La Rus' de Kiev: aux origines de la Russie
La Rus' de Kiev est fondée au IXe siècle par des marchands scandinaves appelés les Varègues. Elle connaît son apogée au XIe siècle après sa christianisation depuis Byzance avant de connaître un rapide déclin.
"La Rus’ de Kiev est à la fois aux origines de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine actuelles, autrement dit de l'ensemble du monde russe...
Tout commence vers le milieu du VIIIe siècle : des marchands scandinaves appelés les Varègues commencent à ouvrir des routes commerciales à travers le continent par voie fluviale, ce qui dynamise considérablement le secteur. Cet essor commercial se renforce encore à partir de l’an 843, lorsque l’empire byzantin met fin à ses querelles iconoclastes : le regain de vitalité de Byzance entraîne une explosion des flux sur la route du Dniepr. Les Varègues vendent notamment des fourrures et des esclaves razziés sur place en échange de métaux précieux. Ils fondent des établissements permanents en pays slave, notamment celui de Novgorod. En 862, le Varègue Riourik est proclamé prince de Novgorod et il impose son autorité sur toutes les agglomérations slaves voisines : c’est ce qui pose les bases d’un 1er état qu’on appelle la Rus’.
Oleg le Sage lui succède en 879 et poursuit cette politique d’expansion en s’emparant de Kiev, principal pôle économique de tout le secteur.
Il en fait aussitôt sa capitale et fonde ainsi la Rus’ de Kiev qui s’étend à cheval sur la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine actuels.
En 907, il lance une vaste expédition et pille les villes côtières de l’empire byzantin; L’empereur doit alors se résigner à accorder aux Russes le libre commerce avec Constantinople.
Ça nécessite toutefois d’obtenir le droit de passage auprès des Khazars, un peuple turc qui contrôle la basse vallée du Dniepr. C’est un rival puissant, mais qui doit faire face à l’arrivée d’autres Turcs venus d’Asie Centrale, les Petchenègues. Finalement, le grand prince Sviatoslav profite de l’affaiblissement du khanat khazar pour lui donner le coup de grâce en l’an 964. Galvanisé par ses victoires, il s’attaque ensuite à l’empire bulgare, écrase tout sur son passage, et arrive en vue de sa capitale Preslav. Mais cet essor rapide de la Rus’ inquiète ses voisins : l’alliance des Bulgares et des Byzantins finit par repousser l’attaque des Rus’. Par ailleurs, les Petchenègues se montrent encore plus hostiles que les anciens Khazars et la Rus’ ne parvient pas à contrôler l’accès à la Mer Noire. Elle reporte alors ses efforts vers l’est et vers l’ouest, notamment sous le règne du grand prince Vladimir de Kiev (Vladimir le Grand ou Saint Vladimir) qui prend les rênes du pays en 980.
La menace commune des Petchenègues finit par resserrer les liens avec Byzance : en l’an 988, Vladimir accepte de se faire baptiser, ce qui va considérablement accélérer la christianisation des Rus’. Il faut noter qu’à cette époque, l’élite varègue a déjà largement fusionné avec la population slave locale jusqu’à former un peuple russe homogène.
La christianisation du pays entraîne une vague de constructions religieuses, surtout à Kiev, et le développement d’un art raffiné d’inspiration byzantine qui trouve son plein accomplissement sous le règne de Iaroslav le Sage, fils de Vladimir le Grand. C’est lui également qui fait édicter le tout premier code juridique slave.
Enfin il poursuit les campagnes militaires et remporte une victoire décisive contre les Petchenègues en 1037, ce qui les repousse vers l’empire byzantin qui est alors affaibli par des difficultés dynastiques. Les Rus’ en profitent pour attaquer Constantinople en 1043, mais ils sont repoussés, notamment à cause de l’utilisation du feu grégeois.
Lorsqu’Iziaslav succède à Iaroslav en 1054, la Rus’ est à son apogée territorial.
Mais ce sont à nouveau des Turcs venus d’Asie centrale, les Coumans, qui vont tout remettre en cause. En 1068, ils remportent une victoire contre les Rus’ et ravagent tout le sud du pays. Ça affaiblit considérablement l’autorité du grand-prince de Kiev et la Rus’ sombre dans des conflits internes.
En 1097, les différentes principautés de la Rus’ deviennent largement autonomes, ce qui n’empêche pas les conflits de se poursuivre. Le grand-prince de Kiev finit par perdre sa 1ère place, ce qui marque la fin de l’unité du pays.
Finalement, lorsque les Mongols débarquent en l’an 1236, ils trouvent une région en piteux état. Renforcés par des guerriers turcophones appelés les Tatars, ils ravagent tout le pays, rasent les villes, et éradiquent près de la moitié de la population.
En 1243, leur chef Batu s’installe à Saraï sur la Volga et fonde la Horde d’Or qui se détache rapidement du reste de l’empire mongol. Les Russes vont rester tributaires de la Horde d’Or pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce qu’un nouvel espoir apparaisse du côté ouest.
En effet, les Baltes viennent de créer le grand duché de Lituanie en réaction à l’expansion de l’ordre teutonique. Face aux exactions des Mongols, la principauté de Polotsk (Biélorussie actuelle) appelle les Lituaniens à l’aide et accepte d’être rattachée au grand-duché en 1307.
La Lituanie continue ensuite son expansion vers le sud en combinant la guerre et la diplomatie, tant et si bien qu’en 1377, elle contrôle une grande partie de l’ancienne Rus’ de Kiev.
Peu après en 1388, la dynastie des Jagellons entraîne l’union de ce grand-duché avec la Pologne voisine.
Il ne reste alors plus que les principautés du nord-est qui demeurent à l’écart de cette expansion, notamment celle de Moscou qui parvient à se détacher de l’influence de la Horde d’Or sans pour autant tomber dans l’orbite de la Lituanie.
C’est cette ancienne périphérie de la Rus’ de Kiev qui va devenir le nouveau cœur de la Russie : c’est là que démarre l’histoire de la Russie moderne, qui méritera une autre vidéo à part entière. »
Cf. https://gloria.tv/share/xYnP2iyuHmWo2GFPf3Jg3pbdf
L'Ukraine et la Biélorussie actuelles sont des créations soviétiques artificielles créées par Staline qui aux alentours des années 1920 , était commissaire aux nationalités.
Le 24 juillet 2013, à l'occasion du 1025e anniversaire de la christianisation de l'ancienne Russie, le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille célébra une liturgie dans la cathédrale du Christ-Sauveur en mémoire de sainte Olga de Kiev, grand-mère de saint Vladimir de Kiev, premier grand-prince chrétien et évangélisateur de la Russie.
La conversion de la Russie est devenue la date de la fête nationale russe sous le nom de "jour du baptême de la Russie", le 28 juillet, correspondant au jour du baptême de Vladimir de Kiev (956-1015).
Le 25 août 2023, le Pape François demanda aux jeunes catholiques russes de ne pas oublier leur "héritage" : "Vous êtes les héritiers de la grande Russie - celle des saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II, le grand Empire russe, cultivé, avec tant de culture et d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie".