Dans cet extrait de l'émission de propagande de "C dans l'air" du 14.06.2012 consacrée à l'engagement français en Afghanistan, de Sarkozy en Hollande, signalée par le site contre-impérial Infosyrie, le géopolitologue Gérard Chaliand, spécialiste de l'étude des conflits armés et des relations internationales et stratégiques, remet Yves Calvi à sa place et s'interroge quant aux motivations politiques de la propagande médiatique occidentale contre la Syrie, alliée de l'Iran : "Quand il y a eu 40.000 morts au Sri Lanka, dit-il, cela ne nous a pas beaucoup ému, deux ou trois millions de morts au Congo en république démocratique, cela ne nous fait rien du tout. Donc il y a des endroits qui nous intéressent plus que d'autres... pour des raisons politiques".
Yves Calvi interpellait Chaliand sur les « enfants torturés » et lui demandait si l’on devait rester sans rien faire par rapport à pareilles horreurs. Et là Gérard Chaliand, sans se démonter, dit que les pleurs humanitaires ne sont en l’espèce que la couverture de desseins beaucoup plus politiques : il a évoqué le rôle des États-Unis, d’Israël et des pétro-monarchies sunnites décidées à frapper l’ennemi iranien à travers la Syrie. Et il a fait remarquer les dizaines de milliers de victimes civiles du conflit à Ceylan, les trois millions de morts de la guerre civile du Congo et tous ceux d’un certain nombre d’autres conflits n’ont jamais empêché les Occidentaux de dormir, et que donc les campagnes médiatiques sont généralement le reflet de préoccupations beaucoup géopolitiques qu’humanitaires.
En face, les représentants de la doxa anti-syrienne, Christophe Barbier de L’Express et d’I-Télé et, dans une moindre mesure, Grégory Pons de Valeurs Actuelles, n’avaient tout d’un coup plus grand chose à dire.
Il ne faut pas s’exagérer la portée de quatre ou cinq minutes de vérité dans une des émissions du vaste P.A.F. Mais cependant, de tels points de vue hétérodoxes, donnés par des spécialistes agréés par le Système et bénéficiant d’ailleurs d’une crédibilité et d’une expertise dans leur domaine, ne peuvent passer inaperçue de dizaines de milliers de téléspectateurs. Ceux de l’émission d’Yves Calvi ont appris ce 14 juin, s’ils ne s’en doutaient déjà, que la violence en Syrie n’est pas le monopole de Bachar et de son armée, que ses opposants sont des persécuteurs en puissance et que les dirigeants occidentaux sont des Tartuffe – ce dernier point étant plus, pour l’immense majorité de l’opinion française, une confirmation d’avantage qu’une révélation.
Intervention du même Gérard Chaliand sur France Culture: