Quelle belle démocratie anglo-américaine qui a génocidé les Indiens Pequots d'Amérique !
Le massacre de Mystic River - également connu sous le nom de massacre des Pequots ou de bataille du Fort Mystic - a eu lieu à l'aube du 26 mai 1637 pendant la guerre des Pequots, tribu amérindienne dominante dans la partie sud-est de la colonie du Connecticut, lorsque des colons britanniques du Connecticut sous le commandement du capitaine John Mason et leurs alliés indiens de Narragansett et Mohegan ont incendié le village Pequot près de la Rivière Mystique.
Ayant attaqué le village de nuit, les Anglais affrontèrent une vive résistance. En réponse, Mason ordonna l'incendie du village. Ils ont tiré sur tous ceux qui tentaient de s'échapper des palissades en bois, tué la majeure partie du village, femmes, enfants, vieillards.
Quelques semaines après le Massacre de la Rivière Mystique, les Anglais débutèrent une tentative systématique pour traquer tous les Pequots survivants. Ils voulaient éliminer le leadership Pequot. Ils voulaient s'assurer que les Pequots ne pourraient plus jamais se rassembler et être une menace pour eux. Les derniers Pequots furent anéantis et/ou réduits en esclavage par les Anglais, aux Bermudes et à la Barbade. Quelque 500 ont été emmenés à la Barbade sur le navire négrier Sea Flower commandé par John Gallop qui effectuait principalement la traite des esclaves africains.
Justifiant sa conduite plus tard, John Mason déclara que l'holocauste contre les Pequot fut aussi l'acte d'un Dieu qui "se moquait de ses Ennemis et des Ennemis de son Peuple au mépris de faire [du Pequot] un Four ardent... Ainsi jugea le Seigneur parmi les païens." Il résuma ainsi les conséquences du massacre : "Ainsi le Seigneur dispersa-t-il ses ennemis avec son bras puissant."
Dans les mois suivants, les colons britanniques mobilisèrent des miliciens pour faire la chasse aux autres villages Pequots. Les autres tribus indiennes furent incitées, soit par la promesse d'une prime, soit par la menace, à rapporter des têtes.
Les Anglais prirent le scalp du sachem Sassacus. Les Pequots ne furent pas tous tués : beaucoup furent éparpillés au sud de la Nouvelle-Angleterre, Long Island et la région de New York, ou devinrent les esclaves d'autres Amérindiens ou de colons.
Les dispersions et les réductions en esclavage furent encouragées par les autorités anglaises, qui souhaitaient que la tribu n'existe plus en tant que nation viable. La guerre ne prit fin officiellement qu'avec le traité de Hartford du 21 septembre 1638, qui fut un renoncement des derniers vaincus à leur culture et à leur identité.
C'était le premier exemple de "guerre totale destinée à anéantir toute une tribu indienne dans le Nouveau Monde." (Projet d'histoire mondiale)
Repoussés par les tactiques de "guerre totale" des Anglais "puritains" et des horreurs dont ils avaient été témoins, les alliés indiens des Anglais, les Narragansett rentrèrent chez eux.
Le nombre de Pequot a été tellement diminué qu'ils ont cessé d'être une tribu dans la plupart des sens. Le traité de Hartford (1638) stipulait que les Pequots restants devaient être absorbés par les tribus Mohegan et Narragansett, qu'ils n'étaient pas autorisés à se désigner eux-mêmes comme "Pequots", et que leurs terres devaient revenir aux Anglais.(1)
Dans la dernière moitié du 20ème siècle, les descendants des derniers Pequot ont réanimé la tribu, réalisant l'identification fédérale en 1983.
Lors de l'émergence de la tribu moderne Pequot dans les années 1990, un article du New England Quarterly examina les arguments pour et contre pour savoir si le massacre de Mystic devait être considéré comme un acte de génocide. L'auteure américaine, le Dr Rebecca Joyce Frey, qualifia l'incident de génocide dans son livre de 2009 Genocide and International Justice.(2)
De même, le juriste américain Steven M. Wise de la Harvard Law School, l'a fait, en appelant le massacre mystique "la guerre indienne génocidaire des puritains" où "un millier d'Indiens furent tués".(3)
Wise note que le capitaine John Underhill a justifié le meurtre de personnes âgées, de femmes, d'enfants et d'infirmes en déclarant que "parfois, l'Écriture déclare que les femmes et les enfants doivent périr avec leurs parents [...] Nous avons eu suffisamment de lumière de la Parole de Dieu pour nos démarches."
L'historien Benjamin Madley, déclare également sans hésiter que les Pequots ont subi "un des tout premiers génocides dans ce qui deviendra les États-Unis"(4) : quelle que soit l'origine de leur haine, les puritains ont voulu éliminer et ont éliminé une nation particulière, la nation pequot, en partie physiquement, ce qui reste conforme à la définition juridique du génocide.
D'autres historiens spécialisés ont un sentiment similaire. Pour Élise Marienstras, l'intention exterminatrice est indubitable : "Les survivants ont été poursuivis jusqu'à la presque complète disparition de la nation pequot, pour le plaisir de Dieu qui se réjouissait, au dire des colons, de la victoire de ses élus." Marienstras accepte avec prudence le mot "génocide" : "Si la définition du génocide consiste [...] dans la destruction massive de populations désignées à la vindicte par leur qualité de collectivité [...] et s'il suffit de décisions d'autorités locales [...], alors on peut dire qu'il y eut un génocide à l'encontre des Pequots."(5)
La civilisation espagnole a écrasé l’indien ; la civilisation anglaise l’a méprisé et négligé ; la civilisation française l’a étreint et chéri.
Sources
(1) Sarah VOWELL, The wordy shipmates, Les compagnons de bord Wordy, 1969
(2) Rebecca JOYCE, Genocide and International Justice. Facts On File, Génocide et justice internationale. Faits au dossier, 2009, p. 338
(3) Steven M. WISE, An American Trilogy: Death, Slavery, and Dominion on the Banks of the Cape Fear River, Une trilogie américaine : mort, esclavage et domination sur les rives de la rivière Cape Fear, Royaume-Uni : Hachette, 2009, p. 33
(4) Benjamin MADLEY, « Reexamining the American Genocide Debate : Meaning, Historiography, and New Methods », The American Historical Review, vol. 120, no 1, février 2015, p. 120-126
(5) Élise MARIENSTRAS, Guerres, massacres ou génocides ? Réflexions historiographiques sur la question du génocide des Amérindiens, dans David El Kenz (dir.), Le massacre, objet d'histoire, Gallimard, coll. Folio histoire, 2005, p. 301-302
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