Alexandre Latsa, journaliste français qui vit en Russie et anime le site Dissonance, revient sur l'appel du 13 juin d'Aymeric Chauprade, appel de résistance au projet planétaire "de domination unipolaire" de l'Amérique. Dans cet article, Alexandre Latsa évoque le renouveau démographique russe entamé depuis 2005 qui inclut un projet de politique familiale allant jusqu'à 2025, affirmant que "la famille traditionnelle est la base de la souveraineté d'une nation". Dans cet énoncé, on trouve une synthèse de l'article 3 de la DDH de 1789 ("'le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation'") et de la loi naturelle.
La conception révolutionnaire issue de 1789 du fondement de la légitimité politique s'étant épuisée dans la mort de la Révolution française (fin de la croyance des peuples européens dans le mythe progressiste de l'efficacité politique, du constructivisme et du volontarisme illimités), l'incise d'une grande originalité de la "famille traditionnelle" "base de la souveraineté" est une manière de fonder la légitimité politique nouvelle - comme nous l'avions vu en septembre 2012 - sur la loi naturelle (et non plus sur la seule "souveraineté nationale" qui a pu être l'otage de l'oligarchie et conduire au totalitarisme).
Nous pourrions nous inspirer de cette invention politique russe en France dans le cadre du "Forum civique de l'Espérance" qui prépare actuellement les Etats généraux du 14 juillet 2013, afin de fonder la légitimité politique nouvelle française sur un socle plus solide et plus assuré que celui que nous avaient proposé les oligarques jacobins de 1789 qui, depuis deux siècles, ont confisqué le pouvoir à leur avantage et conduit la France dans l'auto-destruction de sa propre civilisation (Ex: le "mariage" pour tous conçu comme une "réforme de civilisation" selon les propres mots de Christiane Taubira). Il en va de la survie de la justice, de l'Etat de droit et de la civilisation en France !
Continuons de scruter du regard la Russie car il s'y passe de grandes choses.
Cette semaine a été riche en actualité russe et le moins qu’on puisse dire est que si la Russie a fait parler d’elle, il n’y a eu aucune surprise pour les lecteurs réguliers de RIA-Novosti. Les élites russes actuelles, que l’on est libre d’apprécier ou non, ont au moins cette habitude de généralement faire ce qu’ils disent.
La défense des croyants.
Mardi 12 juin la Douma russe (la chambre basse du parlement russe) a adopté un projet de loi visant à lourdement sanctionner les offenses aux croyants, via une amende allant jusqu’ à 500.000 roubles (12.500 euros) et un an de prison aux personnes "menant une action publique qui témoigne d'un évident manque de respect envers la société dans le but d'offenser les sentiments religieux des croyants". La loi comprend aussi un volet qui augmente la peine de prison si l’offense est commise au sein d’un lieu de culte et enfin vise aussi la "profanation intentionnelle de littérature religieuse et d'objets de culte" ou encore le fait "d'empêcher illégalement l'activité religieuse".
Le terme d’offense (d’outrage peut on dire) aux croyants a sans aucun doute été grandement inspiré des actions menées par quelques groupuscules qui on s’en souvient avaient l’été dernier entamé une véritable croisade contre les églises et les croyants en Russie et en Ukraine, continuant leurs activités d’agents provocateurs aujourd’hui principalement en France, en s’attaquant d’ailleurs aux croyants Chrétiens comme musulmans.
Cette défense des croyants devrait être sous peu renforcée par un autre projet de loi actuellement en cours d’élaboration qui devrait viser à neutraliser les menaces contre la sécurité nationale liées à l'activité des organisations religieuses en Russie. Le projet prévoit notamment un alourdissement des peines pour appels publics à l'activité extrémiste, incitation à la haine, organisation d'une communauté extrémiste ou encore organisation de l'activité d'une organisation extrémiste.
Une conception religieuse de la famille.
Les menaces et pressions de l’UE et des divers lobbys n’y ont rien fait, la Russie a confirmé qu’elle est un pays souverain qui ne cède pas aux pressions. La Douma a donc aussi voté ce Mardi 12 juin une loi instaurant des amendes allant jusqu'à un million de roubles pour "propagande des relations sexuelles non-traditionnelles auprès de mineurs", c'est-à-dire la propagande, y compris par le biais d'Internet et des médias, de "la pédophilie, de l'homosexualité, de la bisexualité et du transsexualisme auprès des mineurs".
