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Christ Roi

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22 février 2025 6 22 /02 /février /2025 09:19

Pour les anglophones (vous pouvez aussi activer la traduction automatique dans les paramètres de la video), l'ex protestant américain (ex-baptiste) converti au catholicisme, Joshua Charles, a fait une video sur sa chaine ''Eternal Christendom'', pour expliquer pourquoi "contrairement à l'affirmation protestante commune selon laquelle le terme 'catholique' dans les credos historiques était une référence à tous les chrétiens en général qu'ils appellent souvent le 'petit C' catholique (terme entendu chez les presbytériens non confessionnels, les baptistes réformés, etc.), le terme faisait en réalité référence à une communion et à une Église singulière visible et identifiée, avec la même foi, le même culte, [la même eucharistie "légitime".(1)] et le même gouvernement."

 

"Contrairement à ce que l'on m'a dit en tant que protestant, il n'y avait pas de 'petit c' catholique dans l'ancienne Église catholique. C'était toujours et partout un 'grand C' catholique."

''Pour les Pères de l'Église, il n'y avait que des catholiques 'grand C' et des non-catholiques, à savoir les hérétiques et les schismatiques, et il n'y avait rien d'autre entre les deux. [...]

 

Beaucoup de Pères le disent très explicitement, ils avaient à l'esprit une Société chrétienne bien visible et faisant autorité quand ils utilisaient le mot 'catholique' et non une référence générale et vague pour parler de tous les chrétiens, signifiant tous ceux qui prétendaient être chrétiens. Et pas même tous ceux qui prétendaient être trinitaires (parce qu'il y avait des trinitaires hérétiques, mais qui avaient tort sur d'autres points) : toujours ils les considéraient comme non catholiques.

"À la fin de la deuxième moitié du IIe siècle le mot catholique désigne la vraie Église comme distincte des groupes hérétiques". (J.N.D KELLY 1909-1997, théologien et historien des religions britannique spécialiste du christianisme ancien, enseignant à l'Université d'Oxford dans "Early christian doctrines", Revised edition, New York, Harper One, 1978, p. 190)

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

"Il conclut à la page suivante, p. 191 que : 'ce que ces premiers disciples envisageaient était quasiment toujours la communauté visible empirique. Ils n'avaient aucune idée de la distinction qui allait plus tard devenir importante entre une Église visible et une église invisible.'" Fin de citation.

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

"En fait, selon JND Kelly, dans la mesure où existait une idée d'une 'petite église catholique invisible', elle avait tendance à venir des groupes gnostiques qui revendiquaient pour eux-mêmes une sorte de connaissance privée spéciale pour justifier une croyance différente ainsi qu'une séparation de l'Église catholique 'grand C'.

 

"Et en effet, Kelly a raison : il n'y avait pas de 'petite Église catholique' du 'petit c', mais seulement le grand C de l'Église catholique

Cette idée de la seule véritable Église catholique apostolique a existé tout au long du premier millénaire du christianisme.

"La première utilisation du terme d'Église 'catholique' remonte à environ 107 après J.-C. avec S. Ignace, qui fut un compagnon des apôtres Pierre et Jean. 

 

"L'idée même des anciens conciles de l'Église qui ont écrit et défendu les credos - que de nombreux protestants prétendent accepter - présupposent un grand C de l'Église catholique, dans laquelle les chrétiens vivent une unité de foi visible, de culte et de gouvernement.

 

"Ce concept d'un petit c de l'église catholique me semble intentionnellement assez flou car il permet toujours à ses tenants l'autonomie même qui est la base de leur schisme.

 

"À ce jour, j'ai presque huit ans dans cette recherche sur les Pères de l'Église derrière moi, et jusqu'à ce jour, je n'ai trouvé aucune idée de ce sens du mot 'catholique' dans les écrits des Pères de l'Église catholique. Pas une trace.

 

"Ce qui m'a encore plus troublé, c'est que lorsque les Pères décrivaient les hérétiques non catholiques, ils décrivaient invariablement des gens qui me ressemblaient beaucoup quand j'étais protestant, et les diverses confessions protestantes auxquelles j'ai appartenu, à des sectes qui prétendent interpréter les Écritures en dehors de l'autorité de l'Église, qui manquaient souvent de succession apostolique, et donc d'autorité, et des sacrements eux-mêmes, et enseignaient de nouvelles doctrines dont l'adhésion initiale était souvent connue sous le nom de leurs fondateurs (luthériens, ariens, calvinistes, etc.), et au moins initialement, étaient confinées à un emplacement géographique déterminé.

Cette description des groupes hérétiques continue de s'appliquer aujourd'hui à des milliers de sectes protestantes, en contraste avec ce qui existe dans le 'grand C' de l'Église catholique.

 

"Donc, sans plus tarder je vais mentionner les citations des Pères de l'Église qui illustrent ce concept (d'une Église visible avec une unité de foi, de culte et de gouvernement). Il existe une multitude de citations.

Saint Ignace d'Antioche († v. 107), compagnon des Apôtres Pierre et Jean, dans sa Lettre aux Smyrniotes 8, écrite v. 107 alors qu'il était en route vers Rome pour y mourir martyr :

 

"Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Cerf 1990, p. 207-208.)

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

C'est ici, dans l'histoire, la première mention de l'Église 'catholique'.

 

Vous pourriez aussi dire que le concept que le mot recouvre se trouve aussi dans les Écritures sous certaines formes, mais nous laissons cela de côté pour l'instant.

 

Remarquez que cela est également très clair dans ses autres lettres (Lettre aux Ephésiens 20; Lettre aux Magnésiens 3; Lettre aux Tralliens 2; Trall. 7; Lettre aux Romains 9; Lettre aux Philadelphiens introduction et Philadel. 4) : S. Ignace relie l'Église catholique à l'endroit (géographique) où se trouve l'évêque. Et il parle d'être avec l'évêque et de ne rien faire de ce qui regarde l'Église en dehors de l'évêque. 

