Mis à jour, 12 juin 2014
La victoire de Bouvines (Nord) est l'une des plus belles batailles du Moyen Âge. Elle sauve le royaume de France au 13e siècle d'une invasion anglo-germano-flamande cimentée par l'argent (40 000 marcs d'argent) du roi d'Angleterre Jean sans Terre (1), et ouvre à la France un siècle de prospérité. Ses retombées en termes culturel, civilisationnel et géopolitique sont considérables. Pourtant, l'Oligarchie a décidé d'ignorer son 8ème centenaire.
La situation, grave, dramatique, vit en juillet 1214 une coalition des rancoeurs et des avidités se former. Le Plantagenêt, l'empereur allemand et des féodaux jaloux de la puissance capétienne, constituèrent un terrible danger national dont l'argent et/ou l'appât du gain constituait le ressort.
Le 27 juillet prochain doit avoir lieu la reconstitution de la bataille à l'occasion du huitième centenaire. Un article de La Croix du Nord mentionne le programme des festivités, quatre temps forts et une ribambelle de rendez-vous tout cet été. Les temps forts :
1 – Le son et lumière Bouvines la Bataille, les 3,4,5 et 6 juillet. Un spectacle écrit par Alain Streck, trente tableaux combinant du théâtre, de la danse, des chants, de la cascade, de l’art équestre et de la pyrotechnie ! Réservations ouvertes sur le site www.bouvines-la-bataille.fr.
2 – Les Médiévales, des campements médiévaux, le samedi 5 et le dimanche 6 juillet, qui racontent la vie des contemporains de Philippe-Auguste.
3 – Bouvines 2014, entre Ciel et Terre : un rassemblement de géants, le dimanche 6 juillet, autour du nouveau venu, le géant Philippe Auguste !
4 – Les commémorations officielles du dimanche 27 juillet 2014 : messe, dépôt de gerbe et concert chorale dans le parc du Château !
Le 25 et 26 avril 2014, à la salle Jean-Noël à Bouvines a eu lieu une exposition philatélique pour l'édition d’un timbre commémoratif de la bataille (dans la série des « grandes heures de l’histoire de France »). |
Le maire de Bouvines et président de Bouvines 2014, Alain Bernard, qui organise de juillet 2013 à juillet 2014 "des manifestations festives et culturelles, d'ampleur au moins régionales, voire nationales, de façon à rappeler au maximum de personnes ce qui s'est passé ici à Bouvines, un évènement important pour l'histoire de la France", a poussé un coup de gueule le 10 juin 2013 : « "Pas de subventions, pas de commémorations. Ou réduites à leur plus simple expression!" pour le jubilé des 800 ans de la bataille de Bouvines, une des dates majeures de l’Histoire de France, qui n'intéresse ni l’État ni les collectivités locales... qui n’ont pour l’heure accordé aucun subside à l’association qui prépare l’événement depuis cinq ans. Philippe Auguste doit se retourner dans sa tombe!».
Georges Duby mentionne qu'en 1914 déjà, à l'occasion du 7e centenaire, « il vint aussi "quelques centaines de socialistes qui sifflèrent sottement vendredi soir à Lille la retraite militaire organisée en souvenir de Bouvines". L'Echo de Paris du 29 juin le déplore. » (2)
Les socialistes de 2014, moins sots mais plus sournois, pourraient traiter l'évènement par le silence doublé d'un refus de subventionner le jubilé du 800e anniversaire... Cette attitude est emblématique du mépris que l'Oligarchie mondialiste, financière et matérialiste porte pour notre histoire, nos héros, et finalement pour toutes les valeurs-qualités françaises qui ont fait la France (libertés des villes, des communes, des corporations professionnelles, l'égalité chrétienne, etc.), valeurs-droits qui protégeaient le petit face au grand, le faible contre le fort, que l'Oligarchie libérale marchande a détruit en 1791 (Cf. Analyse de La loi Le Chapelier par Marion Sigaut) et n'a depuis de cesse d'éliminer... Bouvines, symbole de cette société de multiples protections sociales doit être abattu !
La Bataille de Bouvines, absente des manuels scolaires, avec ses conséquences pour la France, nous montre une forme d'Etat différente de celle que nous connaissons aujourd'hui, d'une administration centralisée, que l'autorité a pu résider ailleurs qu'à Paris... Bouvines nous montre une société où le fondement des rapports d'homme à homme (féodalisme) résidait ailleurs que dans le rapport du capital et du travail (salariat), une société où l'argent était secondaire, le profit et l'utilité absents ou très secondaires. Une société où le serment vassalique imprégnant les relations d'homme à homme et irriguant toutes les valeurs d'honneur et de fidélités, amicales, familiales, professionnelles (corporations) protégeait l'individu de l'arbitraire des puissants et non l'asservissait pendant les "siècles obscurs"... (3)
C'est la raison pour laquelle, contre cette manipulation-falsification de l'histoire mise au service de l'idéologie libérale républicaine, face au silence et au mépris oligarchique, la commémoration du 800e anniversaire de la bataille doit être l'occasion pour nous tous de porter plus loin notre réflexion sur l'Etat que nous voulons pour la France aujourd'hui, et cette alternative politique que nous avons vu ne pouvoir advenir que par un changement des institutions !
Par son retentissement formidable, cette bataille menée de face, et remportée grâce à notre cavalerie, est classée parmi les mythes fondateurs de notre nation.
Régulièrement à partir de 1190, et définitivement à partir de 1204, Philippe Auguste remplace son titre de rex francorum, "roi des Francs" par rex Francie, "roi de France". Le principe héréditaire prenant le dessus sur le principe électif, Philippe II est le premier des Capétiens à ne pas prendre la peine de faire sacrer son fils de son vivant.
De 1202 à 1206, Philippe unifie son royaume, il reconquit sans grande difficulté le duché de Normandie, les comtés du Maine, Anjou, Touraine, Poitou et Saintonge. De l'immense héritage que Jean sans Terre a reçu de son frère Richard Coeur de Lion, il ne lui reste plus sur le continent que le duché d'Aquitaine, tandis que la Bretagne demeurait hors du domaine royal que Philippe quadrupla.
Conseil de guerre de Valenciennes : les coalisés ( flamands , Saxons, Allemands ) partagent la France avant la bataille.
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Prière du roi Philippe Auguste au matin de la bataille , dans l'église de Bouvines. |
Dès le XIIIe siècle, Bouvines se transforme en légende. C'est le mythe de la naissance de la nation et de la royauté réunies comme l'a révélé Georges Duby dans son livre à sensation Le Dimanche de Bouvines. "Le premier sentiment de nation France" pour Max Gallo, la première expression d’une véritable conscience nationale. L’annonce de la victoire provoqua un tel "mouvement d’enthousiasme populaire", une si grande allégresse, qu’on y pourra lire la "naissance d’une nation" (J. Bainville, Histoire de France.)
