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Les oeuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.
Après le décès du pape François ce matin, certains commencent déjà à demander si l'on verra les "progressistes" poursuivre les thèmes portés par François dans le prochain pontificat ou si l'on verra au contraire un "retour en arrière" avec les "conservateurs" (sic) ?
En réalité il n'y a jamais de retour en arrière, ni de fuite en avant.
L'Église des conservateurs n'est pas non plus contradictoire avec une Église des réformateurs : l'Église est toujours nouvelle, elle est toujours en progrès car greffée sur le cep du Ressuscité. L’Église intègre en elle-même une auto-contestation arbitrée par l’élection du Successeur de Pierre à chaque conclave.
François a créé 108 des 136 cardinaux électeurs. On imaginerait donc l’élection d’un pontife progressiste, capable de suivre la direction indiquée lors du dernier pontificat. Mais les cardinaux créés par le pape ne se connaissent souvent pas. Cela rendra plus difficile le travail des prochaines "congrégations générales", ainsi que l’identification du successeur au trône de Pierre.
Cette problématique de débat politique à l’intérieur de l’Église ne remet pas en cause l’unité de la foi mais est au contraire le fruit d’une sage volonté divine. Les cardinaux ne peuvent pas dire publiquement qui sera le prochain pape, car l'élection du pape est un processus sacré guidé par l'Esprit Saint et non une campagne politique. Benoît XVI, en 1997, avait bien clarifié la question en répondant à la question de savoir si c'est le Saint-Esprit qui choisit le pape : "Je ne dirais pas cela, dans le sens où c'est le Saint-Esprit qui le choisit – disait alors le cardinal Ratzinger. Je dirais que le Saint-Esprit ne prend pas exactement le contrôle de la question, mais plutôt, en bon éducateur qu'il est, il nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans pour autant nous abandonner complètement. Le rôle de l’Esprit doit donc être compris dans un sens beaucoup plus flexible, et non pas comme s’il dictait le candidat pour lequel il fallait voter. La seule sécurité qu’il offre est probablement que la chose ne peut pas être totalement ruinée. Il y a trop d’exemples de papes que le Saint-Esprit n’aurait évidemment pas choisis."
Selon la constitution Universi Dominici Gregis, il est interdit de faire des pactes, des promesses ou des plans pour influencer les votes, sous peine d'excommunication. Ces règles garantissent le secret et l'impartialité du conclave, en évitant les ambitions personnelles qui pourraient diviser l'Église. L'Église donne ainsi la priorité à l'inspiration divine sur la popularité humaine, préservant l'intégrité spirituelle du processus.
Il est vrai cependant que le pape François fait partie d'une génération dans le Clergé qui a porté des thèmes mondialistes ou de gauche qui ont vu la persécution des catholiques de la messe latine traditionnelle, des déclarations hérétiques sur l'enfer (voir ici et là), la Résurrection du Christ, la suppression de la peine de mort dans le catéchisme de S. Jean-Paul II, l'accueil sans limites des migrants (sauf au Vatican où François a pris un decret contre l’entrée illégale sur le territoire avec des peines d’emprisonnement de un à quatre ans et de lourdes amendes entre 10000 et 25000 euros), le relativisme de la religion, un regard candide sur l'islam et l'islamisation de l'Europe, au point qu'en 2018 des ex-musulmans convertis au catholicisme lui écrivaient pour s'inquiéter de cette orientation.
En 12 ans, la doctrine sociale de l’Église (DSE) a été annulée.
Non seulement l’expression n’a plus été utilisée, ni ses principes et critères d’évaluation des nombreux nouveaux phénomènes sociaux, mais surtout ses présupposés philosophiques et théologiques ont disparu, sans lesquels elle est réduite à un moralisme social et à l’humanisme générique de la solidarité. Le cadre de ces fondations avait tenu, bien qu’avec quelques difficultés, jusqu’à Benoît XVI, alors beaucoup de choses ont été perdues et ceux qui avaient cultivé leur engagement envers la DSE ont été durement mis à l’épreuve. À partir d’un certain moment, ce qui a été dit et fait auparavant, il n’était plus possible de le dire ou de le faire. Du jour au lendemain, un nouveau plan avait été imposé.
