La fête de ce jour a un double objet, célébrer la Purification de Marie et la Présentation de Jésus au Temple selon la loi de Moïse (Luc 2, 22). Cette loi fixait le temps où les mères devaient se présenter avec leurs nouveau-nés devant les autels, et elle exigeait une offrande pour le rachat des enfants mâles. Ni Marie, toute pure dans sa maternité, ni Jésus, Fils de Dieu, n'étaient obligés à cette cérémonie ; cependant par humilité, et pour donner aux hommes un éclatant exemple d'obéissance aux lois divines, Marie, accompagnée de Joseph et portant Jésus en ses bras, se rendit au Temple de Jérusalem.
Siméon, aveugle et âgé, saisit l'Enfant dans ses bras et dit : "Seigneur, à présent tu peux laisser aller ton serviteur en paix, car mes yeux ont vu ton Salut..." Sa foi et son coeur lui révélèrent qu'il tenait la Lumière venue éclairer les nations, le Sauveur. Plein de reconnaissance, il chanta le "Nunc dimittis", ce cantique qui est repris tous les jours à l'Office des Complies.
Nunc dimittis servum tuum, Domine,
secundum verbum tuum in pace.
Quia viderunt oculi mei salutare tuum,
quod parasti ante facies omnium populorum,
lumen ad revelationem gentium
et gloriam plebis tuae Israel.
Au VIIe siècle, saint Sophrone, évêque de Jérusalem († 638 ou 639) dit : "Accueillons cette lumière glorieuse et éternelle. Allons à la rencontre du Christ, nous tous qui honorons et vénérons son mystère avec tant de ferveur, avançons vers lui dans l'enthousiasme. Que tous sans exception participent à cette rencontre, que tous sans exception y portent leurs lumières. Si nos cierges procurent un tel éclat, c'est d'abord pour montrer la splendeur divine de celui qui vient, qui fait resplendir l'univers et l'inonde d'une lumière éternelle en repoussant les ténèbres mauvaises; c'est aussi et surtout pour manifester avec quelle splendeur de notre âme, nous-mêmes devons aller à la rencontre du Christ. De même, en effet, que la Mère de Dieu, la Vierge très pure, a porté dans ses bras la véritable lumière à la rencontre de ceux qui gisaient dans les ténèbres; de même nous, illuminés par ses rayons et tenant en mains une lumière visible pour tous, hâtons-nous vers celui qui est vraiment la lumière. C'est évident: puisque "la lumière est venue dans le monde"(Jn 3, 19) et l'a illuminé alors qu'il baignait dans les ténèbres, puisque "le Soleil levant qui vient d'en haut nous a visités" (Lc 1, 78), ce mystère est le nôtre. C'est pour cela que nous avançons en tenant des cierges, c'est pour cela que nous accourons en portant des lumières, afin de signifier la lumière qui a brillé pour nous, mais aussi afin d'évoquer la splendeur que cette lumière nous donnera. Courons donc ensemble, allons tous à la rencontre de Dieu. Cette lumière véritable, "qui éclaire tout homme venant en ce monde." » (Jn 1, 9), voici qu'elle vient. Soyons-en tous illuminés, mes frères, soyons-en tous resplendissants." (S. Sophrone, Homélie, Discours 3, sur la fête des Lumières 6.7; texte grec: PG 87-3, 3291-3293)
Cette fête est également accompagnée de superstitions. Si les paysans ne faisaient pas de crêpes à la Chandeleur, le blé serait mauvais l’année suivante. Pour être assuré que la récolte sera bonne et les finances prospères, ils se devaient de retourner la première crêpe en la jetant en l’air de la main droite en tenant un Louis d’or dans la main gauche, en veillant à ce qu’elle retombe parfaitement dans la poêle. La crêpe était ensuite déposée en haut d’une armoire. (4)
Les orthodoxes nomment cette fête la Sainte Rencontre. (5)
((2) Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. L'Evangile au quotidien ; Pascal-Raphaël Ambrogi, Dictionnaire culturel du Christianisme, Le sens chrétien des mots, Honoré Champion Editions, Paris 2021, p. 762 ; (4) ; Dominique Le Tourneau, Les Mots du christianisme, Bibliothèque de Culture religieuse, Fayard, La Flèche 2005, p. 125