Selon Le Figaro, "l'armée ukrainienne" a lancé à 4h30 ce matin une vaste opération militaire contre les villes de Sloviansk et de Kramatorsk, deux villes industrielles de 110.000 et 160.000 habitants à l'Est de l'Ukraine.
Or en raison de l'échec de la première étape de l'assaut général des postes de contrôle et bâtiments occupés par les protestataires dans l'Est de l'Ukraine, la gestion de l'attaque décrétée hier 1er mai pour aujourd'hui 2 mai, a été transmise du ministre de l'Intérieur par intérim Arsen Avakov au chef du Service de sécurité ukrainien SBU Valentin Nalivaïtchenko : "Conscient qu'il est inutile d'employer des unités de l'armée régulière dans les régions de Lougansk et de Donetsk, Nalivaïtchenko, après des consultations avec Dmitri Iaroch, a organisé la formation de bataillons spéciaux du Secteur droit (organisation ultranationaliste, ndlr) en vue de lancer un assaut général contre les sites contrôlés par les séparatistes, notamment dans la région de Lougansk", a indiqué à l'agence Ria Novosti une source au sein de l'état-major interarmées ukrainien. Toujours d'après la source, le chef du SBU a reçu l'ordre de rétablir le contrôle de la région de Lougansk dans un délai de 24 heures "coûte que coûte".
Ce que ne dit pas la presse française, c'est qu'il ne s'agit donc pas ce matin d'une attaque de "l'armée ukrainienne" (sic) mais de bataillons spéciaux recrutés parmi les membres de l'extrême-droite du coup d'Etat de la Place Maidan à Kiev.
Le 22 février, le parlement ukrainien post coup d'Etat, a fixé au 25 mai 2014 la date de l'élection présidentielle anticipée. Tout indique à présent, vu l'empressement, que les forces étatsuniennes redoutent cette élection qui pourrait à amener au pouvoir un candidat non-aligné. Elles tentent donc de récupérer par tous les moyens, y compris la force armée, les territoires érigés en auto-défense que les habitants lui ont retirés.
Ce n'était sans doute pas au départ une décision de la junte kiévienne que de se lancer à l'assaut du Donbass. Consciente de la faiblesse de ses moyens, elle espérait neutraliser la contestation par l’élection du 25 mai.
L'attentisme n’était pas du goût des sponsors américains de Maidan, qui ont dépêché le chef de la CIA pour lancer une offensive contre les populations civiles de l’est de l’Ukraine. Ils espèrent ainsi, ou bien mâter la résistance par la force, ou – encore mieux – provoquer une intervention militaire de la Russie. Or la stratégie de Poutine semble être de laisser pourrir la situation sur place et d'attendre l'effondrement économique de l'Ukraine.
Selon l'analyste Xavier Moreau pour RealPolitik.tv:
« chaque jour qui passe est une prise de conscience supplémentaire pour la junte ukrainienne de la dépendance de son économie nationale envers la Russie. ... La presse française nous répète que la Russie a perdu l’Ukraine, pourtant c’est exactement le contraire. Si l’OTAN ne réussit pas à faire basculer le pays dans la guerre civile d’ici 6 mois, c’est elle qui perdra l’Ukraine.
...En fait les États-Unis et l’OTAN ont une fenêtre de quelques mois pour lancer une guerre civile en Ukraine, qui puisse avoir des conséquences économiques graves en Europe et tirer profit, comme en 1914-1918 et en 1939-1945, d’une guerre civile européenne. »
Comme prévu, des affrontements avec fusillades entre les forces kiéviennes de sécurité et les partisans de la fédéralisation ont éclaté ce matin au centre de la ville de Slaviansk. Une sirène d'alerte a retenti dans la ville, informant les habitants du début de la phase active de l’opération spéciale lancée par les autorités de Kiev. Une fusillade a commencé. La fumée épaisse des pneus brûlés est montée dans l’air au-dessus des quartiers périphériques de la ville. Des hélicoptères patrouillent l’espace aérien au-dessus de la ville. Des hélicoptères des forces militaires ukrainiennes ont été abattus pendant l’opération. Ces hélicoptères tiraient des roquettes très puissantes. Le pilote de l’une des machines est mort, le deuxième a survécu, et il a été fait prisonnier.
Plusieurs dizaines d’habitants de Slaviansk se sont rassemblés sur le pont situé à l’entrée de la ville pour ne pas laisser entrer les troupes ukrainiennes. Les membres de la milice populaire de l'administration de la ville parlent des premières victimes. Selon les premières informations, une personne serait morte et une autre blessée, rapporte le porte-parole de l’autodéfense de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev.
Selon M. Ponomarev, les forces armées ukrainiennes tirent depuis un hélicoptère sur l’un des postes de passage, qui se trouve à la périphérie de la ville.
Les forces ukrainiennes se sont emparées de dix postes de contrôle établis par les partisans de la fédéralisation à Slaviansk (est), dans le cadre de cette vaste opération spéciale, a annoncé le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim Arsen Avakov.
"Tous les 10 postes de contrôle ont été pris. Plusieurs combattants ont été capturés", a écrit le ministre sur sa page Facebook.
L'assaut général contre les postes de contrôle et les bâtiments occupés par les protestataires dans le sud-est de l'Ukraine a été lancé vendredi matin. L'opération implique des avions et des blindés de l'armée régulière.
Le ministère ukrainien de la Défense rapporte pour sa part que deux hélicoptères des forces aériennes Mi-24 effectuant une mission de patrouille à Slaviansk ont été abattus par des missiles anti-aériens. Deux militaires ont trouvé la mort dans les crashs, et plusieurs autres ont été blessés.
Les membres de la milice populaire de Slaviansk ont quitté plusieurs postes de contrôle à l’entrée nord de la ville et se sont concentrés sur l'édification de barricades au centre de la ville, rapporte le chef du bureau régional du parti communiste d’Ukraine Anatoli Khmelevoï.
Le 15 avril, les autorités de Kiev ont lancé une opération dite antiterroriste contre les manifestants impliquant des unités de l'armée régulière.
La Russie demande à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de prendre des mesures pour arrêter l'opération punitive que mènent les autorités de Kiev dans l’Est de l’Ukraine. Une déclaration à cet effet a été faite par le représentant permanent de la Russie auprès de l'OSCE Andrei Keline.
Hier, Moscou a mis Kiev en garde contre des actes "agressifs et irresponsables" susceptibles d'entraîner des conséquences "catastrophiques" pour l'ensemble du pays.
Add. 21h50. ... l'offensive militaire a fait « beaucoup de morts et de blessés » du côté des rebelles et deux du côté des soldats ukrainiens, selon le président par intérim, Olexandre Tourtchinov. De leur côté, les séparatistes ont indiqué que l'assaut avaient tué trois rebelles prorusses ainsi que deux civils.
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