Les présupposés philosophiques et théologiques de la tradition catholique, le rapport entre nature et surnaturel, entre raison (y compris la raison politique) et foi, ont disparu. La théologie des universités pontificales n’utilise plus ces mots à consonance métaphysique, remplacés désormais par la perspective historique et existentielle, beaucoup plus horizontale.
La DSE doit se fonder sur un ordre naturel et finaliste, inhérent à la nature sociale de l’homme et capable, malgré la situation déchue suite au péché, d’atteindre les préambules de la foi, de permettre à la Parole de s’exprimer dans un langage compréhensible. Cet ordre naturel finaliste contient les principes de la morale sociale et politique, que la révélation confirme et que l’Église protège, sans lesquels il n’y a pas de DSE, car le concept du bien commun et le fondement de l’autorité politique feraient défaut. La DSE a besoin de loi naturelle et de morale naturelle.
Les principes non négociables qui émanent du droit naturel ont été niés et oubliés. On a proposé une Église qui soit inclusive de tous les comportements, selon laquelle il n’y a plus que l’être et non plus le devoir être, puisque Dieu nous aimerait non seulement tels que nous sommes mais aussi tels que nous demeurons, une Église qui ne juge pas les événements historiques mais se limite à les accompagner. Une Église qui se réfère uniquement à la miséricorde tout en négligeant la vérité se trouve en décalage avec les exigences de la DDC, qui est un jugement sur l’histoire et le monde à la lumière de la raison naturelle et de la révélation.
La nouvelle interprétation de l’adultère dans Amoris Laetitia ne tient pas compte du fait qu’elle va à l’encontre de la loi naturelle et non seulement de la loi divine. La bénédiction des couples homosexuels dans les supplicans de Fiducia oublie que c'est la raison naturelle elle-même, devant les normes évangéliques, qui dit que ce ne sont même pas des couples. Des manquements de ce genre dans l’ordre de la raison naturelle ont des répercussions sur la DSE, qui fonde la société sur la famille et le mariage. Les ouvertures à la reconnaissance légale des unions civiles, y compris homosexuelles, exprimées directement par François lui-même, l’encouragement des mouvements en faveur du transgendérisme ont affaibli, voire rendu impossible, la cohérence entre foi et politique sur laquelle se fonde la DSE.
Sur les questions de morale sociale, François s'est toujours adressé à tout le monde, indifféremment, et jamais aux catholiques et aux croyants. Les discours aux mouvements populaires de toutes sortes, les interventions directes aux fondations mondialistes, les messages aux mouvements pour de "nouveaux droits"… n’ont jamais parlé du Christ. Destinées à tous sans distinction, avec un critère large et inclusif, ces interventions se sont donc placées à un niveau purement humain. Jean-Paul II écrit dans Centesimus annus que la DSE est l'annonce du Christ dans les réalités temporelles et que son but est l'évangélisation, dont elle est un instrument. Rien de tout cela dans le pontificat de François, durant lequel l’évangélisation était exclue comme forme de prosélytisme, et les chrétiens étaient appelés à prendre soin des pauvres mais non plus à construire la société, dont les critères architecturaux sont conservés dans la DSE. Pour aborder les principaux processus en cours dans nos sociétés, tels que le Covid, l’immigration, l’environnement, l’unification européenne, les principes et critères de la DSE n’ont jamais été utilisés. Sur les grandes questions mentionnées ci-dessus, l’Église a été absente, finissant par s’aplatir aux courants les plus forts du mondialisme dominant. Et, qui plus est, heureuse d'être absent, considérant ce positionnement comme plus ''évangélique''.