« Roger de Wendower qui, dans sa Fleur des histoires, raconta entre 1219 et 1225 les évènements marquants des années 1193-1216, fournit du combat de Bouvines une relation... bien informée et qui au 13e siècle, fut maintes fois utilisée par d'autres historiens anglais. Il a bien vu comme le roi Philippe s'appuyait sur les trois "ordres", sur les comtes, les barons, les chevaliers qui l'entouraient, mais aussi sur les sergents à cheval et à pied, sur les communes des villages et des cités qui lui apportaient le soutien du peuple, les clercs et les moines se tenaient en prière, chantant sans cesse, multipliant les offices "pour l'état du royaume". » (4)
Armorial de Philippe II Auguste, D'azur semé de fleurs de lys d'or |
La bataille a opposé l'ost royal (service militaire que les vassaux devaient à leur suzerain au Moyen Âge), une magnifique cavalerie commandée par des chefs dévoués et unis, renforcée par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition hétéroclite beaucoup plus nombreuse mais affaiblie par des rivalités, constituée de princes et seigneurs menée par Jean sans Terre, duc d'Aquitaine, de Normandie et roi d'Angleterre, et soutenue par l'empereur du saint empire Otton IV de Brunswick, les princes de l'empire, le duc de Lorraine, Ferdinand de Portugal comte de Flandre, le marquis de Namur, le duc de Brabant, un contingent redoutable de mercenaires combattant à pied, en phalange compacte et épaisse, qu'on appelle "Brabançons", ainsi qu'un grand nombre de seigneurs et chevaliers allemands.
Le contingent anglais était commandé par le demi-frère de Jean sans Terre, Guillaume de Longue-Épée, fils illégitime d'Henri II d'Angleterre.
En 1914, dans Le Petit journal, la presse populaire célèbre le 700ème anniversaire d'une "grande victoire française." |
On a vu que d'autres batailles plus anciennes peuvent prétendre à ce titre à la naissance du sentiment national, comme les antiques batailles de Tolbiac sur les Alamans en 496 (qui entraîna la conversion de Clovis et fit de la France la "Fille aînée de l'Eglise"), ou même celle en plein empire romain, du Pont Milvius en 312, une bataille qui vit deux visions du monde s'affronter, le monde païen et le monde chrétien, les légions gauloises - qui avaient déjà été fédérées par Vercingétorix à Alésia- et chrétiennes de Constantin face aux légions païennes de Maxence. Deux batailles qui aux 3e et 5e siècles marquent incontestablement à leur manière, le berceau jusqu'à nos jours, de la civilisation européenne et chrétienne.
Notons également, qu'en juillet 1124, l'invasion de l'empereur germanique Henri V (qui voulant aider son beau-père Henri Ier d'Angleterre, plus jeune fils de Guillaume le Conquérant, dans le conflit qui l'opposait à Louis VI pour la succession dans le duché de Normandie, envahit la France et avança jusqu'à Reims avec une puissante armée), vit le capétien Louis VI faire appel à l’ost, lever en hâte une armée et convoquer les grands vassaux du royaume, qui tous envoyèrent des contingents. Pour l'historienne Régine Pernoud, c'est « la preuve la plus convaincante de l'existence du sentiment national ». « [O]n assiste alors à une levée d'armes générale dans tout le royaume; les barons les plus turbulents, parmi lesquels un Thibaut de Chartres, alors en pleine révolte, oublient leurs querelles pour venir se ranger sous l'étendard royal, le célèbre oriflamme rouge frangé de vert que Louis VI avait pris sur l'autel de Saint-Denis. La notion de patrie était donc, dès cette époque, assez ancrée pour provoquer une coalition générale, et l'on avait, à travers la diversité et l'émiettement des fiefs, conscience de faire partie d'un tout. Cette notion devait s'affirmer encore avec éclat, un siècles plus tard, à Bouvines. » (5)
L'oriflamme « que l'on dit avoir conduit les armées de Dagobert ...serait, à ce que laisse entendre la Chanson de Roland (rédigée v. 1100) et que montrera la mosaïque de Latran, la bannière de la Rome antique transmise à Charlemagne par le pape Léon III. » (6)
La Mosaïque de l'archibasilique Saint-Jean-de-Latran de Rome, exécutée entre 796 et 798 à la demande du pape Léon III, représente notamment ce dernier et Charlemagne, agenouillés aux pieds de Saint Pierre qui leur remet les clefs et la bannière, symboles de leurs pouvoirs respectifs. |
Conservé à la Basilique Saint-Denis, l'oriflamme n'était sorti que lorsque des grands dangers menaçaient le royaume. Hissé sur le champ de bataille, il signifiait aux troupes françaises qu'il ne fallait pas donner de quartier aux ennemis.
L'armée de Louis VI, réunie à Reims, fit une telle impression qu'à la mi-août 1124 les troupes germaniques rebroussèrent chemin sans livrer bataille. Dans un même élan patriotique, tous les Grands avaient répondu présent : le cousin du roi, le comte de Vermandois Raoul « le Borgne », le duc Hugues II de Bourgogne, le duc Guillaume IX d’Aquitaine, le comte Charles Ier de Flandre, le duc Conan III de Bretagne, le comte Foulque V d'Anjou, le comte de Champagne Hugues de Troyes, le comte Guillaume II de Nevers et même le comte de Blois, Thibaud IV. Après avoir été chercher l'oriflamme à Saint-Denis, Louis VI se retrouva donc à la tête d’une telle armée que l’affrontement que tout le monde pensait inévitable, ne se fit pas. Henri V, certainement impressionné par cette mobilisation prétexta des troubles dans sa capitale de Worms, et se retira sur Metz le 14 août sans combattre. (7)
Gisant de Louis VI, grand-père de Philippe Auguste |
Enfin, en remontant au 10e s., nous trouvons un affrontement, moins important certes, mais qui en 978 opposa l'empereur germanique Otton II et le roi de Francie occidentale, Lothaire, lequel aidé d'Hugues Capet (descendant des Robertiens et fondateur onze ans plus tard de la dynastie capétienne) vainquit les impériaux à la "petite bataille de Soissons". À cette occasion, l'empereur Otton II leva une armée germanique de 60000 hommes qui ravagea et incendia les faubourgs de Paris. Une défense ardente de la capitale par Hugues Capet, le vit refluer, et au franchissement de l'Aisne, aux portes de Soissons, entre la rivière, l'abbaye Saint-Médard et le bourg Saint-Waast, être taillé en pièces sur les rives de la rivière qui s'appelle Le Champ bouillant à cause du grand bouillonnement d'eau et turbulences infernales qui emportaient les soldats germains gesticulant sans qu'aucque puisse leur porter secours.
Philippe Auguste prend l'oriflamme à Saint-Denis, par Pierre Henri Revoil, 2e quart du 19e siècle, Musée national des châteaux de Versailles et Trianon. Quand Philippe prend l'oriflamme à la basilique Saint-Denis, la situation des Français semble désespérée. |
C'est derrière l'oriflamme de Saint-Denis que combattirent les troupes communales de Philippe Auguste à Bouvines ce dimanche 27 juillet 1214.
La survie de la France, son indépendance, tint alors à peu de choses. Qu'on se rappelle qu'à la suite du partage carolingien de Verdun (843), la France n'était plus au XIIIe siècle qu'un royaume réduit, menacé à l'ouest par l'Angleterre et à l'est par l'Empire. La France ne dut son salut qu'à la volonté tenace de reconquête des Capétiens, dont les efforts continus conduiront la papauté sous Louis IX (dont nous avons fêté le 800ème anniversaire de la naissance le 25 avril) à officialiser son indépendance effective face au saint empire romain germanique.
La bataille décisive de Bouvines nous rappelle que l'indépendance de notre nation française, fut toujours fragile et mérita tous les efforts de nos rois. |
Les coalisés espéraient broyer la puissance française capétienne alors émergente.
