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3 juillet 2021 6 03 /07 /juillet /2021 07:00

En 2014, nous écrivions : "le 800e anniversaire de la bataille de Bouvines embarrasse l'Oligarchie. ... Le roi Plantagenêt subit la révolte de ses barons, qui en 1215, le contraignent à signer la Magna Carta (Grande Charte), ce document qui, passe dans l'histoire officielle pour être une des bases du parlementarisme (contrôle de l'impôt), de la "démocratie" britannique, la "grande charte des libertés d'Angleterre" limitant l'"absolutisme" royal, alors qu'il ne marque jamais que l'affirmation de la puissance aristocratique des Barons qui ne représentaient nullement le peuple anglais..., la naissance de la "démocratie représentative" (oligarchique en réalité) et la victoire de la société individualiste et d'argent sur la société communautaire et solidaire féodale."

Valérie Bugault : "Pourquoi le modèle britannique est-il antidémocratique?"

Dans une video GloriaTv d'une conférence de l'Institut Schiller (institutschiller.org) à Paris le mardi 4 février 2020, Valérie Bugault, docteur en droit, analyste de politique et géopolitique économique, a évoqué brillamment le sujet et a expliqué "la lutte qu'il convient de mener en Europe et en particulier en France - et finalement dans le monde entier - si l'on veut avoir un avenir" :

 

Extraits :

 

"Derrière le libéralisme, la dictature des institutions britanniques - Valérie BUGAULT.

 

"Pourquoi le modèle britannique est-il antidémocratique? Derrière le libéralisme la dictature des institutions britanniques.

 

"Un exposé en trois parties : (I) Comment le droit anglais est structurellement au service des puissants, (II) Comment de puissance politique on est parvenu aujourd'hui à une puissance économique, (III) Les conséquences.

 

I - Un parlement anglais au service des puissants

 

"La Magna Carta, apparue en 1215 a été quasiment en même temps abrogée pour resurgir en 1216, avant d'être amendée, complétée par une loi domaniale en novembre 1217. Une quatrième version voit le jour en février 1225 qui valide la disparition de la moitié de celle promulguée en 1215.

Édouard Ier (roi d'Angleterre) (Règne 1272-1307)

Cette charte, nouvelle version, confirmée solennellement le 10 novembre 1297 sera désormais connue sous le nom de Magna Carta. Cette Magna Carta est brandie comme une arme démocratique absolue est en réalité une manifestation d'une lutte de la féodalité contre le pouvoir royal centralisateur. Elle n'est pas un instrument du peuple contre les puissants mais un instrument des puissants seigneurs contre le pouvoir royal unificateur. Il s'agit en réalité de retirer au roi en tant qu'organe politique central l'essentiel ou une grande partie de ses prérogatives pour les donner à un conseil de grands féaux, ou grands aristocrates, appelé conseil des barons, afin de limiter et finalement contrôler le pouvoir royalLe peuple qui n'a rien à voir dans cette guerre entre grands aristocrates n'a strictement rien gagné à la proclamation de la dite charte. [Cette évolution n'a pas été la même en France où le roi capétien fut en mesure de dominer les puissants féodaux, notamment au XVIIe siècle sous Louis XIV, puis au XVIIIe siècle face aux parlements régionaux dominés par la noblesse qui imbue de ses privilèges refusa systématiquement toute volonté royale d'établir l'égalité devant l'impôt tout au long du XVIIIe siècle, ce qui eut sauvé la monarchie et évité à la France une Révolution et un génocide. Cette résistance des rois de France au pouvoir de l'argent permit à notre pays de retarder d'un siècle et demi l'avènement de la ploutocratie jusqu'en 1789. NdCR.

