Suite au bankrun chypriote, François Asselineau fait une analyse sans concession du "racket général sur les comptes bancaires" décidé en haut lieu de la Troïka, une opération destiné, avertit-il à servir de test et de "ballon d'essai" pour d'autres pays de l'Eurozone...
Samedi 16 mars 2013 au matin, les dirigeants de l’Union européenne, en concertation avec les dirigeants chypriotes et le FMI, ont fini par trouver une solution. Les bailleurs de fonds (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI) ont convenu d’un plan de secours de 10 milliards d’euros dont le volet essentiel consiste en un véritable racket sur les comptes bancaires détenus par des particuliers à Chypre.
Le racket, qualifié de « prélèvement » ou de « taxe exceptionnelle » dans la langue de bois des dictateurs qui ont mis la main sur le continent européen, va être opéré directement par les banques chypriotes sur chaque compte bancaire de particulier. C’est-à-dire sur à peu près chaque Chypriote adulte et chaque étranger disposant d’un compte bancaire dans l’île.
Le barème du racket est le suivant :
1°) pour toute somme inférieure à 100 000 €, le « prélèvement » sera de 6,7 %.
Pour prendre des exemples concrets :
- un Chypriote possédant 7000 € d’économie sur un compte à vue, ou sur un compte d’épargne, va se voir racketter (« prélever » selon la langue de bois européiste) la somme de 469 €.
- un titulaire de plan d’épargne ayant mis de côté 40 000 € pour s’acheter un appartement se verra racketter de 2 680 €.
- même un étudiant ou un chômeur désargenté, n’ayant en tout et pour tout que 500 € sur leurs comptes, seront rackettés de 33,50 € chacun.
2°) pour toute somme supérieure à 100 000 €, le « prélèvement » sera de 9,9 %.
Pour prendre des exemples concrets :
- un couple titulaire d’un plan d’épargne logement ayant mis de côté 185 000 € pour s’acheter une maison se verra racketter de 15 115 €. [(100 000 x 6,7% = 6 700) + (85 000 x 9,9% = 8 415) = 15 115 €]
- un particulier fortuné disposant de 2 000 000 € sur des comptes rémunérés, se verra quant à lui racketter de 194 800 € [(100 000 x 6,7% = 6 700) + (1 900 000 x 9,9% = 188 100) = 194 800 €]
Les organisateurs de toute cette opération estiment qu’elle devrait rapporter 5,8 milliards d’euros.
Il faut noter que ce vol organisé sur les dépôts des particuliers est une mesure sans aucun précédent. Les ministres des finances de la zone euro n’avaient pas soumis la Grèce, l’Irlande, le Portugal ni l’Espagne à une telle clause.
Le racket sans précédent organisé par l’UE, la BCE et le FMI sur l’ensemble des comptes bancaires de particuliers ouverts à Chypre obéit à trois objectifs explicites, et probablement à un quatrième objectif implicite :
- 1°) renflouer conjointement l’État chypriote et les banques chypriotes au bord de la faillite.
Au lieu que l’État chypriote garantisse les dépôts des épargnants, il donne l’équivalent des pertes aux banques qui vont les utiliser pour rembourser leurs créanciers (parmi lesquelles il figure notamment des banques chypriotes et non-chypriotes).
- 2°) limiter les pertes de banques non-chypriotes qui auraient prêté à Chypre.
En évitant la faillite de l’État chypriote et des banques chypriotes, la mesure vise en second lieu à limiter les pertes de banques non-chypriotes qui auraient prêté à Chypre. Y compris, bien entendu, d’éventuelles banques françaises.
- 3°) « sauver l’euro »
Si l’on rackette tous les particuliers qui ont des dépôts à Chypre, c’est en définitive pour que Chypre ne soit pas considéré comme “en défaut” et c’est en définitive, encore et toujours, pour prétendument « sauver l’euro ». Je rappelle néanmoins que l’euro n’est, de toute façon, pas viable sur long terme. Cette grandiose extorsion de fonds opérée sur les patrimoines des déposants chypriotes ne servira, au mieux, qu’à prolonger l’agonie… et à renflouer les banques.