Jean sans Terre devait débarquer en Poitou et marcher sur Paris par le sud.
Au Nord, s'avanceraient Flamands, Allemands et Hollandais.
À l'issue des hostilités, le royaume devait être partagé entre les vainqueurs, dépecé... Paris devait revenir au comte de Flandre.
Averti de ces menaces, Philippe se tourne vers les communes libres du Royaume pour qu'elles lui apportent leur soutien. De nombreuses villes du Nord répondent favorablement à l'appel du souverain et envoient plusieurs milliers de miliciens pour renforcer l'ost royal. Pour la première fois après 1124 et depuis l'époque gauloise, une véritable armée populaire levée par les communes, réveille le sentiment national. C'est une France unie derrière son roi qui avance vers l'armée des Coalisés perçus comme des envahisseurs.
Philippe lève deux armées. Dès le 2 juillet, Jean sans Terre dont l'armée constituait la pointe sud de la tenaille, fut terrassé par le prince Louis, fils de Philippe Auguste (le futur Louis VIII le Lion), à la Roche-aux-Moines en Anjou.
La bataille de la Roche-aux-Moines. (Miniature du XIVe siècle) |
Au Nord, Philippe Auguste guettait les coalisés massés à la frontière du Hainaut.
C'est à Bouvines dimanche 27 juillet 1214, qu'eut lieu le choc décisif. C'est sur un plateau qui domine d'une dizaine de mètres les marécages de Flandre, près de Lille (Nord) que se joua le destin du peuple français et sa liberté. 15000 Français faisaient face à 25000 Coalisés. Le combat engagé vers midi se termina vers 5 heure du soir.
Armorial d'Otton IV de Brunswick |
Contrairement aux usages du temps, l'empereur Otton qui se tenait là, dans son armure, un dragon surmonté d'un aigle d'or, ne respecta pas la trêve du dimanche (interdiction pontificale de faire la guerre le dimanche) et voulut engager le combat contre l'arrière-garde française. Il avait juré d'en finir avec la France.
Philippe fit aussitôt faire à son armée une conversion totale et présenta toutes ses troupes rangées en bataille face aux Impériaux.
Avant la bataille, Georges Duby explique que Philippe « entra dans la chapelle » (à quelques distances, en lisière des fonds, un monastère de fondation carolingienne à Cysoing) « et fit une brève oraison à Notre Seigneur. Quand il en sortit, il se fit armer hâtivement, puis sauta au destrier allégrement et en aussi grande liesse que s'il dût aller à une noce ou à une fête où il eut été invité. Alors commença-t-on à crier parmi les champs "aux armes, barons!", aux armes!" Trompes et buccins commencèrent à bondir... Alors fut rappelée l'oriflamme de Saint-Denis. ...[L]e roi retourna tout premier à grande course de cheval et se mit au premier front de la première bataille, si bien qu'il n'y avait personne entre lui et son ennemi. » (8)
Les Français avaient l'avantage d'avoir derrière eux le soleil, très violent, qui éblouit l'ennemi. (9)
Pour les Français, on comptait mille et trois cents chevaliers, autant de sergents montés qu'avait assemblé Frère Guérin et entre quatre et six mille piétons qui étaient pour la majeure part des milices communales. Pour les alliés, bien trois fois ce nombre. Voici ce qu'en dit un prud'homme anonyme de Béthune :
"Tels sont les noms des hauts hommes qui avec le roi de France allèrent à cette bataille: Eudes, le duc de Bourgogne; Henri, le comte de Bar; Henri, le comte de Grandpré, Jean, le comte de Beaumont; Gaucher de Châtillon, le comte de Saint Pol; Guillaume, le comte de Ponthieu ; Arnould, le comte de Guines; Raoul, le comte de Soissons; Mathieu de Montmorency; Guillaumes des Barres; Enguerrand de Coucy, et ses deux frères, Thomas et Robert, et maint autres hauts hommes, dont je ne veux pas les noms nommer, car trop j'aurais de peine...
Cette bataille de Bouvines fût faite par un dimanche, le mois de juillet, en l'an de l'incarnation mille et deux cent et quatorze.
L'armée d'Othon a de son côté perdu soixante et dix chevaliers et un bon millier de fantassins. Le nombre de chevaliers fait prisonniers est remarquable, on en a compté au moins cent trente et au mieux nobles et chevaliers qui ont été pris par nous, Et parmi eux encore sont Renaud de Dammartin,, le comte Ferrand et Guillaume Longuespée, ainsi que des comtes allemands."
Soudain, un silence impressionnant traversa les lignes françaises. Philippe Auguste au centre de nos troupes s'adressa aux combattants : « Seigneurs, barons et chevaliers, en Dieu est notre espoir et notre confiance. Otton et son armée ont été excommuniés… Ils sont les ennemis de la religion !... Et bien que nous soyons pécheurs comme autres hommes, toutefois nous nous soumettons à Dieu et à sa sainte Eglise. Nous la gardons et la défendons selon notre pouvoir, c'est pourquoi nous devons nous fier hârdiment à la miséricorde de Notre Seigneur, qui nous donnera de surmonter nos ennemis [et les siens] et de vaincre." ...Les barons lui demandèrent bénédiction [et lui, la main levée, pria pour attirer sur eux la bénédiction du Seigneur]. Trompes et airains firent sonner, puis firent assaut à leurs ennemis par grande et merveilleuse hardiesse. » (10)
Notre général en chef est un chef Hospitalier, Frère Guérin, vêtu de la tunique rouge croisée de noir. Puis les trompettes crachent leur musique de mort. Enfin les deux masses d'hommes se heurtent.
Armorial de Frère Guérin, Evêque de Senlis, vice chancelier du royaume de France et premier des conseillers de la couronne. De sable à la croix d'argent.
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La bataille est longtemps indécise.
Après trois heures de combats acharnés, Ferrand, le comte de Flandre est contraint par l'aile droite française de se rendre et ses troupes se débandent.
Gravure Philippe-Auguste désarçonné à Bouvines pour la commémoration du 7e centenaire "d'une grande victoire française". |
Au centre, Philippe Auguste se précipite dans les rangs ennemis pour désarçonner Otton ; coupé des siens, il manque d'être pris ou tué. « Renversé de son cheval, Philippe Auguste ne doit son salut qu'à la vigoureuse intervention de Guillaume des Barres. … La grande surprise, c'est l'entrée sur le champ de bataille de l'infanterie des communes » (11).
Sauvé in extremis par ses gardes du corps, remis en selle, Philippe lance alors avec Guillaume des Barres une charge massive droit sur l'empereur. Ce qui redouble la vaillance des Français. La violence de la charge brise les défenses impériales. Otton choisit lamentablement de fuir le champ de bataille.
Le sort de la bataille sera finalement dû à la fougue et au courage de la chevalerie franque, qui trace des sillons de sang dans les rangs impériaux. "On les vit à plusieurs reprises, par escadrons massifs, comme un énorme projectile, traverser de part en part les rangs ennemis" (12). L'armée coalisée perd, avec son chef, toute sa fougue. L'aile gauche française a plus de mal à venir à bout du corps de 700 Flamands qui finalement se fait massacrer.
