ls ont été pris d’entre les hommes, achetés comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau. Dans leur bouche, on n’a pas trouvé de mensonge ; ils sont sans tache.
Hérode, qui régnait dans la Judée depuis trente-six ans, ayant su que des mages étaient venus d'Orient à Jérusalem pour chercher le Roi des Juifs annoncé par les prophètes (Mt 2:1-2), fut fort troublé de cette nouvelle. Il assembla aussitôt les princes des prêtres et il apprit d'eux qu'il s'agissait du Christ, et que s'il était né, c'était à Bethléem (selon la prophétie de Michée 5). Hérode prit alors les mages en secret et, les envoya à Bethléem en leur disant : "Allez, informez-vous exactement de cet enfant, et lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que moi-même j'aille aussi l'adorer." (Mt 2,8) Il est aisé de comprendre quel était son dessein par ce qu'il fit peu de temps après; mais Dieu ayant averti les mages en songe de n'aller point retrouver Hérode, ceux-ci prirent un autre chemin pour s'en retourner dans leur pays.
Dans le même temps, un ange ordonna à Joseph de prendre l'enfant et sa mère et de fuir en Égypte.
Peu après, Hérode, voyant que les mages l'avaient trompé, entra dans une furieuse colère et envoya tuer tous les enfants mâles âgés de deux ans et au-dessous, qui étaient dans Bethléem et alentour. (Mt 2:16)

Hérode cherchant à faire périr le nouveau-né de Bethléem est une figure et un agent du diable.
Les pères sont nombreux à avoir vu en Hérode une figure du diable, comme saint Augustin, ou encore saint Jean Chrysostome cité par saint Thomas en sa Catena in Mt 2,12. [1]
Rien de plus heureux que la mort de ces enfants, si on la considère avec les yeux de la foi. Ils eurent la gloire de mourir pour Jésus-Christ, et en sa place, dans un âge où ils ne pouvaient encore invoquer son nom; ils furent les premiers martyrs, et ils triomphèrent du monde avant de le connaître; ils ne reçurent la vie que pour la sacrifier et acquérir une immortalité bienheureuse. Peut-être que s'ils eussent vécu plus longtemps, la plupart d'entre eux auraient été pervertis par le monde et se seraient perdus. Ce mystère de grâce n'était point connu de leurs mères, et c'est pour cela qu'elles pleuraient sans vouloir recevoir de consolation. [2]
Les enfants de Bethléem constituent les prémices de la rédemption de Jésus-Christ. C'est la jalousie et la crainte qui poussèrent Hérode à commettre un crime inouï dans l'histoire ; il en fut châtié et d'une manière terrible, car il mourut dans le désespoir et dévoré tout vivant par les vers. [3]
La fête des saints Innocents remonte au Ve siècle.
Le massacre de ces enfants manifeste à sa manière la royauté de Jésus. C'est parce qu'Hérode croit à la parole des Mages et à celle des Princes des Prêtres, par lui consultés, qu'il voit un rival dans l'enfant de Bethléem et poursuit jalousement ce "Roi des Juifs qui vient de naître". Mais, comme le chante l'Église: "Barbare Hérode, que crains-tu de la venue du Christ? il ne ravit pas les sceptres mortels, lui qui donne les royaumes célestes."
C'est la gloire de ce Dieu-Roi que les Innocents confessent par leur mort, et la louange qu'ils rendent à Dieu est un sujet de confusion pour les ennemis de Jésus, car, loin d'atteindre leur but, ils n'ont fait que réaliser les prophéties, qui annonçaient que le Fils de l'Homme reviendrait d'Égypte et que l'on entendrait à Bethléem les lamentations des mères pleurant leurs enfants.
Pour peindre sous des couleurs plus vives leur désolation, le prophète Jérémie évoquait Rachel, mère de Benjamin, pleurant la perte de ses descendants. Comme une mère compatissante, l'Église revêt ses prêtres d'ornements de deuil et supprime le chant du Gloria et de l'Alléluia. [4]
PRATIQUE. Adorons Dieu dans tous les évènements même les plus fâcheux.
Sources: [1] Jean-Baptiste Golfier, Tactiques du diable et délivrances, Artège-Lethielleux, 2018, p. 80; [2] Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p . 365 ; [3]; [4]; [5]