Le parlement de Chypre a refusé hier le soit-disant "plan de sauvetage" européen après le tollé dans l'île provoqué par l'annonce de la taxation des dépôts bancaires chypriotes qui l'incluaient. «Chypre appartient à son peuple», «Un peuple uni ne sera jamais vaincu», scandait la foule. En contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros de la zone euro et du FMI pour l'île au bord de la faillite, le "plan de sauvetage" prévoyait une taxe exceptionnelle de 6,75% sur tous les dépôts bancaires de 20 à 100 000 euros et de 9,9% au-dessus. Ce projet conclu à Bruxelles en catimini samedi à l'aube, comprenait à l'origine une ponction de 6,75% pour les dépôts jusqu'à 100 000 euros mais devant le tollé provoqué par cette taxation, Chypre a finalement décidé d'exonérer les dépôts de moins de 20 000 euros. Sur l'île, les banques, fermées depuis samedi, devraient le rester jusqu'à jeudi, les autorités redoutant une ruée des clients sur les guichets pour retirer leur argent. (1)
L'ex-Goldman Sachs et actuel président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, ne s'en est pas laissé compté et a décidé de répondre par la force au vote du parlement chypriote : le blocus monétaire.
La BCE a en effet annoncé aujourd'hui qu'elle cessait d'alimenter en liquidités les banques de Chypre tant que Nicosie n'acceptait pas le plan de sauvetage UE-FMI...
«Les liquidités d'urgence de la BCE ne sont disponibles que pour les banques solvables, or les banques chypriotes ne sont pas solvables tant qu'elle ne seront pas recapitalisées rapidement», a indiqué Jorg Asmussen, l'un des membres du directoire de la BCE.
Jamais la BCE n'avait encore brandi une telle menace. Du coup, le ministre des Finances chypriote et le gouverneur de la banque centrale de l'île n'ont pas d'autre choix que de laisser les banques être à court, et pourquoi pas à laisser ses banques faire faillite comme Islande et engager des poursuites contre les politiciens responsables de la dette.
Combien de temps les banques chypriotes assiégées tiendront-elles ? Cela dépendra des réserves en «cash» de la banque centrale locale qui, selon les pays, peuvent permettre de «tenir un siège» d'après les experts.
Plus grave : les entreprises, notamment les compagnies aériennes chypriotes ne pourront bientôt plus payer leurs factures de kérosène, faute de pouvoir faire des virements à l'étranger. Si la situation se prolonge, le blocus monétaire peut très vite se transformer en blocus économique. Du jamais vu dans l'Union européenne.(2) Elle est où la démocratie européenne au service des peuples ? On peut la chercher aux jumelles !
Une autre explication au déchaînement de violence de la BCE : Chypre a découvert de colossales ressources en hydrocarbures sous la mer au large de ses côtes méridionales et noué des liens avec Moscou et Pékin.
Sources :
(1) http://www.lessentiel.lu/fr/news/story/10366652
(2) http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/03/20/20002-20130320ARTFIG00468-l-europe-organise-le-blocus-monetaire-de-chypre.php
- "Chypre n'est qu'un petit laboratoire" (Jacques Attali )
- Eurozone : Racket inédit sur les comptes bancaires et moyens d'en sortir