 

"C'est précisément ce conseil des grands féodaux, appelé initialement conseil des barons, qui  se transformera peu à peu en parlement. Le dit "parlement" est au départ aussi peu fondateur de la démocratie au sens du gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple que l'esclavagisme serait la cause ultime de la liberté. Les principes du droit à un procès équitable, l'égalité universelle devant la loi, seront introduits dans la Magna Carta en 1354. Ce dernier principe s'apparente à une simple pétition d'intention qui n'est pas réellement sanctionnée juridiquement puisqu'il n'a pas été en mesure de justifier au XVIIe siècle la suppression de l'esclavage sur le territoire anglais [ce qui n'a pas été le cas en France depuis le XIVe siècle et l'édit de Louis X le Hutin de 1315 qui affirme que "selon le droit de nature, chacun doit naître franc". Officiellement, depuis cette date, "le sol de France affranchit l'esclave qui le touche". Il n'y aura plus d'esclaves sur le sol métropolitain depuis ce jour... On trouve des traces tardives et ponctuelles de l’application de ce texte par les parlements français au XVIe siècle : à Bordeaux, en 1571, il est invoqué pour justifier la libération d’une cargaison d’esclaves africains, transportée par un négrier normand. Cette pétition d'intention britannique n'a pas non plus permis de justifier l'égalité de traitement des catholiques persécutés dans la monarchie protestante britannique au XVIe siècle. NdCR.]. Par ailleurs, il faut insister sur le fait que la proclamation à un procès équitable concernait aussi peu le peuple que la composition du parlement issu du conseil des barons de la Magna carta. Seuls les puissants et de plus en plus à partir du XIIe siècle les bourgeois des villes avaient l'arme procédurale à leur disposition car la justice médiévale anglaise s'est construite ab initio comme une justice de classe.

 

II - Comment de puissance politique on est parvenu aujourd'hui à une puissance économique

 

Considérer le parlement anglais comme un organisme représentant la démocratie est une simple imposture politique. En réalité, le parlement anglais a toujours été chargé de mettre en musique juridique la volonté des puissants, d'abord des puissances féodales, puis des financières qui les ont remplacées.

Le droit issu du parlement anglais est en réalité un droit d'entre soi, un droit oligarchique, qui se commande plus sûrement à la City of London, centre financier et économique du royaume, ou dans les clubs chers aux anglais, que dans l'enceinte officielle d'une parlement représentant l'intérêt populaire. Le parlement ne fait en réalité le plus souvent, conformément à sa mission d'origine qu'entériner des solutions pré-constituées dans le silence des couloirs et des cabinets. On parle à ce propos de lobbying

 

"[...] A la suite de l'effondrement de l'empire romain, le droit s'est développé en Europe autour de la double élite du pouvoir temporel (l'aristocratie organisée autour du roi) d'une part et du pouvoir spirituel (l'Eglise catholique romaine) d'autre part

En 1531, l'Angleterre a fait sécession vis-à-vis de cette organisation socio-politique continentale lorsque le roi Henry VIII, représentant de l'ordre temporel décida de prendre le pas sur le pouvoir spirituel en le soumettant à sa propre volonté. L'église anglicane, dite "catholique réformée", à mi chemin entre le catholicisme et le protestantisme, est né de la scission de l'Angleterre opérée par le roi Henri VIII avec le pape Clément VII qui refusa obstinément d'annuler son mariage avec Catherine d'Aragon afin de permettre à Henry VIII d'épouser Anne Boleyn. 

À partir de cette date, l'église anglaise n'est plus soumise à l'autorité du pape catholique romain mais à l'archevêque de Cantorbéry, lequel est en réalité totalement dépendant de l'autorité du pouvoir temporel, c'est-à-dire du roi d'Angleterre.

