Nouvelle étude remarquable sur le site Vive le Roy: «le combat légitimiste».
Bien peu ont conscience de l’extrême fragilité des fondements théoriques des sociétés révolutionnaires et si ces constructions artificielles semblent pourtant triompher sur toute la planète, c’est que jusqu’ici, elles ont réussi à fuir ou à étouffer le débat théorique où elles se savent vulnérables. En effet, pour détourner les hommes des questions essentielles de loi naturelle, de légitimité, d’autorité, de droit divin, d’une part on les enivre par un flux continu d’informations futiles qui font écran avec la réalité, et d’autre part on ne leur propose qu’un modèle d’action politique s’adressant aux passions avec des techniques de manipulation bien rodées. C’est donc sur le terrain efficace du débat théorique sur le fondement des sociétés que les légitimistes portent le combat politique et remporteront la victoire.
Table des matières
. Qu'est-ce que la légitimité ?
. Le principe de la Modernité
. Savoir qui on est et qui est l'autre
. Le combat des légitimistes de l'UCLF
Qu’est-ce que la légitimité ?
La légitimité est l’application du droit royal français tel qu’il est défini dans la théorie statutaire et les lois fondamentales du Royaume. [Guy Augé, « Du légitimisme à la légitimité », in La Légitimité, N°2, janvier 1975.]
écrit l’historien du droit Guy Augé.
Ces lois, qui obligent à la fois les sujets et leur roi, ont permis l’agrégation de peuples très différents au Royaume tout en respectant leurs identités et leurs libertés. L’État de droit qu’elles garantissent a rendu possible la pérennité du bien commun à travers les siècles et c’est ainsi que l’institution a généré ce « vivre ensemble » qu’est la Cité (n’en déplaise aux nationalistes, l’institution est bien première et non l’expression d’un pseudo « génie national »).
La genèse empirique des Lois Fondamentales du Royaume au gré des difficultés ne laisse pas d’étonner : rien de prémédité, aucun a priori, mais le simple principe de la soumission au réel, à la nature des choses et en fin de compte à l’Auteur de cette nature. De fait, toute monarchie est fondée sur la transcendance et un monarque n’est obéi que si lui-même est soumis à un ordre qui n’est pas le sien. C’est bien ce principe essentiel de la soumission au Christ Roi des rois que Louis XIV enseigne au Dauphin :
Et à vous dire la vérité, mon fils, nous ne manquons pas seulement de reconnaissance et de justice, mais de prudence et de bon sens, quand nous manquons de vénération pour Celui dont nous ne sommes que les lieutenants. Notre soumission pour Lui est la règle et l’exemple de celle qui nous est due. [Louis XIV, Mémoires pour l’instruction du dauphin, année 1661, livre second, deuxième section, cité par Alexandre Maral, Le Roi-Soleil et Dieu, Essai sur la religion de Louis XLV, Perrin, Paris, 2012, p. 7.]
Plus loin, le Roi-Soleil prend soin de souligner que cette dévotion ne doit pas être feinte, à telle enseigne que l’historien Alexandre Maral n’hésite pas à le surnommer « l’Anti-Machiavel » [Nicolas Machiavel, en véritable fondateur de la modernité politique, déclare :
Il [le prince] doit aussi prendre grand soin de ne pas laisser échapper une seule parole qui ne respire les cinq qualités que je viens de nommer ; en sorte qu’à le voir et à l’entendre on le croie tout plein de douceur, de sincérité, d’humanité, d’honneur, et principalement de religion, qui est encore ce dont il importe le plus d’avoir l’apparence : car les hommes, en général, jugent plus par leurs yeux que par leurs mains, tous étant à portée de voir, et peu de toucher. Tout le monde voit ce que vous paraissez ; peu connaissent à fond ce que vous êtes, et ce petit nombre n’osera point s’élever contre l’opinion de la majorité, soutenue encore par la majesté du pouvoir souverain. (Machiavel, Le Prince, Chap. XVIII, in Œuvres politiques de Machiavel, Ed. Charpentier, Paris, 1881, pp-76-77.)].
