"Fratelli Tutti" : une longue encyclique de François qui ne mentionne que seize fois le nom de Jésus
Le Pape a signé l'encyclique "Fratelli tutti" (en français : "Tous frères") au terme de la messe célébrée à Assise samedi 3 octobre après-midi dans la crypte de la basilique d’Assise. Une célébration très courte, devant seulement une vingtaine de personnes, et sans homélie. (Source) Le Pape a ensuite procédé à la signature de l’encyclique “Fratelli Tutti”, dont le texte est rendu public le 4 octobre. Le titre de l'encyclique, "Tous frères", est directement tiré des Admonitions de saint François d'Assise.
Le pape expose l'échec de la mondialisation devant le coronavirus : "quand je rédigeais cette lettre, a soudainement éclaté la pandémie de la Covid-19 qui a mis à nu nos fausses certitudes. Au-delà des diverses réponses qu’ont apportées les différents pays, l’incapacité d’agir ensemble a été dévoilée. Bien que les pays soient très connectés, on a observé une fragmentation ayant rendu plus difficile la résolution des problèmes qui nous touchent tous. Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni. " (FT § 7) "L’histoire est en train de donner des signes de recul. Des conflits anachroniques considérés comme dépassés s’enflamment, des nationalismes étriqués, exacerbés, pleins de ressentiments et agressifs réapparaissent." (FT § 11)
"Dans le monde d’aujourd’hui, les sentiments d’appartenance à la même humanité s’affaiblissent et le rêve de construire ensemble la justice ainsi que la paix semble être une utopie d’un autre temps." (FT § 30)
Il dénonce un "modèle de globalisation" qui « soigneusement vise une uniformité unidimensionnelle et tente d’éliminer toutes les différences et toutes les traditions dans une recherche superficielle d’unité. [...] Si une globalisation prétend [tout] aplanir […], comme s’il s’agissait d’une sphère, cette globalisation détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple. » (Discours lors de la rencontre pour la liberté religieuse avec la communauté hispanique et d’autres immigrés, Philadelphie - États-Unis (26 septembre 2015.) Ce faux rêve universaliste finit par priver le monde de sa variété colorée, de sa beauté et en définitive de son humanité. En effet [...] « notre famille humaine a besoin d’apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et dans la paix sans que nous ayons besoin d’être tous pareils ! ». (Discours aux jeunes, Tokyo - Japon, 25 novembre 2019 : L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 3 décembre 2019, p. 10.) (FT § 100)
"L’universel ne doit pas être l’empire homogène, uniforme et standardisé d’une forme culturelle dominante unique qui finalement fera perdre au polyèdre ses couleurs et aboutira à la lassitude. C’est la tentation exprimée dans le récit antique de la tour de Babel : la construction d’une tour qui puisse atteindre le ciel n’exprimait pas l’unité entre les différents peuples à même de communiquer à partir de leur diversité. C’était plutôt une tentative malavisée, née de l’orgueil et de l’ambition, de créer une unité différente de celle voulue par Dieu dans son plan providentiel pour les nations (cf. Gn 11, 1-9)." (FT § 144)
François fait une fine critique des Black Lives Matters aux Etats-Unis, sans les nommer :
"Tout comme il n’est pas de dialogue avec l’autre sans une identité personnelle, de même il n’y a d’ouverture entre les peuples qu’à partir de l’amour de sa terre, de son peuple, de ses traits culturels. Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné, car c’est de là que je peux accueillir le don de l’autre et lui offrir quelque chose d’authentique. Il n’est possible d’accueillir celui qui est différent et de recevoir son apport original que dans la mesure où je suis ancré dans mon peuple, avec sa culture. Chacun aime et prend soin de sa terre avec une attention particulière et se soucie de son pays, tout comme chacun doit aimer et prendre soin de sa maison pour qu’elle ne s’écroule pas, car les voisins ne le feront pas." (FT § 143)
"Il y a une fausse ouverture à l’universel procédant de la superficialité vide de celui qui n’est pas capable de pénétrer à fond les réalités de sa patrie, ou bien de celui qui nourrit un ressentiment qu’il n’a pas surmonté envers son peuple. [...] Il est nécessaire d’enfoncer ses racines dans la terre fertile et dans l’histoire de son propre lieu, qui est un don de Dieu. On travaille sur ce qui est petit, avec ce qui est proche, mais dans une perspective plus large. […] Ce n’est ni la sphère globale, qui annihile, ni la partialité isolée, qui rend stérile, c’est le polyèdre où, en même temps que chacun est respecté dans sa valeur, « le tout est plus que la partie, et plus aussi que la simple somme de celles-ci." (FT § 145)
"On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro. Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme. [...] C’est dans ce sens qu’allait un conseil que j’ai donné aux jeunes : « Si quelqu’un vous fait une proposition et vous dit d’ignorer l’histoire, de ne pas reconnaître l’expérience des aînés, de mépriser le passé et de regarder seulement vers l’avenir qu’il vous propose, n’est-ce pas une manière facile de vous piéger avec sa proposition afin que vous fassiez seulement ce qu’il vous dit ? Cette personne vous veut vides, déracinés, méfiants de tout, pour que vous ne fassiez confiance qu’à ses promesses et que vous vous soumettiez à ses projets. C’est ainsi que fonctionnent les idéologies de toutes les couleurs qui détruisent (ou dé-construisent) tout ce qui est différent et qui, de cette manière, peuvent régner sans opposition. Pour cela elles ont besoin de jeunes qui méprisent l’histoire, qui rejettent la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations, qui ignorent tout ce qui les a précédés." (Exhort. ap. post-syn. Christus vivit (25 mars 2019), n. 181.) (FT § 13)
François dénonce ainsi "les nouvelles formes de colonisation culturelle". [...] « Les peuples qui aliènent leur tradition, et qui par une manie imitative, par violence sous forme de pressions, par une négligence impardonnable ou apathie, tolèrent qu’on leur arrache leur âme, perdent, avec leur identité spirituelle, leur consistance morale et, enfin, leur indépendance idéologique, économique et politique » (Card. Raúl Silva Henríquez, S.D.B., Homélie lors du Te deum à Santiago du Chili, 18 septembre 1974). Un moyen efficace de liquéfier la conscience historique, la pensée critique. [...] Que signifient aujourd’hui des termes comme démocratie, liberté, justice, unité ? Ils ont été dénaturés et déformés pour être utilisés comme des instruments de domination, comme des titres privés de contenu pouvant servir à justifier n’importe quelle action." (FT § 14)
"Les conflits locaux et le désintérêt pour le bien commun sont instrumentalisés par l’économie mondiale pour imposer un modèle culturel unique. Cette culture fédère le monde mais divise les personnes et les nations, car « la société toujours plus mondialisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères » (Benoît XVI, Lettre enc. Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 19.) Plus que jamais nous nous trouvons seuls dans ce monde de masse qui fait prévaloir les intérêts individuels et affaiblit la dimension communautaire de l’existence. Il y a plutôt des marchés où les personnes jouent des rôles de consommateurs ou de spectateurs. L’avancée de cette tendance de globalisation favorise en principe l’identité des plus forts qui se protègent, mais tend à dissoudre les identités des régions plus fragiles et plus pauvres, en les rendant plus vulnérables et dépendantes. La politique est ainsi davantage fragilisée vis-à-vis des puissances économiques transnationales qui appliquent le ‘‘diviser pour régner’’." (FT § 12)
"Liberté, égalité et fraternité. L’individualisme ne nous rend pas plus libres, plus égaux, plus frères. La simple somme des intérêts individuels n’est pas capable de créer un monde meilleur pour toute l’humanité. Elle ne peut même pas nous préserver de tant de maux qui prennent de plus en plus une envergure mondiale. Mais l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre. Il nous trompe. Il nous fait croire que tout consiste à donner libre cours aux ambitions personnelles, comme si en accumulant les ambitions et les sécurités individuelles nous pouvions construire le bien commun. (FT § 105)
"Si la société est régie principalement par les critères de liberté du marché et d’efficacité, il n’y a pas de place pour eux et la fraternité est une expression romantique de plus. (FT § 109)
« Une liberté économique seulement déclamée, tandis que les conditions réelles empêchent beaucoup de pouvoir y accéder concrètement […] devient un discours contradictoire » (Lettre enc. Laudato si´, 24 mai 2015, n. 129). Des termes comme liberté, démocratie ou fraternité se vident de leurs sens. (FT § 110)
"Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels – je suis tenté de dire individualistes –, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade » (monás), toujours plus insensible. […] Si le droit de chacun n’est pas harmonieusement ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et, par conséquent, devenir source de conflits et de violences ». (Discours au Parlement européen, Strasbourg, 25 novembre 2014) (FT § 111)
Le pape forme le vœu "qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : « Voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. ». (FT § 8)
François dénonce la politique du "désespoir" : "La meilleure façon de dominer et d’avancer sans restrictions, c’est de semer le désespoir et de susciter une méfiance constante, même sous le prétexte de la défense de certaines valeurs. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, on se sert du système politique pour exaspérer, exacerber et pour polariser. Par divers procédés, le droit d’exister et de penser est nié aux autres, et pour cela, on recourt à la stratégie de les ridiculiser, de les soupçonner et de les encercler. [...] Et ainsi la société est appauvrie et réduite à s’identifier avec l’arrogance du plus fort. De ce fait, la politique n’est plus une discussion saine sur des projets à long terme pour le développement de tous et du bien commun, mais uniquement des recettes de marketing visant des résultats immédiats qui trouvent dans la destruction de l’autre le moyen le plus efficace. " (FT § 15) "Un projet visant de grands objectifs pour le développement de toute l’humanité apparaît aujourd’hui comme un délire." (FT § 16)
Il dénonce une "culture vide", "obnubilée par des résultats immédiats et démunie de projet commun", dans laquelle "il est prévisible que, face à l’épuisement de certaines ressources, se crée progressivement un scénario favorable à de nouvelles guerres, déguisées en revendications nobles." (Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 11 janvier 2016.) Il existe des règles économiques qui se sont révélées efficaces pour la croissance, mais pas pour le développement humain intégral (St. Paul VI, Lettre enc. Populorum progressio, 26 mars 1967, n. 14) La richesse a augmenté, mais avec des inégalités ; et ainsi, il se fait que « de nouvelles pauvretés apparaissent » (Benoît XVI, Lettre enc. Caritas in veritate , 29 juin 2009, n. 22.) Lorsqu’on affirme que le monde moderne a réduit la pauvreté, on le fait en la mesurant avec des critères d’autres temps qui ne sont pas comparables avec la réalité actuelle. En effet, par exemple, ne pas avoir accès à l'énergie électrique n’était pas autrefois considéré comme un signe de pauvreté. (FT § 17)
"En observant avec attention nos sociétés contemporaines, on constate de nombreuses contradictions qui conduisent à se demander si l’égale dignité de tous les êtres humains, solennellement proclamée il y a soixante-dix ans, est véritablement reconnue, respectée, protégée et promue en toute circonstance. De nombreuses formes d’injustice persistent aujourd’hui dans le monde, alimentées par des visions anthropologiques réductrices et par un modèle économique fondé sur le profit, qui n’hésite pas à exploiter, à exclure et même à tuer l’homme. Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés. Qu’est-ce que cela signifie quant à l’égalité des droits fondée sur la même dignité humaine ?" (FT § 19)
"Bien que la communauté internationale ait adopté de nombreux accords en vue de mettre un terme à l’esclavage sous toutes ses formes, et mis en marche diverses stratégies pour combattre ce phénomène, aujourd’hui encore des millions de personnes – enfants, hommes et femmes de tout âge – sont privées de liberté et contraintes à vivre dans des conditions assimilables à celles de l’esclavage. […] Aujourd’hui comme hier, à la racine de l’esclavage, il y a une conception de la personne humaine qui admet la possibilité de la traiter comme un objet. […] La personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, par la force, par la tromperie ou encore par la contrainte physique ou psychologique, est privée de sa liberté, commercialisée, réduite à être la propriété de quelqu’un, elle est traitée comme un moyen et non comme une fin ». Les réseaux criminels « utilisent habilement les technologies informatiques modernes pour appâter des jeunes, et des très jeunes, partout dans le monde ».[21] L’aberration n’a pas de limites quand des femmes sont malmenées, puis forcées à avorter ; l’abomination va jusqu’à la séquestration en vue du trafic d’organes. Cela fait de la traite des personnes et des autres formes actuelles d’esclavage un problème mondial qui doit être pris au sérieux par l’humanité dans son ensemble, car « comme les organisations criminelles utilisent des réseaux globaux pour atteindre leurs objectifs, de même l’engagement pour vaincre ce phénomène requiert un effort commun et tout autant global de la part des divers acteurs qui composent la société »." (FT § 24)
