[O]n crée une brèche, dans laquelle tous les groupes de pressions ne tardent pas à s’engouffrer. C’est un processus subversif bien connu. C’est celui par lequel on a introduit les « ministres extraordinaires » de la communion. Ils sont devenus si « extraordinaires » qu’ils distribuent la communion même quand il y a assez de prêtres et de diacres pour le faire. C’est également le processus par lequel Paul VI a introduit la communion dans la main. D’après mon calcul, 88% du volume de l’instruction Memoriale Domini (29 mai 1969) est consacré à confirmer la réception de la communion à genoux et sur les lèvres [Note de Christ-Roi. L'instruction explique en effet que "cette façon de distribuer la sainte communion [sur la langue] DOIT ÊTRE CONSERVÉE… ... [C]ette façon de faire, qui doit être considérée comme traditionnelle, assure plus efficacement que la Sainte Communion soit distribuée avec le respect, le décorum et la dignité qui lui conviennent; que soit écarté tout danger de profanation des espèces eucharistiques". Et L'instruction ajoute : "changements apportés dans une question si importante, qui correspond à une tradition ancienne et vénérable, non seulement touchent la discipline, mais peuvent aussi comporter des dangers, qui comme on le craint, naîtraient éventuellement de cette nouvelle manière de distribuer la Sainte Communion, c'est-à-dire : un moindre respect pour l'auguste sacrement de l'autel; une profanation de ce sacrement; ou une altération de la vraie doctrine"...]. On arrive presque à la fin du texte et on se demande si c’est bien dans ce document-là que Paul VI a introduit la réception dans la main. Et voilà que, dans les dernières lignes, un indult est accordé, en totale incohérence avec tout le raisonnement qui précède. Tolérance restreinte, encadrée, assortie d’un contrôle strict etc. mais toutes ces précautions étaient évidemment illusoires. Ce qui est important, ce n’est pas le barrage qui est solide en tous points sauf un, c’est la brèche. On sait ce qui est advenu après cette instruction romaine de 1969. La norme est à présent si bien inversée que c’est la communion sur les lèvres qui est vue comme une bizarrerie et à peine tolérée.