Ainsi, un roi ne conserve sa légitimité que s’il obéit à la feuille de route divine : permettre aux sujets de réaliser leur nature d’animal raisonnable, leur assurer au mieux les conditions générales nécessaires pour vivre conformément à leur raison — ce qui n’est rien d’autre que vivre vertueusement, diraient un Confucius, un Cicéron ou un saint Thomas [L’Ancienne Chine enseigne en effet :
C’est pourquoi un prince doit, avant tout, veiller attentivement sur son principe rationnel et moral. S’il possède les vertus qui en sont la conséquence, il possédera le cœur des hommes […] (Thseng-Tseu (disciple de Confucius), L’explication, chapitre 10, in Doctrine de Confucius ou les quatre livres de philosophie morale et politique de la Chine, trad. M.G. Pauthier, Librairie Garnier Frères, Paris, 1921.)].
La raison, enseigne Bossuet au Dauphin, est cette lumière admirable, dont le riche présent […] vient du ciel […] par laquelle Dieu a voulu que tous les hommes fussent libres. [Bossuet, Œuvres de Bossuet, Tome 1, Firmin Didot frères fils et Cie, Paris, 1860, p.13-16.]
Le principe de la Modernité
Le dix-huitième siècle marque une rupture radicale avec l’antique sagesse et Bonald présente cette modernité comme « l’art de tout expliquer, de tout régler sans le concours de la Divinité [Louis de Bonald, Mélanges littéraires, politiques et philosophiques, t.1, Ed. A. Le Clere, Paris, 1819, p.105-106.] ». Plus encore, le réel lui même devient gênant et un Rousseau ne craint pas d’écrire :
Commençons donc par écarter tous les faits, car ils ne touchent point à la question [Jean-Jacques Rousseau, deuxième Discours, Œuvres complètes, t. III, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1964, p. 132-133.].
L’intelligence étant affranchie de la réalité, plusieurs explications, plusieurs sens du monde sont alors possibles et constituent ce que l’on appelle les idéologies. Le célèbre historien François Furet définit l’idéologie comme « un système d’explication du monde à travers lequel l’action politique des hommes a un caractère providentiel, à l’exclusion de toute divinité » [François Furet, Le passé d’une illusion, Ed. Livres de poche, 1995, p.17.] ; ailleurs il précise qu’elle a « pour fonction de masquer la réalité, et donc de lui survivre » [François Furet, Penser la Révolution française, Foliohistoire, Paris, 1978, p. 144.].
Selon notre ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon, la forme politique qui réalise le mieux cet idéal moderne d’autonomie de l’homme par rapport à Dieu et à sa Création est la république ; ce régime se pose d’ailleurs en véritable religion :
La religion républicaine est une religion des droits de l’homme, c’est-à-dire de l’Homme qui doit se faire Dieu, ensemble avec les autres, ici-bas, et non pas du Dieu qui se fait homme à travers un seul d’entre nous […] il faut donc […] déraciner l’empreinte catholique, qui ne s’accommode pas de la République. [Vincent Peillon, Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson, Éditions du Seuil, Janvier 2010, p-34-35-36.]
Comment, en effet, la religion catholique pourrait-elle admettre cet article III de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément [Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, Art. III.].
Il n’est surement pas anodin que le Christ — figure archétypale du roi [Jésus est le Roi de l’univers ; sa royauté ne vient pas de ce monde mais du Père céleste.] et du gouvernement par l’autorité — ait été condamné à mort par un Pilate recourant au gouvernement par l’opinion avec une foule subvertie par les prêtres du temple.
Ainsi les contorsions intellectuelles auxquelles se livrent les autorités religieuses depuis le XIXe siècle pour faire admettre l’idée d’une « bonne république » et pour faire oublier l’existence d’une autorité politique qui tient directement son autorité de Dieu — à l’instar de celle d’un père de famille —, demeurent tragiquement vaines, voire suicidaires. En réalité, la « bonne république » n’a jamais existé malgré de multiples tentatives, et le nier c’est s’opposer à la réalité, c’est écarter les faits à la façon d’un moderne.
