Dans un article pour la revue russe Argumenty Nedeli, résumé le 18 juin par VoR (Voice of Russia), le conseiller économique de Poutine, Sergueï Glaziev, propose une alliance anti-dollar comme arme anti-guerre pour stopper la politique d'agression des USA.
Sergueï Glaziev, est à l'origine, le 4 mars 2014, de la suggestion de se débarrasser des bons du trésor US et d'abandonner le dollar en représailles aux sanctions économiques américaines à l'encontre de la Russie. Il est également à l'origine du rapprochement du Kremlin avec la Chine et de l’accord gazier avec Pékin signé le 20 mai.
Sergey Glazyev estime que le rôle principal dans la création d’une telle coalition politique doit être joué par les milieux d’affaires européens parce que les tentatives des Etats-Unis pour déclencher une guerre en Europe et une guerre froide contre la Russie menacent les intérêts des grandes entreprises européennes.
Sergueï Glaziev |
Pour une “coalition anti-dollar”
19/06/2014
Le conseiller spécial pour l’économie de Vladimir Poutine, Sergei Glaziev, a publié un article dans la revue Argumenti Nedeli, où il détaille un plan contre le dollar, sous la forme d’une “coalition anti-dollar” comme premier pas d’une “coalition anti-guerre” pour stopper la politique d’agression des USA, du type politique-Système. «An anti-dollar coalition would be the first step for the creation of an anti-war coalition that can help stop the US’ aggression», écrit Valentin Mandrasescu, qui donne le 18 juin 2014 un rapport de l’article de Glaziev.
D’une façon générale, Glaziev est considéré comme un conseiller influent de Poutine (depuis 2010), mais représentant bien entendu la tendance radicale, la plus antiSystème, de la direction russe. C’est lui qui a conçu et mis en place le schéma de l’union eurasiatique (signée le 29 mai à Astana, Ndlr.) qui est la grande idée de Poutine pour structurer une entité qui équilibre, sinon concurrence les grands ensembles du bloc BAO. Le projet de Glaziev n’a bien entendu guère de rapport direct et organique avec l’union eurasiatique, c’est plutôt une proposition de circonstance qui s’inscrit dans un dessein antagoniste, (ou un dessein “défensif antagoniste”), comme riposte à ce qu’il juge être une offensive antirusse des USA voulue comme décisive, par le biais de la crise ukrainienne. Glaziev pense que son projet rencontrera les vœux du corporate power européen (de l’UE), qui se trouve menacé de pertes colossales (il les chiffre autour de $1 000 milliards) si les sanctions dites de “troisième phase”, proposées par les USA, étaient mises en action. (Ce que Glaziezv décrit comme le plan antirusse des USA passe nécessairement par cette troisième phase des sanctions.)
... Tyler Durden, de ZeroHedge.com, reprend (le 18 juin 2014) la présentation de The Voice of Russia, en l’assortissant d’un commentaire où il met en évidence combien les médias occidentaux (la presse-Système du bloc BAO) ont complètement abandonné la couverture de la crise ukrainienne, au profit de la crise irakienne, alors que, pourtant, les troubles continuent en Ukraine. Pour lui, cette occurrence qu’il ne s’explique pas (on peut disserter et conjecturer là-dessus, voir le 18 juin 2014) arrange parfaitement la direction russe. Durden semble prendre l’article de Glaziev et la présentation de Mandrasescu à la lettre, comme l’annonce d’un prochain développement fondamental dans la politique du Kremlin, – effectivement contre le dollar, avec divers pays et organisations, et éventuellement un regroupement des Européens, dans tous les cas leur corporate power, dans le même sens.
... Il faut noter que des commentateurs russes sont de l’avis de Tyler Durden, sur le fait que le basculement massif, – médiatique et politique, – de l’attention des directions-Système du bloc BAO, particulièrement des USA, de l’Ukraine vers l’Irak, sert fortement les intérêts russes. C’est le cas de Fedor Loukianov, dont on sait l’influence à Moscou et au Kremlin, qui écrit, le 15 juin 2014 dans Al-Monitor.com :
«It is curious that Iraq, as a test-project for the global promotion of democracy, was a harbinger of the “color revolutions” in the former Soviet Union, especially in Georgia and Ukraine. Broadly speaking, these were all elements of the same policy, although pursued by different means. At its core lay the theory of “democratic peace,” according to which the more democracies there are in the world, the fewer wars and threats thereof will ensue, so that democratization should be fostered by any means. Now the order has been reversed. First, the tumultuous events in Ukraine started, the second series of the democratic revolution in 2004, but now with large-scale use of violence and the threat of state collapse. And then Iraq exploded yet again: The seeds sown over a decade ago have finally sprouted. There is no direct connection, but in the general context of an unpredictably insane world, they are links of one single chain.
»The new Ukrainian authorities have had no luck. The Iraqi catastrophe clearly diverts the US attention from Ukraine, and this plays into the hands of Russia and those Ukrainian forces in the east of the country that are oriented toward it...»
