On se souvient aujourd'hui de deux saints époux, d'une femme Delphine et de son mari Éléazar de Sabran.
Née en Provence vers 1283 de Guillaume de Signes et de Delphine de Barras, un couple de nobles de la cour de Provence.
Orpheline de ses deux parents dès l’âge de 7 ans, elle est prise en charge par sa tante Cécile de Puget, qui est Abbesse du Couvent Sainte-Catherine de Sorbs.
En 1299, Delphine épouse, très jeune, Éléazar de Sabran (on prononce aussi Elzéar).(1)
Ils se sont mis d'accord pour se sanctifier ensemble dans la vie conjugale, en menant une vie de prière et de pénitence. Ils réalisent leur idéal, très simplement, sans jamais négliger les obligations sociales de leur situation.(2)
Elle est âgée de 16 ans, lui de 13. Leurs parents décident de les marier. Elle veut rester vierge et finit par imposer cette situation à son trop jeune époux. Tout cela avec l’approbation de leur confesseur franciscain. Ils demeureront vierges. Ainsi vécurent Delphine (Douphino ou Dauphine) de Signe et Elzéar (Auzias ou Ourrias) de Sabran, dans le Lubéron.
Ils mènent ensemble une vie d'austérité et de prière, sans que leurs sujets s'en aperçoivent et sans négliger les obligations mondaines qui étaient celles de leur état de princesse et de comte.(3)
En 1308, ils devinrent les vassaux de Robert le Sage, roi de Naples. Celui-ci avait tellement confiance en Elzéar qu'il lui confia, en 1323, la charge de demander la main d'une princesse française pour son fils. Il mourut à Paris au cours de sa mission.(4)
Elzéar est plus dur que son épouse. Il impose aux gens de sa maison la messe quotidienne et une causerie journalière où il ne leur est pas permis de l’interrompre. Les jeunes époux portent le cilice, se donnent régulièrement la discipline et deviennent tertiaires franciscains. Seigneur incorruptible, Elzéar se voit confier de nombreuses missions dans les Abruzzes puis à Paris, où il meurt à 38 ans le 27 septembre 1323 après avoir embrassé un lépreux. Sa veuve inconsolable se retire dans la solitude.
Veuve le 27 septembre 1323/25, elle a, un an après, une vision de son mari.
Dès 1327, elle commence à liquider ses biens et à distribuer des aumônes. Elle veut vivre dans le dénuement, partageant son temps entre Naples et la Provence, soignant les pauvres et visitant les malades. On la prend pour une folle.(5)
En 1332, une femme impotente guérit en touchant le bas du manteau de Delphine qui sortait d’une église franciscaine de Marseille. En 1333, elle fait vœu de pauvreté devant son confesseur franciscain, et fonde une communauté. On la vit mendier à Naples ou à Apt.
En 1341, elle rencontre à Naples Philippe Cabossole, évêque de Cavaillon, et le convertit à une vie meilleure.
L’été 1343, elle ne demeure plus qu’en Provence. Elle enjoint plusieurs vierges et veuves à prononcer le vœu de chasteté devant l’évêque d’Apt. Dans cette cité, elle obtient la réforme de deux couvents relâchés de moniales.
La peste atteint la Provence de 1348 à 1360.
En 1350, malade, elle est portée sur une litière d’Apt à Cavaillon pour régler le litige entre Hugues de Baux et Raimond d’Agout.
En 1351, au sortir d’un entretien avec elle, le pape Clément VI avoua n’avoir jamais entendu personne traiter avec autant de profondeur sur l’essence de Dieu et les Personnes divines.
Ayant lu la vie des saints Josaphat et Barlaam, elle finit ses jours dans un réclusoir à Cabrières d’Aigues.
En 1352, Clément VI initie le procès de canonisation d’Elzéar, vérifiant les miracles obtenus par son intercession. Son filleul, le futur Bx Urbain V, après le décès de Delphine, signera en 1370 le décret de canonisation, qui sera publié par Grégoire XI, son successeur.