- 4°) lancer un ballon d’essai pour tester l’acceptabilité sociale d’un tel vol organisé
Cet objectif n’est évidemment pas mis sur la table par les responsables européistes. Cependant, il se murmure dans les couloirs de la Commission européenne et de la BCE que ce dispositif testé à Chypre aura valeur de test. Un tabou vient d’être brisé, qui est celui de la protection des déposants et des épargnants. Les dirigeants du monde politique et bancaire vont maintenant observer si la population chypriote va laisser ou non ce racket se produire sans réagir. C’est dire si la suite des événements va être importante.
UNE OPÉRATION DE RACKET VICIEUSEMENT PRÉMÉDITÉE EN FONCTION DU CALENDRIER LITURGIQUE ORTHODOXE
Comme nous l’enseignent les films et les enquêtes de police, l’organisation des grands hold-up par des gangs mafieux n’est jamais laissée au hasard. Tout y est toujours minutieusement planifié.
Il en a été de même pour cette opération de racket : son organisation et son calendrier ont été conçus de façon particulièrement vicieuse.
En effet, l’accord entre l’UE, le FMI, la BCE et les autorités chypriotes a été conclu, non pas « dans la nuit de vendredi à samedi » comme l’affirme le journal Le Monde mais dans les journées des 14 et 15 mars.
Cet accord n’a été présenté comme arraché au cours de la nuit qu’à des fins de mise en scène. C’est ce qui a permis de n’annoncer publiquement la « taxe exceptionnelle » que le samedi 16 mars au matin, afin que les habitants de l’île méditerranéenne ne l’apprennent qu’à leur réveil en ce début de week-end.
De la sorte, les Chypriotes se sont retrouvés coincés car ils ont trouvé les banques fermées lorsqu’ils s’y sont précipités pour y sortir le maximum de numéraire. Des files d’attente se sont constituées devant les distributeurs de billets mais la plupart des automates avaient déjà été mis hors d’état de fonctionnement.
Mieux calculé encore, les Chypriotes ont également réalisé qu’ils ne pourraient pas sortir d’argent ni le dimanche 17 mars ni même le lundi 18. Car lundi est une journée exceptionnellement fermée, du fait du calendrier orthodoxe qui fixe, cette année, au 18 mars la date mobile du « lundi pur » (Καθαρά Δευτέρα en grec).
Le « lundi pur » est une journée où l’on est censé se défaire de ses conduites pécheresses et où l’on doit faire preuve de pardon.
Toute la question est donc de savoir si les Chypriotes vont “pardonner” à leurs autorités politiques et financières le racket qui va être opéré, ce jour-là, sur leurs comptes bancaires ?
Les premières réactions enregistrées samedi ont montré que la population était sous le choc et scandalisée. Mais, aussitôt, tout l’appareil de désinformation politique et médiatique européiste s’est mis en branle pour diffuser son poison.
Dès son retour de Bruxelles, le président chypriote Nicos Anastasiades, responsable européiste “de droite” élu le mois dernier, a ainsi souligné dans un communiqué le prétendu « risque d’effondrement » du système bancaire à défaut d’accord sur un prêt pour l’île au bord de la faillite.
En prenant des airs de Tartuffe pour souligner plaintivement qu’il s’agissait d’un plan « douloureux », il a ensuite repris la sempiternelle thématique de toutes les dictatures, à savoir qu’il n’y aurait bien entendu pas d’alternative : « La solution que nous avons choisie est douloureuse, mais c’était la seule qui nous permettait de continuer nos vies sans remous. »
Comme nous l’a révélé l’exemple islandais – une île d’une taille assez comparable à Chypre -, et comme nous l’enseigne le président Ólafur Grímsson, il y a pourtant toujours une alternative : celle qui consiste à prendre le parti du peuple et de laisser les banques faire faillite.
Quoi qu’il en soit, les autorités chypriotes croisent les doigts. Elles espèrent qu’avec la complicité habituelle de la “gauche” européiste et le matraquage médiatique non moins habituel, les Chypriotes accepteront ce coup de force contre leurs dépôts et leurs économies, dans le but, proclamé, prétendument grandiose et incontestable, de « sauver l’euro ».