Savoir qui on est et qui est l’autre
L’acculturation des catholiques et des monarchistes
On le constate, la subversion des esprits est profonde et se manifeste chez les catholiques par l’oubli de notre nature et de l’autorité qui lui est consubstantielle ; comme si la Révélation avait abrogé un ordre naturel pourtant lui aussi voulu par Dieu.
Cette acculturation, cette perte d’identité n’augurent pas un rétablissement rapide de la société traditionnelle. En effet, le général chinois Sun Tzu (VIe siècle av. J.C.) dans son Art de la Guerre met en garde :
Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait ; qui ne connaît pas l’autre mais se connaît sera vainqueur une fois sur deux ; qui ne connaît pas plus Vautre qu’il ne se connaît sera toujours défait. [Général Sun Tzu, L’Art de la Guerre, traduit et présenté par Jean Lévi, Paris, Hachette, 2000, p.61.]
Le manque de connaissance de soi
Le manque de connaissance de soi engendre toutes sortes de dérives. S’il n’y a pas de vérité dans l’ordre naturel politique, celui-ci n’est que chaos, la raison demeure impuissante à le comprendre. Le providentialisme s’insinue alors dans les esprits qui déclare, selon un schéma quasi protestant : « Sola Gratia, sola Fide » (la Grâce seule, la Foi seule) ; on « court-circuite » la nature, la raison et l’Église pour se réfugier dans l’exégèse des messages que Dieu adresse directement à des âmes privilégiées (Dieu parle sans intermédiaire aux hommes, l’institution Église devient presque inutile). Or les révélations privées n’obligent jamais en matière de Foi ; à ce sujet, le très réaliste et traditionaliste cardinal Billot rappelle opportunément que
l’Église, en canonisant ses saints, ne se porte jamais garante de l’origine divine de leurs révélations […] il y a toujours place, en quelque hypothèse que ce soit, pour un mélange inconscient de ce qui vient de l’esprit propre avec ce qui est l’esprit de Dieu. [Cardinal Billot, Le Figaro, 4 mai 1918.]
Le Cardinal dénonce aussi ce millénarisme qui consiste à croire que la simple consécration d’un pays [ Le président Garcia Moreno avait consacré l’Équateur au Sacré Cœur ; pourtant un an après, il était assassiné et son pays retombait dans la Révolution.], et/ou l’apposition du Sacré Cœur sur son drapeau, suffiraient à écraser ses ennemis et à lui garantir la pérennité ; espoir d’autant plus chimérique que le drapeau en question symbolise justement la Révolte contre Dieu et sa Création.
Pareillement, Bossuet s’insurge contre ce quiétisme tout fènelonnien (laissons faire Dieu, Il s’occupe de tout), en rappelant au Dauphin que Dieu n’assiste pas les passifs et ceux qui agissent contre la raison :
Quiconque ne daignera pas mettre à profit ce don du ciel, c’est une nécessité qu’il ait Dieu et les hommes pour ennemis. Car il ne faut pas s’attendre, ou que les hommes respectent celui qui méprise ce qui le fait homme, ou que Dieu protège celui qui n’aura fait aucun état de ses dons les plus excellents. [Bossuet, Œuvres de Bossuet, Tome 1, Firmin Didot frères fils et Cie, Paris, 1860, p.13-16.]
Si le simple acte de consécration du Pays suffit à le sauver, on comprend alors la démobilisation générale, la passivité, ou le comportement purement réactionnaire des catholiques qui se réduit à essayer de ralentir la décadence pour restaurer la France… celle de leurs souvenirs un peu embellis, autrement-dit : la France révolutionnaire d’avant-hier.
Le manque de connaissance de l’ennemi
Ignorant tout de ses ennemis, le catholique moderne se satisfait des moyens que ceux-ci lui proposent et qui apparaissent d’ailleurs si séduisants : pas de contraintes, pas d’effort, surtout pas d’effort de raison, mais :
- . manifestation pour faire entendre sa voix et alerter l’opinion publique,
- . vote pour le « moins mauvais »,
- . soutien actif au parti « le moins mauvais » ou à un mouvement de lobbyisme, avec forcément à la clé de l’œcuménisme : il faut savoir accepter des compromis, même avec des antichrétiens, pour « faire masse », se faire entendre et remporter l’adhésion de l’opinion à coups de slogans.