Ayant perçu les points négatifs de la mondialisation, le "modèle culturel unique", le "diviser pour régner" (FT § 12), l'individualisme (FT § 105), les contradictions, le pape conteste aux peuples le droit d'ériger des "barrières", des "murs", et évoque une sorte de devoir d'accueil indéfini et de gouvernance mondiale : "la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. [...] Quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité." (FT § 27) "Je comprends que, face aux migrants, certaines personnes aient des doutes et éprouvent de la peur. Je considère que cela fait partie de l’instinct naturel de légitime défense. Mais il est également vrai qu’une personne et un peuple ne sont féconds que s’ils savent de manière créative s’ouvrir aux autres." (FT § 41)
"Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs." (FT § 284)
Expliquant "la limite des frontières", le pape avance que "les réponses pourront être seulement le fruit d’un travail commun", en élaborant une législation (gouvernance) globale pour les migrations. (Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 11 janvier 2016, L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 14 janvier 2016, p. 10.) "Des différentes actions indispensables, les États ne peuvent pas trouver tout seuls des solutions adéquates « car les conséquences des choix de chacun retombent inévitablement sur la Communauté internationale tout entière". (FT § 132)
Si ces arguments étaient vrais, les pays colonisés dans l'histoire n'auraient eu aucun droit à résister à l'arrivée d'autres peuples sur leurs territoires. Du fait de la "limite des frontières", la France aurait par exemples dû "accueillir, protéger, promouvoir et intégrer" (FT
§ 129) les invasions des Huns au Ve siècle, celles des musulmans aux VIII et IXe siècles, celle des Anglais sous sainte Jeanne d'Arc, ou encore celle des Allemands en 1914 / 1940.
Le pape dénonce toutefois "des trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes", qui "exploitent la faiblesse des migrants qui, au long de leur parcours, se heurtent trop souvent à la violence, à la traite des êtres humains, aux abus psychologiques et même physiques, et à des souffrances indicibles". Ceux qui émigrent « vivent une séparation avec leur environnement d’origine et connaissent souvent un déracinement culturel et religieux. La fracture concerne aussi les communautés locales, qui perdent leurs éléments les plus vigoureux et entreprenants, et les familles, en particulier quand un parent migre, ou les deux, laissant leurs enfants dans leur pays d’origine ». Par conséquent, il faut aussi « réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre ».(Benoît XVI, Message pour la 99e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, 12 octobre 2012.) (FT § 38)
François précise que "en s’enrichissant avec des éléments venus d’ailleurs, une culture vivante ne copie pas ou ne reçoit pas simplement mais intègre les nouveautés “à sa façon”. Cela donne naissance à une nouvelle synthèse qui profite finalement à tous, parce que la culture d’où proviennent ces apports finit par être alimentée en retour. C’est pourquoi j’ai exhorté les peuples autochtones à prendre soin de leurs racines et de leurs cultures ancestrales, mais j’ai tenu à clarifier que « mon intention n’est […] pas de proposer un indigénisme complètement fermé, anhistorique, figé, qui se refuserait à toute forme de métissage », puisque « la propre identité culturelle s’approfondit et s’enrichit dans le dialogue avec les différences, et le moyen authentique de la conserver n’est pas un isolement qui appauvrit »." (FT § 148)
"Dans ce contexte", le pape rappelle que le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb et lui-même ont "demandé « aux artisans de la politique internationale et de l’économie mondiale, de s’engager sérieusement pour répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix ; d’intervenir, dès que possible, pour arrêter l’effusion de sang innocent » (FT § 192).
