La défaite de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles de 2012 n’est pas seulement celle d’un homme qui a très rapidement dilapidé son capital politique. Car en cinq ans le président sortant a réussi non seulement à faire gagner la gauche mais aussi à remettre en selle l’extrême gauche et le parti communiste, en catalysant le rejet autant de sa personne que de sa politique, tout en décourageant ses soutiens.
... Dernière illustration de ce travers historique : la droite au front de taureau a coupé les ponts avec le Front national (Ndlr. notamment après l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) aux "dirigeants de la droite républicaine à dénoncer toute stratégie d'alliance avec le Front national"), tout en prétendant récupérer ses électeurs. Elle a donc fait le contraire de la stratégie victorieuse d’union de la gauche. Bravo les parangons du « vote utile » ! Cette préférence pour la désunion a eu pour seul résultat que la droite, bien que majoritaire dans le pays, s’est retrouvée prise en otage politique par une gauche minoritaire. Une performance remarquable !
Le 6 mai 2012, ce n’est pas la gauche qui a gagné. C’est la droite qui a perdu. Une défaite méritée, selon Michel Geoffroy. Car la droite a cumulé les erreurs : elle a délaissé la lutte des idées ; elle a adopté, dans sa pratique gouvernementale, l’idéologie de gauche ; elle a trompé en permanence son électorat ; elle a été incapable de s’unir ; elle s’est coupée du peuple. Deux mois de grand écart verbal sarkozyste ne pouvaient suffire à faire oublier des années de déceptions et d’humiliations. Le temps de l’analyse est venu.
Polémia (Ndlr. Polémia a été fondée par Jean-Yves Le Gallou qui le 25 avril a légitimé l'abstention au second tour de l'élection présidentielle du 6 mai 2012).