A l'endroit précis où Philippe a été désarçonné, selon la tradition et la rumeur populaire, a été édifiée la "Chapelle-aux-Arbres", une chapelle qui se trouve encore aujourd'hui au même endroit, construite sur le chemin de Cysoing à Tournai. Sur la façade de la chapelle était gravée une inscription en caractères gothiques. La chapelle régulièrement démolie de siècles en siècles par les différentes troupes qui venaient de l'est, a été démolie en 14-18. Reconstruite dans les années 1930, démolie en 1940, elle a été remplacée par un calvaire qui laisse quelques mots abrégés. |
Au lendemain de Waterloo, le 11 juin 1816, Marie-Angélique Vigneron-Sigié, très attachée au catholicisme, propriétaire des lieux, décida de faire donation à la fabrique de l’église de Cysoing d’une parcelle de deux ares soixante-six centiares de terres situées à Cysoing héritée de ses parents, « faisant l’emplacement d’une ancienne chapelle dite la chapelle aux Arbres, sous l’obligation que ce terrain sera et restera perpétuellement affecté à l’établissement d’un monument de piété ». |
Enfin, la victoire tant espérée se profile.
Otton enfui, esquivant de peu les braves chevaliers qui s'étaient lancés à sa poursuite, les Impériaux sont défaits.
La bataille se termine par l'écrasement complet de la coalition.
Otton perd ses insignes impériaux, son emblème personnel, un dragon, qu'il a fait transporter exhibé sur un chariot sur le champ de bataille, est capturé. L'aigle, le symbole de l'empire, subit le même sort.
Frédéric II et son faucon représentés dans son livre De arte venandi cum avibus (De l'art de chasser au moyen des oiseaux) |
Otton sera chassé de son trône et contraint d'abdiquer par les princes l'année suivante. Frédéric II de Hohenstaufen, soutenu par Philippe, lui succède.
Le roi d'Angleterre Jean sans Terre, qui fut l'âme damnée de la coalition, était son oncle. Le nombre de prisonniers est considérable. La plupart des barons sont capturés, dont Guillaume de Longue-Épée.
Mathieu de Montmorency à Bouvines capture douze étendards ennemis |
Les Français ont occis 170 chevaliers enemis, dont plusieurs comtes sont capturés. Quant aux pertes de la "piétaille" ennemie, elles se chiffrent en milliers. L'un des grands héros du jour est Mathieu de Montmorency, qui a capturé à lui seul, douze étendards ennemis, selon la chronique de Flandres. Suprême récompense, le roi lui octroiera le droit d'ajouter douze aigles (de l'Empire) à son blason, en souvenir de cet exploit. Le comte de Flandre, Ferrand, est livré à la vindicte populaire, qui inventera un bon mot pour l'occasion : "Ferrand, te voilà ferré !"
A l'annonce de la victoire, le peuple de France laisse éclater sa joie et fait un triomphe aux troupes de Philippe Auguste de retour vers Paris. |
Le peuple accueillit Philippe comme un sauveur qui venait d’affranchir le territoire de l’invasion allemande ; les témoignages d’admiration et de reconnaissance éclatèrent partout sur son passage ; dans toutes les villes qu’il traversait, les maisons étaient tendues de riches étoffes, de courtines, de tapisseries de soie, les rues jonchées de fleurs et de verdure ; le clergé lui adressait des remerciements solennels ; de tous côtés on accourait pour le saluer.
A Paris, l’enthousiasme s’accrut encore : les écoles, le clergé, la bourgeoisie, se rendirent au-devant de Philippe en chantant des hymnes et des cantiques. Les fêtes se prolongèrent durant une semaine, et la nuit même ne les interrompait pas ; de nombreux flambeaux éclairaient les danses et les festins, « si bien, dit Guillaume le Breton, que la nuit paraissait aussi brillante que le jour. »
A sa rentrée triomphale à Paris , l'armée victorieuse est acclamée par la population. Vitrail, église de Bouvines. |
Pour commémorer sa victoire et pour remercier la Vierge de l'avoir sauvé, le roi fonde un monastère, Notre-Dame de la Victoire, non loin de Senlis. (13)
Abbaye de la Victoire ou abbaye Notre-Dame-de-la-Victoire-lès-Senlis, fondée par lettres-patentes de Philippe-Auguste datées du 8 mai 1222. |
Les conséquences de la victoire de Bouvines sont considérables. « Bouvines a fixé pour des siècles le destin de tous les Etats d'Europe » (14)
La victoire assure la soumission de la Flandre et l'acquisition d'Amiens, du Vermandois et du Valois. Philippe démantèle à son profit les possessions de Jean sans terre sur le continent qui ne conserve qu'une Aquitaine lointaine et parcellaire.
L'enthousiasme dans le royaume est énorme. On n'oubliera jamais le soleil de Bouvines !
Le roi Plantagenêt subit la révolte de ses barons, qui en 1215, le contraignent à signer la Magna Carta (Grande Charte), ce document qui, passe dans l'histoire officielle pour être une des bases du parlementarisme (contrôle de l'impôt), de la "démocratie" britannique, la "grande charte des libertés d'Angleterre" limitant l'"absolutisme" royal, alors qu'il ne marque jamais que l'affirmation de la puissance aristocratique des Barons qui ne représentaient nullement le peuple anglais..., la naissance de la "démocratie représentative" (oligarchique en réalité) et la victoire de la société individualiste et d'argent sur la société communautaire et solidaire féodale.
Annulée par le pape pour protéger les droits de souverains régnants, la charte désavouée en 1216 par Jean sans Terre (elle sera confirmée par son fils, Henri III en 1265), les barons élisent roi le futur Louis VIII de France, fils de Philippe Auguste ! La mort de Jean la même année sauve de peu la dynastie anglaise. L'influence de la Grande Charte hors d'Angleterre peut se remarquer dans la constitution des États-Unis.
Le pape Innocent III se réjouit de la victoire de Philippe sur Otton qu'il avait excommunié. La France renforce encore sa position de protectrice de l'Eglise.
La bataille de Bouvines, Horace Vernet |
Les braves de Bouvines offre à la France un XIIIe siècle prospère et glorieux.
Le commerce s'accroît, notamment avec les foires de Champagne, de Brie et d'Île de France (Provins, Lagny, Lendit à Saint-Denis, Bar, Troyes, etc.)
Les arts et la mode française brillent. De nouvelles inspirations arrivent des Etats francs (ou latins) d'Orient.
Avec ses 15 millions d'habitants, la France est - de très loin - le pays le plus peuple et le plus dynamique d'Occident.
Paris est la plus vaste ville d'Europe et son université au XIIIe siècle devient la plus prestigieuse de tout l'Occident médiéval.
L'architecture et l'esthétique françaises (plus tard renommées "gothiques") resplendissent et s'étendent par delà les frontières.
Les chevaliers français codifient les tournois et inventent l'"amour courtois", auquel sont rattachés les mots courtois, courtoisie française. Un idéal, "un code d'honneur, une sorte de rituel social qui sont ceux de la chevalerie; une certaine aisance des manières aussi; enfin une attention pleine d'égards que la femme exige de l'homme." (15)
Les droits des femmes connaissent une apogée que la modernité cherchera à réduire et à faire disparaître en ressuscitant le droit romain (Renaissance) où la femme avait un statut de quasi objet, mouvement qui culminera dans le code civil de Napoléon... par l'infériorisation actée du statut de la femme (l'article 1124 stipule que "les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels, les débiles mentaux").
