Antoine le Grand, également connu comme Antoine d'Égypte, Antoine l'Ermite, ou encore Antoine du désert, est un moine considéré comme le père du monachisme chrétien.
Sa vie nous est connue par le récit qu'en a fait Athanase d'Alexandrie vers 360.
Il serait né vers 251 à Côme (Koma), en Haute-Égypte, dans une famille chrétienne de propriétaires terriens aisés, et mort vers 356 à l'âge de 105 ans, entre les bras de ses deux disciples, Macaire l'Ancien ou Macaire d'Égypte et Amathas.
Il est fêté sous le nom de saint Antoine le 17 janvier par les catholiques et les orthodoxes. (1)
Mémoire de saint Antoine, abbé. Après la mort de ses parents, accueillant les préceptes de l'Évangile, il distribua tous ses biens aux pauvres et se retira dans la solitude de la Thébaïde en Égypte, où il commença à mener une vie d'ascète. Il travailla avec zèle à fortifier l'Église en soutenant les confesseurs de la foi lors de la persécution de Dioclétien et en aidant saint Athanase contre les ariens. Il eut tellement de disciples qu'il est appelé père des moines. Il mourut en 356.
Martyrologe romain (2)
Si la gloire de l'ermite Paul (v. 227 - 345) qu'Antoine est allé visité et ensevelir, est d'avoir donné le premier exemple connu de la vie cachée au désert, celle d'Antoine est d'avoir réuni des peuples de solitaires sous les règles d'une vie commune. (3)
Antoine avait reçu de ses parents une éducation profondément chrétienne. Peu de temps après leur mort vers 271, étant âgé de dix-huit ans, il entendit lire, à l'église, ces paroles de l'Évangile : "Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-en le prix aux pauvres." Il prend aussitôt cette parole pour lui, et voulant l'accomplir à la lettre, il vend les 80 hectares de terres paternelles, et se met à l'école d'un ascète proche de son village, où il partage son temps entre la prière et le travail; il fait son unique repas après le coucher du soleil, d'un peu de pain, de sel et d'eau, et garde parfois l'abstinence jusqu'à quatre jours entiers ; le peu de sommeil qu'il se permet, il le prend sur une simple natte de jonc ou sur la terre nue.
Saint Antoine est particulièrement célèbre par ses combats contre les démons. Des légions infernales le frappaient et le laissaient demi-mort ; les malins esprits prenaient pour l'épouvanter les formes les plus horribles ; mais il se moquait de leurs efforts. Après les avoir chassés par le signe de la croix : "Où étiez-vous donc, Seigneur ?" s'écriait-il ; et Dieu lui répondait : "Antoine, j'étais avec toi et je me réjouissais de ta victoire."
À l'âge de 35 ans, vers 286, après plusieurs "attaques des démons", désireux de pratiquer une ascèse de plus en plus rude, il s'enferme dans un fort abandonné. Il y reste 20 ans, et vers 306, âgé de 55 ans, il quitte sa retraite et accepte des disciples.
Croyez-moi, disait saint Antoine, d'après le témoignage de saint Athanase, il n'est rien que Satan redoute et déteste plus que les veilles, que les prières et le jeûne des saints, que leur pauvreté volontaire, que leur charité, leur humilité, mais pardessus tout que leur ardent amour du Christ notre maître.
Que le souvenir de l'éternité, disait-il, ne sorte jamais de votre esprit. Pensez, tous les matins, que peut-être vous ne vivrez pas jusqu'à la fin du jour ; pensez, tous les soirs, que peut-être vous ne verrez pas le lendemain matin. Faites chacune de vos actions comme si elle était la dernière de votre vie.
Veillez sans cesse contre les tentations , et résistez courageusement aux efforts du démon : cet ennemi est bien faible quand on sait le désarmer ; il redoute le jeûne, la prière, l'humilité et les bonnes œuvres. Quoique je parle contre lui, il n'a pas la force de me fermer la bouche ; il ne faut que le signe de la croix pour dissiper ses prestiges et ses illusions.... Oui, ce signe de la croix du Sauveur qui l'a dépouillé de sa puissance, suffit pour le faire trembler.
À deux reprises, Antoine s'enfonce plus avant dans le désert et s'abîme de plus en plus dans la pénitence et la prière. La persécution le fait retourner dans le monde : "Allons, dit-il, voir les triomphes de nos frères qui combattent pour la cause de Dieu ; allons combattre avec eux." Ainsi, en 311, vers la soixantaine, Antoine vient à Alexandrie soutenir les confesseurs de la foi.
