Les pyromanes de salon qui ont joué avec le feu en poussant une partie de l’Ukraine contre une autre, sans se préoccuper des conséquences humaines, pourront bientôt dénoncer l’arrivée des pompiers russes. Quelle est la réalité sur le terrain ? Un groupe de factieux, aux composantes hétéroclites, allant de Svoboda national-socialiste aux libéraux pro-européens, a pris le pouvoir à Kiew, les armes à la main. Au sein de l’Assemblée nationale, la Rada, ils ont menacé de mort les Députés qui désiraient rester fidèles aux institutions et au gouvernement démocratiquement élu en 2010. Depuis, ils ont multiplié les provocations. Par exemple en interdisant la langue russe parlée par la majorité des Ukrainiens, y compris à Kiew ou en interdisant le Parti des Régions et le Parti communiste qui représentent à eux deux, plus de 51% des électeurs aux dernières élections.
Malgré tout ce que peuvent dire les chancelleries occidentales, c’est un pouvoir dictatorial qui s’est mis en place à Kiew. Les Parlements régionaux, au nombre de 24, eux aussi démocratiquement élus en 2010, sont de plus en plus nombreux à contester les décisions autoritaires prises à Kiew, sans leur consentement. En effet, dans la Constitution ukrainienne de 2004, remise en application par les insurgés eux-mêmes, la nomination du ministre de l’intérieur et des principaux chefs des services de sécurité, doit être soumis à l’approbation des Parlements régionaux. Il n’en a rien été, les factieux violant eux-mêmes la constitution qu’ils ont tant réclamée.
Cette défiance vis-à-vis de l’assemblée illégale de la Rada, a amené plusieurs parlements régionaux à s’émanciper de Kiew et à assurer les pouvoirs régaliens, dévolus en tant normal au pouvoir central. Et cela ne concerne pas seulement les régions de l’Est, réputées plus russophiles, mais ce sont également des régions de l’Ouest qui font défection, sous la pression de la population qui se méfie des aventures hasardeuses des insurgés de la Place Maïdan. Il est faut de croire, comme s’ingénie à le faire la presse occidentale, que la population ukrainienne est favorable à la prise du pouvoir à Kiew. Même la population de Kiew ne s’est pas mêlée de l’insurrection qui a, tout au plus, concernée 2000 personnes, venues en cars des trois régions les plus à l’Ouest et les plus russophobes. Quand les députés de Sébastopol font hisser le drapeau russe sur le Parlement régional, ils ont la légitimité que leur ont conféré les urnes, une légitimité qui manque cruellement à la Rada pour déposer le président Ianoukovitch.
Cette légitimité se voit aussi dans le fait que de nombreuses unités de l'armée ukrainienne ont refusé l'ordre de mobilisation décrété par la Rada, et se déclarent sous l'autorité des parlements régionaux et des forces d'autodéfense. Le chef suprême de la marine ukrainienne a lui même prêté allégeance au Gouvernement de la république de Crimée. L’Ukraine est ruinée, divisée, et en passe de subir la loi de milices factieuses. Depuis janvier, près de 675 000 Ukrainiens ont cherché refuge en Russie, traversant la frontière. L’agence Reuters, qui ne peut quand même pas être soupçonnée de sympathie pro-russe, parle déjà d’une « catastrophe humanitaire ». Que doit faire la Russie face à la demande des autorités ukrainiennes, légalement élues, qui se mettent sous sa protection, en invoquant le sort de populations russes comme en Crimée, ou russophones comme à Karkhov, Donetsk, Lougansk, Zaropojie, Odessa et j’en passe ? Doit-elle rester impassible devant les manifestations populaires qui rassemblent des dizaines de milliers d’Ukrainiens brandissant des drapeaux russes pour montrer qu’ils refusent l’aventure de Maïdan ?
Doit-elle rester impassible, violant par là-même les accords de défense qu’elle a signés avec l’Ukraine, représenté à ce moment par un gouvernement légal ? En quoi la France est-elle plus légitime à intervenir en Centrafrique que la Russie ne le serait à intervenir en Crimée et en Ukraine ? En quoi la France est-elle plus légitime à intervenir en Côte d’Ivoire que la Russie ne le serait à intervenir en Crimée et en Ukraine ? Au moins, la Russie intervient-elle à la demande des populations et non contre elles !
Les Ukrainiens ne veulent pas devenir Russes, ils aspirent avant tout à la paix et à l’unité. Et pour cela, ils refusent le gouvernement illégal mis en place par une assemblée illégitime, non-élue et tirant sa force des milices qui l’ont porté au pouvoir. Et pour se protéger de cela et des interventions étrangères qui ont favorisé cette anarchie, ils se tournent vers la seule force protectrice qu’ils connaissent : la Russie. Les Etats-Unis, avec la Hollandie en remorque — les plus lucides diront la Hollandie en laisse —, trouvent que le brasier qu’ils ont eux-mêmes allumé est trop chaud et menacent de boycotter le G8 de Sotchi si la Fédération de Russie répond à ses obligations morales et internationales. Ils ont déjà boycotter les JO et la fête n’en a été que plus belle.
Le sort de milliers d’Ukrainiens vaut bien une chaise et une écuelle vide…
Ianoukovitch a demandé l'aide militaire de Moscou
Le président déchu ukrainien Viktor Ianoukovitch a demandé au président russe Vladimir Poutine l'aide militaire de la Russie "pour défendre la population ukrainienne", a affirmé l'ambassadeur russe à l'ONU.
S'exprimant devant le Conseil de sécurité, Vitali Tchourkine a cité un "message" en ce sens adressé à Poutine dans lequel Ianoukovitch affirme que "l'Ukraine est au bord de la guerre civile".