Source: http://www.dedefensa.org/article-pour_une_coalition_anti-dollar__19_06_2014.html
[Le] conseiller de Poutine, Sergey Glazyev, celui-là même qui au début du mois de mars avait été le premier à suggérer que la Russie se débarrasse de ses bons du trésor US et abandonne le dollar en représailles aux sanctions américaines, une stratégie qui a fonctionné parce que même si le Kremlin a conservé le contrôle de la Crimée, les sanctions occidentales se ont magiquement interrompues (et pas seulement cela car, comme vient d’annoncer la banque centrale de Russie, le compte courant du pays présente en 2014 un excédent qui s’élève à 35 milliards de dollars contre 33 milliards de dollars en 2013, très loin de « l’hémorragie de capitaux » de 200 milliards de dollars et même plus dont Mario Draghi mettait en garde récemment). Glazyev est aussi celui qui a contribué à pousser le Kremlin à se rapprocher de la Chine et obtenir l’accord gazier avec Pékin (le 20 mai Ndlr.) qui n’a pas été nécessairement conclu aux conditions les plus avantageuses pour la Russie.
C’est ce même Glazyev qui a publié un article dans la revue russe Argumenty Nedeli, dans lequel il présente un plan pour « saper la puissance économique des Etats-Unis » afin de forcer Washington à arrêter la guerre civile en Ukraine. Glazyev croit que la seule façon de faire en sorte que les Etats-Unis renoncent à leurs plans visant à déclencher une nouvelle guerre froide est de planter le système du dollar.
Comme résumé par VoR (Voice of Russia), dans cet article, le conseiller économique de Poutine et cerveau derrière l’union économique eurasiatique, soutient que Washington tente de provoquer une intervention militaire russe en Ukraine, en utilisant la junte à Kiev comme appât. S’il réussit, le plan donnera à Washington un certain nombre d’avantages importants. Tout d’abord, il permettra aux États-Unis d’introduire de nouvelles sanctions contre la Russie, qui compenseraient la vente par Moscou de ses bons du Trésor US. Plus important est qu’une nouvelle vague de sanctions créerait une situation dans laquelle les entreprises russes ne seraient plus en mesure de rembourser leurs dettes aux banques européennes.
Selon Glazyev, la soi-disant « troisième phase » de sanctions contre la Russie aura un coût énorme pour l’Union européenne. Le total des pertes estimées serait de plus de 1000 milliards d’euros. De telles pertes nuiraient gravement à l’économie européenne, ce qui rendrait les Etats-Unis le seul « refuge sûr » au monde. Des sanctions sévères contre la Russie élimineraient également Gazprom du marché européen de l’énergie, laissant la porte grande ouverte au gaz beaucoup plus cher des États-Unis.
La participation des pays européens dans une nouvelle course aux armements et d’opérations militaires contre la Russie augmentera l’influence politique américaine en Europe et aideront les États-Unis à forcer l’Union européenne à accepter la version américaine du traité transatlantique, un accord commercial dont l’objectif principal est de transformer l’UE en une grande colonie économique des États-Unis. Glazyev estime que le déclenchement d’une nouvelle guerre en Europe ne produira que des bénéfices pour les Etats-Unis et des problèmes pour l’Union européenne. Washington a déjà utilisé à plusieurs reprises des guerres mondiales et régionales au profit de l’économie US et maintenant la Maison Blanche veut retenter cette vieille ficelle avec la guerre civile en Ukraine.
L’ensemble des contre-mesures proposées par Glazyev vise spécifiquement le coeur de la machine de guerre des États-Unis, à savoir l’imprimerie de la Federal Reserve (Banque Centrale US). Le conseiller de Poutine propose la création d’une « large alliance anti-dollar » des pays désireux et capables d’abandonner le dollar dans leur échanges internationaux. Les membres de l’alliance s’abstiendraient également de garder des réserves en devises pour les instruments financiers libellés en dollars. Glazyev préconise de traiter les instruments libellés en dollars comme des titres à haut risque (junk securities) et croit que les régulateurs devront exiger plein nantissement (assurance pour couvrir le risque) de ces titres. Une coalition anti-dollar serait la première étape dans la création d’une coalition anti-guerre qui peut aider à mettre fin aux agressions des États-Unis.
Sans surprise, Sergey Glazyev estime que le rôle principal dans la création d’une telle coalition politique doit être joué par les milieux d’affaires européens parce que les tentatives des Etats-Unis pour déclencher une guerre en Europe et une guerre froide contre la Russie menacent les intérêts des grandes entreprises européennes. A en juger par les récents efforts pour mettre fin aux sanctions contre la Russie déployés par les chefs d’entreprise français, italiens, autrichiens et allemands, le conseiller de Poutine a vu juste. Peut-être à la surprise de Washington, la guerre en Ukraine pourrait bientôt devenir la guerre pour l’indépendance de l’Europe contre les États-Unis et contre le dollar.
Tyler Durden
Source: http://www.zerohedge.com/news/2014-06-18/putin-advisor-proposes-anti-dollar-alliance-halt-us-foreign-aggression via http://www.legrandsoir.info/un-conseiller-de-poutine-propose-une-alliance-anti-dollar-pour-mettre-fin-aux-agressions-des-etats-unis-zero-hedge.html
. Ukraine : les Etats-Unis nous entraînent dans une guerre contre la Russie (The Guardian)