là ne furent jamais prononcées. Le roi Louis XV avait au moins conservé une vertu, celle d’une exquise politesse, et un tel langage, en sa présence, eût été invraisemblable. Au demeurant, il existe des billets, et très intimes, de Mme du Barry a Louis XV, et jamais elle ne tutoya le roi.

Enfin, bien que sa naissance eût été hasardeuse, elle avait reçu une excellente éducation au couvent de Sainte-Anne, à Paris, et même en des heures aventureuses, elle ne s’en départit point. Les pamphlets du temps ont d’ailleurs fort exagéré ses aventures. Il serait évidemment ridicule vouloir la transformer en une vertueuse personne, mais elle n’était point descendue aussi bas que ses ennemis se plurent à le dire.

Quant à l’autre mot, le mot suprême qui lui aurait été arraché par l’épouvante, il fut inventé de toutes pièces. En réalité, Mme du Barry arriva jusqu’à la guillotine dans un état de torpeur voisin de l’inconscience. Puis, soudain, elle poussa un long cri d’angoisse et ce fut tout.

Notre journaliste rapporte que des travaux récents ont entrepris, en dépit du mépris dans lequel est tenue la mémoire de Mme du Barry, qui eut des ennemis dans des camps opposés, et pour des raisons très différentes, de montrer ce qu’elle fut, au vrai. On fit d’elle la victime expiatoire de toutes les fautes de la monarchie. En réalité, elle paraît avoir été très calomniée. A la fin du XIXe siècle, le conservateur d’alors du château de Versailles, Vatel, entreprenait cette œuvre d’équité, qui fut ensuite reprise par un courant d’idées, de plusieurs côtés à la fois.

Mme du Barry, qui ne se piquait assurément point de principes austères, avait gardé, pour tous, une certaine retenue. Elle n’était pas seulement d’une beauté vraiment captivante ; il y avait en elle un fond de bonté naturelle, qu’elle garda quand les circonstances l’eurent faite toute-puissante. Il est, d ailleurs, certain, aujourd’hui, que le hasard seul la mit d’abord en présence du roi, qui s’informa d’elle, et qu’on imagina l’histoire d après laquelle elle lui aurait été offerte, avec la complicité du valet de chambre Lebel, pourvoyeur des plaisirs de Louis XV.

Sensible, intelligente plus qu’on ne voulut le reconnaître, d’esprit cultivé, elle n’exerça sur le souverain qu’une influence heureuse. Elle ne joua guère, en fait, de rôle politique, et c’est à tort qu’on lui attribue la chute du ministre Choiseul. Malgré tout le mal que fit dire d’elle celui-ci, elle n’eut point de ressentiment contre lui, et elle s’employa même à adoucir son exil. La postérité n’en a pas moins retenu, surtout, toutes les fables haineuses lancées par Choiseul.

Après la mort de Louis XV, elle ne supporta pas sans dignité les rigueurs de la nouvelle cour. Plus tard, pendant la Révolution, elle montra du dévouement à un parti qui l’avait pourtant abreuvée d’humiliations, et ses voyages en Angleterre, qui avaient pour but apparent la recherche de ses diamants volés étaient bien plutôt des missions acceptées avec quelque courage auprès des émigrés.

Un grand amour l’avait purifiée, au reste, et, dans un temps où la passion s’ennoblissait par tous les dangers que l’on courait, sa liaison avec le duc de Brissac eut une sorte de beauté héroïque. Quel épilogue à ces amours ! Un jour, Brissac était massacré, à l’Orangerie de Versailles, et dans la chambre de Mme du Barry, on jetait la tête coupée de l’homme qu elle avait chéri !...

Voici encore qui relève Mme du Barry, dont la vie, naguère, avait été si brillante et si fêtée, et à qui le malheur avait fait une autre âme. Après une longue lutte contre les dénonciations, elle avait fini par succomber. Elle avait été arrêtée elle était la Conciergerie, attendant son jugement. Un Irlandais, un aventurier fécond en ressources, parvint à s’introduire dans sa prison et à lui communiquer un plan d’évasion qu’il avait formé en sa faveur. Ce projet était hardi, mais non irréalisable.

– Pouvez-vous sauver deux personnes ? demanda Mme du Barry.
– Non, une seule, répondit l’Irlandais.
– Eh bien, ce n’est pas à moi qu’il faut songer.

