Les catholiques et les non-catholiques peuvent-ils vivre ensemble en s’entendant sur des éléments de la pensée du siècle desLumières (pensée foncièrement anti-catholique et anti-chrétienne) ?

Il apparaît évident qu'entendue comme version séculière du message évangélique, la laïcité républicaine est ridicule et largement insuffisante. En Europe, le catholicisme, version intégrale d'une authentique laïcité (entendue comme distinction des pouvoirs temporel et spirituel, collaborant entre eux en vue du Bien commun, et non séparation étanche = laïcisme maçonnique) a été le seul paramètre qui pendant des siècles a favorisé l'éclosion d'une unité européenne (Chrétienté) et permis une résistance européenne viable de peuples et nations différents face à l'invasion d'autres civilisations qui venaient détruire la Chrétienté (Poitiers 732, Jérusalem 1099, Las Navas de Tolosa 1212, Grenade 1492, Lépante 1571, Saint-Gothard 1664, Vienne 1683, Zenta 1697, Peterwardein 1717).
En France, le catholicisme a été le ciment de notre nation pendant mille ans, Jeanne d'Arc a refoulé les Anglais en disant : "Je les aime, chez eux"... Les Anglais parlaient français..., étaient catholiques et européens ! Comment dès lors, dans ces conditions, imaginer un seul instant faire d'africains ou d'asiatiques des Français ethniques, culturels et civilisationnels ? Cette pensée n'est-elle pas ridicule, odieuse ? ... Un mensonge qui se paie chaque jour.
- Sarkoland : Réalités amères de la France de 2009
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L'édito de Mgr Bagnard
http://www.paroisse-villars.com/article-edito-de-mgr-bagnard-sur-l-identite-nationale-suite--41321398.html
[L]’un des chemins qui ouvre à l’identité nationale passe par l’histoire. C’est dans l’héritage reçu des siècles que se reflète le visage d’une nation. "Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ?" Que pourrions-nous dire de nous-mêmes et de notre pays si, faute de mémoire, nous ne parvenions pas à nous situer dans le prolongement d’une histoire ? Ce serai le silence ou l’arbitraire d’une parole tirée de l’immédiat !
Ainsi, comme évêque de Belley-Ars, je ne peux pas ignorer que la présence d’un évêque, identifiée avec certitude par l’histoire dans la Ville de Belley, remonte à l’an 412. Il s’appelait Audax. L’Evêque actuel est le centième d’une lignée qui en compte quatre-vingt-dis neuf avant lui. Ainsi, depuis seize siècles, le christianisme est présent - de façon organisée - sur notre région. Comment, sur une aussi longue durée, l’Évangile n’aurait-il pas façonné le comportement de ses habitants, leur mode de pensée, leur culture, leur vision de l’existence ?
On peut discuter sur le bien fondé de cet impact, mais on ne peut contester les données objectives de l’histoire. Les traces de cet héritage sont là sous nos yeux. Il suffit de voir "ce long manteau d’églises et de cathédrales qui recouvre notre pays pour comprendre que les valeurs chrétiennes ont dû quand même y jouer un rôle", déclarait Nicolas Sarkozy, le 13 décembre 2007. Pourquoi s’en excuser ? Pourquoi s’en défendre puisque nous sommes tout simplement devant une donnée de fait ?
La culture issue de cette imprégnation des siècles est si profondément enracinée qu’elle est devenue comme une seconde nature ; elle fait si bien corps avec chacun d’entre nous qu’elle a ce grave inconvénient de ne plus s’interroger sur les origines où elle a puisé sa sève.
Jean-Paul II avait justement osé dire au Bourget, le 1er juin 1980 : "On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes." S’interroger sur l’identité nationale, c’est donc retrouver le chemin des origines et les assumer comme un creuset qui, au fil des siècles, a forgé l’identité de notre pays.
Cette interrogation conduit à reconnaître que l’un des facteurs majeurs de cette identité, c’est bien le christianisme. Nicolas Sarkozy avait dit au Latran : "Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes... Une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux, de son histoire commet in crime contre sa culture.. Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale et dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire."
Il est vrai que le siècle des Lumières a contesté cet héritage, mais il en est resté, malgré lui, profondément imprégné. Le cadre mental dans lequel il exprimait ses "idées nouvelles" continuait à s’alimenter souterrainement à la Source qu’en surface il rejetait !
Sans ce référentiel fondamental, il n’aurait pas pu élaborer la Déclaration universelle des Droits de l’homme, dont l’un des principes fondamentaux est le respect dû à tout être humain. Car tous les hommes sont égaux en dignité. Chacun a donc le droit d’être reconnu pour lui-même, qu’il soit croyant, non croyant, libre penseur, etc...
Et justement, l’esprit de la laïcité s’engage à réunir les conditions permettant aux croyants et aux incroyants de vivre ensemble, la base de cette convivialité étant le respect de la conscience de chacun. Nous sommes typiquement devant la version séculière du message évangélique !
Aussi quand, sur l’horizon qui nous est familier, surgissent d’autres cultures - issues d’autres religions - nous nous interrogeons légitimement sur leur compatibilité avec notre propre identité nationale. Et c’est aussi l’occasion d’avoir une plus claire conscience de ce que veut dire être français. Au nom de cette identité, nous interrogeons l’Islam. Accepte-t-il, dans les faits, la liberté de conscience ? Intègre-t-il, dans le champ social, l’égalité entre l’homme et la femme ? Le respect des consciences va-t-il jusqu’à accueillir le changement de religion sans crainte de représailles ? Peut-on être tranquillement adepte d’une autre religion dans un pays musulman ? Si la réponse est "oui" pour tel pays, et "non" pour tel autre, alors y a-t-il un organisme officiel qui définit la juste pensée de l’Islam ? Où se trouve la véritable interprétation ? Le français a besoin de le savoir au moment où son pays accueille cette culture sur son territoire et cela au nom de l’identité nationale.
Car voici, par exemple, ce que je lis sous la plume d’un Père Jésuite égyptien, le Père Boulad, bon connaisseur de l’islam : "Quand un musulman me dit : l’islam est la religion de la tolérance, je lui réponds : parmi les 57 pays musulmans de la planète, cite m'en un seul où la liberté religieuse existe. Si bien que le non-musulman n’a pas sa place. Il est toléré, tout juste, comme dhimmi, mais à part ça, non. La tolérance, pour l’islam, c’est que vous êtes toléré comme citoyen de deuxième zone en tant que chrétien ou juif. Mais en dehors de ça, si vous êtes bouddhiste ou hindouiste, vous n’êtes plus toléré. Vous êtes un kafir, c’est-à-dire carrément un apostat, un impie. [...]"
N’est-ce pas le rappel de l’exigence d’un dialogue en vérité, au moment où l’on s’interroge sur l’identité nationale ? Et cette exigence dépasse largement la discussion sur la hauteur des minarets, même si celle-ci est à prendre aussi en considération.
† Père Guy-Marie Bagnard
Évêque de Belley-Ars