 

Donc l'Église catholique est connectée à une réalité visible, tangible, unie autour de l'autel eucharistique, ce n'est pas un terme général pour quiconque prétend être chrétien, et certainement pas quelqu'un qui s'est éloigné de l'évêque : il n'aurait pas été considéré comme catholique par S. Ignace.

Le Fragment de Muratori

 

Le fragment de Muratori, la plus ancienne ébauche de canon néotestamentaire (avec le canon de S. Irénée de Lyon dans Contre les Hérésies v. 180), est une traduction d'un original en grec dont une référence au Pasteur d'Hermas et à l'évêque de Rome Pie (140-155) ont permis de le dater d'entre la fin du IIe siècle et le IVe siècle, avec une "origine orientale". (Harry Gamble, The Formation of the New Testament Canon and Its Significance for the History of Biblical Interpretation, dans Alan J. Hauser et Duane F. Watson (éds.), A History of Biblical Interpretation, vol. I : The Ancient Period, Wm. Β. Eerdmans Publishing, 2003, p. 410). Et voici ce que ce dit ce Fragment de Muratori, en référence à S. Paul :

 

'Il a écrit en plus de ces livres, une lettre à Philemon et une à Tite, et deux à Timothée, dans une simple affection et amour personnels, mais ces livres sont sacrés dans l'estime de l'Église catholique et dans la réglementation de la discipline ecclésiastique. Il y a aussi en circulation une lettre aux Laodicéens, et une aux Alexandriens, contrefaites sous le nom de Paul, et adressées contre l'hérésie de Marcion. Et il y a encore d'autres supposés livres de l'Écriture qui ne peuvent pas être accueillis dans l'Église catholique car il ne convient pas de mélanger le fiel avec le miel.'"

La non réception dans le canon catholique de deux fausses lettres de Saint Paul au IIe s. montre que l'Eglise catholique n'est une vague référence générale.

La non réception dans le canon catholique de deux fausses lettres de Saint Paul au IIe s. montre que l'Eglise catholique n'est une vague référence générale.

Ici ce qui est intéressant c'est que l'on voit que des faux, écrits sous le nom de Paul, circulaient au IIe siècle, et bien qu'écrits soit-disant pour combattre l'hérésie, ils n'ont 'pas été reçus dans l'Église catholique'. Nous voyons par cet exemple que l'Église catholique n'est pas cette vague référence générale pour tous ceux qui se prétendent chrétiens. Marcion se considérait comme chrétien, il croyait quelque chose comme la Trinité, mais il rejetait l'Ancien Testament (et il fut appelé le 'Fils aîné de Satan' par S. PolycarpeNdlr.)

Tertullien (150-220), (qui lutta contre le gnosticisme de Marcion) mais qui n'est pas un Père de l'Église car tombé dans l'hérésie montaniste à la fin de sa vie, mais est au IIIe siècle un important écrivain ecclésiastique, écrit v. 200 dans Contre les hérésies, chapitre 30 :

 

'Où était alors Marcion, le pilote du Pont, si zélé pour le stoïcisme? Où était Valentin, le disciple du platonisme ? On sait qu'ils ne sont pas tellement anciens : ils vécurent à peu près sous le règne d'Antonin (138-161). Ils crurent d'abord à la doctrine de l'Église catholique dans l'Église romaine sous l'épiscopat du bienheureux Eleuthère (175-189), jusqu'au jour où leur curiosité toujours inquiète, par où ils corrompaient leurs frères mêmes, les en fit expulser par deux fois, Marcion avec les deux cent mille sesterces qu'il avait apportés à l'Église. Puis, exilés dans une séparation perpétuelle, ils dispersèrent le venin de leurs doctrines.'

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

Tertullien fait donc référence à l'Église 'catholique' et il la relie à cet égard en particulier à l'évêque de Rome Eleuthère, le pape, qui expulsa les hérétiques Marcion et Valentin. Donc vous ne pouvez pas expulser de l'Église catholique un chrétien autoproclamé si vous ne pouvez pas identifier ce qui est catholique et ce qui ne l'est pas !

 

Donc encore une fois, l'Église 'catholique' est liée à une réalité visible, tangible, l'épiscopat, la fonction d'évêque qui peut vous excommunier. Pas seulement un terme général vague. 

Nous voyons cela encore plus dans les écrits de Saint Cyprien (200-258), lorsque l'empereur Dèce exigeant de chaque sujet un sacrifice aux dieux de l'empire pour sa prospérité et alors que surgit le problème des lapsi (chrétiens qui ont sacrifié et sont considérés comme apostats mais que Cyprien souhaite réintégrer dans la communauté sans autre forme de pénitence).

Cyprien, cet homme courageux et merveilleux, probablement mort dans une arène de gladiateurs romains, martyr à Carthage (Tunis), argumente dans sa lettre 66 "à Florentius, autrement dit puppianus", l'année 254 que "l'évêque est dans l'Église et l'Église dans l'évêque, et que si quelqu'un n'est pas avec l'évêque, il n'est pas dans l'Église" :

 