Avant d’entrer en vigueur, la « taxe exceptionnelle » doit être ratifiée par le parlement, et cela avant la réouverture des banques mardi, puisque le lundi est jour férié à Chypre. Il faut donc faire vite : M. Anastasiades a annoncé qu’il rencontrerait des dirigeants de partis politiques de l’île et qu’il se rendrait dimanche matin au Parlement où une Assemblée plénière, prévue en milieu de matinée, devrait entériner le racket.
Des appels à manifester ont été lancés, notamment par le candidat déçu aux élections présidentielles de février, George Lillikas, qui avait fait campagne contre le plan de sauvetage. Ce dernier a appelé à une mobilisation générale pour mardi, le lendemain du « lundi pur ».
Mais ne sera-t-il déjà pas trop tard pour réagir puisque les comptes bancaires auront été déjà rackettés au profit des banques ? (1)
Afin d'éviter une ruée vers les guichets de retrait, les banques de Chypre resteront fermées jusqu'à jeudi 21 mars. (2)
Comme cela se pratiquait en France sous la troisième république, lorsque les régents de la Banque de France adoubaient les gouvernements. Sachez que vous ne serez pas prévenus. C'est un 15 août dans la nuit que clandestinement ; comme des voleurs dont ils seront les complices qu'une loi de spoliation sera votée par les députés et les sénateurs. Le lendemain matin, il sera trop tard.
Maintenant, il vous faut réfléchir à deux choses :
- Au moyen de protéger vos économies. Les protéger de la dévaluation, c'est un leurre que les banques et les assurance font miroiter pour vous persuader par le biais de quelques mesurettes fiscales avantageuses, de laisser vos sous là où vous les avez mis. Maintenant, il ne s'agit pas de protéger les intérêts, mais de sauver le capital. Il y a le feu à la Zone Euro, et vous devez sauver les meubles ;
- Au moyen de reprendre le pouvoir. Les Islandais l'ont fait, lorsqu'ils ont décidé de ne pas payer la dette abusive née des faillites bancaires. Personne n'est venu les envahir, il n'y a pas eu de bombardements, et l'Islande est toujours là. La nation islandaise, c'est à dire le peuple souverain, c'est exprimé et a imposé à ces élus qui ne sont que ses mandataires, de respecter sa volonté. En France, les citoyens ont repoussé en 2005 le Traité Constitutionnel Européen, en 2007 par une forfaiture, le gouvernement nanocratique, c'est acoquiné avec les prétendus socialistes pour adopter le texte rejeté par la Nation. Quand un mandataire s'arroge des droits et des pouvoirs que son mandant ne lui a pas donné, le mandant peut demander justice à un tribunal. (3)
Note de Christroi. En France, et compte tenu de l'histoire de la "représentation" dans ce pays, lorsque le peuple sera réellement "souverain" c'est que l'Oligarchie aura été renversée et que le système factice, mensonger et oligarchique de la dite "représentation" par têtes (élection) aura été remplacé par un système de représentation plus sincère, par exemple par poids des corps de la nation (4), un peu comme en Islande en ce moment... (5) La voie du retour de la croissance et la sortie de crise sera alors enfin devant nous ! (6)
Sources:
(1) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/racket-general-sur-les-comptes-132528
(2) http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/18/chypre-veut-proteger-les-petits-epargnants-de-la-taxe-sur-les-depots-bancaires_1850037_3234.html
(3) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/escroquerie-giganteste-a-chypre-132516
(4) http://christroi.over-blog.com/article-contre-le-nouvel-ordre-mondial-en-finir-avec-la-revolution-iiie-partie-109470526.html
(5) http://christroi.over-blog.com/article-les-islandais-se-prononcent-sur-une-nouvelle-constitution-ecrite-par-des-gens-ordinaires-111486293.html
(6) http://christroi.over-blog.com/article-l-islande-reussit-a-sortir-de-la-crise-116180292.html
-------------------------------------
- Contre le Nouvel Ordre mondial : en finir avec la révolution (IIIe partie)
- Les Islandais se prononcent sur une nouvelle Constitution écrite par "des gens ordinaires"