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Christ Roi

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 07:47

http://www.viveleroy.fr/local/cache-vignettes/L130xH200/arton140-c83af.jpgLE PARLEMENTARISME : VOILÀ L'ENNEMI

Deux cents ans de Révolution ont réduit les catholiques à l’état de réactionnaires. Chaque nouvelle loi inique les met en campagne pour alerter l’opinion et tenter de faire pression sur le gouvernement. Comme toujours la loi est votée, et la fièvre activiste retombée, ils se réfugient dans un attentisme providentialiste et défaitiste d’où ils ne sortent que pour voter pour le moindre mal (...) en attendant le prochain coup de l’ennemi. Plutôt que de s’acharner à combattre les symptômes (les mauvaises lois républicaines), pourquoi ne pas reconnaître enfin l’effet corrupteur de ces assemblées délibérantes qui font de l’opinion de la majorité, l’expression de la vérité ? Au lieu de subir les attaques, ne vaut-il pas mieux en reprendre l’initiative avec nos principes (la loi naturelle et l’autorité) et nos armes (la Grâce divine et la raison) pour restaurer des institutions traditionnelles ?

  Introduction 
La forme d’une institution est faite en vue d’une fin

Effectivement, selon nombre de catholiques la forme du « gouvernement » – monarchie, aristocratie, république – serait neutre, il suffirait que n’importe lequel de ces régimes soit aux mains d’hommes vertueux pour être vertueux. Or saint Thomas nous rappelle ce principe :

En toutes choses qui ne naissent pas du hasard, la forme dépend nécessairement de la fin de l’action. [1]
La fin du gouvernement dans la société traditionnelle

Ce qui distingue l’homme des autres animaux est qu’il est doué de raison, aussi Aristote définit-il l’homme comme un « animal raisonnable » [2]. En effet, contrairement aux bêtes – dont le comportement est déterminé par l’instinct – l’homme peut choisir son attitude face à une situation donnée ou régler son comportement vis-à-vis de ses semblables. Ainsi un homme réalise-t-il d’autant plus sa nature humaine qu’il agit suivant la raison ; on dit d’un tel homme qu’il est vertueux, c’est pourquoi le païen Cicéron comme le chrétien saint Thomas déclarent « la vertu est la raison même [3] ».

Dans une civilisation traditionnelle, le rôle de l’autorité est d’amener ceux dont elle a la charge à réaliser leur fin, leur nature d’animal raisonnable, et par conséquent, à les faire grandir en vertu. Comme le font les parents vis à vis de leurs enfants, la mission des rois consiste à favoriser les actes vertueux de leurs sujets par le biais des lois. Il s’agit de leur garantir les bonnes conditions de l’exercice de leur raison, autrement dit, de leur donner les moyens de mener une vie vertueuse. Ce droit naturel – ce droit pour tout homme de réaliser sa nature – est bien le fondement des lois humaines.

  • Le dirigeant qui favorise ce droit acquiert la légitimité de son commandement et obtient, non seulement l’obéissance volontaire de ses sujets, mais plus encore, leur amour.
  • Le dirigeant qui s’oppose au droit naturel ou le contrarie est appelé « tyran ».

Quand l’autorité reconnaît que la loi naturelle — la loi du bon comportement de l’homme — et les droits associés proviennent de l’Auteur de la nature, Dieu, Autorité suprême, alors on peut parler de droit naturel et divin. L’autorité devient l’auxiliaire de Dieu pour aider les hommes à accomplir leur nature, à vivre selon leur raison, à vivre vertueusement et donc à vivre heureusement ? En effet Aristote dit :

Qu’est-ce donc qui empêche de qualifier d’heureux celui qui agit conformément à la vertu parfaite, et qui est suffisamment pourvu de biens extérieurs, non pendant telle ou telle durée, mais pendant une vie complète ? [4]

Pour conserver le bien commun, cette communion des hommes dans un état qui favorise leur vertu, le roi doit veiller à la justice qui commande de rendre à chacun ce qui lui est dû – on pense à la figure archétypale de saint Louis rendant la justice sous un chêne. En tout premier lieu, il s’agit de rendre publiquement au Dieu créateur le culte qui lui est dû ; c’est la raison pour laquelle aucune monarchie ne peut exister sans la transcendance de Dieu reconnue en public — on parle d’hétéronomie.

Si, conformément à la Révélation du Nouveau Testament, l’autorité reconnaît en plus la royauté universelle du Christ [5], on aboutit à un type achevé d’autorité où le roi agit au nom du Christ : il devient son « lieu-tenant » pour gouverner ceux dont il a la charge et soutenir son Église.

C’est ainsi que, depuis Clovis – qui lors de son baptême reconnaît Dieu au dessus de lui et se soumet publiquement à sa loi –, tous les rois de France ont essayé, malgré leurs infirmités d’homme et compte-tenu de la conjoncture de leur époque, d’agir selon le droit naturel et divin et la Révélation. Telle est bien la motivation première de cette ordonnance de Philippe le Bel :

Attendu que toute créature humaine qui est formée à l’image de Notre-Seigneur doit généralement être franche par droit naturel [...] [6]

De même, un Richelieu dans son Testament exhorte le roi à la soumission à Dieu :

Tant de Princes se sont perdus, eux et leurs États, pour fonder leur conduite sur un jugement contraire à leur propre connaissance ; et tant d’autres ont été comblés de bénédictions, pour avoir soumis leur autorité à celle dont elle dérivait, pour n’avoir cherché leur grandeur qu’en celle de leur Créateur ; et pour avoir un peu plus de soin de son règne que du leur propre [...] [7]

Et tous les rois ont été bien conscients du caractère hétéronome de leur autorité à l’instar d’un Louis XV qui le rappelle à ses Cours de justice : « le pouvoir que j’ai reçu de Dieu, pour préserver mes peuples ». [8]

La forme des institutions politiques de la monarchie Très Chrétienne s’est donc modelée au fil des siècles autour d’une seule et unique fin très précise : le règne social de Jésus Christ.

La fin d’un gouvernement dans une société révolutionnaire

Tout au contraire, la Révolution réalise le vieux rêve gnostique de l’autonomie de l’homme par rapport à Dieu dont Karl Marx nous donne une définition :

Un être ne se révèle autonome qu’à partir du moment où il est son propre maître ; et il n’est son propre maître que s’il n’est redevable qu’à lui-même de sa propre existence. Un homme qui vit par la grâce d’un autre se considère comme un être dépendant. Or je vis totalement par la grâce d’autrui non seulement quand il pourvoit à ma subsistance, mais aussi quand il a, de surcroît, créé ma vie, s’il en est la source ; et ma vie a nécessairement son fondement hors d’elle lorsqu’elle n’est pas ma propre création. [9]

Une « philosophie » dévoyée, héritière des Lumières et fondée sur un a priori religieux, lui fournit un cadre théorique ; Marx nous en révèle l’objectif :

La philosophie ne s’en cache pas. Elle fait sienne la profession de foi de Prométhée : « En un mot, je hais tous les dieux. » C’est sa propre devise qu’elle oppose à tous les dieux célestes et terrestres qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême. Elle ne souffre pas de rivale. [10]

D’où les paradigmes de la société révolutionnaire :

  • À la fin de l’homme d’accomplir sa nature en agissant selon la raison (suivant la loi naturelle), succède la liberté, le libre examen, autrement dit : l’affranchissement de l’homme à l’égard de toute loi qu’il ne s’est pas lui-même fixé. Le réel — la nature des choses — devient l’ennemi ; c’est le triomphe des utopies qui forment autant de lits pour les totalitarismes.
  • La dignité de l’homme ne consiste plus dans le bon usage de la liberté, mais un homme acquiert d’autant plus de dignité qu’il est libre, débarrassé de toute contrainte sociale et religieuse. Le révolté et l’antisocial qui « brisent les tabous » par leur liberté (ou égoïsme), dépassent désormais en dignité le religieux ou le simple croyant, ces sous-hommes qui osent aliéner la leur.
  • Au règne social de Christ succède la souveraineté du peuple ou de la nation.
  • Au droit naturel succèdent les très artificiels Droits de l’homme que l’Occident révolutionnaire prétend imposer au reste du monde.
  • À l’autorité – qui fait grandir en vertu et établit la justice – succède l’égalité. Pire ! Dans cette nouvelle société, l’autorité devient insupportable en ce qu’elle perçue comme limitant la liberté. Logiquement la nouvelle justice prend pour fondement l’Égalité, et puisque tous sont égaux, il suffit d’avoir les mêmes droits pour que « justice » soit rendue.

Ce changement radical de la fin de la société — la libéralisation maximale d’individus tous égaux — ne pouvait pas rester sans conséquences sur les institutions politiques. En effet, les institutions de la monarchie Très Chrétienne formées en vue de cette fin particulière du règne social de Jésus Christ, étaient incapables d’accomplir le règne des Droits de l’homme, le règne de la souveraineté populaire.
C’est ce que résume parfaitement Vincent Peillon, notre actuel ministre socialiste de l’Éducation Nationale, dans son livre Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson :

À côté de la forme républicaine, il faut « la mentalité et la moralité républicaine ». La France a cette singularité qu’élevée dans la religion catholique, n’ayant pas su faire droit à la Réforme, elle n’a pas fait pénétrer dans ses mœurs une religion du libre examen, de l’égalité et de la liberté. Il faut donc à la fois déraciner l’empreinte catholique, qui ne s’accommode pas de la République, et trouver, en dehors des formes religieuses traditionnelles, une religion de substitution qui arrive à inscrire jusque dans les mœurs, les cœurs, la chair, les valeurs et l’esprit républicain sans lesquels les institutions républicaines sont des corps sans âme qui se préparent à tous les dévoiements. [...] Le républicain, c’est l’homme. En d’autres termes : la religion républicaine, la religion de l’homme, où chacun est digne, respectable, conscient de sa valeur, indéfiniment perfectible. [...] La religion républicaine est une religion des droits de l’homme, c’est-à-dire dire de l’Homme qui doit se faire Dieu, ensemble, avec les autres, ici bas, et non pas du Dieu qui se fait homme à travers un seul d’entre nous. [11]