François a écrit deux encycliques proposées et considérées comme de nature sociale, Laudato si' (18 juin 2015) et Fratelli tutti (3 octobre 2020). Laudato si' est consacrée à un thème sectoriel, l'environnement, contrairement aux encycliques précédentes ; sa rédaction, de l'aveu même de François, est due à Leonardo Boff ; une grande partie de son texte est consacrée à des clichés sur l’environnementalisme chers à la presse mondialiste ; il y a de sérieuses concessions à la vision de l'homme comme partie d'une terre mère plus vaste et à des formes économiques, comme la décroissance heureuse, déjà critiquée par Benoît XVI. Cette encyclique est responsable du ''délire écologique'' de nombreuses conférences épiscopales et communautés chrétiennes et de leur alignement sur les plans des grandes puissances mondiales à cet égard. Quant à Fratelli tutti, l'encyclique prétendait fonder la fraternité entre les hommes non pas sur la nature humaine commune résultant de la création et de l'élection des fils par le Père, mais sur le fait d'être ''dans le même bateau'', c'est-à-dire sur une solidarité purement existentielle. Ces deux encycliques ne peuvent être considérées comme s’inscrivant dans la continuité de toute la tradition de la DSE. (Cf. Stefano Fontana)
Au début de son pontificat, l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, avec l'ambiguïté de ses passages concernant la possibilité (non expressément indiquée et, en tant que telle, objet d'interprétations divergentes entre les différentes Conférences épiscopales) d'accès aux sacrements pour les personnes divorcées remariées, a illustré cette transition : une forme de pastorale qui, plutôt que de partir de la norme objective pour l'appliquer avec discernement, tend à la relativiser dans la réalité existentielle concrète du sujet. Elle a fait comprendre à tous que l'approche des questions morales avait radicalement changé. C'était en 2016.
Le paragraphe 305 ainsi que la note 351 de cette Exhortation ouvraient une double morale en réconciliant l'inconciliable : l'adultère, dans les cas où il est innocent ou pas entièrement coupable, peut s'approcher de l'Eucharistie tout en restant adultère. La même année, les évêques de la région de Buenos Aires publient une lettre intitulée "Accompagner, discerner et intégrer les fragilités", qui admet à la communion les personnes divorcées et remariées. François déclare que "le texte est très bon et explique de manière excellente le chapitre VIII d’Amoris laetitia. Il n'y a pas d'autre interprétation." La lettre et le commentaire du Pape ont été incorporés aux Acta Apostolicae Sedis en 2017, devenant ainsi un Magistère authentique.
Une application abusive de Gaudium et spes aux divorcés et "remariés" avait été relevée par Don Alfredo Morselli dans l'article en italien de "Corrispondenza Romana" titré "Amoris Laetitia: la logica dell’eresia", "Amoris Laetitia : la logique de l'hérésie", dont nous avions proposé une traduction :
"Pour soutenir que la fornication et l'adultère ne sont pas toujours des péchés mortels, vous avez ... une utilisation absurde de Gaudium et Spes utilisé pour soutenir que dans certains cas, le péché est bon pour l'amour, en appliquant à une relation adultère le principe selon lequel s'il lui manque certaines expressions d'intimité conjugale, il n'est pas rare que "la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis" (Conc Concile œcuménique Vatican II, Constitution Gaudium et spes, 51;..... cf. Amoris laetitia, note 329) ..."
Romano Amerio (1905-1997), éminent théologien d’origine suisse, constitue une clé herméneutique d’une profondeur significative pour comprendre les implications doctrinales, anthropologiques et philosophiques de ce pontificat. Dans son œuvre majeure, "Iota Unum", Amerio ne se limite pas à une analyse historique des effets du Concile Vatican II, mais propose un diagnostic métaphysique de la crise de l'Église, identifiée dans la dissolution de la forma mentis traditionnelle, qui trouve ses racines dans une altération du rapport entre vérité et charité, entre doctrine et pratique. La double morale de l'exhortation Amoris Laetitia, la primauté de la miséricorde comme clé de l’interprétation de l’Évangile, contribuent à vider la structure rationnelle de la foi, en sapant sa cohérence métaphysique et dogmatique. Le principe de non-contradiction, si central dans la réflexion thomiste et la Tradition ecclésiale, semble atténué au nom d’un dialogue qui devient souvent une fin en soi, ou pire, un instrument d’abnégation. Amerio, avec une lucidité tragique, avait déjà anticipé qu'une charité séparée de la vérité est destinée à devenir une philanthropie sentimentale, et la pastorale, sans racines dans la métaphysique de l’être, se transforme en sociologie sacrée. Dans cette optique, de nombreux choix du pape François semblent s’inscrire non pas comme une cause première, mais comme une accélération d’une dérive déjà en cours, dans laquelle l’identité catholique est comprise en termes existentiels plutôt qu’ontologiques.