'Vous écrivez encore que ... ceux-là seuls sont restés hors de l'Église, qu'il eût fallu en chasser s'ils avaient été dedans. Le Seigneur, Protecteur et Gardien de son peuple, ne permet pas que le bon grain soit emporté loin de son aire, mais seulement que la paille puisse être éloignée de l'Église. L'Apôtre dit en effet : "Mais quoi ? Si quelques uns n'ont pas cru, leur incrédulité a-t-elle anéanti la Fidélité de Dieu ? Loin de nous une telle pensée ! Dieu est véridique, et tout homme est menteur" (Rm 3,3-4). Et le Seigneur Lui-même dans l'évangile, voyant les disciples le quitter au milieu de son discours, se tourna vers les Douze et leur dit : "Est-ce que vous aussi, vous voulez vous en aller ?" Pierre Lui répondit : "Seigneur, à qui irions nous : c'est Toi qui as la parole de la vie éternelle, et nous Te croyons et reconnaissons que Tu es le Fils du Dieu vivant". (Jn 6,67-69). Celui qui parle là, c'est Pierre, sur qui l'Église avait été bâtie, et au nom de l'Église, il fait voir que quand bien même une multitude en révolte et refusant d'obéir s'éloignerait, l'Église cependant ne s'éloigne pas du Christ; il montre que l'Église, c'est pour lui le peuple uni à son pontife, et le troupeau resté près du pasteur. Par là, vous devriez comprendre que l'évêque est dans l'Église et l'Église dans l'évêque, et que si quelqu'un n'est pas avec l'évêque, il n'est pas dans l'Église; que ceux-là se flattent et se font illusion qui, subrepticement et en cachette, veulent communiquer avec certains, puisque l'Église qui, tout entière est une, n'est pas en plusieurs morceaux séparés, mais ne forme qu'un tout dont l'union des évêques est le lien.
C'est pourquoi, frère, si vous voulez songer à la Majesté de Dieu qui ordonne les évêques, si vous tournez vos pensées vers le Christ dont la Volonté souveraine, présente à son Église et à ses chefs, les gouverne les uns et les autres, si pour juger de l'innocence des évêques, vous nous en rapportez, non à la haine des hommes, mais au Jugement de Dieu.'

 

Donc, encore une fois, comme l'a fait S. Ignace d'Antioche v. 107, S. Cyprien de Carthage vers 258 relie la réalité de l'Église catholique à l'évêque, avec le fait d'être avec vos prêtres, d'être avec vos évêques et la cohésion de ces évêques ensemble. Notez qu'il a parlé de l'Église qui ne peut jamais s'éloigner du Christ, ce qui a trait à l'indestructibilité et l'indéfectibilité de l'Église, que nous voyons très fréquemment chez les Pères de l'Église.

Saint Cyprien est également l'auteur de "De l'Unité de l'Église" où il argumente ainsi à propos de l'"unité évidente" (Voir aussi http://orthodoxievco.net/ecrits/peres/cyprien/unite.pdf ) :

 

Cela arrive, mes frères bien aimés, parce qu’on ne remonte pas à l’origine de la vérité; parce qu’on ne cherche pas le principe, parce qu’on ne conserve pas la doctrine du maître céleste.

 

4° Si on se livrait à cet examen, on n’aurait besoin ni de longs traités, ni d’arguments. Rien de plus facile que d’établir sur ce point la foi véritable. Dieu parle à Pierre: Je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les puissances des enfers n’en triompheront jamais. Je te donnerai les clefs du royaume du Ciel, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le Ciels et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le Ciel (Matt., XVI.). Après sa résurrection, il dit au même apôtre : Pais mes brebis. Sur lui seul il bâtit son Église, à lui seul il confie la conduite de ses brebis. Quoique, après sa résurrection,. il donne à tous ses apôtres un pouvoir égal, en leur disant : : Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie; recevez le Saint-Esprit les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez (Joan., XX), cependant, afin de rendre l’unité évidente, il a établi une seule chaire et, de sa propre autorité, il a placé dans un seul homme le principe de cette même unité. Sans doute les autres apôtres étaient ce que fut Pierre; ils partageaient le même honneur, la même puissance, mais tout se réduit à l’unité. La primauté est donnée à Pierre, afin qu’il n’y ait qu’une seule Église du Christ et une seule chaire. Tous sont pasteurs; mais on ne voit qu’un troupeau dirigé par les apôtres avec un accord unanime. L’Esprit-Saint avait en vue cette Eglise une, quand il disait dans le Cantique des cantiques : Elle est une ma colombe, elle est parfaite, elle est unique pour sa mère... (Ct., VI,9). Et celui qui ne tient pas à l’unité de l’Église croit avoir la foi ! Et celui qui résiste à l’Église, qui déserte la chaire de Pierre sur laquelle l’Église repose, se flatte d’être dans l’Église! Ecoutez l’apôtre saint Paul; il expose lui aussi le dogme de l’unité : Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous (Ephés., IV, 5-6).

 

Nous devons tenir fortement à cette unité, nous devons la défendre, nous surtout évêques, qui occupons la première place dans l’Église, afin que le corps épiscopal soit un et indivisible. Que personne n’altère, par le mensonge, la fraternité qui nous unit; que personne, par des enseignements perfides, ne nuise à la sincérité de notre foi. L’épiscopat est un, chacun de nous possède cette dignité solidairement avec ses frères. [...]

 

5° Ce dogme de l’unité est figuré dans l’Évangile par la tunique du Christ : les soldats ne la partagèrent pas; mais ils La tirèrent au sort et ainsi elle resta dans son entier. Écoutez l’évangéliste : Quant à la tunique, comme elle n’était pas cousue, mais entièrement tissée, ils se dirent les uns aux autres : ne la partageons pas, mais tirons au sort pour voir à qui elle appartiendra (Joan., XIX.). Elle représentait cette unité qui vient du Ciel, c’est-à-dire de Dieu, qui ne peut être violée par les hommes, mais qui doit subsister en entier et sans la moindre altération. Or, comment posséder le vêtement du Christ, quand on scinde et qu’on divise l’Église du Christ? 

