Moine bénédictin de Corbie, en Picardie, puis de la Nouvelle Corbie, en Saxe, Oscar, Apôtre des scandinaves [1] est le premier représentant de l'Église à christianiser la Scandinavie et particulièrement la Suède.
Il naît en 801 dans une famille noble [2] et devient moine à l’abbaye de Corbie, proche d'Amiens, et limitrophe de sa ville natale Fouilloy.
La vision de la mort de Charlemagne le décide à prononcer ses voeux. Il s'installe alors à Corbie-la-Neuve (appelée encore Corvey) en Westphalie.
Ses dispositions à l'étude et à l'obéissance monastique lui permettent de progresser très vite.
Il part évangéliser l'Allemagne du nord, puis le Danemark et la Suède.
En 826, il arrive au Danemark, à la suite du baptême du roi danois, vassal des Francs, Harold Klak, dans l’abbaye Saint-Alban devant Mayence, par Ebbon, archevêque de Reims et légat pontifical.
Son succès amène Bjorn, le roi de Suède, à l'inviter à poursuivre sa mission dans son propre royaume.
Cependant, Harald est chassé du Danemark et la mission d'Anschaire au Danemark s’interrompt.
Si j'avais le don des miracles, le premier que je ferais serait de changer ma mauvaise nature en celle d'un honnête homme.
Oscar suit le moine Vittmar dans sa mission en Suède où le roi local est tolérant à l’égard de la prédication du christianisme, considéré comme religion des étrangers et suivie en majorité par les prisonniers de guerre. [4]
Louis le Pieux le nomme archevêque de Hambourg en 831. [5]
Durant les quatorze années suivantes, il travaille constamment à évangéliser ces peuples païens, organisant la mission, fondant des églises et créant même une bibliothèque.
Il fonde la première communauté chrétienne de Suède en 831 à Birka, haut lieu du tourisme en Suède en rapport avec l'histoire du pays et des Vikings.
L'une des plus grandes réussites de sa mission semble être la conversion de Herigar, le préfet de Birka, qui a fait construire une église. [6]
Oscar achète des esclaves danois et slaves pour qu'ils soient éduqués dans le service de Dieu.
Évêque de Hambourg, puis de Brême, il ne se décourage pas quand le roi danois Horik mène un raid qui menace son œuvre, ruine sa ville épiscopale, dévaste la Scandinavie et la ramène au paganisme en 845. Oscar lui-même manque d'être tué pendant l'attaque.
Il sème dans la peine ce que d'autres moissonneront dans la joie (Missel de l'Assemblée pour la semaine). [7]
Peu après, il est nommé archevêque de Brème (siège qui sera plus tard réuni à celui de Hambourg par le pape Nicolas 1-er).
Il ne se plaît pas à Brême, et aussitôt que la situation le permet, c'est-à-dire en 849, il repart en Scandinavie comme missionnaire légat.
Il trouve un converti influent en la personne du roi Narek du Jutland. Malgré les difficultés de l'environnement et l'hostilité de la population, Oscar réussit à gagner le respect par son austérité, par les miracles qu'il accomplit et par sa générosité envers les pauvres.
Il porte jour et nuit un cilice et vit le plus souvent d'eau et de pain, à moins que par charité il ne soit obligé de suspendre son jeûne.
Humble et défiant de lui-même, il veille sur tous les mouvements de son cœur et recourt sans cesse à Dieu, à qui il demande la lumière pour prêcher la vérité et la force pour pratiquer la vertu.
Il prêche, développe l'éducation et fait campagne contre l'esclavage, le tout avec une grande ardeur. C'est au Danemark et en Allemagne du Nord qu'il a la plus grande influence
Il rentre en Allemagne, et tombe gravement malade; il meurt trois mois plus tard à Brême, de sa maladie intestinale, le 3 février 865.
Après sa mort, de nombreuses régions évangélisées retombèrent dans le paganisme, où elles restèrent jusqu'à l'arrivée de saint Siegfrid au XI-e siècle.
Saint Oscar a créé la tradition de faire de courtes prières personnelles entre les psaumes.
Il a écrit une biographie de Willehad, un récit des guérisons miraculeuses qui se seraient produites à partir de la Pentecôte 860 sur la tombe du premier évêque de Brême Willehad dans la cathédrale de Brême, et une collection de prières, la Pigmenta. Le recueil des rapports sur les guérisons miraculeuses a été authentifié par l'indication précise des lieux d'origine des guéris. Ainsi, les histoires d'Ansgar (Oscar) sont devenues une sorte de rapport factuel, "un texte qui était unique sous cette forme au début du Moyen Âge!" [8]
Il avait un talent particulier pour la prédication et mêlait adroitement dans ses discours la terreur et la consolation, inspirant à ses auditeurs une crainte salutaire que les éloignait du mal et une dévotion tendre qui donnait du goût pour la pratique de la perfection. Son zèle était toujours accompagné de sagesse et de prudence ; dans les affaires importantes, il prenait toujours le temps de consulter Dieu.
Saint Oscar est l'objet de la biographie Vita Anskarii écrite v. 875 par Rimbert (son successeur comme archevêque de Hambourg-Brême), principale source historique sur sa vie, mais aussi une source importante sur la société scandinave de l'âge des Vikings. [9]
En raison de ses services à la diffusion du christianisme en Suède, au Danemark et dans le Schleswig, les Églises catholique romaine et orthodoxe vénèrent en saint Oscar "l'apôtre du Nord" ou "l'apôtre de la Scandinavie, tout comme les protestants et les églises anglicanes se souviennent de lui. [10]
Oscar a subi tant de revers dans cette activité missionnaire que son biographe interprète toute sa vie pendant cette période comme un long martyre, bien qu'Oscar n'ait pas fini violemment.
En raison de ses nombreux voyages, il est également appelé comme le saint patron des voyageurs. [11]
Ses mérites résident également dans son engagement envers les esclaves et les pauvres.
Ses aumônes furent extrêmement abondantes; presque tous ses revenus furent consacrés à secourir les indigents, à fonder des hôpitaux, à racheter des captifs. Pendant le carême, il recevait chaque jour à sa table et servait lui-même quatre pauvres. [12]
L'évêque Ansgar, Lithographie d'après une peinture de l'ancienne cathédrale de Hambourg aujourd'hui à St. Petri, Hambourg, par Friedrich Wilhelm Graupenstein, vers 1865
Sources
(1) Encyclopédie Larousse
(2) CasimirKuczaj
(3) Nominis
(4) VaticanNews
(5) Régis Boyer, Les Vikings. Histoire et civilisation, Plon, Paris, 1991, p. 129
(6) Peter Hayes Sawyer, Kings and Vikings : Scandinavia and Europe A.D. 700-1100. London & New York, Routledge, 1992, p. 135
(7) Missel des dimanches 2021, Édition collective des Éditeurs de liturgie, p. 211
(8) Konrad Elmshäuser, Sept guérisons miraculeuses en un jour. Il y a 1150 ans: des muets parlent sur la tombe de l'évêque Willehad à Brême, et les estropiés peuvent à nouveau marcher. Dans Weser-Kurier, 22 mai 2010, p. 24
(9) Wikipedia
(10) Wikipedia allemand
(11) Plaque sur la statue d'Ansgar (Oscar) par Franz Bernhard Schiller (1854) dans l'église de Sankt Ansgar (Kleiner Michel) à Hambourg
(12) Vies des saints et des bienheureux, tome 2, Letouzey et Ané, 1936