Ce qui en résulte n’est pas une Église renouvelée, mais une Église désinstitutionnalisée, qui perd son autorité prophétique dans le monde contemporain, précisément parce qu’elle essaie de lui parler dans sa propre langue, mais en renonçant à la sienne.
La mort du Pape pourrait marquer non seulement la fin d’une époque, mais aussi un "kairos" pour un retour à l’essentiel : à cette sagesse de l’être et de la vérité, dans laquelle seule la charité peut retrouver son sens authentique.
L'"Église synodale"
De manière emblématique, cette dynamique a trouvé son expression la plus structurelle dans la promotion insistante du concept de synodalité. Dans son sens traditionnel, la synodalité a toujours été conçue comme un processus consultatif, subordonné à la fonction magistérielle du Pape et des évêques unis à lui, selon un principe de hiérarchie sacramentelle et doctrinale qui reflète l’ordre même de la réalité participée : Dieu est le principe et la mesure de toutes choses, et l’Église est la forme visible de cette communication ordonnée de la vérité. Avec François, la synodalité a tendu à devenir une forme structurelle de l’être ecclésial, avec le risque implicite de transformer l’autorité d’une fonction dérivée du "munus pétrinien" en résultat consensuel d’un dialogue continu et indéfini. La synodalité a alors semblé confirmer ce qu'Amerio définit comme un "transfert de la verticale à l'horizontale" de l'identité ecclésiale : non plus "Ecclesia docens e discens", mais une communauté autopoïétique, en dialogue indéfini avec elle-même et avec le monde, sans centre de gravité métaphysique stable.
Le langage des synodes eux-mêmes a montré une tendance à adopter des formules délibérément ambiguës, manquant de définition théologique précise, dans lesquelles on peut entrevoir l’influence du langage sociologique et psychologique contemporain plutôt que de la théologie classique.
Des questions telles que:
- l’homosexualité,
- le rôle des femmes,
- le diaconat féminin et
- le ministère laïc ont été abordées selon la logique de l’équilibre politique, plutôt que selon des critères doctrinaux.
Le principe de "l’écoute", présenté comme supérieur à celui de l’enseignement, risque de déboucher sur une ecclésiologie démocratique, qui dissout le "munus docendi" dans une horizontalité procédurale. En ce sens, la synodalité, plutôt que de renforcer la communion ecclésiale, a produit, au moins en partie, une plus grande désorientation et désintégration.
La crise de l’Église n’a pas commencé avec le pape François, ni ne s’est terminée avec lui ; mais en lui elle trouve une forme explicite et paradigmatique, qui oblige théologiens, philosophes et pasteurs à s'interroger non pas tant sur "que faire", mais sur "que sommes-nous devenus" ?
Le processus synodal est une menace très sérieuse pour l'Église.
La synodalité est un processus qui modifie (protestantise) la structure de l’Église catholique, du rôle des évêques au Catéchisme, du rapport au monde au relativisme doctrinal. C’est le danger le plus grave car il s’agit d’une pratique et non d’une doctrine, même si elle cache une doctrine. La pratique synodale peut changer la physionomie de l’Église en peu de temps.
Le processus se termine lorsque la doctrine assouplie est modifiées au nom de la "décentralisation" (assembléisme), de la "miséricorde" ou de tout autre prétexte. La doctrine contournée perdra alors sa valeur et son sens profond.
Ceux qui étaient dans l’opposition avec Jean-Paul II et Benoît XVI sont désormais au gouvernement.
Les nouveaux chemins déjà empruntés pourraient ne pas s’arrêter, mais continuer par inertie, quel que soit le résultat du vote. Leur incubation doctrinale dure depuis des décennies et, au cours du récent pontificat, elles ont trouvé une promotion substantielle.