[...] Qui donc pousserait assez loin la scélératesse, la perfidie ou la fureur de la discorde pour croire qu’on peut scinder l’unité divine pour oser déchirer la robe du Seigneur, l’Église du Christ? Il nous dit lui-même dans son Évangile : Il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul pasteur (Jn, X,16.); et vous croyez que, dans le même lieu, il peut exister plusieurs pasteurs ou plusieurs troupeaux? L’apôtre saint Paul nous recommande la même unité : Je vous supplie, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de suivre tous la même doctrine, afin qu’il n’y ait pas de schismes parmi vous. Soyez unis dans le même sentiment, dans la même croyance (I Cor., I,10). Il dit encore : Supportez-vous les uns les autres dans la charité; efforcez -vous de conserver l’unité de l’esprit dans le lien de la paix. Vous croyez qu’on peut vivre hors de l’Église, qu’on peut s’y établir une demeure, alors qu’il fut dit à Raab, qui était la figure de l’Église : Introduis dans ta maison ton père, ta mère, tes frères, toute ta famille, et quiconque en franchira le seuil périra (Jos., II)? De même, dans l’Exode, la cérémonie de la Pâque porte que l’agneau, qui est la figure du Christ, doit être mangé dans une seule maison. Écoutez plutôt la parole du Seigneur : Il sera mangé dans une seule maison et vous ne jetterez dehors aucune partie de sa chair (Exod., XII.). Jeter dehors la chair de Jésus-Christ, le Saint du Seigneur, serait un sacrilège : les croyants n’ont donc qu’une seule maison, qu’une seule Église. C’est cette maison,. c’est l’harmonie qui y règne que le Saint-Esprit a en vue quand il dit dans les Psaumes: Dieu réunit dans la même demeure ceux qui sont unis par la même pensée, le même sentiment (Ps. LXVII); c’est-à-dire, dans la maison de Dieu, dans l’Église du Christ, habitent les âmes simples, unies ensemble par les liens d’une foi commune. Voilà pourquoi l’Esprit-Saint se montre sous la forme d’une colombe. La colombe est un oiseau simple et joyeux, sans fiel, sans violence; il ne déchire ni avec son bec ni avec ses ongles; il aime les habitations humaines, se contente d’une seule demeure. Les colombes élèvent leurs petits en commun, volent ensemble serrées les unes contre les autres, vivent en famille, témoignent leur amour par des caresses, en un mot, elles paraissent n’avoir toutes qu’un même sentiment. Ainsi, dans l’Église, ayons cette simplicité, cette charité qui fait de nous des colombes, cette douceur et cette innocence qui nous rend semblables aux agneaux et aux brebis. La férocité des loups, la rage des chiens, le venin mortel des serpents, la cruauté des bêtes sauvages peuvent-ils trouver place dans un coeur chrétien? Lorsque des hommes souillés de ces passions infâmes se séparent de l’Église, il faut s’en féliciter; du moins ils n’infecteront pas de leur contagion mortelle les colombes et les brebis du Christ. L’amertume ne peut s’unir à la douceur, l’obscurité à la lumière, la pluie à la sérénité, la lutte à la paix, la stérilité à l’abondance, la sécheresse â la source, la tempête au calme de l’atmosphère.

 

Ce ne sont pas les bons, croyez-le bien, qui peuvent se séparer de l’Église. Le vent n’emporte pas le pur froment, la tempête ne renverse pas le chêne solidement assis sur ses racines. C’est la paille inutile que le vent emporte; c’est l’arbre faible et sans vigueur qui est renversé par les tourbillons. Ils sont sortis du milieu de nous, dit l’apôtre saint Jean, mais ils ne furent jamais des maitres; s’ils l’avaient été, ils seraient restés avec nous (I Jn., II,19). La cause des hérésies passées et présentes ce sont ces esprits pervers qui ne peuvent rester en paix, ces hommes perfides qui brisent les liens de l’unité. Dieu permet et souffre ces désordres pour laisser à la liberté humaine toute son intégrité. Ainsi l’examen de la vérité devient pour le coeur et l’esprit une épreuve décisive, et la foi des élus en sort victorieuse pour se montrer au grand jour. L’Esprit-Saint, d’ailleurs, a eu soin de nous en prévenir par la bouche de l’apôtre: Il faut qu’il y ait des hérésies pour faire connaître les vrais disciples du Christ (I Corint., XI,19). Par là les fidèles sont éprouvés, les perfides. découverts; même avant le jour du jugement, les âmes des justes sont séparées de celles des méchants et le froment delà paille.

 

Ces chefs de secte se placent d’eux-mêmes et sans l’ordre divin à la tête de leurs concitoyens; ils s’emparent du pouvoir, sans s’inquiéter de l’ordination qui le donne; ils prennent le titre d’évêques, sans que personne leur confère l’épiscopat. L’esprit nous les représente, au livre des Psaumes, assis dans la chaire empestée; ce sont, dit-il, les fléaux de la foi; sur leur langue réside la malice du serpent; ils sont habiles à corrompre la vérité; ils vomissent de leur bouche empoisonnée des venins mortels; leur parole se glisse comme la vipère; leur contact seul frappe d’une blessure mortelle les esprits et les coeurs. Le Seigneur s’élève contre ces faux prophètes; il cherche à en détourner son peuple : N’écoutez pas leurs paroles, dit-il, car ils sont le jouet de leurs propres visions. Ils parlent, mais ce n’est pas Dieu qui parle par leur bouche. Ils disent à ceux qui repoussent la parole du Seigneur: la paix sera avec vous. Ils disent à ceux qui suivent leurs conseils perfides: tout homme qui suit le mouvement de son coeur n’a à craindre aucun mal. Je n’ai jamais parlé à ces faux prophètes, dit le Seigneur; ils prophétisent de leur propre autorité. S’ils étaient restés fidèles à ma loi, s’ils avaient écouté ma parole, s’ils avaient travaillé à instruire mon peuple, je les aurais détournés de leurs funestes pensées (Jér. XXIII). Le Seigneur désigne encore ces mêmes prophètes lorsqu’il dit : Ils m’ont abandonné, moi la fontaine d’eau vive, et ils se sont creusé des réservoirs vermoulus qui ne peuvent contenir l’eau (Jér., II.) Il ne peut y avoir qu’un baptême, et eux pensent pouvoir baptiser (On peut voir ici le principe des erreurs de Saint Cyprien relativement au baptême conféré par les hérétiques.). Après avoir quitté la fontaine de vie, ils promettent la grâce de l’eau régénératrice. Loin de purifier les. hommes, ils les souillent davantage; loin de laver les fautes, ils les multiplient. Une telle génération donne des enfants, non à Dieu, mais au démon. Nés du mensonge, ils n’ont aucun droit aux promesses de la vérité; issus de la perfidie, ils perdent la grâce de la foi. Peuvent-ils compter sur, la paix ceux qui, aveuglés par l’esprit de discorde, ont ruiné la paix du Seigneur?