La loi votée a en vu les niveaux d’amendes être augmentés par rapport aux projets initiaux, passant de 4.000 à 5.000 roubles d'amende (100 à 125 euros) pour les personnes physiques, de 40.000 à 50.000 roubles (1.000 à 1.250 euros) pour les personnes dépositaires de l'autorité publique et de 800.000 à un million de roubles (20.000 à 25.000 euros) pour les personnes morales. La même propagande menée dans les médias ou sur Internet sera passible de sanctions encore plus sévères. Les personnes physiques risquent 50.000 à 100.000 roubles d'amende (1.250 à 2.500 euros), les personnes dépositaires de l'autorité publique 100.000 à 200.000 roubles (2. 500 à 5.000 euros) et les personnes morales un million de roubles (25.000 euros).
Ce dispositif légal s’inscrit sans aucun doute dans le cadre plus large du renouveau démographique russe entamé depuis 2005 et qui inclut un projet de conception de la politique familiale allant jusqu'à 2025, qui affirme que "la famille traditionnelle est la base de la souveraineté d’une nation" et dont les grands traits sont définis ici.
L’ingérence Washington-Bruxelles-Berlin mais le soutien des patriotes français?
Malgré les appels de l'Union européenne et de la chancelière allemande Angela Merkel souhaitant que la Russie s’abstienne d'adopter cette loi qui serait "susceptible de renforcer les discriminations et les violences contre les personnes LGBT" (imagine-t-on la Russie appeler l’UE ou l’Allemagne à ne pas adopter de lois nationales?), la loi a été votée par une majorité écrasante des voix puisque ce sont les 436 députés présents (sur 450) qui ont voté pour, un seul député s’abstenant.
Immédiatement, la diplomatie américaine à réagi, l’ambassadeur américain en Russie exprimant publiquement ses préoccupations en affirmant que "La discrimination et l'intolérance ne sont pas conformes à l'esprit d'une société démocratique". A ce titre et contrairement aux pressions americaines et euro-bruxelloises, une délégation française représentative des manifestations contre le mariage pour tous qui ont secoué l’hexagone était à Moscou la semaine dernière, pour témoigner devant la Douma russe du soutien du peuple français au modèle de société conservateur qui est en train de s’établir en Russie.
L’intellectuel et analyste français Aymeric Chauprade a pu à ce titre lancer de Moscou un vibrant "appel du 13 juin" qui non traduit bien ce que pense sans aucun doute une très grande partie de la population française.
L’homosexualité n’est pas acceptée par la société russe.
La loi a soi-disant beaucoup choqué en France et en Europe, ou les lobbys homosexuels sont très influents dans les sphères étatiques, politiques et médiatiques, mais elle semble pourtant tout à fait conforme aux attentes du peuple russe. Deux sondages des centres Levada et Vtsiom donnent en effet à peu près la même image de l’opinion des russes au sujet de l’homosexualité. Seulement 16% des sondés pensent que l’homosexualité est une orientation sexuelle comme une autre, 88% des russes soutiennent ce projet de loi et 42% des personnes interrogées estiment pour leur part que l'orientation sexuelle non traditionnelle doit être sanctionnée au pénal contre 19% en 2007, une hausse assez importante en seulement cinq ans.
Pourtant dans le monde un tel dispositif légal aurait sans doute le soutien d’une bonne partie de la population, et sans doute même de la majorité de la population, les relations entre la foi, l’état et divers pans de la société étant ouvertement troublés par les évènements récents. Je rappelle que l’actuelle Douma russe est composée de 238 députés du parti centriste/conservateur Russie-Unie, de 92 députés communistes, de 64 députés du parti de centre gauche Russie Juste (dont est issue l’auteur de la loi Elena Mizoulina, par ailleurs ancienne cadre de Iabloko, le principal parti libéral d’opposition anti-poutine) et enfin de 56 députés nationalistes du parti LDPR.
Source: http://fr.rian.ru/blogs/20130619/198574474.html
- L’appel de Moscou du 13 juin 2013 d’Aymeric Chauprade à résister au mondialisme occidental
- Traité transatlantique: Entretien d'Hervé Juvin à Pro Russia
- Bases philosophiques du Printemps français
- Lancement du "Forum Civique", premiers Cahiers de doléance et Etats généraux du 14 juillet
(7 juin 2013)
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