« Si le serf ne peut pas quitter sa tenure, on ne peut pas non plus la lui enlever; cette particularité n'était pas loin au Moyen Âge d'être considérée comme un privilège, et en fait, le terme se retrouve dans un recueil de coutumes, le Brakton, qui dit expressément en parlant des serfs : "tali gaudent privilegio, quod a gleba amoveri non poterunt... Ils jouissent de ce privilège de ne pouvoir être arrachés à leur terre" (à peu près ce que serait de nos jours une garantie contre le chômage) » (16) avec le statut de la fonction publique en plus, et le droit de le transmettre à son héritier !...
Ainsi « généralement, les serfs se trouvaient satisfaient de leur sort et le plus souvent refusaient d'en changer quand liberté leur était offerte. ... On vit des serfs sortis de servitude faire leurs efforts pour y rentrer. En 1276 le roi Philippe le Hardi déclara "francs" (libres Ndlr.) grand nombre des serfs de ses domaines; mais ceux-ci d'en manifester leur mécontentement. En ce temps c'était la femme qui entraînait la condition du mari: un homme libre, qui épousait une serve, devenait serf; un serf qui épousait une femme libre, s'affranchissait en se mariant. Et l'on vit nombre de serfs affranchis par Philippe III épouser des serves à seule fin de rentrer en servitude. Et voici les rois en leurs ordonnances, les prédicateurs en leurs sermons qui font un point d'honneur à leurs contemporains de rechercher "la noble franchise" et repousser "la chétiveté de servitude"; mais par la séduction de ces belles paroles les intéressés ne se laissaient parfois convaincre que difficilement. Ainsi que l'écrit encore Henri Doniol, les seigneurs s'efforcent de toute manière de faire sortir leurs serfs de servitude pour les faire entrer en condition "vilaine", en faire de francs paysans; "mais ce ne fut qu'avec le temps, quand le servage fut tombé - écrit Doniol - au niveau de la condition des paysans libres, quand il perdit les garanties de sécurité et de calme qu'il avait pu donner, quand il ne parut plus être qu'une inutile et tyannique privation de l'individualité civile, alors seulement la condition libre, l'état de vilain (paysan) fut recherché." » (17)
Quoiqu'il en soit, un siècle plus tard, en 1315, Louis X le Hutin ordonnera l'affranchissement de tous les serfs du domaine royal. Le servage n'est plus mentionné lors de la rédaction des coutumes au XIVe siècle que dans celles de Bourgogne, d'Auvergne, de la Marche, du Bourbonnais et du Nivernais, et dans les coutumes locales de Chaumont, Troyes et Vitry; partout ailleurs il avait disparu. Quelques ilôts de servitude très adoucie subsistèrent çà et là, que Louis XVI abolit définitivement en 1779. (18)
Bouvines modifiera la situation géopolitique sur le continent pour de nombreux siècles.
L'ordalie, au Moyen Age est un jugement de Dieu. Elle somme le Ciel de désigner le bon droit. Elle est une manière de construire la vérité : Dieu arme le bras du vainqueur, qui n'est pas seulement le bras du plus fort mais celui qui a raison.
En ce sens, Bouvines, qui consacre la société féodale des trois ordres, oratores (ceux qui prient, le clergé), bellatores (ceux qui se battent, la noblesse), laboratores (ceux qui travaillent) est une ordalie. Avec Bouvines, Dieu triomphe en imposant l'image idéale d'une société ordonnée. (19)
Les vertus chrétiennes et chevaleresques fondent un socle de valeurs communes à toute l'Europe. Après l'Empire romain, Bouvines marque une seconde unification européenne : «Tout était fondé sur des liens personnels tissés d'homme à homme, avec tout ce que cela comportait de diversité, de vitalité et de richesse affective. [...] Tout reposait sur une hiérarchie de communauté dont chacune, fût-ce la plus humble, baignait dans le sacré.» (20)
Plus puissant souverain du continuent, le roi de France s'impose tout au long de ce 13e siècle comme l'arbitre des conflits internationaux. Bouvines lui donne raison, face au ciel, contre tous ceux qui ne savent pas résister à l'insidieux pouvoir de l'argent qui lentement sape les fondations de l'ordre féodal.
Le conflit franco-anglais, qui perdurera encore 600 ans, se termine par la victoire de la banque et de l'argent à Waterloo en 1815... L'âge des banques centrales s'ouvre, l'humanité est prête pour l'exploitation la plus subtile et sournoise qui ait été inventée, celle du consentement à l'esclavage au nom de la "démocratie" et des "droits de l'homme".
Quant au conflit franco-allemand issu du partage de l'empire de Charlemagne entre ses fils (Traité de Verdun en 843), il coûtera à l'Europe deux guerres mondiales. Ce conflit né du droit successoral germanique et du partage à égalité entre les descendants, ne fut réglé définitivement qu'à la victoire du principe dynastique héréditaire sous les Capétiens, fin 10e siècle. À cet égard, Bouvines, dernière bataille des lignages, marque l'affrontement de deux Europe, la vieille Europe des lignages incarnée par le saint empire, que les grandes familles germaniques se disputent, et l'Europe des Etats modernes incarnée par la France de Philippe Auguste.
Philippe laisse à ses successeurs un état riche, bien administré et équilibré.
Tout pouvoir implique une responsabilité. Le roi lui-même n'est pas à l'abri de cette règle. Henri le Grand, qui définit ses pouvoirs, reconnaît à ses sujets le droit de le déposer s'il leur donne un ordre contraire à leur conscience; le pape peut les délier de leur serment de fidélité, et ne manque pas d'user de cette faculté lorsqu'un roi commet quelque exaction, même dans sa vie privée. Le principe fondamental est que, selon la doctrine de saint Thomas : Le peuple n'est pas fait pour le prince, mais le prince pour le peuple". (21)
Le récent ouvrage d'Olivier Christin, Vox populi, Une histoire du vote avant le suffrage universel, montre que si l’élection n’a pas toujours été tenue pour le moyen le plus équitable, le plus efficace et le plus transparent de distribuer les charges et les honneurs publics ou de désigner ceux qui devaient contribuer à la fabrication de la Loi (longtemps, d’autres systèmes ont joui d’un prestige égal sinon supérieur (tirage au sort, hérédité, cooptation ou appel à l’Esprit Saint), les élections existaient pourtant dans d’innombrables lieux et institutions : les villes et les villages, les ordres religieux et les conclaves où agissait justement l’Esprit Saint, les universités et les académies. L'Eglise médiévale fut même le lieu par lequel passa le développement du principe majoritaire, après une longue éclipse commencée avec la fin de la République romaine. Des pontifes comme Innocent III (décrétale de 1199 sur l'élection de l'évêque de Capoue), des princes et des souverains redonnent vie à d'antiques maximes du droit romain, empruntées à Ulpien ou à Mucius Scaevola, comme dans le cas de la célèbre formule Quod Omnes Tangit, ab omnibus approbari debet (QOT); "Que ce qui touche à tout le monde soit approuvé par tout le monde", venue du droit des tutelles et qui finit par servir à la théorisation du nécessaire consentement que tout pouvoir doit obtenir de ceux sur qui il s'exerce (22). Autour de 1200, la règle majoritaire gagne de nouveaux domaines d'application et quelques-unes des institutions les plus importantes de la société médiévale - les universités, les communes, les confréries ou encore les métiers - vont s'édifier sur les fondations juridiques qui sont les siennes et plus précisément sur la notion de persona ficta, de personne collective dont la volonté ne se réduit pas à la somme des volontés individuelles des membres qui la composent. Ce qui se permet de se passer de l'assentiment de tous et de chacun des membres de la personne collective et donc de s'affranchir de l'exigence d'unanimité. (23) Peu à peu, le rôle joué par l'idée de consentement fonde la légitimité et justifie le rôle d'institutions comme les Etats généraux où s'accomplit justement ce consentement, notamment en matière fiscale. (24) Et qui fera qu'un Louis XVI les convoquera en 1789 afin de régler les problèmes de la dette publique. Ainsi, en 1788 le Chef du Conseil royal des finances Loménie de Brienne «au début de juillet... annonce l'imminente réunion des Etats généraux, invitant du même coup tous les Français à faire connaître leurs voeux quand au mode d'élection et à l'organisation de cette assemblée, pour la rendre "aussi nationale et aussi générale qu'elle doit l'être". » (25) Vous voyez un président de la république aujourd'hui convoquer tous les Français en Assemblée générale pour discuter du mode d'élection et de la manière de régler les problèmes financiers de la France ?...