C’est oublier que l’État moderne revendique précisément le gouvernement par l’opinion pour éliminer les dernières traces de gouvernement par l’autorité. Or le philosophe français Georges Fonsegrive rappelle cette vérité :
lutter révolutionnairement contre la révolution, c’est encore travailler pour elle. [Georges Fonsegrive (1852-1917), cité par Charles Maurras, Lettre du 08 septembre 1900 à Louis Dimier, Enquête sur la Monarchie, NLN, Paris, 1925, p. 238.]
L’histoire nous montre d’ailleurs cruellement, que les rares victoires de ce type de combat sont toujours éphémères et permettent immanquablement à la Révolution de rebondir avec plus de vigueur encore. Mais depuis longtemps le sociologue Augustin Cochin avait mis en garde contre l’illusion de la course à cette opinion publique apparue au XVIIIe siècle avec les « Lumières », à la fois alibi et marionnette des sociétés de pensée :
L’objet de la Société [de pensée] n’est pas limité ni d’ordre pratique, elle ne vise que l’opinion. Il s’agit d’éclairer les citoyens, de faire avancer le progrès des lumières, d’éveiller l’esprit public, d’intéresser les gens au bien public, c’est-à-dire à la politique. [Augustin Cochin, in La Révolution et la libre-pensée.]
Or, Cochin montre que le caractère éminemment subversif des sociétés de pensée est dû à leur seul principe de fonctionnement qui les distingue de toute autre association humaine : Liberté, Égalité, Fraternité, principe utilisé comme machine de guerre contre toute autorité. Inutile donc d’imaginer en constituer une pour contrer la Révolution, sans passer soi-même dans le camp ennemi.
Le désespérant combat des nouveaux réactionnaires
Certains donc, impatients de combattre et faisant l’économie de principes dont ils ignorent jusqu’à l’existence, se lancent à corps perdu dans l’action entendue comme la dénonciation du pouvoir en place.
Or, Démosthène disait à ce propos :
Il n’y a rien de si aisé que de monter les vices du gouvernement ; mais savoir indiquer ce qu’il faut faire, voilà la science de l’homme d’État. [Démosthène, cité par Joseph de Maistre, Lettres et opuscules, Librairie-éditeur A. Vaton, Paris, 1861, t.1, p. 518.]
À la remorque de la grande presse, les voilà devisant, raillant, s’improvisant experts en tout et vivant au rythme trépidant d’une actualité qu’ils commentent sans complexe. Ceux-là s’étourdissent dans le monde virtuel et artificiel planté par des médias nationaux dont l’objectif principal consiste à faire écran avec le monde réel.
Pourtant le sociologue Roger Mucchielli avait dénoncé les techniques de subversion et de manipulation de l’opinion par les journaux. Par exemple, pour passer d’un fait divers anodin au scandale de société, on utilisera
trois principes de base : premièrement paraître de bonne foi, ne pas laisser apercevoir le procédé, deuxièmement parler au nom du bon sens, chose du monde la mieux partagée, de façon à être lu et approuvé par la masse des lecteurs, troisièmement en appeler toujours à la justice et à la liberté, de façon à provoquer l’indignation du bon public. [Roger Mucchielli, La subversion, CLC, Paris, 1976, p.19.]
Pourtant le philosophe Éric Vœgelin rappelait fort à propos que l’ennemi redoute plus que tout le débat théorique, et le pouvoir démystificateur de la philosophie traditionnelle. Dans nos sociétés
[...] le débat théorique sur les problèmes qui concernent la vérité de l’existence humaine est publiquement impossible [...] Si bien protégées que puissent être les libertés constitutionnelles d’expression de la presse, quelle que soit l’intensité avec laquelle le débat théorique se manifeste dans des cercles restreints et trouve son expression dans les publications pratiquement privées d’une poignée d’érudits, le débat dans la sphère publique concernée par la politique se réduira toutefois essentiellement au jeu de dés pipés qu’il est devenu dans les sociétés contemporaines progressistes [...] La propagande gnostique consiste dans l’action politique et non pas dans une quête de la vérité au sens théorique. [Éric Vœgelin, La nouvelle science du politique, Seuil, Paris, 2000, p. 201 ;203.]
