Quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet (QOT). "Que ce qui touche à tout le monde soit discuté et approuvé par tout le monde !" est une maxime médiévale qui signifie que tout pouvoir nécessite le consentement de ceux sur qui il s'exerce, sinon il s'agit d'une tyrannie.
Pour Anne Coffinier, présidente de Créer son école et d’Educ’France, la décision d’Emmanuel Macron d’interdire l’école à la maison, sauf raison médicale, loin d’endiguer l’islamisme, laisse prospérer le problème en stigmatisant les bons élèves de la liberté scolaire :
"Le séparatisme islamiste, lui, ne se développe qu’anecdotiquement dans l’enseignement à domicile, ou dans le hors-contrat déclarés et soumis à contrôles réguliers. Il se déploie plutôt dans des structures informelles. Or les dispositions citées par le président ne visent pas cet enseignement clandestin. Le président ne parle non plus des enfants régulièrement exclus de l’école, qui se trouvent à la rue la moitié de l’année et fréquentent des réseaux délinquants ou islamistes. Certains de ces jeunes se retrouvent régulièrement impliqués dans des réseaux de drogue comme guetteurs tombent dans la petite délinquance, font un peu de prison et en sortent radicalisés. Il n’aborde pas non plus le séparatisme à l’intérieur même de l’école publique, alors même que ce phénomène est largement documenté par Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, qui vient de publier Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école, ou encore par le député LR Eric Diard ou le député de gauche François Pupponi, tous deux auteurs de rapports et livres sur la radicalisation au cœur de service public.
"Emmanuel Macron ne mesure pas la force des réactions que sa proposition suscite. La mesure est perçue comme totalement choquante, alors que tant d’enfants sont aujourd’hui en souffrance dans le système scolaire. L’interdiction de l’instruction en famille est la dernière chance pour beaucoup d’enfants pour qui le système scolaire français n’est pas adapté. Alors que l’Éducation nationale peine à accueillir les enfants à besoin spécifique et à endiguer des phénomènes comme le harcèlement scolaire, interdire l’école à la maison revient à tirer sur l’ambulance. Une question prioritaire de constitutionnalité sera très vraisemblablement déposée par les parlementaires. Même si la décision du Conseil constitutionnel de 1977 n’aborde pas la question de l’école à la maison, il est clair que, « le principe de liberté de l’enseignement constitue l'un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ». La question constitutionnelle reste ouverte. Tout dépendra de la rédaction exacte du projet de loi. Ensuite, il est évident que les amendements seront très nombreux pour obtenir des dérogations pour tous les cas ayant besoin de pouvoir continuer à faire l’école à la maison. Psychologiquement, on passerait du droit à choisir le mode d’enseignement de son enfant à l’interdiction, sauf dérogation, de poser un tel choix. C’est une infantilisation du peuple français qui ne va pas dans le sens nécessaire de la responsabilisation toujours plus forte des parents et des enfants en matière d’éducation. L’urgence est d’obtenir une implication accrue des familles dans l’éducation, pas de les démobiliser, en leur expliquant, à l’instar de Danton, que l’État sait mieux qu’elles-mêmes ce qui est bon pour leurs enfants. Ce serait une régression de l’État de droit d’avoir désormais à se justifier pour exercer une liberté fondamentale." (Source : Pourquoi l’interdiction de l’instruction à la maison fait le jeu de l’islamisme ? Anne Coffinier, dans Famille Chrétienne, 08/10/2020 / Le Forum catholique)
Ce faux prétexte de Macron passe sous silence le fait que les premiers à avoir fait sécession d'avec le peuple ce sont les élites. C'est la thèse de l'historien et sociologue américain Christopher Lasch en 1995 (La Révolte des élites et la trahison de la démocratie), thèse reprise et développée par le géographe Christophe Guilluy (La France périphérique, 2014, et No Society. La fin de la classe moyenne occidentale, 2018.)
C'est une atteinte à loi naturelle (la liberté des parents d'éduquer leurs enfants), et une nouvelle atteinte à une liberté fondamentale.
