JERUSALEM (Reuters) - Année après année, les chrétiens palestiniens sont de moins en moins nombreux à participer aux fêtes de Pâques à Jérusalem en raison des mesures de sécurité draconiennes qui limitent l'accès aux Lieux saints.
Enfant, Yacoub Dahdal voyait affluer dans la ville ses coreligionnaires venus de tout le Proche-Orient pour célébrer la mort et la résurrection du Christ.
Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza doivent avoir un permis pour gagner Jérusalem.
Ils étaient des milliers à être hébergés chez l'habitant et certains d'entre eux, avant de regagner leur pays, étaient choisis comme parrains ou marraines des nouveau-nés de la semaine pascale.
"C'était vraiment une fête, dans tous le sens du mot", se rappelle Dahdal, âgé aujourd'hui de 72 ans. "Les Egyptiens arrivaient en train, les Libanais et les Syriens en car."
"Imaginez-vous les rues de la vieille ville à cette époque, on entendait tous les accents - libanais, jordanien, égyptien, syrien, et tout cela se mélangeait. C'était une joie complète."
Aujourd'hui, l'atmosphère a bien changé dans la ville. La tension est palpable, avec des policiers presque à chaque coin de rue.
La maison où Dahdal est né il y a près de trois quarts de siècle, dans la vieille ville, à quelques dizaines de mètres de la première station du chemin de croix, est aujourd'hui couverte de drapeaux israéliens, frappés de l'étoile de David.
Des colons juifs s'y sont installés après l'occupation de Jérusalem-Est par Tsahal en juin 1967, pendant la guerre des Six-Jours.
Depuis ce conflit, le flot des pèlerins chrétiens venus des pays arabes s'est peu à peu tari.
[L]es pèlerins venus d'Europe ou d'Amérique latine, eux, continuent toujours de venir fêter Pâques sur les lieux où le Christ a connu sa Passion.
Mais pour les chrétiens palestiniens, les obstacles s'accumulent sur le chemin des Lieux saints, en premier lieu le Saint-Sépulcre, qui abrite la tombe du Christ et le mont du Golgotha, site de la crucifixion.
[L]a ville sainte est aujourd'hui séparée de Bethléem, où est né le Christ, par la très contestée "barrière de sécurité" érigée par les Israéliens.
Pour les Palestiniens des territoires, accéder à la ville sainte est trop souvent un parcours d'obstacles.
"Ces deux ou trois dernières années, on aurait dit une zone militaire", témoigne Mazen Koupti, un avocat palestinien.
En conséquence, le nombre de pèlerins arabes ne cesse de décliner.
Yacoub Dahdal, lui, n'essaiera même pas de se rendre à l'église du Saint-Sépulcre cette année. L'an dernier, il avait obtenu un permis des autorités israéliennes mais avait été bloqué en chemin par les forces de sécurité israéliennes.
"Je n'ai plus l'âge de vivre ça, de me retrouver en face de soldats israéliens.
"Ils parlent de sécurité, c'est leur grand mot, presque sacré. Mais moi, tout ce que je voudrais, c'est aller là-bas et prier."
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