Cette réunion des pouvoirs temporel et spirituel n'a pas eu lieu en Europe continentale où tout au contraire, chacun des deux pouvoirs temporel et spirituel est resté - au moins jusqu'à la Révolution de 1789 - resté concurrent et indépendant, de force relativement égale. [...] Cette double compétence normative structurelle a sans doute été depuis la disparition de l'empire romain le seul réel point commun des différents pays européens. Nous avions donc de façon ontologique en Europe continentale une organisation politique naturellement organisée autour de l'idée de contre-pouvoirs. Cette organisation politique et sociale qui a caractérisé la période du 'Moyen-Âge' en Europe est la raison principale qui fait que l'Ancien Régime était structurellement beaucoup moins absolutiste que ne le sont les prétendus régimes 'démocratiques' actuels, discrètement fondés sur la domination des capitaux et calqués sur les préceptes dérivés du droit anglais et l'anonymat. Si le droit anglo-saxon est aujourd'hui fondé sur la prééminence financière et économique, il est ontologiquement depuis le XVIe siècle, mis au service exclusif des puissants. 

[...] La fusion en 1531 en Angleterre des pouvoirs temporel et spirituel a engendré l'émergence d'une volonté impériale par l'alliance du fer et de l'argent. Dans ce contexte, Olivier Cromwell a élaboré le système politique dans lequel l'hégémonie impériale est financée par les banquiers. Ces banquiers, réfugiés en Hollande à la suite de leur expulsion d'Espagne sous le règne du roi Ferdinand et de la reine Isabelle, ont dès lors commencé à s'intégrer massivement au pouvoir politique temporel anglais. Selon la loi naturelle qui veut que celui qui donne est au-dessus de la main qui reçoit, cette alliance du fer et du portefeuille a à son tour historiquement et mécaniquement donné naissance à la suprématie des détenteurs de capitaux sur le pouvoir politique. Cette suprématie s'est affirmée au cours des XVIIe et XVIIIe siècle par le financement par les puissances d'argent des différentes compagnies des Indes qui agissaient pour le compte des États en bénéficiant du monopole de la force publique. Historiquement mis au service du seul droit temporel, le droit anglo-saxon a été peu à peu à la mesure de la prise de pouvoir par les puissances d'argent mis au service des seuls détenteurs des capitaux. Il ne faut donc pas s'étonner de l'absolutisme de la domination actuelle.

 

"Cette évolution, commencée en Angleterre, a vu la France être sa première victime dès 1789. Elle s'est répandue dans le monde entier au cours des XVIIIe, XIX, et XXe siècles. Cette véritable Révolution qui a eu lieu en France en 1789 s'est peu à peu répandue en Europe et dans le monde pour remettre en cause l'équilibre politique post-impérial, en référence à l'empire romain issu de l'Europe du 'Moyen-Âge'.

 

"Le Nouvel ordre mondial, appelé de ses vœux par les tenanciers du système économique global qui ont pris le pouvoir effectif au XVIIIe siècle est le résultat de la longue évolution décrite ci-dessus. Notons que la devise Novus ordo seclorum, issue du grand sceau des Etats-Unis, dessiné en 1782, a été repris en 1935 sur les billets de un dollar. Ce nouvel ordre mondial qui n'est donc en rien nouveau s'apparente à l'anéantissement complet de ce  que l'on entendait traditionnellement par le terme de civilisation qui suppose un développement collectif et repose fondamentalement sur un équilibre des forces et des pouvoirs. Aucune civilisation ne peut naître et prospérer dans le contexte de l'absence pérenne de contre-pouvoirs politiques effectifs. Il faut bien comprendre que la réunion au XVIe siècle des pouvoirs spirituel et temporel entre les mains du roi d'Angleterre a pavé la route vers un impérialisme dominé par les puissances d'argent. La route anglaise, à son tour, via la domination monétaire et l'idéologie britannique qu'elle a imposé au reste de l'humanité a pavé la route mondiale vers l'impérialisme financier absolu. L'intégrisme financier actuel, juridiquement matérialisé par la suprématie du droit anglo-saxon est le descendant direct, l'héritier fatal de l'absolutisme du pouvoir anglais qui en 1531 a fusionné les pouvoirs temporels spirituels et temporels, faisant ainsi disparaître la réalité des contre-pouvoirs.