Voici quelques citations de grandes consciences républicaines sur l'éducation :
"Il faut pourtant gagner à notre Ordre le commun du peuple : le grand moyen pour cela est l'influence sur les écoles (...) C'est à la jeunesse qu'il faut aller, c'est elle qu'il faut séduire, elle qu'il faut entrainer, sans qu'elle s'en doute... Allez à la jeunesse, et si c'est possible jusqu'à l'enfance." (Adam Weishaupt, 1748-1830)
"Les enfants appartiennent à la république avant d'appartenir à leurs parents: l'égoïsme des pères pourrait être dangereux pour la République. Voilà pourquoi la liberté que nous leur laissons ne va pas jusqu'à élever leurs enfants autrement qu'à notre gré." (Georges-Jacques Danton, 1759-1794)
"Il existe un père de famille qui les comprend tous: c'est l'Etat." (Jules Ferry, 1832-1893)
"Les enfants n'appartiennent pas à leurs parents." (Laurence Rossignol, Secrétaire d'Etat à la famille, en fonction depuis le 9 avril 2014)
"Il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire son choix. (...) Et donc, l'école a un rôle fondamental puisque l'école doit dépouiller l'enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l'élever jusqu'à devenir citoyen." (Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale)
"Vous devez sans cesse former de nouveaux plans, afin de voir comment on peut dans vos provinces s'emparer de l'éducation publique, du gouvernement ecclésiastique, des chaires d'enseignement et de prédication." (Adam Weishaupt, Code des Illuminés de Bavière, 1777. Cf. Barruel, Opus. cit., t. II, p, 243, édition de 1819, cité in Jean Ousset, Pour qu'Il règne, Editions DMM, Niort 1998, p. 260.)
Il faut "saisir les enfants à l'époque où ils reçoivent des impressions décisives, pour préparer des hommes dignes de la République" (Robespierre, 13 août 1793, Archives parlementaires, 1/72/126/1, cité in Xavier MARTIN, Nature humaine et Révolution française, Du siècle des Lumières au Code Napoléon, Dominique Martin Morin, Mayenne 2002, p. 112.)
"La patrie seule a le droit d'élever ses enfants " (Robespierre, 18 floréal an II, Arch. parlem., 1/82/138/2, cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 112.)
"Il y a cette idée qu'en dépaysant les personnes et en agissant sur l'éducation on peut améliorer les races." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 138-139.)
"(La famille) est un fédéralisme domestique qui rétrécit les âmes en les isolant" (Robespierre, 18 floréal an II, 7 mai 1794, Archives parlementaires, 1/82/138/2., cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 113.)
"Tout se rétrécit dans l'éducation domestique" (Danton, 13 août 1793, Arch. parlem., 1/72/126/2., cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 113.)
"Mon fils ne m'appartient pas, il est à la république" (Danton, 13 août 1793, Arch. parlem., 1/72/126/2., cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 112.)
"Les enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs parents." (Danton, 22 frimaire an II, 12 décembre 1793: Moniteur n° 84, 24 frimaire, 14 décembre, p. 339/2., cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 112.)
"Il serait heureux pour l'espèce humaine que tous les enfants ne connussent point leur père" (Lequinio, Les Péjugés détruits, Paris 1792, p. 144, cité in Xavier Martin, ibid., p. 111.) Lequinio était un député à l'"Assemblée législative" où le signalaient des propositions d'avant-garde... puis conventionnel régicide et représentant en mission particulièrement pugnace...
"Toute sa doctrine (à l'éducation par l'État) consiste donc à s'emparer de l'homme dès le berceau, et même avant sa naissance; car l'enfant qui n'est pas né, appartient déjà à la patrie." (Rabaut Saint-Etienne, Arch. parlem., 1/55/346/2., cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 113.)
"Elle (l'éducation nationale) s'empare de tout l'homme sans le quitter jamais en sorte que l'éducation nationale n'est pas une institution pour l'enfance, mais pour la vie tout entière" (Rabaut Saint-Etienne, 21 décembre 1792, Arch. parlem., 1/55/346/2, cité in Xavier MARTIN, ibid., p. 115.)
"Pour rendre le peuple heureux, il faut le renouveller, changer ses idées, changer ses lois, changer ses moeurs, changer les hommes, changer les choses, tout détruire, oui, tout détruire puisque tout est à recréer." (Rabaut-Saint-Etienne cité in Henri Delassus, La Conjuration antichrétienne, Le Temple maçonnique voulant s'élever sur les ruines de l'Eglise catholique, 1910, rééd. Expéditions pamphiliennes 2007, p. 280.)
Quel était le point commun de tous ces personnages ? Ils étaient tous francs-maçons..., rosicruciens et autres "illuminés"...
À aucun moment le peuple n'a été consulté sur ce programme républicain d'"éducation" des enfants pour les "élever jusqu'à devenir citoyen" (V. Peillon), "pour préparer des hommes dignes de la République" (Robespierre)... À aucun moment la théorie du genre, introduite en douce et sans débat à l'école, n'a été médiatisée, présentée au peuple, discutée ou même approuvée. À aucun moment le peuple non plus n'a été consulté sur l'interdiction de l'école à la maison. La république en marche...
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