Une video sur YouTube montre un acteur allemand, de mère russe, Andrej Kaminsky d'une franchise de film "the Grim Hustle" (John Wick : Chapitre 4 dans lequel Andrej Kaminsky joue le rôle du prêtre), dire de profondes vérités au sujet de la souffrance en général et de la douleur en particulier comme chemin vers le succès. En totale rupture avec les messages ordinaires des mainstream, mais aussi en totale rupture avec le matérialisme jouisseur des Lumières et des "déclarations des droits de l'homme" du XVIIIe siècle du "bonheur" obligatoire : ‘Jouir de soi-même’, la dite formule était spécialement harmonisée au génie propre d’un Rousseau, qui en fit grande consommation.
"Ta vie est nulle ? Souffres-tu ? Es-tu dans la douleur ? Bien, tu es sur le bon chemin !
"La souffrance est le seul moyen d'atteindre le sommet.
"La douleur est le seul moyen de changer.
"Les obstacles sont les seuls moyens vers le succès.
"Les publicités télévisées américaines nous ont fait croire que TOUT dans cette vie devrait être lisse et facile. On vous a menti.
"Emprunte ce chemin rapidement et que ce soit une voie honorable, un chemin qui fasse tes ancêtres fiers de toi. Tu affronteras la douleur sur ce chemin.
"Souffrance, frustration, humiliation, accepte la douleur.
"Souris à la douleur,
"Embrasse la douleur.
"La douleur est là pour que tu te poses une question simple. Veux-tu vraiment atteindre tes objectifs ou es-tu juste un bavard ?
"Parle à ta douleur partout où tu vas. La douleur te construira l'escalier de la sortie vers le haut."
Note du blog Christ-Roi. L'enseignement à tirer de cette histoire est que si nous acceptons humblement ce que Dieu veut nous envoyer, des croix ou des bénédictions, alors nous éviterons le contrôle de l'Adversaire, ennemi de tout progrès humain.
Le bienheureux Henri Suso a laissé un enseignement de ce type dans ses ouvrages devançant l'exercice du Chemin de Croix, au XIVe siècle, dans ce que l'on a appelé la "mystique rhénane".
Pas besoin de chercher la douleur, elle-même nous trouvera.
Anéantis ton désir immodéré de voir et d'entendre des choses vaines ; accepte par amour ce qui te déplaisait naguère, et trouve là ta joie ; renonce pour moi au bien-être de ton corps. Tu dois chercher tout ton repos en moi, aimer ce qui est désagréable à ton corps, souffrir patiemment les maux venus d'autrui, souhaiter les mépris, tuer les appétits, mourir à tous désirs. À l'école de la sagesse, ce sont là les premiers principes qu'on lit dans le livre ouvert et étendu de mon corps mis en croix.
Un jour, Henri Suso vit un chien jouer avec un morceau d'étoffe: il comprit qu'il était lui-même ce morceau d'étoffe et qu'il devait accepter les épreuves qui venaient de l'extérieur plutôt que de se les infliger lui-même volontairement.
La Sagesse éternelle rappelle la valeur infinie de la souffrance ici-bas, et invite à s’abandonner à la volonté divine, sans se plaindre ou protester contre les souffrances envoyées; il s’agit d’accueillir la volonté de Dieu comme l’expression de son amour infinie pour ses créatures :
Quelle que soit la souffrance que je veux pour toi, c’est sans réserve que tu dois t’abandonner à ma volonté. Ne dis pas : je ne veux pas de celle-ci ou je ne veux pas de celle-là. Ne sais-tu pas que je désire le meilleur pour toi, que j’ai pour toi la même amitié que tu as pour toi-même ? Je suis la Sagesse éternelle, je sais ce qui te convient le mieux. Sans doute as-tu déjà expérimenté que les souffrances que j’impose, si elles vont plus profond dans l’âme, si elles blessent davantage, et à condition qu’on les porte volontiers, font progresser plus vite que toutes les souffrances que l’on aurait choisies soi-même. Alors de quoi te plains-tu ? Dis plutôt : 'Ô mon Père souverainement juste, fais de moi ce que tu veux !'"
Plus loin, la Sagesse éternelle dit encore :
La souffrance embellit l’âme comme la douce rosée de mai embellit les roses.
[…] La souffrance est un châtiment d’amour, une correction paternelle réservée aux élus.
Ou encore:
S’il le fallait, j’inventerais la souffrance plutôt que de laisser mes amis sans souffrance.
Par elle, les vertus sont affermies, l’homme est grandi, le prochain édifié, Dieu glorifié.
La patience dans les souffrances est un sacrifice en acte. Tel le parfum d’un baume pur, sa bonne odeur monte jusqu’à ma divine face. L’armée des cieux en est ravie d’admiration. Aucun chevalier, dans aucun tournoi, si habile qu’il s’y montre, n’est plus admiré de l’armée céleste que l’homme qui sait souffrir.
Il ne faut donc pas voir là un culte de la souffrance pour elle-même, mais la participation, par grâce, aux souffrances de la Passion qui élèvent l’âme et la transfigurent dans l’amour trinitaire.