On peut lire sur Le Salon Beige un article titré "La pièce de Castellucci : des cathos l'ont vue". Un prêtre, l'abbé Grosjean qui a vu la "pièce de théâtre" "Sur le concept du visage du Fils de Dieu" affirme ne pas avoir "d'intention blasphématoire" dans cette pièce où des excréments sont jetés sur le visage du Christ. Ce prêtre affirme en être sorti "bousculé, marqué"...
... Puis Le Salon Beige qui, d'une manière surpenante, semble se désolidariser le lendemain des manifestants ayant protester hier soir contre la "pièce" de Castelluci, poursuit en présentant une "tribune libre" de Myriam Picard pour Nouvelles de France légitimant la "pièce" sans produire aucune contre-analyse. C'est cela qui est surpenant.
Dans son texte, Myriam Picard explique :
"J’ai 26 ans, je suis catholique et je sors du Théâtre de la Ville.
J’en sors troublée, infiniment. J’ai pris une claque dans la gueule. Pas une claque de génie, non. Castellucci n’est ni Claudel ni Dostoïevsky. Il se contente de mettre sous nos yeux une scène, une scène infiniment banale et brutale, quotidienne, atrocement classique et sordide : un fils s’occupe de son père qui se souillera trois fois. C’est tout. Le texte ? Rien du tout, un échange basique qu’un adolescent rédigerait aisément. Le seul intérêt de la pièce : le visage du Christ s’y trouve en permanence, interrogation et réponse silencieuse dans ce face à face du vieillard qui se venge sur Dieu de sa déchéance, et de ce Christ qui porte les stigmates, sur son visage, du péché de cet homme. Merde ou crachats, peu importe : le Christ endosse ce désespoir et cette solitude et prévaut du début à la fin de la pièce (...)
A la sortie du théâtre, j’ai discuté avec deux femmes, une athée et une juive agnostique. Les deux étaient troublées, les deux m’ont dit avoir trouvé la pièce profondément chrétienne. Juste avant le spectacle, j’avais interrogé un trentenaire qui m’avouait venir voir la pièce pour la deuxième fois : férocement athée depuis des années, il avait « reçu un choc » une première fois et pris conscience que « le christianisme, en fait, ça a peut-être un sens ». Il voulait vérifier cette impression, courageusement, car elle ébranlait des années de combat forcené contre la foi.
Quant à moi, oui, je l’affirme, cette pièce m’a conduite encore plus au Christ… La froideur terrible de cette scène de théâtre où le mobilier suinte la solitude et la mort, cette froideur bousculée par l’incontinence du père et par l’amour de son fils qui se démène pour le soigner et réconforter, cette froideur dominée par la lumière et la puissance qui se dégage du Christ de Messine m’aura renvoyée à deux choses : l’apparente vacuité de notre vie terrestre – tout particulièrement à notre époque – et le seul sens, la seule question qui peuvent y être opposés : le Christ. Le Berger. My shepherd". (Fin de citation)
Note de Christroi. Le raisonnement de l'abbé Grosjean ou celui similaire de Myriam Picard en vient à tout justifier dans l'"art", y compris le blasphème, sous l'argument fallacieux du Christ souffrant (Isaïe 53), présentant les humiliations du Christ "homme de douleur", ses souffrances, Christ portant sur lui nos péchés, nos faiblesses, nos iniquités, nos crimes.
L'art qui justifie ainsi tous les blasphèmes tire prétexte de l'humanité du Christ et des faiblesses endossées pour blasphémer le mystère de la Rédemption (Dieu fait homme).
Un commentaire de Polydamas publié sur Nouvelles de France pointe la faiblesse majeure de ce type de raisonnement (celui de l'abbé Grosjean et de Myriam Picard) :
"le seul souci avec ce raisonnement, c’est le fait qu’on puisse à peu près tout justifier de cette manière, puisque finalement, rien de ce qui est humain nous est étranger ou étranger au Christ. On peut donc tout salir, et mettre le Christ à toutes les sauces. Or, il faut AUSSI une limite, on ne peut pas tout faire non plus, le blasphème peut être un appel à l’aide, une demande de divinité ou de transcendance, mais il reste aussi un blasphème, on ne peut pas éluder la seconde partie au prétexte de la première." (Fin de citation)
Le fait que le Christ ait été flagellé, torturé et crucifié n'est pas assez parlant pour ces chrétiens. Il faut en plus y ajouter des jets d'excréments, des grenades au visage (scène supprimée après coup).
En poussant ce type de raisonnement jusqu'au bout, on peut imaginer une pièce de théâtre ou un tableau mettant en scène un Christ sodomisé. Sa souffrance et son humiliation serait-elles assez symboliques et assez parlantes pour ces pauvres catholiques en mal d'inspiration ?