“ Je me suis souvent demandé si la constitution de la famille antique ne faisait pas que l’anarchiste, c’est Créon…”
Voilà comment Charles Maurras qualifie le roi de Thèbes de l’Antigone de Sophocle.
Loi des dieux, loi des hommes ; la lutte entre les deux ordres était vraie sous les Anciens, elle d’une actualité brûlante en ce début de XXIe siècle. Lorsque l’ordre institué par les mortels viole la loi de la nature, faut-il se soumettre au droit positif, fut-il inique ? Une telle rébellion vis-à-vis de l’ordre établi ne relèverait-elle pas de l’anarchie ?
A cette interrogation, le vieux maître de Martigues, chantre de l’Ordre, répond sans ambiguïté. Dans le conflit opposant Antigone à Créon, ce n’est point la jeune révoltée qui sombre dans l’anarchisme. Non, l’anarchiste, c’est le roi de Thèbes, qui par son pouvoir souverain a violé la loi naturelle, de laquelle découle l’ordre juste auquel les sujets doivent se soumettre. Le monstre juridique accouché par Créon est un ordre, certes, mais il est injuste. De quelle légitimité dispose-t-il ? Aucune, assurément. Par conséquent, le gardien de l’ordre n’est autre qu’Antigone, la révoltée, sentinelle attentive de nos consciences endormies.
A l’heure où le pouvoir législatif est en passe d’entériner une réforme du mariage visant à dénaturer cette institution éternelle précédant l’Etat, les opposant au "mariage pour tous" ne peuvent que se retrouver sous les traits d’Antigone, cette "Vierge-Mère de l’Ordre" à laquelle Maurras a consacré un ouvrage. Le devoir de rébellion est alors évident.
Si, comme Antigone, nous défions le droit des hommes, soyons confiants, car le droit éternel, celui de la Nature, est avec nous.