La raison en est que durant le pontificat de François, les changements se sont produits de manière comportementale par la "miséricorde" sans toucher à la doctrine, avec des paroles ambiguës et des gestes provocateurs. Ce sont ces derniers qui ont causé la confusion, et non seulement les Exhortations apostoliques ou les Déclarations de la doctrine de la foi. La nouveauté était une façon d’être et de se positionner. Cette manière d’être risque de perdurer et de nous positionner sur un chemin qui pourrait rendre impossible le retour en arrière, où nous vivons des situations irréversibles. Négocier une extension de la possibilité de célébrer dans le Vetus Ordo ou une révision/clarification de Fiducia supplicans ne suffira pas. C’est pourquoi il est utile de clarifier quel est le sujet fondamentalement important sur lequel tous les cardinaux devraient se concentrer.
- La "synodalité" peut détruire la structure hiérarchique de l'Eglise, elle peut faire en sorte que les laïcs guident les évêques ;
- elle peut donner une cohérence théologique à l’assembléisme (une "Assemblée ecclésiale" - un terme sans précédent dans la tradition catholique - était prévue en 2028, qui devait évaluer la mise en œuvre du Synode de 2023 et du Synode de 2024, où les évêques ne devaient plus qu'être une partie intégrante, et en préparation de l'Assemblée, devant "accompagner" leur peuple, c'est-à-dire, ne pas le diriger) ;
- confondre le "peuple de Dieu" avec un groupe de pression sociologique ;
- décomposer l’unité universelle en diverses composantes régionales ;
- "décentraliser" l'autorité doctrinale (c'est-à-dire le fait de décider de certaines questions doctrinales au niveau local plutôt qu'au niveau universel . . . Une proposition accueillie avec une vive opposition lors du Synode sur la synodalité en octobre 2024, plusieurs délégués craignant que cette démarche ne brise l'unité de l'Église et ne relativise l'enseignement catholique); l'archevêque Anthony Fisher de Sydney déclara à EWTN News que l'Église "ne peut pas enseigner un catholicisme différent dans différents pays")
- assurer qu'ici on est béni et là on ne l'est pas, qu'ici un comportement est permis et là inadmissible ;
- que la liturgie devient la proie des cultures locales ;
- que les conférences épiscopales légifèrent différemment dans le domaine doctrinal ;
- que les besoins du moment prévalent sur les besoins éternels ;
- que la démocratie libérale entre dans l’Église ;
- que l’auto-convocation par la base devienne la règle ;
- qu’il y a une pulvérisation des "communautés de base" ;
- qu'il n'existe plus de Catéchisme mais seulement des catéchismes ;
- que l’écoute précède les exigences de la vérité ;
- que tout est en fin de compte interprétation ;
- que la papauté n’est pas l’autorité finale en matière de doctrine ;
- que les questions et les doutes sont fondamentaux parce qu’ils favorisent la discussion synodale, tandis que les réponses sont comme des pierres jetées aux autres ;
- que le jugement doit toujours être fait dans son contexte et jamais en termes absolus ;
- que l’important est de décider ensemble et de manière partagée et non pas que ce qui est décidé soit vrai et bon ;
- que tout et tous sont admissibles dans l'Église, mais pas ceux qui soutiennent que tout ne peut pas être admis. C'est le plus grand danger. La synodalité est comme un infiltré qui, sous couverture, joue le jeu de l’ennemi. (Cf. Stefano Fontana)
Comme le résuma le cardinal Müller : "les chrétiens ne peuvent aller au-delà de l'autorévélation de Dieu en Jésus-Christ pour se tourner vers une église moderniste ou progressiste. Dans l'ecclésiologie catholique, la combinaison du concept protestant de synodalité qui est basé sur la négation de l'ordre sacramentel et de la constitution épiscopale de l'Église, avec le concept catholique de synode et de synodalité est vouée à l'échec. Dans son ouvrage "An Essay on the Development of Christian Doctrine" (1845), John Henry Newman a montré, en ce qui concerne l'Église des Pères, que l'anglicanisme avait échoué en tant que voie médiane entre les points de vue protestants et catholiques, et qu'il n'était donc pas une option pour l'œcuménisme catholique. Vatican II, dans Lumen gentium 10, montre une autre voie. L'unité d'action et la diversité de mission des laïcs, fondées sur le baptême, et des évêques et des prêtres, fondées sur le sacrement de l'ordre, s'enracinent dans la participation à l'unique sacerdoce du Christ. Il est la tête du corps, qui est représenté dans ses membres par tous les baptisés, et spécifiquement en tant que tête par les évêques et les prêtres."