En 1353, son confesseur lui annonce qu’une troupe d’aveugles, d’épileptiques, et autres malades est là pour voir la sainte comtesse dans l’espoir d’obtenir la santé par sa sainteté et ses mérites. Elle lui réplique : Veuillez ne pas me saluer ainsi et dire : Dieu te sauve ! Mais dites plutôt malheur à toi !, c’est-à-dire, malédiction, car je suis une fille d’Eve, et non pas de Marie. – Pourquoi dites-vous de telles paroles ? – Que dirai-je d’une créature si abominable qui, sous l’apparence et le signe de la sainteté, dégringole vers l’enfer ? Ces gens viennent là en troupe serrée. Ils me demandent en disant la sainte comtesse ! La sainte comtesse ! Mais je ne suis ni le Christ, ni Jean, ni Elie. Je suis seulement une viande destinée aux vers, un réceptacle d’iniquité et de péché. Elle les fit attendre quatre jours !
Elle imposait les mains, mais donnait plus volontiers des conseils.
Elle établit à Apt une caisse rurale où l’on prêtait sans intérêt.
Vers 1357, le village d’Ansouis lui attribua de n’avoir pas été pillé par les Gascons d’Arnaud de Cervole, dit l’Archiprêtre.
Une femme, souffrant du mal des ardents (ergotisme), fut guérie en saisissant la main de Delphine, portée sur une litière, laquelle ramenant le bras vers elle, le vit couvert de pus et fut saisie de nausées, tandis que la miraculée criait de joie. Delphine eut peur : Si Dieu ne me vient en aide, je serai bientôt précipitée en Enfer à cause de cela.
Elle pleure et prie pour les chrétiens persécutés par les mahométans en Orient.
Le soir, après complies, elle commente la Ste Ecriture : son médecin et directeur de conscience, le chanoine Durand André, n’avait jamais entendu une exégèse aussi perspicace des passages difficiles.
Le 22 novembre 1360, elle se confesse au chanoine André ; le récent évêque d’Apt, Elzéar de Pontevès, lui fit dire une profession de foi, ce qu’elle fit.
Ses dernières paroles le 26 novembre à Apt : Désormais je ne veux plus que Dieu.
A ses obsèques, une prostituée qui n’avait jamais osé l’approcher de son vivant, se convertit devant sa dépouille mortelle.
Urbain V ordonna un procès de canonisation de Delphine. Les commissaires enquêtèrent à Apt du 13 mai 1363 au 5 juillet, le procès se poursuivit jusqu’en octobre, mais sans conclusion.
On recensa 62 miracles, dont la moitié de son vivant, et les deux-tiers sur des maladies organiques et contagieuses.
En 1562, François de Beaumont, baron des Adrets, protestant, incendia l’église franciscaine d’Apt. Les reliques furent néanmoins préservées. On placera son crâne dans un buste d’argent doré l’autel d’une chapelle de la cathédrale. On y conserve aussi son livre d’heures.
Le pape Urbain VIII en 1642, pour le diocèse d’Apt, puis en 1694, Innocent VII, pour l’Ordre franciscain, approuvent le culte concernant la bienheureuse Delphine.
Ses reliques, ainsi que celles de saint Elzéar, furent transférées en 1791 à la cathédrale d’Apt.
A la Ste-Delphine, mets ton manteau à pèlerine.(6)
A sa mort, Delphine sera inhumée le 26 novembre 1360 auprès de son époux Elzéar dans la nécropole de la famille de Sabran, en la cathédrale d'Apt dans le Vaucluse.
Delphine vient du latin "dauphin" ; Cette étymologie est aussi celle du Dauphiné, province du royaume qui a donné son nom à l’héritier du roi.
Éléazar signifie en hébreu "Dieu" (El) et "mémoire" (zecher).
Courte prière
Je vous demande, ô très pauvre Jésus, la grâce de ne rien posséder en propre et de n’avoir qu’un usage pauvre du bien d’autrui.
Sources:
(1) https://www.reflexionchretienne.com/pages/vie-des-saints/novembre/bienheureuse-delphine-epouse-de-saint-elzear-1283-1360-fete-le-26-novembre.html
(2) https://www.lejourduseigneur.com/saint/sainte-delphine-et-saint-eleazar
(3) https://nominis.cef.fr/contenus/saint/9545/Bienheureuse-Delphine-de-Sabran.html
(4) https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/4cb3cfd8-f9cc-4fad-8551-a86e4a849780
(5) https://www.france-catholique.fr/Delphine-epouse-et-vierge.html
(6) https://laportelatine.org/spiritualite/vies-de-saints/sainte-delphine