Dès lors, la paresse intellectuelle des catholiques et leurs tentatives pathétiques d’imiter leurs ennemis sont les plus sûres cautions de l’avancée révolutionnaire.
Le piège de l’individualisme
D’autres enfin, plus instruits des principes traditionnels et de ceux des adversaires, succombent malgré tout à la modernité par son individualisme. Refusant tout engagement au sein d’une association pour « préserver leur liberté », ils se persuadent de mener un combat actif en bavardant sur les forums, seuls, confortablement installés derrière leur écran, et se proclament « contre-révolutionnaire » pour avoir mis quelque menu adversaire en difficulté.
Le combat des légitimistes de l’UCLF
Étudier ces principes traditionnels et conformes au réel qui fécondent l’action et les jugements, les enseigner pour mieux les connaître et les faire connaître dans de petites structures à taille humaine, voilà ce que propose l’UCLF. Conversion individuelle des intelligences et des cœurs au sein de sociétés réalistes et concrètes en les animant ; travail continu pour se donner les armes de la résistance et de la victoire. Eh quoi ! Les « Lumières » ont réalisé leur œuvre de destruction grâce à un travail acharné de plus de soixante ans au sein de ces sociétés de pensée, et nous voudrions un retour à l’ordre naturel et divin sans effort : mais ce n’est pas naturel ! mais ce n’est pas juste ! La Grâce ne saurait aller contre la nature.
Évidemment, l’engagement exige des sacrifices — mais aurait-il une quelconque valeur s’il en était autrement ? Il faut assez d’humilité pour supporter une hiérarchie, une autorité ; il faut faire l’effort d’un apprentissage ; il faut se déranger pour témoigner, assister aux réunions, les organiser, prendre des responsabilités…
L’écrivain Jacques Perret — véritable intellectuel combattant, véritable icône contre-révolutionnaire — montre l’exemple de l’engagement concret, celui qui coûte. Non sans humour, il raconte sa campagne de Chouan des temps modernes pendant la guerre : abandonné par les princes, jamais il ne cesse de témoigner ni de lutter avec lucidité et raison. Par sa vie, il réalise cette profession de foi de tous les légitimistes que Jean-Louis Maral résume ainsi :
Nous œuvrons dans l’intemporel, mais c’est au fond notre force : de préserver l’avenir, en étant les gardiens, de raison et de foi, de ce qui ne meurt point. [Jean-Louis Maral, Encore quelques réflexions sur le légitimisme, in La Légitimité, Numéro spécial, Décembre 1980, p.9-11.]
Guy Augé précise :
Cette légitimité n’appartient à personne en propre, pas même aux princes qui peuvent la trahir. Mais elle est à tous ceux qui la souhaitent servir, et elle exprime, mieux sans doute que « monarchie », l’essence de l’institution royale, respectueuse de la transcendance, entée sur le passé, ouverte sur les finalités du bien commun, et respectueuse de l’ordre naturel. [Guy Augé, Du légitimisme à la légitimité, revue La Légitimité, No2, janvier 1975.]
Conscient de la puissance extraordinaire de la pensée légitimiste, Joseph de Maistre écrit à son ami Louis de Bonald :
Ne vous laissez pas décourager par la froideur que vous voyez autour de vous ; il n’y a rien de si tranquille qu’un magasin à poudre une demi-seconde avant qu’il saute. Il ne faut que du feu ; et c’est nous qui l’avons. [Joseph de Maistre, Lettres et opuscules, Librairie-éditeur A. Vaton, Paris, 1861, t.1, p. 300-301.]
À leur exemple, dénonçons le gouvernement par l’opinion et ses techniques de subversion, rétablissons le gouvernement par l’autorité à notre échelle, transmettons cette flamme, et quand nous le pourrons, mettons le feu ...