Saint Willibrord. Enluminure, Trèves vers 1000. feuille unique, Paris, Bibliothèque National, Lat. 10510
Né vers l’an 658 en Northumberland, terre de foi et de silence, Saint Willibrord consacra son cœur et ses œuvres à l’annonce de l’Évangile. Ce missionnaire, choisi de Dieu pour mener les âmes païennes à la lumière du Christ, laisse dans l’histoire une empreinte indélébile. Apôtre des contrées septentrionales, il fut le guide spirituel des peuples de la Frise, de la Hollande, et des terres environnantes.(1)
La conversion des Anglo-saxons fut l'une des grandes entreprises de Grégoire le Grand.
Willibrord et Boniface (+ 754) évangélisent la Frise et l'Allemagne après avoir été sacrés évêques à Rome. L'Angleterre, l'Irlande deviendront des foyers d'où les missionnaires partiront christianiser l'Europe du Nord.(2)
Willibrord, moine saxon bénédictin naît vers 658 dans le royaume de Northumbrie (royaume du nord de l'Angleterre au sud de l'Ecosse); il deviendra l'apôtre des Pays-Bas et premier évêque d'Utrecht, convertissant les Anglo-Saxons au christianisme catholique nicéen. La Northumbrie en tant que royaume s'était auparavant constituée au début du VIIe siècle par l'union de deux entités angles (d'origine germaniques) : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud. En 616, Edwin de Deira, roi païen des Angless se convertit au christianisme en 627 sous l'action de sa femme, une fille du roi chrétien Æthelbert de Kent, et sous l'influence du missionnaire Paulin d'York qui accompagnait la future épouse.
L'arrivée au pouvoir du roi de Mercie Penda, farouche défenseur du paganisme, interrompit momentanément les progrès accomplis par les missionnaires chrétiens.
En 634, Oswald de Bernicie réunifia la Northumbrie après avoir vaincu Cadwallon près de Hexham. Afin d'évangéliser son peuple, il fait venir d'Iona (petite île de l'ouest de l'Écosse) le missionnaire écossais Aidan, l'"apôtre de la Northumbrie", qui fonda une abbaye à Lindisfarne (île de la côte de Northumbrie, aujourd'hui Holy Island). Le pays fut rapidement converti par les moines écossais et le VIIe siècle marqua l'apogée de la puissance northumbrienne.
Son père, nommé Wilgils, saxon de Northumbrie récemment converti au christianisme, l'envoie recevoir une éducation chrétienne à l'abbaye de Ripon à Ripon (Angleterre), alors dirigée par Wilfrid d'York.
Devenu moine bénédictin, Willibrord est ordonné prêtre et se rend en Irlande pour parfaire son éducation monastique et intellectuelle pendant une douzaine d'années, à l'abbaye de Rathmelsigi.
En 690, il est envoyé en Frise, territoire récemment acquis par les Francs mérovingiens, pour y œuvrer à l'évangélisation de la population.
Willibrord se rend à Rome pour recevoir approbation et bénédiction pontificale, puis parcourt un vaste territoire correspondant à la moitié la plus maritime des Pays-Bas actuels.
Lors d'un second voyage à Rome, il est consacré évêque missionnaire le 21 novembre 695 dans l'église de Sainte-Cécile du Trastevere à Rome. Il décide de fixer son siège épiscopal à Utrecht, puis il parcourt la Frise orientale jusqu'au territoire des Danois.
Récemment consacré évêque d'Utrecht, il fait construire à Echternach un monastère plus grand. Il en deviendra l’abbé jusqu'à sa mort. Avec le soutien financier de Pépin de Herstal (père de l'empereur Charlemagne) avec lequel il s'est lié d'amitié, il y édifie la première église abbatiale en 700.
En 714 il baptise Pépin le Bref, fils de Charles Martel, à Echternach. A partir de ce jour, Pépin le soutiendra sans faillir.(3)
Très en faveur auprès de la famille carolingienne et déjà connu comme l’apôtre des Frisons, Willibrord obtiendra de plus l’aide de Wilfred, évêque d’York, qui lui enverra des moines irlandais de l’abbaye de Ripon pour évangéliser la région.
En 725, il se rend au Danemark afin d'y mener une mission d'évangélisation. Il y rencontre le roi Ongendus qu'il décrit comme "plus cruel qu'une bête féroce et plus dur que la pierre". (4) Il ne réussit à convertir que trente enfants qu'il fut obligé de ramener avec lui pour leur épargner un martyre certain.
Willibrord meurt le 7 novembre en 739 à l'abbaye d'Echternach (Luxembourg, aujourd'hui au Grand-Duché de Luxembourg) où il fut enterré selon son désir.
Son tombeau est encore assidûment fréquenté par des pèlerins et la petite église mérovingienne a dû être remplacée vers l'année 800 par une église à trois nefs d'une longueur de plus de 60 mètres. Son nom est associé à l'abbaye d'Echternach. On y trouve son sarcophage avec ses reliques. Elle est centre de pèlerinage et lieu d'une célèbre procession, le mardi de Pentecôte de chaque année. Il est le saint patron du Grand-Duché de Luxembourg. (5)
En 751, Pépin élève le monastère au rang d'"abbaye royale" et lui donne son autonomie. Autour des murs de l’abbaye se développe un bourg qui deviendra une des villes les plus prospères du comté de Luxembourg.
Il était l'ami de saint Lambert de Maastricht et les deux saints évêques se rencontraient périodiquement. Son crâne est exposé dans une église d'Aix-la-Chapelle.
L'abbé Thiofrid et Alcuin ont rédigé des vitae à son sujet qui ont contribué à répandre sa renommée et son culte.
Willibrord est à l'origine de l'histoire de Gravelines - département du Nord - (laquelle ne commence réellement qu'en 800 après l'assèchement du Blootland) car il y aurait débarqué lors de sa première arrivée sur le continent. Une chapelle placée sous le patronage du saint y fut construite. L'actuelle église dédiée à saint Willibrord fut édifiée en 1598 puis reconstruite au XIXe siècle. Willibrord est connu à Gravelines comme évêque anglo-saxon venu évangéliser la Flandre.
Né en Angleterre, ordonné par le pape saint Serge Ier évêque d'Utrecht, il annonça l'Évangile en Frise et en Danie, fonda des sièges épiscopaux et des monastères et, accablé de travaux et usé par l'âge, il s'endormit dans le Seigneur dans le monastère qu'il avait fondé.
Martyrologe romain
Sources :
(1) https://www.laviedessaints.com/saint-willibrord-lapotre-du-nord-et-de-la-frise/
(2) Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 35-36.)
(3) https://nominis.cef.fr/contenus/saint/63/Saint-Willibrord.html
(4) Lucie Malbos, Les peuples du Nord: De Fróði à Harald l'Impitoyable (Ier-XIe siècle), Belin, 2024
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Willibrord_d%27Utrecht