Sans aucune surprise..., le Front national chaupradisé, et derrière lui, tout le camp des bellicistes, tout en reconnaissant par la bouche de Marine Le Pen ce matin sur Europe 1 « une part de responsabilité » « du gouvernement français, celui de Nicolas Sarkozy mais aussi celui de François Hollande » dans le « développement du califat (islamique) » (notez l'incohérence d'une telle position), soutient l'intervention contre cet état islamique :
« Il faut intervenir, a déclaré Marine Le Pen, mais intervenir en soutien logistique, en apportant une aide au renseignement. Nous ne pouvons pas être en première ligne. »
Rien quant à la gestion en amont de nos relations avec les pays arabes, rien quant à la politique belliciste agressive de l'Occident depuis 2001... dans le monde. Aucune leçon tirée de l'Afghanistan, l'Irak, la libye, la Syrie... L'analyse de Marine Le Pen est pauvre.
Invité ce matin de BFMTV, Dominique de Villepin, bien mieux inspiré, a estimé que la décision de Barack Obama d'engager une grande coalition sur le terrain est «absurde et dangereuse». (1) (2)
L'homme du discours à l'ONU pour dire «non» à une intervention en Irak en 2003 y voit une « troisième guerre d'Irak » qui aura pour conséquence de « multiplier » les foyers de terrorisme :
« Il serait temps que les pays occidentaux tirent les leçons de l'expérience. Depuis l'Afghanistan, nous avons multiplié les interventions militaires, pour quel résultat? Il y avait en 2001 un foyer de terrorisme central? Un. Aujourd'hui? Une quinzaine... L'État islamique, c'est l'enfant monstrueux de l'inconstance et de l'arrogance de la politique occidentale», a parfaitement résumé Dominique de Villepin.
Quoiqu'il en soit, l'intervention (s'il doit y en avoir une) ne peut être qu'organisée par la communauté internationale comme l'a rappelé le Saint-Père dans sa conférence de presse de retour de Corée le 18 août en critiquant implicitement une intervention américaine en irak et en exigeant que cette opération ne se transforme pas en guerre de conquête :
"Une nation seule ne peut pas juger seule cela, comment on arrête l'agresseur l'injuste. Après la deuxième Guerre mondiale c'était l'idée de Nations Unies. C'est là qu'on doit discuter et dire : il y a un agresseur injuste, il semble que oui, comment l'arrêter. Mais seulement cela, l'arrêter. Rien que cela", a déclaré le pape.
Telle ne semble pas être le chemin pris par l'Amérique d'Obama et la coalition (US, Royaume-Uni, France) qui s'est dessinée depuis le 3 septembre, prêt à faire sa guerre seul contre l'Irak mais aussi la Syrie, selon le plan d'action dévoilé le 10 septembre, en dehors de tout mandat international et en dehors même de l'aval du parlement américain qui laisserait à Obama la responsabilité de la guerre.
L'agression contre la Syrie au prétexte de frappes contre l'état islamique constituerait une atteinte à l'indépendance d'un état souverain, et une grave violation du droit international.
Ainsi, entre-temps, Moscou a estimé hier que des frappes américaines contre l'EI en Syrie décidées sans l'aval de l'ONU constitueraient une "violation grossière" du droit international. "Le président américain a annoncé la possibilité de frappes sur les positions de l'État islamique en Syrie sans l'accord du gouvernement légal (le régime de Bachar el-Assad)", a déclaré Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.. "Une telle initiative en absence de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU constituerait un acte d'agression, une violation grossière du droit international", a-t-il ajouté lors d'un point de presse hebdomadaire.
Le chef de la diplomatie allemande a souligné que Berlin ne participerait à aucune frappe aérienne, que ce soit en Syrie ou en Irak.
Le Premier ministre britannique David Cameron « n'exclut rien » concernant des bombardements en Syrie, a affirmé son porte-parole. La ministre des affaires étrangères britannique avait pourtant assuré quelques heures plus tôt que « la Grande-Bretagne ne participera[it] à aucune frappe aérienne en Syrie ».
Le président français, François Hollande, attendu vendredi en Irak, n'a pour sa part pas exclu de participer à des frappes en Irak, mais ne s'est pas prononcé sur une opération en Syrie.
L'Iran a exprimé ses doutes sur le « sérieux et la sincérité » de cette coalition internationale « pour s'attaquer aux vraies causes du terrorisme », selon la porte-parole du ministère des affaires étrangères, citée par l'agence de presse officielle Islamic Republic News Agency (IRNA).
Elle a accusé, sans les nommer, certains pays de la coalition d'avoir « fourni un soutien financier » aux djihadistes en Irak et en Syrie, alors que « d'autres espèrent apporter des changements politiques en Irak et en Syrie pour leurs propres intérêts ». L'Iran accuse notamment les pays du Golfe de financer les djihadistes.
Les responsables iraniens ont répété plusieurs fois qu'ils fournissaient aides et conseils au gouvernement et aux Kurdes irakiens contre les djihadistes, comme ils soutiennent le président de la Syrie, Bachar Al-Assad.
Notes