Ainsi la fin de la révolution s’identifie pleinement à l’immanentisation de la divinité dans l’homme, à la religion de l’homme-dieu et c’est bien la forme républicaine qui permet de réaliser cette fin. En effet, dans une république démocratique, aucune autorité n’est reconnue au dessus de celle du parlement, et le jeu parlementaire en décidant du bien et du mal, réalise l’idéal de l’autonomie révolutionnaire.

Notre problématique : le mythe de la bonne république chez les Catholiques

Logiquement, pour rétablir le règne social de NSJC, il faudrait rétablir des institutions Très Chrétiennes. Or, de manière paradoxale, s’il y a encore des catholiques qui se disent contre-révolutionnaires aujourd’hui, non seulement ceux-ci participent au jeu des institutions parlementaires et démocratiques, mais ils affirment même que c’est le seul moyen possible d’agir pour le bien. À les écouter, il suffirait d’installer au cœur des institutions parlementaires un nombre de plus en plus important d’hommes vertueux pour que la politique soit de plus en plus vertueuse.

Il y a là un paradoxe : comment des institutions nées du mal, pour le mal, ayant accompli le mal pendant deux siècles, pourraient-elles devenir subitement le seul moyen d’action politique vertueuse ? Il y a plus qu’un paradoxe, il y a un mythe : celui de la bonne république.

C’est un mythe ancien, qui remonte au moins à Fénelon. Pour établir son vice, le vice de ce mythe, nous nous appuierons sur les faits puisque la politique est une science inductive qui consiste à partir des faits pour en induire des lois.

Nous examinerons donc trois circonstances où les catholiques « conservateurs » ont été largement majoritaires au sein des institutions démocratiques :

  • La monarchie parlementaire de Charles X (1824)
  • L’assemblée de la « République des ducs » (1871)
  • La Chambre bleu-horizon (1919)

 

Source et suite : http://www.viveleroy.fr/Le-mythe-de-la-bonne-republique.html 

Notes

[1Saint Thomas, Somme Théologique, I, 15, 1. Cité par Denis Sureau dans Retour à la politique, l’impossible neutralité des chrétiens, La Nef, DMM, p.103, 1995 (« In omnibus enim quae non a casu generantur, necesse est formam esse finem generationis cujuscumque »., Summ.Theo. diligenter emendata Nicolai/Sylvii/Billuart, et C.-J.Drioux, Decima Sexta, 1856 »). Aussi « En toutes choses qui ne naissent pas au hasard, il y a nécessité que la forme de l’être engendré soit la fin de la génération. », in Somm. Théol., A.-D. Sertillanges, O.P., Éditions de la revue des jeunes, 1933.

[2Aristote, Politique, Livre 1.

[3Cicéron, Tusculanarum diputationum, libri V, IV, 15 : « la vertu est la raison même ». Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique 1a-2ae, La loi, question 94 : « il y a en tout humain une inclination naturelle à agir conformément à sa raison. Ce qui est proprement agir selon la vertu. »

[4Aristote ; Éthique à Nicomaque ; livre I, 1101a ; Agora les classiques, Presses pocket ; 1992 ; pp.51-52.

[5« En ce temps-là, Pilate dit à Jésus [...] Tu es donc Roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis Roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité, écoute ma voix. » Évangile selon saint Jean, XVIII,33-37.

[6Philippe le Bel, Ordonnance sur l’affranchissement des serfs du Valois, rapportée par duc de Lévis Mirepoix, Le siècle de Philippe Le Bel, Amiot-Dumont, Paris, 1954, p.5.

[7Richelieu, Testament, Reprod. de l’éd. d’Amsterdam, 1689, Bibliothèque de philosophie politique et juridique, Centre de philosophie politique et juridique de Caen, 1985.<

[8Procès-verbal du lit de justice du 3 mars 1766. — Mercure historique de mars, p. 174-181. cité par J.C.L. Simonde de Sismondi, Histoire des Français, tome XXIX, Treuttel et Würtz libraires, Paris, 1842, pp. 360-364.

[9Karl Marx, Œuvres II, Économie II, Économie et philosophie, Éditions M. Rubel, Paris Gallimard, 1968, p.130.

[10Karl Marx, Œuvres III, Philosophie, Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure (1841), Paris, Gallimard éd. M. Rubel, p.14.

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- Contre le Nouvel Ordre mondial : en finir avec la "révolution" (Ière partie)

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