 

Certains pourraient peut-être se faire illusion, en interprétant mal ces paroles du Christ : Là où se trouvent deux ou trois personnes réunies en mon nom, je suis au milieu (125) d’elles ( Matt., XVIII..). Ces corrupteurs de l’Évangile, ces faux interprètes des Écritures citent la fini du texte et en suppriment le commencement, selon les besoins de leur cause. De même qu’ils sont eux-mêmes retranchés de l’Église, ils scindent, pour en altérer le sens, les paroles de l’Écriture. Le Seigneur, exhortant ses disciples à la concorde et à la paix, leur dit : Si deux d’entre vous s’entendent sur la terre pour une chose à demander, quelle qu’elle soit, elle vous sera accordée par mon Père qui est dans le Ciel; car là où se trouvent deux ou trois personnes réunies en mon nom, je suis au milieu d’elles. Il montre par là que la grâce est accordée, non à la multitude de ceux qui prient, mais à la concorde et à la charité qui les animent. Si deux d’entre vous, dit-il, s’entendent sur la terre: voilà la concorde; il la place en première ligne, il nous y exhorte de tout son pouvoir. Or, comment peut-on se mettre d’accord avec quelqu’un, lorsqu’on est séparé du corps de l’Église et de toute la société des frères? Comment deux ou trois personnes peuvent-elles se réunir au nom de Jésus-Christ, lorsqu’il est certain qu’elle sont séparées de Jésus-Christ et de son Évangile? Ce n’est pas nous qui nous sommes éloignés d’eux, mais ils se sont éloignés de nous. De là les hérésies et les schismes : en cherchant à former des assemblées hors du sein de l’Église, ils ont abandonné le principe et la source de la vérité.

 

[...] 7° C’est pour cela que Jésus a dit en nous imposant la loi de la prière : Lorsque vous vous mettrez a prier, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans le Ciel vous pardonne vos péchés (Marc., XI.). Il repousse de l’autel celui qui vient offrir son sacrifice avec la haine dans le coeur; il lui ordonne d’aller d’abord se réconcilier avec son frère et de venir ensuite présenter son offrande. Dieu n’accueillit pas les présents de Cain : il ne pouvait être en paix avec Dieu celui qui par jalousie avait voué à son frère une haine aveugle. Quelle paix peuvent donc se promettre nos ennemis? quels sacrifices croient-ils célébrer quand ils dressent autel contre autel ? s’imaginent-ils que le Christ assiste à leurs réunions, alors que ces réunions se font hors de l’Église? Leur crime est si grand que, s’ils mouraient en confessant la foi, leur sang ne suffirait pas à le laver. La discorde anéantit toute charité; rien ne peut l’expier, pas même le martyre. Peut-il y avoir des martyrs hors de l’Église? Peut-on arriver au royaume céleste, quand on abandonne celle en qui nous devons régner? Le Christ nous a donné la paix; il nous a recommandé la concorde et l’union; il nous a prescrit de conserver dans leur intégrité les liens de la charité et de l’amour il ne peut donc se dire martyr celui qui ne persévère pas dans la charité fraternelle. C’est aussi la doctrine de l’apôtre saint Paul: Quand ma foi serait capable de transporter les montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, je ne gagne rien. La charité est magnanime, bienveillante, sans jalousie, sans pensée amère; elle ne s’enfle pas, ne s’irrite pas, ne pense pas le mal; elle aime tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne périt pas (I Corint., XIII). Vous l’entendez, mes bien-aimés, la charité ne périt pas; elle vivra dans le royaume céleste; elle sera le lien éternel et indissoluble des élus. Mais, pour la discorde, elle sera à tout jamais frappée d’exclusion.

 

Le Christ a dit : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés moi-même. Il a promis une récompense à ceux qui observeraient ce précepte : comment mériterait-il la récompense celui qui, par des dissensions perfides, anéantit la charité du Christ? Celui qui n’a pas la charité ne possède pas Dieu, dit l’apôtre saint Jean, car Dieu est amour; celui qui persévère dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (I Jn 4,12). Les déserteurs de l’Église de Dieu ne peuvent demeurer en Dieu. Qu’ils périssent dans les flammes, qu’ils meurent sous la dent des bêtes, ce n’est pas un-titre à la récompense, mais le châtiment de leur perfidie; ce n’est pas la fin glorieuse d’une vie chrétienne , mais le dernier acte d’un aveugle désespoir. Ils peuvent recevoir la mort, mais non pas la couronne. Ils se disent chrétiens, comme le démon se dit le Christ, selon cet avertissement du Maître : Plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ; et ils séduiront la multitude (Marc., XIII,6.). De même que le démon n’est pas le Christ, quoiqu’il se serve de son nom pour séduire, ainsi l’homme qui ne persévère pas dans la vérité (le l’Évangile et de la foi ne peut se dire chrétien. Certes, c’est une chose sublime et admirable que de prophétiser, chasser les démons, opérer des prodiges; et pourtant le dépositaire de tous ces pouvoirs ne peut arriver au royaume céleste qu’autant qu’il suit le chemin de la vérité et de la justice. Le Maître nous en avertit lui-même : Plusieurs diront en ce jour : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé, n’avons-nous pas chassé les démons, n’avons-nous pas fait de grands prodiges en votre nom? et je leur dirai : Je ne vous connais pas; éloignez-vous de moi, hommes d’iniquité (Matt., VII,22). C’est par la justice qu’on peut fléchir la justice de Dieu; c’est en obéissant à ses préceptes que nous pouvons obtenir la récompense due à nos mérites.