Les peuples autochtones ont-ils vocation à accueillir indéfiniment des vagues successives d'immigration sans aucune limitation ? L'article 2241 du catéchisme de l'Eglise catholique dit que "les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges."
Que se passe-t-il lorsque les éléments venus d'ailleurs deviennent majoritaires sur un territoire, ou lorsque l'immigration dépasse les capacités d'accueil des nations ? Le pape ne le dit pas.
Bien qu'il ait écrit cette encyclique à partir de ses "convictions chrétiennes" qui le soutiennent et le nourrissent", le pape François dit avoir "essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté." (FT § 6).
Soit, mais la faiblesse majeure de ce document réside dans le fait qu'après avoir longuement évoqué les dangers d'une société d'extension permanente des droits individuels, le pape ne parle à aucun moment des devoirs de l'homme, envers Dieu, qui sont pourtant le remède aux maux dont parle François.
Dans ce document de 287 paragraphes et de 123 pages, le mot Jésus, ou Jésus-Christ, n'est employé que seize fois (FT 56, FT 63, FT 80, FT 81, FT 82, FT 83, FT 84, FT 85, FT 238, FT 240, FT 270, FT 276, FT 277).
"Une prière pour la fraternité humaine dans laquelle le nom et la centralité mêmes de Notre Seigneur Jésus-Christ ne sont pas présents est tout sauf chrétienne." (Le Forum catholique). Ainsi, les prêches même de Saint François d'Assise au sultan d'Egypte al-Malik al-Kâmil, ou aux animaux, ses frères, c'était toujours dans le but de les convertir et non dans le but d'établir une simple fraternité horizontale conçue comme une fin en soi. Dans les prédications de S. François, les animaux même sont des créatures de Dieu qui sont invitées à louer leur Créateur.
En revanche, "dans ce cadre de réflexion sur la fraternité universelle", François dit s'être "particulièrement senti stimulé par saint François d’Assise, et également par d’autres frères qui ne sont pas catholiques : Martin Luther King, Desmond Tutu, Mahatma Mohandas Gandhi et beaucoup d’autres encore." (FT 286)
Dans la fraternité universelle syncrétiste, il y a une volonté millénariste sous-jacente qui est de recréer une Paradis terrestre mais en dehors du nom de Jésus qui est comme en trop; Il y a un oubli du Péché originel et de la nécessité d'un Salut et celle d'un Rédempteur... Les fraternités universelles sont des fraternités abstraites sans Notre Père Dieu Sainte Trinité. Ces fraternités ne tiennent pas compte des réalités des médiations que sont la famille, les tribus, les nations et les grandes aires civilisationnelles. Construites en dehors de la pierre angulaire qui est le Christ, ces fraternités (incluant toutes les religions tout en gardant à chacune ses spécificités) ne peuvent pas être solides.
Il y a des droits mais où sont les devoirs ? Où est la foi nécessaire en Jésus-Christ, le Rédempteur ?
Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu c'est de croire en celui qu'il a envoyé.
Elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
Jésus-Christ. [...] Il n'y a aucun salut ailleurs qu'en lui; car aucun autre nom sous le ciel n'est offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut.