Après les crimes d'Etat, les mensonges d'Etat !
Un article trouvé sur Herodote.net qui dénonce les "mensonges d'Etat" de la diplomatie américaine, sans y inclure néanmoins le 11 septembre 2001 ou Pearl Harbor.
Les mensonges d'Etat
Le mensonge d'État est une spécialité dont la diplomatie américaine cultive le secret depuis plus d'un siècle (Ignacio Ramonet, rédacteur en chef du Monde diplomatique, a brillamment répertorié les mensonges que l'on peut attribuer à la diplomatie de Washington dans son éditorial de juillet 2003 en citant Herodote.net parmi ses sources d'information privilégiées.)
Les États-Unis ont fait du mensonge une arme de guerre depuis qu'ils sont entrés sur la scène internationale, à l'orée du XXe siècle. Au nom de l'adage qui veut que la fin justifie les moyens (adage illuministe maçonnique de la fin du XVIIIe siècle, NdCR.) ils sapent ainsi les principes moraux sur lesquels reposent la Constitution américaine et la démocratie occidentale.
Leur parole s'en trouve décrédibilisée, y compris lorsqu'ils dénoncent des faits comme l'emploi d'armes chimiques par le gouvernement syrien en août 2013.
Notons que les États démocratiques européens n'ont quant à eux jamais pratiqué le mensonge pour motifs géostratégiques (pas tout à fait exact puisque en 1792 c'est la France jacobine révolutionnaire qui a déclaré la guerre à l'Europe pour sauver "la Révolution" et étendre ses principes à l'univers... ou encore la France colonialiste de la IIIe république pour "civiliser les races inférieures", dixit le franc-maçon fanatique, dogmatique et sectaire Jules Ferry... NdCR.), peut-être par attachement à un vieux code de l'honneur.
Joseph Savès
Une tradition centenaire
Washington inaugure le mensonge d'État en 1848, avec un banal incident frontalier qui permet au président James Polk d'agresser le Mexique et de s'emparer d'immenses territoires qui constituent aujourd'hui la Californie, l'Utah, le Nouveau-Mexique et l'Arizona. Rien que ça ! Le député Abraham Lincoln a été l'une des rares personnalités à s'élever contre cette scandaleuse agression caractérisée. Cela lui a coûté son siège à l'élection suivante.
Plus tard, l'explosion en 1898 du croiseur Maine et le torpillage en 1915 du paquebot britannique Lusitania ont permis de mobiliser l'opinion américaine en faveur de l'entrée des États-Unis en guerre contre l'Espagne puis contre l'Allemagne.
L'explosion du Maine en rade de la Havane a été immédiatement attribuée par la presse américaine à l'Espagne, qui colonisait alors Cuba... C'est seulement en 1911 qu'une commission d'enquête a admis l'origine accidentelle de l'explosion, bien après que l'armée américaine a écrasé l'armée espagnole et s'est emparé des oripeaux de l'empire colonial espagnol.
La presse américaine a aussi dénoncé le torpillage du Lusitania par un sous-marin allemand, qui a entraîné la mort de plusieurs citoyens américains. Les Allemands se sont justifiés en affirmant que le paquebot transportait des armes en cachette. Les Anglo-Saxons l'ont farouchement nié et pendant près de deux ans, jusqu'en avril 1917, se sont servis de ce drame pour monter l'opinion contre l'Allemagne.
En 1972 enfin, l'ouverture des archives a confirmé les dires allemands. Autrement dit, les Anglo-Saxons ont utilisé les passagers du Lusitania comme des boucliers humains pour passer des armes en fraude.
Mensonges contre-productifs
Plus près de nous, la prétendue attaque de deux destroyers dans le golfe du Tonkin en août 1964 a fourni au président Lyndon Johnson le prétexte à des raids aériens sur le Nord-Vietnam. Avec au final, une décennie plus tard, une humiliation dont le pays aura le plus grand mal à se remettre.
Enfin, chacun garde en mémoire les mensonges qui ont accompagné la guerre du Golfe en 1991, avec le récit par une infirmière koweitienne, devant le Congrès américain, des sévices des troupes irakiennes et notamment du meurtre de nourrissons dans les maternités.
Retransmis sur toutes les chaînes de télévision, ce «témoignage» a permis de mobiliser l'opinon internationale contre Saddam Hussein, lequel était encore quelques mois plus tôt un allié de l'Occident contre l'Iran.
Il s'est avéré plus tard que cette «infirmière» n'était autre que la fille de l'ambassadeur koweïtien à Washington.
Last but nos least, en avril 2003, Washington et Londres sont entrés en guerre contre l'Irak au motif que le régime de Saddam Hussein aurait détenu des «armes de destruction massive» dangereuses pour la paix du monde.
Le Secrétaire d'État Colin Powell s'est prêté au jeu en montrant au Conseil de Sécurité de l'ONU, le 5 février 2003, une ampoule de poudre blanche supposée être de l'anthrax (dangereux poison) comme preuve de l'existence de ces armes.
La suite a prouvé de façon certaine que ces armes n'existaient pas ou avaient été détruites depuis belle lurette.
De ce mensonge d'État destiné à venger les 3.000 victimes de la tragédie du World Trade Center va résulter la ruine de tout le Moyen-Orient, du Pakistan à l'Égypte, et le réveil de la guerre séculaire entre chiites et sunnites.
Cependant, les mensonges certifiés de Washington ne justifient pas les allégations de quelques farfelus à propos du 11 septembre 2001 ou sur la connaissance qu'aurait eue le président Roosevelt de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor.
Souhaitons que les dirigeants américains comprennent un jour le caractère contre-productif du mensonge. Toutefois, leurs réactions disproportionnées aux révélations de Wikileaks, en 2010-2012, sur les exactions commises en Irak n'augurent rien de bon.
Source: http://www.herodote.net/Mensonges_d_etat-article-25.php