Depuis la dispersion des Juifs, la chute de l'idolâtrie païenne, la montée de diverses hérésies et schismes contre l'autorité de l'Église catholique, jusqu'à la conversion à la foi catholique de l'Empire romain et de ses empereurs autrefois païens, à genoux devant le mémorial de saint Pierre, selon saint Augustin, l'histoire prouve l'origine divine des Écritures, de la foi catholique et de l'Église catholique :
"Tout ce qui s'est passé dans le monde, et que nos pères nous ont transmis ; tout ce que nous voyons et nous transmettons à la postérité, en ce qui concerne la recherche et la pratique de la vraie religion ; tout cela est renfermé dans les divines Écritures : tout se passe pour le genre humain comme les Livres saints l'ont prédit.
Vous voyez le peuple juif chassé de son pays et dispersé dans presque toutes les contrées de l'univers : l'origine de ce peuple, son accroissement, la perte de sa souveraineté, sa dispersion sur la terre se sont accomplis comme les Écritures les ont annoncés.
Vous voyez que la parole et la loi de Dieu, sorties du milieu des Juifs par le Christ, né miraculeusement parmi eux, sont devenues la foi de toutes les nations ; nous lisons la prédiction de toutes ces choses comme nous en voyons l'accomplissement.
Vous voyez des portions retranchées du tronc de la société chrétienne, qui se répand dans le monde par les sièges apostoliques et la succession des évêques ; nous les appelons des hérésies et des schismes ; elles se couvrent du nom chrétien, parce que leur origine fait toute leur gloire ; elles se vantent d'être du bois de la vigne, mais c'est du bois coupé. Tout cela a été prévu, écrit et prédit.
Vous voyez les temples païens tomber en ruine sans qu'on tes répare, ou bien renversés, ou fermés, ou servant à d'autres usages ; les idoles brisées, brûlées, cachées ou détruites. Les puissances de ce monde, qui jadis persécutaient le peuple chrétien à cause de ces idoles, sont vaincues et domptées, non point par la résistance, mais par la mort des chrétiens ; ces puissances tournent leurs lois et les coups de leur autorité contre ces mêmes idoles, pour lesquelles auparavant elles égorgeaient les chrétiens : vous voyez les chefs du plus illustre empire, après s'être dépouillés du diadème, s'agenouiller et prier au tombeau du pêcheur Pierre.
Saint Augustin, "Lettre 232 : Au peuple de Madaure" (§3), in in ŒUVRES COMPLÈTES DE SAINT AUGUSTIN traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Poujoulat et de M. l'abbé Raulx, Bar-le-duc, L. Guérin & cie, éditeurs 1864.