Et elle donna tout ce qu’elle possédait pour que l’homme entreprît de délivrer Mme de Mortemart, la fille de ce Brissac qu’elle avait tant aimé et auquel elle restait fidèle par delà la tombe. Cette abnégation n’est pas, on en conviendra, d’une âme vulgaire. L’Irlandais lui obéit et put, en effet, arracher Mme de Mortemart à l’échafaud. Il réussit à la faire passer en Angleterre. Ce fut donc par un acte de dévouement que Mme du Barry termina son existence. A lui seul, ne rachèterait-il pas bien des fautes ? Il y eut, du moins, un moment où elle fut admirable. On est loin, là, de la légende de cynisme et ensuite de faiblesse, de l’ancienne favorite, tant diffamée, semblant résumer en elle toutes les folies et toutes les erreurs d’une époque.

Quel est l’intérêt des recherches actuelles sur cette femme dont la destinée offre tant de contrastes ? s’interroge Jean Frollo. Simplement celui de la vérité. Et, à tout prendre, n’y a-t-il pas quelque satisfaction à découvrir, fût-ce dans le passé, moins de mal qu’on ne le supposait ? Sait-on que la dernière personne qui avait connu Mme du Barry mourut en 1862 seulement, à Versailles. C’était sa cousine et son héritière, Mlle de la Neuville. Elle avait quatre-vingt-douze ans. Sous le second Empire, elle pouvait parler encore de la maîtresse de Louis XV.

 

Source

Partager cet article
Repost0

commentaires

Articles RÉCents

  • Pélage le Conquérant (Pelayo), roi des Asturies. Début de la Reconquista
    The Battle of Covadonga, first act of centuries-long Reconquista, the reconquest of Iberian Peninsula. Les Wisigoths sont arrivés dans la province romaine d'Hispanie au début du Ve siècle, remplaçant la domination romaine décadente. Tolède était la capitale...
  • Saint Valentin, Évêque et martyr († 268)
    Valentin était évêque de Terni, dans les monts Sabin (Italie) au IIIe siècle. Décapité le 14 février 268 en représailles des conversions au christianisme qu’il suscita suite à la guérison d’une jeune fille aveugle, S. Valentin doit à son nom, qui signifie...
  • Saint Charbel guérit une italienne du cancer
    Une Italienne vivant en Australie souffrait d'un cancer. On ne pensait pas qu'elle survivrait. Elle se rendit avec son fils prier sur la tombe de Saint Charbel, mais l'église était fermée ce jour-là. Elle s’apprêtait à partir lorsqu’un prêtre maronite...
  • L'ange qui anéantit 180 000 soldats en une nuit
    Cf. https://youtube.com/shorts/nj8FFvXEDoQ?si=xaPTwfGsn4HPQOsC Face à une situation désespérée le roi de Juda Ézékias (VIIIe s. av. J.-C.) se tourna vers le prophète Isaïe. (2 Ch 32,20) La nuit même, l’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq...
  • Bienheureuse Béatrice, fondatrice du monastère d'Eymeux (Drôme) († 1303)
    Dates de fête : 25 novembre, Fête Locale 13 février. [1] Béatrix (ou Béatrice) naquit au village d'Ornacieux en Isère, dans le Dauphiné. Elle entra à la Chartreuse de Parménie puis fonda la chartreuse d'Eymeux (Drôme) d'où elle gagna le ciel le 25 novembre...
  • Sainte Eulalie de Barcelone
    L’Église honore le 10 décembre la mémoire d’une de ses plus valeureuses martyres, qui courut au supplice pour témoigner du vrai Dieu. Défiant ses juges et ses bourreaux, elle résista à toutes les tortures avant de mourir ébouillantée, ensevelie dans la...
  • Saint Félix de Carthage - Commémoraison des saints martyrs d’Abitène († 304)
    En 250, l'empereur Dèce décide de rendre obligatoire le culte impérial. Les chrétiens seront condamnés s'ils refusent de se convertir. Saturnin, prêtre, avec ses quatre enfants : Saturnin le jeune et Félix, tous deux lecteurs, Marie, vierge consacrée,...
  • Notre-Dame de Lourdes (1858)
    Le 11 février 1858, près du village pyrénéen de Lourdes, une jeune femme serait apparue à Bernadette Soubirous, dans une grotte appelée Massabielle. Selon ses dires, la petite bergère assista dans les semaines qui suivirent à plusieurs apparitions du...
  • Bienheureux Arnaud, abbé du monastère de Sainte-Justine de Padoue († 1255)
    Au temps où Padoue était aux mains d’Ezzelino, un tyran féroce et prompt au meurtre, Arnaud Cataneo, abbé du monastère de Sainte Sabine, dut se réfugier dans une grotte voisine pour échapper à une mort certaine. Quand l’empereur Frédéric II vint délivrer...
  • Sainte Apolline, Vierge et Martyre († 249)
    Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 23. Sainte Apolline (ou Apollonie) était d'Alexandrie ; au milieu de la corruption générale, elle y passait pour un modèle de vertu et de modestie chrétienne. Cette héroïque jeune fille ne...