 

Le Seigneur établit en deux mots, dans l’Évangile, les fondements de notre espérance et de notre foi : Votre Dieu, dit-il, est un Dieu unique. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre coeur, de tout votre esprit et de toutes vos forces c’est là le premier commandement. Le second commandement est semblable au premier : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Dans ces deux commandements se trouvent toute la loi et les prophètes (Marc, XII). En renfermant dans deux préceptes les prophètes et la loi, le Seigneur nous recommande l’unité et la charité. L’unité et la charité! ils s’en occupent bien ces fauteurs de discordes qui. emportés par une haine aveugle, scindent l’Église, détruisent la foi, troublent la paix, ruinent la charité, profanent nos mystères.

 

[...]

 

8° Tels sont les hommes que nous devons fuir; la parole du Seigneur est formelle : Ce sont des aveugles, dit-il, et des conducteurs d’aveugles. Si un aveugle conduit un autre aveugle, tous deux tomberont dans la fosse (Matt., XV). Si un homme est séparé de l’Église, évitez-le, fuyez-le. C’est un pervers, un pécheur, condamné par sa propre conduite. Eh quoi! il s’imagine être avec le Christ, celui qui agit contre les prêtres du Christ, qui se sépare de l’assemblée du clergé et du peuple du Christ? Armé contre l’Église, il combat l’institution de Dieu. Ennemi de l’autel et du divin sacrifice, perfide envers la foi, sacrilège envers la religion, serviteur désobéissant, fils impie, frère révolté, il méprise les évêques de Dieu, il abandonne ses prêtres et il dresse un autel étranger; il fait monter vers le Ciel une prière sacrilège, il profane par un sacrifice menteur la sainteté de l’hostie divine. Il ne sait donc pas que ceux qui s’élèvent contre l’ordre divin sont punis de leur audacieuse témérité? Coré, Dathan et Abiron, révoltés contre Aaron et Moïse, avaient voulu s’attribuer l’honneur d’offrir à Dieu des sacrifices; à l’instant même, ils reçurent leur châtiment : la terre s’entrouvrit sous leurs pas et les engloutit vivants dans ses profondeurs. La justice divine ne se contenta pas de frapper ceux qui furent les auteurs de la sédition; mais deux cent cinquante hommes qui avaient partagé leur crime, en s’attachant à leur parti, périrent consumés par le feu du Ciel. Dieu nous montre par ce châtiment terrible que les méchants, en cherchant à détruire l’ordre divin, s’attaquent à Dieu lui-même. Il en fut de même du roi Osias. Malgré la loi divine et les résistances du grand prêtre Azarias, il porta la main à l’encensoir et s’arrogea par la violence le droit de sacrifier. Le châtiment ne se fit pas attendre : frappé par la colère divine, son front fut souillé de la lèpre. Ainsi cette partie du corps où Dieu imprime un caractère sacré pour désigner ses élus, porta les traces de-la vengeance céleste. Les fils d’Aaron placèrent sur l’autel un feu profane : ils furent frappés de mort en présence du Dieu qu’ils avaient offensé. Ils imitent ces grands coupables ceux qui s’attachent à des doctrines étrangères, méprisent la tradition divine et lui substituent leurs propres folies. Le Seigneur s’élève contre eux dans son Évangile : Vous rejetez l’ordre de Dieu pour établir vos traditions (Marc, VII).

 

Ce crime est pire que celui des apostats qui, admis à la pénitence, cherchent à fléchir la justice du Ciel par leurs expiations. Chez ceux-ci on cherche l’Église, on implore son pardon; chez les hérétiques on lui résiste en face. Un apostat a pu céder à la violence; l’hérétique, de son plein gré persévère dans le crime. En succombant dans la persécution, on ne nuit qu’à soi-même; en se mettant à la tête d’une hérésie ou d’un schisme, on entraîne la multitude et on la trompe. Dans le premier cas, il n’y a danger que pour une seule âme, dans le second, que d’âmes se perdent! Celui qui tombe comprend sa faute, il la déplore amèrement; mais l’hérétique se glorifie de son crime, il s’y complaît, il sépare les enfants de la mère, les brebis du pasteur, il profane les’ sacrements institués par Dieu lui-même. Le premier ne pèche qu’une fois, le second tous les jours. Enfin l’apostat peut encore recevoir la palme du martyre et par suite la couronne céleste; mais le sectaire, mis à mort hors de l’Église, n’a droit à rien.

 

Ne vous étonnez pas, mes frères bien-aimés, de voir des confesseurs tomber dans l’hérésie : ce n’est pas plus étonnant que d’en voir d’autres commettre des fautes graves. La confession du nom de Jésus-Christ ne nous garantit pas des embûches du démon, pas plus qu’elle n’éloigne entièrement de nous, pendant cette vie, les tentations, les périls, les séductions du siècle. S’il en était ainsi, nous ne verrions pas, chez des hommes qui ont confessé la foi, ces fraudes, ces impuretés, ces adultères qui arrachent parfois nos gémissements et nos larmes. Pour être confesseur, on n’est ni plus grand, ni plus saint, ni plus cher à Dieu que Salomon. Tant qu’il marcha dans la voie du Seigneur, Salomon conserva son amitié; en quittant le droit chemin, il perdit la grâce divine, selon cette parole de l’Écriture : Le Seigneur excita Satan contre Salomon lui-même. De là cette autre parole: Soyez fidèle, de peur qu’un autre ne reçoive votre couronne (Apoc., III). Dieu nous parlerait-il de la perte de la couronne de la sainteté, si en perdant la sainteté nous ne perdions infailliblement la couronne ?

 

La confession du nom chrétien est le commencement de la gloire, mais elle n’assure pas définitivement la récompense céleste; elle rehausse notre dignité, mais sans nous conduire au couronnement de l’édifice. Il est écrit: Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé; donc tout ce qu’on fait avant la fin est un degré par lequel on arrive au faîte du salut. Mais ce n’est pas encore le salut.

 

 

Je vous en supplie, mes frères bien-aimés, si c est possible, qu’aucun de vous ne périsse : c’est là que tendent mes conseils et mes exhortations. Que l’Église, notre mère, fière de sa fécondité, renferme dans son sein tout un peuple ne formant qu’un seul corps, n’ayant qu une seule et même foi. Si certains schismatiques, auteurs de toutes nos dissensions, s’obstinent dans leur aveugle démence et repoussent nos conseils salutaires, vous, du moins, dont la simplicité a été surprise, vous, séduits un instant par les artifices de l’erreur, brisez ces liens perfides où vous êtes enveloppés, sortez de ces sentiers ténébreux, reconnaissez la route qui conduit directement au Ciel. Écoutez l’apôtre :

 

Nous vous prescrivons, au nom de Jésus-Christ, de vous séparer des frères qui marchent en dehors de toute règle et non selon la tradition qu’ils ont reçue de nous. Ne vous laissez pas égarer, dit-il encore, par des paroles trompeuses; car c’est à cause de cela que Dieu a fait tomber sur le peuple rebelle le poids de sa colère. Ne participez donc pas à leurs erreurs (II Thess., III, 6-14)."

(Fin de citation De l'Unité de l'Eglise de S. Cyprien)

Au Concile de Nicée en 325 au IVe siècle, dans ses différents documents, nous voyons comment est utilisé le terme catholique d'une façon très claire qui ne signifie pas le 'petit C' catholique d'un concept vague et général pour tous ceux qui se diraient chrétiens, mais dans Echthesis : 

 

'Ceux qui disent qu'il fut un temps où le Fils fut, et un temps où il n'était pas, parce qu'il n'était pas avant d'être engendré, ou qu'il fut (tiré) du néant ou d'une autre essence, disant du fils de Dieu qu'il est muable ou altérable, ceux-là, l'Église catholique et apostolique les anathématise.'

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

Donc, encore une fois, très concrètement, cela parle de gens qui bien que se disant chrétiens ariens au IVe siècle, ils étaient anathématisés, c'est-à-dire qu'ils ne faisaient plus parti de l'Église catholique. Cela suppose que l'Église catholique a la même foi, le même culte, le même gouvernement.

 

Consultons également les canons 8 et 19 du premier Concile de Nicée.

 

Canon 8 : 

'Au sujet des clercs de ceux qui s'appellent eux-mêmes les cathares (novatiens) (2) le grand concile décide, si jamais ils veulent entrer en groupe dans l'Eglise catholique et apostolique, qu'on leur impose les mains, et qu'ils restent ensuite dans le clergé ; mais avant tout ils promettront par écrit de se soumettre aux règles disciplinaires de l'Eglise catholique et apostolique, et d'y conformer leur conduite.'

 

L'Église catholique n'est pas une communauté vague et générale. Il est dit que pour être catholique vous devrez promettre de suivre 'les règles disciplinaires de l'Église'.

 

Canon 9 :

'De ceux qui sont promus au sacerdoce sans enquête.
Si quelques-uns ont été sans enquête élevés à la prêtrise, ou si au cours de l'enquête ils ont avoué leurs fautes et malgré cet aveu des hommes désobéissant au canon leur ont imposé les mains, le canon n'admet pas de tels sujets dans le clergé ; car l'Église catholique exige d'être irrépréhensible."

 

Ce genre de terme ne sont pas possibles dans une communauté vague et générale. Il s'agit au contraire d'une communauté visible, tangible, une dans la foi, le culte et le gouvernement.

Canon 19

 

"A l'égard des paulianistes (3) qui reviennent à l'Église catholique, une ordonnance fut édictée, portant qu'ils doivent absolument être rebaptisés. Si quelques-uns d'entre eux étaient auparavant membres de leur clergé, ils seront rebaptisés, puis ordonnés par l'évêque de l'Eglise catholique, à la condition toutefois qu'il aient eu une vie sans tache et irréprochable ; mais si l'enquête montre qu'ils sont indignes, on doit les exclure du clergé."

 

Ici encore, il s'agit d'un autre groupe hérétique qui niait la divinité du Christ. S'ils voulaient revenir à l'Eglise catholique, ils devaient être rebaptisés, probablement parce qu'ils n'ont pas eu de baptême trinitaire valide. C'est vrai aujourd'hui pour les 'Saints des derniers jours, les Mormons. 

 

C'est très concret, très tangible, ce n'est ni vague ni ambigü. C'est une communauté qui établit des lois pour la conduite de ses membres. C'est une société visible, spécifique, encore une fois unie dans la foi, le culte et le gouvernement.

Saint Cyrille de Jérusalem 315-387, Conférence 18, 23-26_vers 350:

 

'Elle est appelée catholique parce qu'elle s'étend sur tout le monde d'un bout à l'autre de la Terre et parce qu'elle enseigne universellement et complètement toutes les doctrines qui devraient parvenir à la connaissance des hommes concernant les choses visibles et invisibles, célestes et terrestres, et parce qu'elle soumet à la piété toute la race humaine, gouverneurs et gouvernés, savants et ignorants, et parce qu'elle traite et guérit universellement toute la classe des péchés commis par l'âme ou le corps et possède en elle-même toute forme de vertu qui est nommée à la fois dans les actes et les paroles et dans chaque sorte de don spirituel.'

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

Donc ici encore Saint Cyrille de Jérusalem ne fait pas mention des chrétiens autoproclamés qui ont des doctrines différentes et contradictoires. Saint Cyrille dit même le contraire : l'Église est catholique parce que d'un bout à l'autre de la Terre, elle enseigne la même foi, et vraisemblablement elle a le même culte parce que c'est en quelque sorte un sujet intrinsèque pour la foi. Car vous le savez, si vous avez une foi, vous avez un mode particulier de culte.

 

Donc encore une fois, on a quelque chose de concret, tangible, ce n'est pas une référence vague ou générale.

A la section 26 de la leçon catéchétique 18, S. Cyrille écrit :

'Mais puisque le mot église est appliqué à différentes choses, et puisque l'on peut dire à juste titre et en vérité qu'il existe des églises de malfaiteurs, je veux dire les rassemblements d'hérétiques, Marcionistes, Manichéens et autres, pour cette raison, la foi vous a solidement établis, vous les nouveaux convertis, dans une seule sainte Église catholique" (Fin de citation) pour que vous évitiez leurs funestes réunions et que vous demeuriez toujours dans la 'seule sainte Église catholique dans laquelle vous avez été régénérés !' 

Pourquoi dans l'Église primitive le terme ''catholique'' renvoie-t-il à une Église hiérarchique, bien visible, singulière et identifiée ?

Le canon 7 du concile de Constantinople 381 mentionne :

 

"Ceux qui de l'hérésie se convertissent à l'orthodoxie, et ceux qui sont en voie de salut, nous les recevons selon la méthode et la coutume suivantes : les ariens, les macédoniens, les sabbatiques, les novatiens qui se disent cathares (purs) ou aristori, les quartodécimains ou tétradites et les apollinaires, nous les recevons, sur présentation d'une renonciation écrite, et nous anathématisons toute hérésie qui n'est pas conforme à la sainte, catholique et apostolique Église de Dieu."

 

Le canon 7 du concile oecuménique de Constantinople (381) fait référence à de multiples groupes hérétiques qui se seraient tous considérés comme chrétiens, dont certains auraient même affirmé une certaine forme de Trinité, et pourtant il est mentionné qu'ils ne font pas partie de l'Église catholique et qu'ils doivent faire une déclaration écrite de renonciation à leurs erreurs.

 

Ce concile mentionne explicitement que le mot catholique se réfère donc à quelque chose de très concret et particulier. Il n'y a rien de compatible avec une petite idée catholique dans ces conciles oecuméniques.

Le concile de Constantinople 381 établit le symbole de foi de Nicée-Constantinople qui complète celui de Nicée 325

Le concile de Constantinople 381 établit le symbole de foi de Nicée-Constantinople qui complète celui de Nicée 325

Notes

(1) Lettre aux Smyrniotes de S. Ignace d'Antioche 8,1 : "Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique." (Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Cerf 1990, p. 207-208.)

 

S. Ignace d'Antioche sur l'eucharistie "légitime". Lettre aux Smyrniotes 8,1 dans Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Cerf 1990, p. 207

S. Ignace d'Antioche sur l'eucharistie "légitime". Lettre aux Smyrniotes 8,1 dans Les Pères apostoliques, Texte intégral, Sagesses chrétiennes, Cerf 1990, p. 207

(2) Les "cathares" dont il est question ici sont les novatiens, et pas les cathares des XII et XIIIe siècles. Cathare signifie 'pur'. Les novatiens, très rigoureux, voulaient exclure à perpétuité de l’Eglise tous ceux qui avaient faibli durant les dernières persécutions... Les novatiens apparaissent historiquement à l’époque de la persécution de Dèce, au milieu du 3ème siècle donc, et tirent leur nom d’un prêtre romain, Novatien, qui accusa son évêque, Cécilien, une fois la persécution terminée, d’être trop doux en acceptant la pénitence des lapsi, du nom de ceux qui avaient flanchés et qui se repentaient de cette faiblesse. Novatien fut un temps pressenti pour être évêque de Rome mais ce fut Corneille qui fut élu en 251. Ceci causa un schisme car Novatien se fit élire évêque par trois évêques convaincus de ses positions et il se proclama évêque de Rome en parallèle à Corneille. Son point de doctrine principal était que l’apostasie était un péché irrémissible. Ses partisans se nommèrent les kataroi, les purs, en opposition avec une église véritable qu’ils voyaient comme corrompue et déchue de la grâce. Leur doctrine se durcit ensuite en considérant que tout péché commis après le baptême ne pouvait être pardonné... L’Eglise n’était pourtant pas ce qu’on peut appeler laxiste : tout péché grave ne permettait de rentrer en pénitence qu’une seule fois. Un deuxième péché grave vous excluait de l’Eglise pour toujours. Montanistes et Novatiens s’influencèrent mutuellement, et les novatiens adoptèrent les vues montanistes contre les secondes noces.
Le canon ici doit se comprendre sur le fait que les novatiens étaient au final schismatiques mais pas formellement hérétiques concernant les points fondamentaux de la foi chrétienne. Leur doctrine de la grâce était déficiente, mais cela n’est pas pour autant une hérésie fondamentale comme l’arianisme. Cela eut été absurde pour l’Eglise de reconnaître les faiblesses humaines, mais pas celles de ceux qui ne reconnaissent pas les faiblesses humaines. Il est donc logique que les novatiens puissent revenir dans l’Eglise. Pour l’anecdote, le schisme novatien perdura jusqu’au 5ème siècle.

(3) Disciples de Paul de Samosate, évêque d'Antioche qui nia la divinité de Jésus, et qui fut déclaré hérétique et destitué par le concile d'Antioche en 268 ou 269.

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