Le cardinal Joseph Zen avertit en octobre 2024 : "les conférences épiscopales individuelles devraient-elles avoir une autorité indépendante sur la doctrine de la foi ? Si cette idée réussit, nous ne serons plus l’Église catholique."
Durant le covid, François critiqua les cardinaux qui ne voulurent pas se faire injecter le "vaccin" et assura que se vacciner (avec le "vaccin" covid expérimental) était "un acte d’amour".
Le Cardinal Burke, l’une des voix les plus critiques du Vatican à l’égard de François, a sévèrement critiqué les vaccins contre la COVID-19, allant jusqu’à les décrire comme faisant partie d’un "programme totalitaire". Sa position fut perçue comme un scandale par le Vatican, qui promut la vaccination comme un acte de responsabilité chrétienne.
Burke aura plus tard raison avec sa position sceptique sur les vaccins, et les organisations de santé ont fini par admettre les dangers de l’injection génique expérimentale promue par le pape François.
Tout en cultivant l’image médiatique d’un pape "soucieux des périphéries", François était coutumier d'un langage brutal envers ses opposants ou les fidèles réclamant plus de clarté, les couvrant d'épithètes désobligeantes telles que "rigides", "rétrogrades", "pélagiens", "endurcis", "traditionalistes". Il dit par exemple du cardinal Burke qu’il était un "pauvre type', son "ennemi" et que c'était la raison pour laquelle il lui supprimait son salaire et le chassait de ses appartements.
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Mais où sont donc passés l'"ouverture", le "dialogue" et la "miséricorde" ?
François est souvent loué pour avoir soutenu la cause Lgbt sous le slogan "Qui suis-je pour juger ?" Mais qui était-il alors pour juger ceux qui, par exemples, refusaient de se faire injecter des produits expérimentaux? Ceux qui rejetaient la propagande LGBT? Ou ceux qui souhaitaient une clarification de son enseignement? Une fausse miséricorde, contraire aux commandements, finit par inventer ses propres commandements. En séparant amour et vérité, elle condamne ceux qui veulent respecter les commandements.
François a évoqué l’espérance dans la bulle du Jubilé 2025 : "L’espérance ne déçoit pas" (Rm 5, 1-2.5).
Dans une lettre, il affirme sa volonté que le Jubilé soit une occasion de "favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance" après deux ans de pandémie". Mais, prévient François, tout cela ne sera possible que si nous sommes capables de retrouver le sens de la fraternité, notamment envers les migrants et les pauvres. Enfin, la mascotte "manga" du jubilé, a été nommée "Luce". Problème, elle a été produite par l’entreprise Tokidoki, qui avait travaillé en collaboration avec la société "Lovehoney", qui vendait des "jouets sexuels".
Sur de nombreuses questions, François n'a pas apporté de réponses , mais a soulevé des doutes et des problèmes. Il a accusé de rigidité ceux qui prétendaient encore avoir recours au pape pour être confirmés dans la foi. Il n'a pas répondu aux dubia des cardinaux.
Le Pontificat des purges vit en 2023 une longue série d'évêques destitués prématurément, et ce, alors que d’autres ecclésiastiques proches du pontife, de Zanchetta à Rupnik, étaient farouchement défendus malgré les énormes scandales dans lesquels ils étaient impliqués. Une distance entre les paroles toujours destinées à exalter la miséricorde, le dialogue et la compréhension se creusait avec des comportements durs et intransigeants, par exemple envers les nombreux ordres religieux placés sous administration spéciale et détruits. François déclarait publiquement à plusieurs reprises que l’avortement était "comme engager un tueur à gages", puis excusait les politiciens pro-avortement, boycottait les associations laïques pro-vie et élevait dans des organisations comme l’Académie pontificale pour la vie des personnes qui considéraient l’avortement comme un droit.