On le voyait soulager les confesseurs de Jésus-Christ dans les cachots, les accompagner devant les juges et les exhorter à la constance. Son courage étonnait les juges et les bourreaux ; il alla cent fois au-devant du martyre ; mais Dieu lui réservait une autre couronne.
Pendant qu'Antoine était ainsi occupé dans la solitude de sa propre sanctification et de celle de ses disciples ; l'Église se vit attaquée par Maximin, qui ralluma le feu de la persécution en 311. L'espérance de verser son sang pour Jésus-Christ, l'engagea à sortir de son monastère. Il prit la route d'Alexandrie, afin d'aller servir les chrétiens renfermés dans les prisons, et condamnés à travailler aux mines. Il les encourageait tous à rester inébranlables dans la confession de la foi, et cela jusque devant les tribunaux, et dans les lieux où se faisaient les exécutions. Il portait publiquement son habit monastique, sans craindre que le juge le reconnût. Il ne voulut portant point imiter l'exemple de ceux qui se livraient eux-mêmes aux tyrans, parce qu'il savait qu'on ne peut agir ainsi sans une inspiration particulière de Dieu.
La persécution ayant cessé l'année suivante (312-313), harcelé par les visiteurs, il gagne le mont Kolzim dans le désert arabique, à trois jours de marche du Nil, résolu d'y vivre plus que jamais dans une entière séparation du monde; ce fut ce qui le porta à faire murer la porte de sa cellule. De cette "montagne intérieure", il en sortit néanmoins régulièrement vers Pispir, sur la rive droite du nil, pour guérir les malades et instruire les visisteurs. C'est probablement alors qu'il écrit ses Lettres. Quelque temps après, il quitta la contrée où étaient ses premiers monastères, que saint Athanase appelle les Monastères de dehors. Ils étaient aux environs de Memphis, d'Arsinoé, de Babylone et 'd'Aphrodite. (4)
Le travail des mains, le chant des cantiques, la lecture des Saints Livres, la prière, les jeûnes et les veilles étaient leur vie.
Le désert, habité par des anges, florissait de toutes les vertus, et Antoine était l'âme de ce grand mouvement cénobitique.
Les Lettres d'Antoine
Sept lettres sont attribuées à Antoine par saint Jérôme, Chenoute d'Attrpè et d'autres auteurs anciens.
D'après Athanase, il enseignait à ceux qui venaient le visiter au sortir de sa seconde réclusion :
Ne rien préférer de ce qui est dans le monde à l'amour du Christ.
Les lettres d'Antoine brossent une fresque théologique selon laquelle tous les êtres spirituels, anges, hommes et démons, ont été créés à l'image de l'Image de Dieu qu'est le Christ. En conséquence, le ressort constant des Lettres d'Antoine est la dignité de la nature spirituelle de l'homme, créée dans le Fils de Dieu, déchue par le péché, puis rachetée par l'Incarnation du Verbe.
Antoine croit certes au démon, au mal; mais, d'après lui, c'est en péchant que l'homme se soumet au pouvoir du diable. L'homme est toujours libre.
Pour lui :
Qui pèche contre le prochain, pèche envers soi-même; qui aimera son prochain, aimera Dieu, et qui aime Dieu s'aime soi-même.
Ce n'est qu'une de ses apophtegmes résume de manière plus édifiante :
La vie et la mort dépendent du prochain. En effet, si nous gagnons notre frère, nous gagnons le Christ; mais si nous scandalisons notre frère, nous péchons contre Dieu.
Selon la Vie d'Antoine par Athanase, "il exhortait toujours aux moines qui venaient, et voici ce qu'il recommandait : croire au Seigneur et l'aimer; se garder des pensées impures et des plaisirs charnels, et comme il est écrit au livre des Proverbes, ne pas se laisser égarer par un ventre rassasié; fuir la vaine gloire et prier sans cesse; psalmodier avant le sommeil et au réveil."
Mais l'ascèse d'Antoine et et son combat victorieux sur les démons ne sont possibles qu'avec le secours du Christ.
Athanase exprime cela à l'aide d'un verset de l'Epître aux Romains qu'il lit ainsi :
Quiconque a choisi le bien, Dieu collabore avec lui pour le bien.
Les apophtegmes d'Antoine, en tête des grandes collections de sentences des pères du désert, ont formé des générations de moines en Orient et en Occident.
En 338, à la demande des évêques, Antoine, âgé de 87 ans, retourne à Alexandrie pour réfuter les thèses des ariens.
Il meurt le 17 janvier 356, âgé de 105 ans environ.
L'exemple d'Antoine a sans doute inspiré son désir de vie monastique à saint Martin de Tours. (5)
Ne cédons pas à la tristesse comme si nous périssions. Confiance et joie, nous sommes sauvés !