Nous parlions le 14 mai de John Perkins qui fut ce qu'il appelle un "assassin économique", mercenaire diplomatique qui avait pour mission d’asservir tout un peuple au profit d’une grosse société, via la négociation d'un prêt à un pays pauvre pour l'endetter, puis négocier un juteux contrat (amasser les ressources du pays pour soit-disant "éponger la dette"). Le mécanisme s'apparente à ce que l'on appelle les "fonds vautours".
Or, nous apprenons ce soir que dans une intervention à la XIVème session du Conseil des droits de l'homme à Genève, Mgr Silvano Maria Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des institutions de l'ONU dans la capitale suisse, a demandé lundi 7 juin 2010 de mettre fin à ces fonds spéculatifs que l'on surnomme les « fonds vautours ».
Ces derniers, a-t-il expliqué dans un entretien sur les ondes de Radio Vatican, sont « des fonds ou des investissements qui prennent le nom de cet oiseau qui dépècent les carcasses d'autres animaux ou attaquent quand un animal est sur le point de mourir ».
Autrement dit, « ce sont des fonds spéculatifs qui achètent à bas prix les dettes des pays en voie de développement, de créditeurs publics ou privés, mais surtout de l'Etat. Après quoi, la compagnie qui achète la dette à très bas prix va demander au pays débiteur, de manière tout à fait légale, le remboursement du crédit initial, augmentant la demande et réclamant les intérêts, de manière à ce que le coût initial augmente de façon disproportionnée ». « Puis quand le pays ne peut plus payer, spécialement les pays en voie de développement d'Afrique, ces ‘fonds vautours' tentent de soutirer l'argent provenant de bailleurs de fonds publics ou de ressources premières du pays, comme le pétrole ou autres, de manière non seulement à récupérer la somme initiale, mais à faire également d'énormes profits au détriment de ces pays ».
Dans ce contexte, le Saint-Siège demande la fin de ces spéculations, « car elles nuisent aux pays les plus pauvres, qui ont droit à avoir le nécessaire pour leur peuple et à se lancer dans la voie du développement ».
En d'autres mots, a-t-il souligné, « l'économie a des conséquences sociales », dont « on doit tenir compte » et auxquelles « on doit donner la priorité, car, finalement, c'est le bien commun que nous recherchons : le bien de la personne est au-dessus des mécanismes du profit ».
« Nous soutenons le principe selon lequel les dettes doivent être payées, mais les populations ont droit dans le même temps à des moyens de subsistance », a déclaré Mgr Tomasi, en rappelant la nécessité « de garantir l'exercice des droits humains fondamentaux ».
Source : http://www.zenit.org/article-24682?l=french
Notons au passage qu'encore une fois c'est un haut prélat, ici un représentant du Saint-Siège Mgr Tomasi, et non un laïque, qui fait une critique radicale, inacoutumée et politiquement incorrecte, du système économique mondial.
- Le Saint-Siège demande la fin du blocus de Gaza (Mgr Silvano Maria Tomasi)