Sur la guerre en Ukraine (son manque de sympathie pour Zelensky), les massacres israéliens à Gaza, le réarmement des États (quelque chose de "fou"), François a été non seulement plutôt dans la lignée des pontificats précédents, mais peut-être même plus courageux, même si ses actions quelque peu "garibaldiennes" et autoréférentielles, incapables d’impliquer véritablement la diplomatie vaticane et les fidèles, ont été, en fin de compte, plutôt infructueuses.
François fractura et divisa profondément l’Église. Il nomma régulièrement des cardinaux de sa mouvance, ce que ne firent ni S. Jean-Paul II ni Benoît XVI, qui au contraire nommèrent leurs opposants.
En 2013, Français assura aux athées : "Vous n'avez pas besoin de croire en Dieu pour aller au ciel."
En 2019, des érudits l’accuserent d'hérésie. En 2020, l'accord d'Abou Dhabi trouvait un débouché cynique mais logique dans l'invitation du président turc Erdoğan au pape François à venir prier dans la "mosquée" Sainte-Sophie. Dans le dit "accord" du 4 février 2019 signé entre le Pape François et le Grand Imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tayeb, se trouvait cette phrase : "le pluralisme et la diversité des religions, des couleurs, du sexe, de la race et de la langue sont une sage volonté divine".
Le Professeur Josef Seifert, philosophe autrichien, docteur de l’université de Salzbourg, demanda alors : "Comment Dieu peut-il vouloir des religions qui nient la divinité et la résurrection du Christ ? Comment cela est-il compatible avec la logique ? Dieu peut-il vouloir que les hommes aient des croyances contradictoires à propos de Jésus-Christ, de Dieu ou de toute autre chose? Comment Dieu dès sa création a-t-il voulu que les hommes tombent dans le péché, adorent les faux dieux, deviennent victimes d'erreurs et de superstitions de toutes sortes, qu'ils adhèrent à des religions subtilement athées ou panthéistes telles que le bouddhisme ou à des religions maudites par l'Ancien Testament et attribuées aux démons et au culte des démons?"
En 2024, François affirmait encore qu'"il n'y a qu'un seul Dieu et chacun a son propre langage pour arriver à Dieu. Sikh, musulman, hindou, chrétien, ce sont des chemins différents." Ces propos tenus à Singapour, alors que François s'adressait à un groupe interreligieux de jeunes ont fait que l'évêque Strikland aux Etats-Unis l'accusa publiquement d'hérésie. Le professeur américain Edward Feser ironisait :
"Si, comme le dit le pape François, nous devions accepter toutes les religions comme des chemins vers Dieu et ne pas les condamner comme fausses, alors cela inclurait le catholicisme traditionaliste, la FSSPX, le sédévacantisme, etc. - Dans ce cas, pour être cohérents, les défenseurs du pape doivent cesser de critiquer ces points de vue."
( Cf. x.com/FeserEdward/status/1835021839367823603)
Le salut éternel, la vie morale et sacramentelle, la personne de Jésus-Christ jetée sur la place publique avec des expressions approximatives, des enseignements incomplets, des déclarations trompeuses. Comme lorsque le pape François inventa que "toutes les religions sont un chemin pour atteindre Dieu", sans plus de précisions, annulant avec ces quelques mots la vérité selon laquelle c'est seulement en Jésus-Christ qu'il y a le salut.
La déclaration Fiducia supplicans signée sous ce pontificat a été critiquée pour sa grande confusion ou son hérésie (par des cardinaux, ce qui est du jamais vu) et a fait l'objet d'un barrage mondial de la part des conférences épiscopales. La foudre même détruisit la clé et la main de la statue de Saint-Pierre le jour de l'anniversaire du pape François, la veille même de la publication de la dite déclaration. Un hasard ?
La disparition du pape François un lundi de Pâques est-elle un signe de la résurrection de l'Église ?
La génération du pape François est en train de disparaître et d'être remplacée par une autre génération plus "conservatrice" davantage soucieuse du sacré, du respect des dogmes, de la religion, et en ce qui concerne les racines chrétiennes, de la souveraineté et de la culture.
Prions pour François.
Et prions pour le prochain pape afin que les oeuvres du Christ continuent.