Pour le moment, « les progrès de l'autorité royale à partir du XIIIe siècle bousculent traditions et privilèges. Afin de maîtriser le zèle de ses officiers, et pour répondre aux plaintes des populations,
...A partir des années 1300, c'est par la voix des Etats généraux et des assemblées locales qu'est entretenu l'idéal de réformation. C'est désormais à la demande ou sous la pression des députés des trois ordres que la royauté réforme par ordonnances solennelles et autorise pour leur application la mise en place d'un personnel spécifique. C'est donc la contestation régulière des assemblées représentatives qui provoque la réitération des mesures réformatrices (au 14e siècle, Ndlr.) ...Au total dans le dialogue qui jusque vers 1440 s'installe entre le prince et le pays, (la) royauté... ne peut faire autrement que de réclamer l'assentiment de ses sujets pour faire la guerre et lever des impôts.
...(Sous Jean II le Bon) La dernière assemblée d'Etats, ... de décembre 1355, marquée par l'entente entre la noblesse et la patriciat urbain, aboutit le 28 du même mois à la publication d'une ordonnance dictée au roi en l'échange d'un soutien fiscal. L'impôt consenti sera levé par les élus des Etats. A leur tête, avec tout pouvoir de décision et de justice sur le subside, un collège de neuf "généraux" répartis à égalité entre les représentants des ordres. On prévoit que les Etats se réuniront deux fois dans l'année pour ouïr les comptes. Plusieurs articles limitent les prérogatives du roi et de sa famille, d'autres s'attaquent aux spéculateurs et aux officiers royaux. ...Le roi lui-même ne paraît pas faire de réserves ou tenter de freiner l'action des réformateurs clercs, nobles et bourgeois. Dans les mois qui suivent, il semble même que Jean II laisse l'initiative gouvernementale se déplacer vers les Etats, soit aux séances, soit dans les commissions. Comme si le monarque, comprenant que son intérêt est lié à celui des députés, ne manifestait aucune hostilité à leur égard. ... (Suite à) [l]a nouvelle réunion des Etats... ouverte à Paris le 5 février 1357, ... [l]'ordonnance du 3 mars qui en résulta ne fut pas un texte négocié entre les députés et le dauphin. Il fut imposé par les représentants comme la contrepartie d'un impôt levé par eux pour la poursuite de la guerre (de Cent Ans, Ndlr.) ... Ce texte... prescrit l'épuration de toute l'administration royale, la liberté pour les Etats de se réunir d'eux-mêmes, sans convocation royale. La grande ordonnance de 1357 aboutit ainsi à enlever au dauphin le gouvernement du royaume. ...Bien loin de marquer une réaction antinobiliaire, la réforme imposée en 1357 est même, à l'inverse, patronnée par des nobles, parfois même de très ancienne noblesse. ...Le Journal de 1356 insiste sur la "science", la "sagesse" et l'"autorité" des députés, sur la varité de leur origine géographique aussi, ce qui leur vaut, mieux que quelques créatures du gouvernement, de conseiller "sainement" le dauphin. Asurément, c'est le principe de la major et sanior pars qui transpire ici. Issu du droit romano-canonique, il légitime la prise de décision. ...On remarque aussi ce type d'expression : "Car elle [la levée de l'impôt] se feroit de volunté de peuple et consentement commun". Rien de démocratique ici, au sens actuel du terme, mais bien plus la traduction du principe fondamental, connu de longue date pour justifier la tenue de toutes sortes d'assemblées ecclésiastiques ou laïques, selon lequel : "quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet" : "ce qui intéresse tout le monde doit être discuté et approuvé par tout le monde". » (26)
Le système politique médiéval, fait de libertés à la base (élections dans les communes, les métiers, les ordres religieux), d'autorité en haut (le roi), et d'élites aristocratiques au milieu (noblesse et clergé) caractérisa le modèle politique français jusqu'en 1793.
Chacune des forces vices du pays sont représentées et participent dans sa sphère propre au bien commun.
« Il est évident, explique Régine Pernoud, qu'il n'y avait place au Moyen Age ni pour un régime autoritaire ni pour une monarchie absolue. Les caractères de la royauté médiévale en prennent d'autant plus d'intérêt, chacun d'eux apportant la solution d'un problème sur la question toujours épineuse des rapports de l'individu et du pouvoir central. Ce qui est remarquable au premier abord, c'est la multitude d'échelons qui s'interposent entre l'un et l'autre. Loin d'être les deux seules forces en présence, l'Etat et l'individu ne correspondent que par une foule d'intermédiaires. L'homme au Moyen Âge n'est jamais isolé; il faut nécessairement partie d'un groupe: domaine, association ou université quelconque, qui assure sa défense... Une série de contacts personnels jouent ainsi le rôle de "tampons" entre le pouvoir central et le "Français moyen", qui de ce fait ne peut jamais être atteint par des mesures générales arbitrairement appliquées, et n'a jamais affaire non plus à des puissances irresponsables ou anonymes, comme le serait par exemple celle d'une loi, d'un trust ou d'un parti... La coutume est un ensemble d'observances, de traditions, de règlements issus de la nature des faits, non d'une volonté extérieure. Le respect que l'on a pour elle explique pourquoi, pendant toute la durée de l'Ancien Régime, les rois n'ont jamais fait d'ordonnance sur le droit privé. » (27) Cela change de la loi Taubira légalisant le "mariage" gay, dite loi de "réforme de civilisation" !
La loi du roi, dès le Haut Moyen Âge ne pouvait pas aller contre la loi des gens, les coutumes et les traditions du peuple parce que cette loi appartenait au peuple... Sous Charlemagne, la loi est "intangible" parce qu'elle "appartient au peuple", le roi ne peut y "toucher quant au fond" (28). « Le roi n'a rien d'un autocrate. Pour bien des affaires législatives ou politiques, qui ne sont pas dans le champ d'application du ban royal, la rédaction de l'assemblée paraît avoir infléchi ou déterminé la décision royale » (29). « En 792, il (le roi) évoque les nombreuses plaintes de ceux qui "n'ont pas conservé leur loi". Si quelqu'un dit qu'on lui a refusé le bénéfice de sa loi, écrit le roi, les missi (sorte de préfets de l'époque Ndlr.) doivent bien dire que ce n'est ni la volonté ni l'ordre du roi. On punira le missus ou le comte qui aura confondu les lois. Pour limiter les contentieux, le roi prescrit que l'on fasse enquête pour savoir "quelle est la loi de chacun, d'après son nom" ! » Cette conception de la loi et de l'appartenance de la loi est bien éloignée de celle d'aujourd'hui. « Lorsque le roi ajoute aux lois, c'est pour clarifier les ambiguïtés et combler les lacunes, non pour changer le sens de la législation » (30) Encore moins changer de civilisation comme a pu le faire en toute impunité, au nom du "progrès", une "ministre de la Justice" de la Ve république, Christiane Taubira. Ce qui notons-le est du jamais vu dans l'histoire de France et même du monde :
« C'est une réforme de société et on peut même dire une réforme de civilisation », déclara Christiane Taubira, le 7 novembre 2012 au sujet du projet de loi du mariage et de l'adoption des duos homosexuels, dans un entretien publié dans "Ouest France".