 

"En 1600, la East India Company acte le début du remplacement de l'aristocratie terrienne par les puissances d'argent au sein du pouvoir anglais. [...] En quelque sorte, les compagnies des Indes préfigurent la distinction aujourd'hui entrée dans les moeurs économiques occidentales entre les bénéfices largement privés et les charges financées par la collectivité publique, avec la précision que dès l'avènement des compagnies des Indes, les responsabilités civiles et pénales des intervenants disparaissent dans les monopoles d'États. [...] Les détenteurs du pouvoir capitalistique, vainqueurs par KO du pouvoir politique, revendiquent aujourd'hui de façon naturelle  l'officialisation politique et juridique de la réalité de leur prise de pouvoir. Fatalement, ce pouvoir économique caché derrière les multiples faux semblants de l'anonymat capitalistique et du parlement 'représentatif', devait tôt ou tard revendiquer officiellement le pouvoir qu'il a officieusement conquis au fil des siècles, Les partisans du Nouvel ordre mondial, ou Novus ordo seclorum, encore appelé New World Order, sont en réalité les émissaires du pouvoir économique caché.

 

III - Les conséquences, l'esclavagisme pour tous 

 

"La fusion à la mode anglaise du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel a fait disparaître l'équilibre des pouvoirs qui a seul dans l'histoire du monde permis l'émergence de la liberté individuelle et notons-le de la bourgeoisie commerçante, en tant que force politique. 

 

"[...] Paradoxalement, et de façon ironique, c'est sous les coups de boutoir répétés de la liberté individuelle, elle-même manipulée à l'extrême, que disparaît la civilisation occidentale caractérisée par la liberté individuelle et par la liberté politique des masses populaires. L'ultra-individualisme revendiqué par des mouvements comme Lgbt, les 'droits de l'enfant', l'éducation sexuelle dès le plus jeune âge, est l'aboutissement logique de la domination politique absolue des principaux détenteurs de capitaux, ces derniers utilisant à leurs avantages exclusifs le principe de bonne politique consistant à diviser pour mieux régner [Principe du moteur de la Révolution. NdCR.] Diviser chaque être humain en une entité isolée de toute composante sociale pérenne et au-delà, diviser l'humain et la vie en des entités physiques autonomes, est l'une des armes les plus redoutées utilisées par le pouvoir économique global pour asservir l'humanité. En effet, cette méthode d'asservissement (diviser pour régner) n'est pas seulement utilisée de manière géo-politique pour diviser les peuples et les nations, mais également de façon beaucoup plus sournoise et dangereuse d'un point de vue politique, pour faire de chaque être humaine une entité instable, dépourvue de tout support émotionnel et affectif stable, l'humain devant alors un atome aisément manipulable analogue à un objet qu'il convient d'utiliser.

 

"Le contrôle du politique par les principaux détenteurs de capitaux a permis à ces derniers de se rendre les maîtres absolus du concept réglementaire (ce qu'ils appellent la 'loi'). Ils ont ainsi peu à peu, sur toute la surface du globe, imposé l'anonymat de leurs actions en développant de façon institutionnelle des intermédiations capitalistiques opaques (les paradis fiscaux et toutes les structures juridiques sur le modèles des trusts anonymes permettant tout un panel d'anonymat), interdisant toute recherche en responsabilité. La multiplication exponentielle des intermédiaires financiers a à son tour permis un resserrement létal de l'emprise des financiers sur tous les aspects de la vie en commun, économique et social.

 

"Par l'imposition au niveau international de leurs règles du jeu économico-financier, les banquiers globalistes à la manoeuvre ont réussi le tout de force de d'imposer l'unification des modes de fonctionnement qui était le préalable nécessaire à l'élaboration d'un gouvernement mondial.

 

"Dans ce contexte d'accaparement du pouvoir, il faut comprendre que le droit anglo-saxon est une brandie comme un bouclier antisocial et antinational par les tenanciers du pouvoir économique réel. Le droit réglementation à la mode anglo-saxonne sert à la foi de prétexte et de justification au renforcement de l'absolutisme financier."

 

(Fin de citation)

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