9 juillet 2013
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A l'occasion du début du ramadan, une enquête produite par Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l'IFOP indique que 86% des musulmans ont donné leur voix à Hollande à lors de l'élection présidentielle 2012. Ce sur-vote musulman chiffré à "1,5 point du corps électoral"... correspond à "l’avance qui a permis à François Hollande de l’emporter."
Cette étude minore une précédente enquête Opinionway Fiducial pour le Figaro du 6 mai 2012 selon laquelle 93% des musulmans ont voté Hollande en 2012.
- L’islam constitue aujourd’hui la seconde religion de France et ses fidèles représentent environ 5 % du corps électoral français (cf Claude Dargent : « Les électorats sociologiques : le vote des musulmans», note publiée sur le site du Cevipof en décembre, 2011).
- Alors que la question de l’islam et de sa place dans la socié té française a été débattue pendant la campagne et que l’issue du scrutin a été serrée, il est intéressant de s’interroger sur le comportement électoral des musulmans. Pour ce faire, l’Ifop a travaillé sur la base d’un cumul d’enquêtes électorales réalisées durant la campagne pour obtenir un échantillon cumulé de 14 200 électeurs inscrits sur les listes électorales, dont 680 personnes se déclarant de confession musulmane.
- Cette analyse montre tout d’abord un très fort sur-vote à gauche de cet électorat. Avec 57 % des voix, François Hollande a ainsi largement franchi la barre de 50 % dès le premier tour et doublé son score moyen dans ce segment de l’électorat qui, parallèlement, a également beaucoup plus voté pour Jean-Luc Mélenchon que la moyenne des Français : 20 % contre 11 %.
- Cette hégémonie de la gauche s’accompagne mécaniquement d’une très faible audience tant de la droite (7% seulement pour Nicolas Sarkozy) que du Front National (4 % contre 18 % au niveau national) et se trouve confirmée de manière spectaculaire au second tour avec un score de 86 % pour François Hollande, soit plus de 34 points de plus que sa moyenne nationale. D’après les données dont nous disposons, aucune autre catégorie de la population n’a aussi massivement voté pour le candidat socialiste (ou contre Nicolas Sarkozy) que les musulmans. Ce sur-vote très important (34 points de plus que la moyenne nationale) enregistré dans ce segment -constituant on le rappelle environ 5 % des inscrits- représente 1,5 point du corps électoral... soit l’avance qui a permis à François Hollande de l’emporter.
- Cette domination de la gauche dans l’électorat musulman n’est pas une nouveauté (et elle tient pour partie à l’histoire : implication plus forte de la gauche dans la lutte pour la décolonisation, dans la lutte contre le racisme, attitude plus ouverte sur la question du multiculturalisme, etc...) mais elle s’est renforcée par rapport à l’élection présidentielle de 2007.
- Dans les milieux populaires, le fait d’être ou non musulman influe très profondément sur le vote. Ainsi, si François Hollande domine sans partage l’électorat populaire de confession musulmane avec 63 % des voix au premier tour, il est devancé de deux points par Marine Le Pen (29 % contre 27 %) sur l’ensemble des ouvriers et employés. Aussi, faut-il être très prudent lorsqu’on évoque le vote des fameux « quartiers populaires », réservoirs de voix pour la gauche pour certains ou en voie de droitisation pour les autres. La variable religieuse (et avec elle la composition ethnique de la population locale) introduit une ligne de clivage très marquée au sein même des milieux populaires. Parmi les ouvriers et employés se déclarant de confession musulmane, le total Hollande/Mélenchon/extrême-gauche a atteint au premier tour de la présidentielle pas moins de 82% des voix contre 9 % seulement pour le total Sarkozy/Le Pen assurant ainsi une domination sans partage à la gauche dans bon nombre de banlieues et de quartiers de grands ensembles. Le rapport de force est en revanche tout autre si l’on considère cette fois l’ensemble des milieux populaires (et plus uniquement ceux qui se disent de confession musulmane) : 48 % en faveur du bloc Sarkozy/Le Pen contre 40 % pour le bloc de gauche, gauche qui s’est retrouvée sur la défensive dans de nombreux territoires (zones péri-urbaines, villes moyennes, vieux bassins industriels) à forte population populaire mais... non musulmane.
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- Source: http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/Ifop-Focus-88.pdf