Dans le système politique médiéval, « les pouvoirs s'équilibrent et se font contrepoids sans qu'aucun ne puisse imposer sa volonté à l'ensemble. Ainsi comprise, la démocratie n'est pas étrangère à la république (res publica, chose de tous, Ndlr), qui peut intégrer des éléments démocratiques, aristocratiques, voire monarchiques. » (31).
« La monarchie absolue eut la sagesse de ne pas toucher aux usages locaux, de ne pas imposer un type d'administration uniforme; ce fut l'une des forces - et l'un des charmes - de l'ancienne France. » (32)
"Les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers" (Matthieu, 20-16). C'est ce précepte évangélique qui aux XIIe et XIIIe siècles inspire et anime les Abélard, Héloïse, Dominique de Guzman, François et Claire d'Assise, d'autres encore, qui inventent cette forme de gouvernement renversante où le chef d'une communauté doit se faire le dernier des serviteurs de ceux qu'il guide... Un devoir d'humilité strictement codifié, inspiré directement de l'enseignement du Christ. Les ardents réformateurs du Moyen Age abaissent les puissants pour exalter les humbles, tout en se dépouillant eux-mêmes des emblèmes du pouvoir. Dans le sillage de Michel Foucault et Giorgio Agamben, Jacques Dalarun, dans son livre "Gouverner c'est servir", a fait revivre cette tradition politique contestataire chrétienne différente du modèle gréco-romain, une "puissance de la faiblesse" toujours active dans les démocraties du XXIe siècle.
La démocratie comme participation du peuple à la prise de décision politique était plus vivace au Moyen-Age, qu’elle ne le fut depuis la Révolution : c’est la Révolution "française" qui, au nom du "peuple", de la "souveraineté populaire", du "progrès", et autre "république", va éliminer cet ensemble de pratiques démocratiques populaires séculaires : « Au Moyen Age et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les "communautés d’habitants", qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles... Les rois et les nobles se contentaient de gérer les affaires liées à la guerre ou à leurs domaines privés, d’administrer la justice et de mobiliser leurs sujets par des corvées. Les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s’ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d’enjeux politiques, communaux, financiers, judicaires et paroissiaux. » (33)
« On discutait ainsi des moissons, du partage de la récolte commune ou de sa mise en vente, de la coupe de bois en terre communale, de la réfection des ponts, puits et moulins, de l’embauche de l’instituteur, des bergers, de l’horloger, des gardes-forestiers, parfois même du curé, des gardiens lorsque sévissaient les brigands, les loups ou les épidémies. On y désignait ceux qui serviraient dans la milice, on débattait de l’obligation d’héberger la troupe royale ou de l’utilité de dépêcher un notable pour aller soumettre à la cour des doléances au nom de la communauté. » (34)
Imaginez que, dans votre ville ou votre commune, de nos jours, vous puissiez, par le biais d’une assemblée communale publique, décider en commun de la répartition de la récolte commune ou de sa mise en vente (alors qu’aujourd’hui, les paysans – souvent les « serfs » modernes de l’industrie agro-alimentaire – se voient imposer leurs cotâts de production, les prix de vente, le cahier des charges et jusqu’aux semences qu’ils peuvent utiliser), la réfections ou l’édification des ouvrages d’art (routes, voiries communales, ponts, éoliennes, barrages, écluses, etc.), décider de qui, parmi les habitants, servira dans la police municipale (qui est maintenant un corps centralisé au service de l’Etat, et non du peuple). Impensable, n’est-ce pas ?...
Ainsi, le peuple, au Moyen-âge, parvenait à s’autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme « privés », mais comme publiques, car à l’inverse de nous, les « modernes » atomisés par une culture du chacun pour soi (la culture individualiste que nous devons à l’origine aux physiocrates du XVIIIe siècle et à leurs successeurs libéraux et capitalistes du XIXe et du XXe siècle), nos ancêtres « médiévaux » avaient conscience de l’interdépendance mutuelle dans laquelle ils étaient, et la majeure partie des ressources produites par la terre étaient considérées comme un ensemble de richesses communes, non comme des richesses privées. Cela n’empêchait pas le commerce, l’artisanat, ni même une certaine forme d’industrie. Ils parvenaient, en dépit de leurs intérêts individuels, à s’entendre et à gérer eux-mêmes ces ressources en commun, chose qui nous semblent aujourd’hui hors de portée – il suffit, pour s’en convaincre, de voir les commentaires récurrents qui décrient l’apathie populaire et considère, aujourd’hui, la masse comme incapable de débattre et de décider communément de ses propres intérêts. Ainsi, il serait impossible aux hommes « modernes » de ce XXIe siècle de faire ce que les paysans « incultes » du moyen-âge faisaient couramment ? Si cela est vrai, pouvons-nous encore parler de « progrès de la modernité » ? Ne devrions-nous pas plutôt faire le terrible constat de la régression imposée par cette « modernité » ?
« La démocratie médiévale, bien vivante alors, mais aujourd’hui si méconnue, permettait au peuple de traverser de longs mois sans contact direct avec des représentants de la monarchie, une institution qui offrait finalement très peu de services à sa population composée de sujets, non de citoyens. En d’autres termes : un territoire et une population pouvaient être soumis à plusieurs types de régimes politiques simultanément, soit un régime autoritaire (monarchie pour le royaume, aristocratie pour la région) et un régime égalitaire (démocratie locale ou professionnelle). » (35)
On rêverait, de nos jours, de disposer de cette autonomie et de ce régime égalitaire, rien qu’au niveau local de nos villes ou de nos communes. Or, même cela nous est refusé, et cette simple idée fait se dresser un mur de défit et de mépris qui, au moyen-âge ou à la renaissance, aurait donné lieu à une « jacquerie », une révolte justifiée du peuple contre l’oppression d’un pouvoir par trop dictatorial et jugé tyrannique.... (Les Citoyens constituants)
"La féodalité qui assurait la protection du faible par le fort, avec réciprocité de dévouement du protégé à son patron - le mot est également du temps, - n'a pas seulement engendré les fiefs proprements dits, les domaines agglomérés autour d'un château; elle a formé les villes; de la féodalité sont issues les constitutions urbaines; elle a formé les jurandes et maîtrises; au clergé lui-même elle a donné son inébranlable constitution" (36). La richesse elle-même de la paysannerie française et ce n'est pas un paradoxe de le dire, vient tout droit du régime féodal et du servage : "aucune institution n'a davantage contribué à la fortune de la paysannerie française; maintenue pendant des siècles sur le même sol, sans responsabilités civiles, sans obligations militaires, le paysan est devenu le véritable maître de la terre... Si la condition du paysan dans l'est de l'Europe, en Pologne et ailleurs, est demeurée aussi misérable, c'est qu'il n'a pas eu cette attache protectrice du servage.... Si le paysan français a pu jouir jusqu'à ces derniers temps d'une existence aisée, par rapport au paysan d'Europe orientale, ce n'est pas seulement à la richesse du sol qu'il le doit, mais aussi et surtout à la sagesse de nos anciennes institutions, qui ont fixé son sort au moment où il avait le plus besoin de sécurité." (37) Il n'est pas certain que ce qui reste de la riche paysannerie française en 2014 soit épargnée par le traité transatlantique négocié en douce et sans débat par les Oligarques en vue de démanteler ce qui nous reste d'indépendance et de souveraineté.
