Un article du Figaro du 21/12/2007, titre: "Sphères publique et privée : Sarkozy abolit la distinction".
Il faudrait expliquer au journaliste du Figaro que Sarkozy n'abolit pas la distinction : on n'est pas dans une théocratie! Sauf peut-être dans une "théocratie gnostique de droit occulte" (Rémi Fontaine)....
Sarkozy, par sa nouvelle conception de la laïcité adoucit le laïcisme jusque-là en vigueur, il amoindrit la "séparation" pour être plus précis, en n'écartant pas toute référence au spirituel. C'est là une vision plus conforme à la saine laïcité : ce que Jean-Paul II appellait la "saine collaboration" (Jean-Paul II, Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146).
Il y a donc une saine et légitime laïcité (définie par Pie XII) qui est la distinction entre le spirituel et le temporel (les deux glaives). Cette laïcité s'applique exclusivement à l'Etat pour justifier son autonomie temporelle par rapport au spirituel mais non point son insubordination : rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
C'est le christianisme qui a inventé la notion même de laïcité. "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Avant que ne soit prononcée cette phrase qui servira de socle à la construction de la Chrétienté, la plus totale confusion régnait entre le pouvoir de César et celui de Dieu. L'Eglise est la première à professer et à maintenir la distinction du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. L'Eglise n'a jamais enseigné la confusion des deux puissances, ni l'absorption de la temporelle par la spirituelle (théocratie), ni l'absorption de la spirituelle par la temporelle (césarisme, gallicanisme). Elle ne l'a jamais enseignée, parce que ce sont des erreurs déjà condamnée par le Saint-Siège.
Sarkozy a donc raison de vouloir reconnaître «les racines essentiellement chrétiennes» de la France, en voulant «assumer pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Église». Distinction, mais pas "séparation". Tout est dans la nuance.
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