"L'Etat (jacobin) qui nie les corps intermédiaires, peut à présent les dédaigner, ou feindre de dédaigner la soumission d'un homme à un autre (rapports féodo-vassaliques), fiction rituelle d'une paternité toute-puissante. Il n'est pas sûr qu'aujourd'hui encore, il puisse se maintenir sans elle. L'Etat contre la féodalité ? Plutôt, l'Etat par la féodalité" ! (38).
Add. 31 juillet 2014. Le Premier ministre Manuel Valls s'est désisté au dernier moment pour les fêtes des 800 ans de la bataille de Bouvines. Il a préféré le Tour de France.
L'association organisatrice de la commémoration « Bouvines 2014 » avait « déjà bouclé » sa version papier, qui annonçait sa venue. Mais « les organisateurs eux aussi ne l’ont appris que le jeudi 24 juillet, soit 3 jours seulement avant l’événement. »
On pourrait comprendre que l’actualité exige la présence d’un Premier ministre français, surtout étant donné les drames de l’été. Mais que nenni !
Manuel Valls a fait savoir qu’il donnait priorité à la dernière étape du départ du Tour de France à Evry, ville dont il est maire. Ce qui est étonnant, puisqu’il avait déjà donné son engagement ferme à être présent à Bouvines ce dimanche 27 juillet. Le tracé du Tour de France aurait-il changé depuis 3 semaines ? En tous cas, ce n’est que cette semaine que Manuel Valls s’est rendu compte que les cyclistes passaient par sa ville.
Il a ainsi donné préférence au Tour de France plutôt qu'aux commémorations de la bataille de 1214 qui célèbrent célébrer la nation France, l’unité de la nation.
Plusieurs descendants de Philippe Auguste ont été réunis pour l’occasion. La branche de la Maison des Bourbons sera représentée par le Duc d’Anjou, Prince Louis de Bourbon, le Prince Axel de Bourbon-Parme, le Prince et la Princesse de Bauffremont, le Comte de Beaumont-Beynac et le Baron Pinoteau.
La république étant absente lors des commémorations célébrant la bataille qui est considérée comme le berceau du patriotisme, tous les yeux se sont tournés vers les représentants de la monarchie, dont le plus important n’est autre que le prince Louis de Bourbon, descendant et héritier du roi Philippe Auguste, qui, lui, avait honoré sa promesse d’être là.
La République et le socialisme ont, encore une fois, négligé notre Histoire… Décevant, oui ! Étonnant, non !
Notes
(1) L'Histoire, Bouvines 1214, La plus belle bataille du Moyen Âge, N° 399, Mai 2014, p. 46
(2) G. Duby, Le Dimanche de Bouvines, 1985, Folio Histoire, La Flèche 2002, p. 293.
(3) R. Pernoud, Lumière du Moyen Âge, Grasset, Poitiers 1981, p. 29; et Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Âge, 1977, Points Histoire, Mayenne 2001.
(4) G. Duby, ibid., p. 251.
(5) R. Pernoud, ibid., p. 97.
(6) Jean Favier, Les Plantagenêts, Origines et destin d'un empire, XIe-XIVe siècles, Fayard, Poitiers 2004, p. 340.
(7) Dominique Barthélemy, L'ordre seigneurial XIe-XIIe siècle, Éditions du Seuil, Points, Paris, 1990, p. 234-235.
(8) G. Duby, ibid., p. 59, 72, 73.
(9) Le Grand Livre de l'Histoire de France, Sous la Direction de Christian Melchior-Bonnet avec la collaboration de Denis Maraval-Hutin, Maquette Louis-Paul Delplanque, Librairie Jules Tallandier, Paris 1980, p. 68.
(10) Guillaume le Breton, manuscrit latin 5925 de la Bibliothèque nationale cité in G. Duby, Le Dimanche de Bouvines, 1985, Folio Histoire, La Flèche 2002, p. 74.
(11) Jean Favier, Les Plantagenêts, Origines et destin d'un empire, XIe-XIVe siècles, Fayard, Poitiers 2004, p. 711.
(12) F. Funck-Brentano , Le Moyen Âge.
(13) L'Histoire, Bouvines 1214, La plus belle bataille du Moyen Âge, N° 399, Mai 2014, p. 46.
(14) G. Duby, ibid., p. 239.
(15) R. Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Âge, 1977, Points Histoire, Mayenne 2001, p. 61.
(16) R. Pernoud, ibid., p. 46-47.
(17) F. Funck-Brentano, La Société au Moyen Age, Flammarion, Paris 1937, p. 55-57.
(18) R. Pernoud, ibid., p. 48-49.
(19) Revue L'Histoire, Bouvines 1214, La plus belle bataille du Moyen Âge, N° 399, Mai 2014, p. 61.
(20) J. Benoist-Méchin, Frédéric de Hohenstaufen, Librairie Académique Perrin, 1980, p. 19. Source: "L'Europe, notre identité commune".
(21) R. Pernoud, ibid., p. 78-79.
(22) Y. Congar, Quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet, Revue historique de droit français et étranger, vol. 35, 1958, p. 210-259, cité in O. Christin, ibid., p. 141.
(23) O. Christin, Vox populi, Une histoire du vote avant le suffrage universel, Collection Liber, Seuil, 2014, p. 141, 142.
(24) O. Christin. ibid., p. 260.
(25) Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Les Révolutions françaises, Les phénomènes révolutionnaires en France du Moyen Age à nos jours , Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989, p. 193.
(26) F. Bluche et S. Rials, ibid., p. 92-103.
(27) R. Pernoud., ibid., p. 74-75.
(28) J. Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, Lonrai 2013, p. 334-335.
(29) J. Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, Lonrai 2013, p. 303.
(30) J. Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, Lonrai 2013, p. 347-348.
(31) F. Dupuis-Déri, Démocratie, Histoire politique d'un mot, aux Etats-Unis et en France, Lux Humanités, Québec 2013? P. 75-76.
(32) R. Pernoud, ibid., p. 58.
(33) Henry Bardeau, De l'origine des assemblées d'habitants, Droit romain : du mandatum pecuniae - Droit français : les assemblées générales des communautés d'habitants en France du XIIIe siècle à la Révolution, Paris, Arthur Rousseau, 1893, p. 63.
(34) F. Dupuis-Déri, ibid., p. 42.
(35) F. Dupuis-Déri, ibid., p. 45.
(36) F. Funck-Brentano, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926,p.18.
(37) R. Pernoud, ibid., p. 47-48.
(38) J.-P. Poly, La Mutation féodale, Xe-XIIe siècle, Nouvelle Clio, l'histoire et ses problèmes, PUF, Vendôme 1991, p. 515.