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7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 14:10
Valeurs Actuelles du 3 septembre 2020, n° 4371

Valeurs Actuelles du 3 septembre 2020, n° 4371

1793-1794 est un épisode terroriste et génocidaire

 

Quand la France reconnaîtra le génocide vendéen, elle sera réconciliée avec son histoire. C'est le but que poursuit l'historien Jacques Villemain, qui apporte dans Génocide en Vendée les preuves irréfutables de son déroulement.

 

Entretien

 

Propos recueillis par Solange Bied-Charreton

 

La première question qui s'impose, en commençant votre ouvrage, est celle qui l'ouvre : pourquoi parler d'un génocide, pour les actes commis en Vendée en 1793-1794 par l'armée républicaine ?

 

La meilleure raison, sinon la seule pour en parler, est que les faits constatés en particulier lors de l'épisode des "colonnes infernales" (janvier - mai 1794) s'encadrent parfaitement dans la définition juridique du crime de génocide, telle que posée par la convention de l'ONU en 1948 et précisée ensuite par la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux institués par cette organisation pour juger les coupables des atrocités commises au Rwanda (1994). Cette définition, qui reprend et approfondit les acquis des tribunaux militaires internationaux de Nuremberg et de Tokyo, a ét encore reprose, voire précisée, dans le Statut de Rome (1968) qui crée la Cour pénale internationale, et par sa jurisprudence subséquente. C'est le référentiel juridique auquel je confronte les faits de la guerre de Vendée sur la période qui va de mars 1793 à la fin de 1794. Dans une spirale de violence croissante, on est passé des "crimes de guerre" (mars-août 1793), à une phase de crimes contre l'humanité d'août 1793 au début de 1794, puis, à partir de janvier 1794 jusqu'à la mi-mai, l'expédition des "colonnes infernales" constitue un véritable génocide.

 

En quoi les crimes commis en Vendée sont-ils comparables à ceux de la Seconde guerre mondiale ?

 

Les deux choses ne sont pas entièrement comparables mais il y a des points de contact entre les deux histoires. Le nazisme est, en tant qu'idéologie raciste, intrinsèquement criminel et on ne peut pas être surpris des crimes qu'il a fait concevoir et commettre. Au contraire, la Révolution française porte des idéaux universalistes de liberté et d'égalité: comment, à partir de la poursuite de tels idéaux (1789), en arrive-t-on en cinq ans (1794) à commettre un génocide ? La réponse se trouve dans la grande question que se posent les révolutionnaires parisiens : "Comment toute la population d'une région peut-elle se soulever aussi massivement, unanimement, contre une Révolution faite en principe à son bénéfice, ce qu'on ne voit nulle part ailleurs en France ?" Ce mystère de l'"inexplicable Vendée" (Barère) va recevoir une explication bien dans l'esprit du XVIIIe siècle. Les Vendéens sont alors stigmatisés comme une population "dégénérée", une "race maudite", "race exécrable", "à exterminer jusqu'au dernier", abrutie par des siècles de domination nobiliaire et cléricale, définitivement impropre au progrès politique et social que représente la Révolution : il faut donc les faire disparaître en totalité. C'est un peu comme les nazis qui estimaient que les Juifs étaient une population inférieure et dégénérée, et constituaient une pollution de l'espèce humaine, mais un peu aussi comme Staline pour qui les koulaks, notamment en Ukraine, étaient un obstacle à l'avènement d'une économie socialisée, il fallait les "liquider en tant que classe", autrement dit pour ce qu'ils étaient, ce qui caractérise l'intention génocidaire. 

 

[...] Et puis il y a les rapports des représentants en mission, des membres de la Convention mandatés pour aiguillonner les généraux. Garnier de Saintes écrit ainsi au Comité de salut public, qui encore une fois s'abstient de réfréner son action : "Tout est exécrable dans ce malheureux pays et cette race doit être anéantie jusqu'au dernier." Les représentants Hentz et Francastel écrivent le 9 mars 1794 au Comité de salut public (qui encore une fois se garde bien de protester) : "La bonne preuve que la Vendée ne sera jamais redoutable, c'est qu'elle ne contient plus d'habitants, qu'une quinzaine ou une vingtaine de mille habitants de l'ancienne population, qui devait être de plus de 160 000 habitants." Si c'était vrai, cela voudrait dire qu'on a déjà massacré environ 90% de la population. Il se trouve que c'est faux, les chiffres cités sont fantaisistes, mais cela montre bien que l'extermination complète était le but poursuivi. 

 

Les historiens pensent aujourd'hui que c'est plutôt 170 000 personnes, soit environ 20 et 25% de la population de la "Vendée militaire", qui ont été tuées au cours de la guerre : à peu près la même proportion que celle de la population cambodgienne massacrée par les Khmers rouges. Les quelques généraux qui protestent contre cette politique de massacres ou ne la mènent pas avec assez d'énergie sont dénoncés par Turreau et les représentants en mission, et sanctionnés par les autorités parisiennes."

 

(Fin de citation)

Pourquoi évoquer un génocide en parlant du groupe des "Vendéens" ?

 

Voici, ci-dessous, quelques citations (non-exhaustives) de révolutionnaires, conventionnels, membres en mission, réduisant le groupe des Vendéens à des "brigands", des "sangs impurs", "une race rebelle", "des monstres", "le vieux sang", "une race infâme à purger", "à détruire", "à épuiser", "à anéantir", "détruire totalement", "la race maudite des fanatiques et des traîtres", etc.

 

"Détruisez la Vendée!" (Barère)

 

"Cette guerre ne finira que par la mort du dernier Vendéen, et tous auront mérité leur sort." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, Editions du Cerf, Paris 2020, p. 125.)

 

"Dans le discours révolutionnaire, surtout à partir du mois d'août 1793, les Vendéens sont stigmatisés comme une 'race" ou comme une 'engeance' nuisible. C'est ainsi que Barère et Billaud-Varenne, membres du comité de salut public, parlent à propos des Vendéens d'une 'race impure'; les représentants en mission Hentz, Garrau, Francastel parlent d'une 'race mauvaise', 'race infernale' ou 'race abominable', 'race impure' et finalement 'race 'qui doit être anéantie jusqu'au dernier.' Carrier parle encore des Vendéens comme d'une 'race ennemie', et donc à exterminer entièrement." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 125.) 

 

"Il y a bien une 'race vendéenne', dès lors que les Révolutionnaires parisiens étaient persuadés qu'elle existait, qu'elle était mauvaise, et qu'on ne pourrait pas résoudre le problème qu'elle posait à la 'République' d'alors autrement que par une extermination 'comme telle'." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 139.)

 

"Si cette racialisation en vue de justifier l'extermination est utilisée en haut de la hiérarchie, elle circule dans les troupes révolutionnaires avec une telle intensité qu'on la retrouve tout en bas. On la retrouve sous la plume de celui qui deviendra le grand scientifique et 'saint laïc' républicain : François Broussais. [...] Sa correspondance avec ses parents exsude sa haine à l'égard de ceux-ci. Il leur écrit ainsi le 17 septembre 1793 : "Nous ne rentrerons qu'après en avoir définitivement exterminé toute la race." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 126.)

 

"Il faut ici entendre 'racial' au sens qu'avait au XVIIIe siècle le terme de 'race', qu'il faut interpréter d'une manière non génétique. Le concept de 'race' vendéenne a été un critère de ciblage d'une population dont on a considéré que l'arriération mentale (et religieuse) était indissolublement liée au 'terroir' vendéen et au mode de vie qui en résultait. [...] Le racisme du XVIIIe siècle, [...] résulte à la fois de la théorie des climats et de la théorie 'sensualiste' de la connaissance. Il y a cette idée qu'en dépaysant les personnes et en agissant sur l'éducation on peut améliorer les races." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 138-139.)

 

"L'animalisation des Vendéens, [...] est aussi une des constantes du discours 'bleu'." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 127.)

 

Camille Desmoulins affirme que les Vendéens sont des 'animaux à face humaine', et qu'il 'leur courir sus non pas comme dans une guerre, mais comme dans une chasse.'" (C. DESMOULINS dans son Histoire des Brissotins, cité par A. GERARD, Vendée, Les Archives de l'extermination, 2013, La Roche-sur-Yon, CVRH, 2013, p. 289,  in Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 127.)

 

Ils sont "une gangrène", une "peste", une "rage" et diverses métaphores animales, soit d'animaux féroces ("lions", "tigres" ou "loups") quand ils sont vainqueurs soit d'animaux de chasse ou de boucherie ("lièvres", "cochons", etc.) quand ils sont en déroute. La réalité rejoint ici la métaphore, car c'est précisément dans un contexte où ils sont systématiquement massacrés ou à massacrer que ces métaphores sont utilisées. (Mme A. ROLLAND-BOULLESTREAU, Les Colonnes infernales - violences et guerre civile en Vendée militaire 1794-1795, Fayard, Paris 2015, p. 49-71.)

 

"Dans le vocabulaire des acteurs et témoins de l'époque le terme 'exterminer' et son substantif 'extermination' sont clairement les plus utilisés." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, Editions du Cerf, Paris 2020, p. 77) "D'une manière générale, 'exterminer' et 'extermination' sont spécialement récurrents dans le lexique révolutionnaire et dans celui de Robespierre." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 83.) 

 

"Cette volonté de 'purge', de 'saignement', d''anéantissement' constitue le fond de la logique génocidaire de 1793-1794 en Vendée." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid.., p. 89.)

 

"Il n’y a plus que deux partis en France, le Peuple et ses ennemis. Il faut exterminer tous ces êtres vils et scélérats, qui conspireront éternellement contre les droits de l'homme et contre le bonheur de tous le peuple, celui qui a des culottes dorées est l'ennemi né de tous les sans-culottes. Il n'existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux." (Robespierre, Discours aux Jacobins, séance du 8 mai 1793).

 

"Les 'êtres vils et scélérats' à exterminer, dans ce discours de Robespierre, sont précisément les Vendéens. [...] La nature de la politique selon Robespierre, c'est la guerre de la Vertu contre le Vice poursuivie par d'autres moyens." (Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, Editions du Cerf, Paris 2020, p. 230-232.)

 

___________

Le professeur Xavier Martin, dans son ouvrage "Régénérer l'espèce humaine. Utopie médicale des Lumières (1750-1850) (Dominique Martin Morin édition, Mayenne 2008, recense d'autres citations :
 

"Je ne juge pas, je tue. Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres." (Saint Just)

"Ce que j’ai fait dans le midi, dit Baudot, je le ferai dans le sud. Je les rendrai patriotes, ou ils mourront ou je mourrai." (Marc-Antoine Baudot (1765-1837). Député envoyé en mission dans le sud-ouest et près de l’armée des Pyrénées d’avril 1793 à mars 1794. H. TAINE, Les Origines de la France contemporaine, p. 53.)

"Le Comité de Salut Public a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle (Vendéens), à faire disparaître ses repères, à incendier ses forêts, à couper ses récoltes. Le vaisseau de la Révolution ne pourra arriver au port que sur une mer de sang." (Bertrand Barrère)

 

"Nous sommes à la Vendée pour exterminer tous ces gens de brigans où ils se sont rassemblé" (Lettre du soldat Bénard du 2 septembre 1793 à sa famille, cité in Jacques VILLEMAIN, Génocide en Vendée, 1793-1794, ibid., p. 78.)



"Il n'y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay, suivants les ordres que vous m'avez donnés. J'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui au moins pour celles-là n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé... Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant dans plusieurs endroits qu'ils font pyramides." (Général François-Joseph Westermann, cité in Jean-François CHIAPPE, La Vendée en Armes 1793, tome 1, Librairie Académique Perrin, Paris 1982, p. 455.)

"Nous ferons de la France un cimetière, plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière et de manquer le but que nous nous sommes proposé." (Jean-Baptiste Carrier, in G.-A. TRONSON-DUCOUDRAY, La Loire vengée ou recueil historique des crimes de Carrier et du comité révolutionnaire de Nantes, Paris, an III de la République (coll. « Hervé de Bélizal »), p. 232.)

"Vous avez à délivrer le pays d'un chancre qui le dévore. Le poison est plus sûr que toute votre artillerie. Ne craignez donc pas de le mettre en jeu. Faites empoisonner les sources d’eau. Empoisonnez du pain que vous abandonnerez à la voracité de cette misérable armée de brigands, et laissez faire l’effet. Vous avez des espions parmi ces soldats qu’un enfant conduit. Lâchez-les avec ce cadeau et la partie sera sauvée." (Jean-Baptiste Carrier, le 9 novembre 1793, qui préconise d'empoisonner les puits et les sources d'eau...)

"La défaite des brigands est si complète qu'ils arrivent à nos avant-postes par centaines. Je prends le parti de les faire fusiller... C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres... J'invite mon collègue Francastel à ne pas s'écarter de cette salutaire et expéditive méthode." (Lettre de Carrier à la Convention nationale, 30 frimaire an II, 20 décembre 1793, lue à l'assemblée le 6 nivôse, 26 décembre; Moniteur, n° 98, 8 nivôse, 28 décembre ("à la une") p. 393, col. 1.)
"Il paraît qu'on a fusillé plus de deux mille brigands. On appelle cela : envoyer à l'ambulance.' (Benaben, commissaire, cité dans Jean-François CHIAPPE, La Vendée en Armes 1793, tome 1, Librairie Académique Perrin, Paris 1982, p. 455.)
"Oui, nous devons l'avouer, nous faisons répandre beaucoup de sang impur, mais c'est par humanité, par devoir." (Lettre de Fouché à la Convention, 27 décembre 1793, cité d'après A. GERARD, Par Principe d'humanité..., La Terreur et la Vendée, Paris 1999, p.
25.)

Il faut "régénérer l'espèce humaine en épuisant le vieux sang" (Le Batteux à Carrier, 21 nivôse an II, 10 janvier 1794: cité dans J. CRETINEAU-JOLY, Histoire de la Vendée militaire (1840-1842), 4 vol., Paris 1979, t. 2, p. 78.)

"La guerre de Vendée est enfin terminée sur la rive droite de la Loire. Un petit séjour dans ses cantons fera disparaître les fantassins qui auraient pu s'évader à la faveur des bois... C'en sera fini de l'engeance fuyarde, de la race maudite, des fanatiques et des traîtres." (Général Marceau, cité in Jean-François CHIAPPE, La Vendée en Armes 1793, tome 1, Librairie Académique Perrin, Paris 1982, p. 455.)

"Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposée." (Saint-Just)

"Si nous nous purgeons, dit sous peu son collègue Garnier de Saintes, c'est pour avoir le droit de purger la France. Nous ne laisserons aucun corps hétérogène dans la République." (Garnier de Saintes aux Jacobins, 16 germinal an II, 5 avril 1794 : Aulard, La Société des Jacobins, Recueil de Documents..., t. 6, Paris, 1897, p. 47.)
Couthon bientôt, membre au surplus du Comité de salut public, ne dit guère moins lorsqu'il préconise, pour l'accomplissement du régime nouveau, "la résolution d'exterminer tous ceux qui ne veulent pas de la République." (Couthon aux Jacobins, 6 messidor an II, 24 juin 1794 : ibidem., p. 188.)

D'autres orateurs à la Convention ou aux Jacobins : ce dont "il s'agit", c'est "de faire éprouver au corps politique la sueur immonde de l'aristocratie ; […] aristocratie qualifie ici un état d'esprit. Ou bien ceci : "Le virus aristocratique et sacerdotal circule encore dans les veines de bien des hommes" ; ce sont des "contagieux qu'il faut séparer de la foule, de peur que [leur] mal ne devienne épidémique." Le génocide en raison de la religion (emploi du terme de "sacerdotal").

Le texte de la "Marseillaise" qui est devenu l'hymne de la république indique que le sang impur qui doit abreuver "nos sillons" est celui de cette horde d'esclaves, de "traîtres" (les nobles) et de "rois conjurés" (couplet 2).

"Il ne doit entrer dans sa composition (de la République) que des éléments purs. Dans ses premiers moments de fermentation elle a déjà vomi […] le clergé et la noblesse, il lui reste encore à se purger des égoïstes, des lâches, des traîtres et des ripons." [Fouché aux habitants de la Nièvre, 10 octobre 1793 : Arch. Parlem., 1ère série, t. 76, p. 686, col. 1.]

"La Convention nationale est sublime dans ce moment ; elle vomit de son sein tout qui s'y trouve d'impur." [Couthon, Propos du 29 messidor an II, 17 juillet 1794 : cité de seconde main d'après M. Braconnier, notice « Couthon », dans A. Soboul, dir., Dictionnaire de la Révolution française, Paris, p. 310.]

"Purgeons, purgeons à jamais le pays de cette race infâme (…). Purgeons, mes amis, saignons jusqu'à blanc." [Francastel, représentant en mission, Lettre des 22 et 20 décembre 1793 : cf. notre livre Sur les Droits de l'Homme et la Vendée, éd. DMM, Bouère, 1995, p. 60.] Ce ne sont pas la vaillance, ni les bonnes intentions, qui font défaut à ce philanthrope dévoré de zèle pour le bien public.

[…] Simple parenthèse : un médecin d'Auschwitz, confronté au souvenir du serment d'Hippocrate (par une détenue médecin elle-même), expliquait ceci : "Par respect pour la vie humaine, je pratique l'ablation des appendices purulents." [E. Klee, [Auschwitz. Die NS-Medizin une ihre Opfer, Francfort, 1997], La Médecine nazie et ses victimes (trad. O. Mannoni), s.l. (Actes Sud), 1999, p. 293 ; suite : "Les
Juifs sont un appendice purulent sur le corps de l'Europe » (p. 293-294) (p. 424 : déposition d'Ella Lingens, 19 septembre 1960). - Napoléon, quant à lui, s'estimait fondé à appliquer aux Juifs la qualification de "masse de sang vicié" : cf. infra., p, 229.]
C'est par principe d'humanité que Carrier "purge" la France des asociaux (donc sous-humains) du Bas-Poitou : il l'annonce en précisant fièrement qu'il fait massacrer les naïfs qui se rendent. [Lettre de Carrier à la Convention, 30 frimaire an II, 20 décembre 1793, lue à l'assemblée le 6 nivôse, 26 décembre ; Moniteur, n° 98, 8 nivôse, 28 décembre, ("à la une") p. 393, col. 1 : "C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres." "J'invite mon collègue Francastel à ne pas s'écarter de cette salutaire et expéditive méthode". … - Sur la logique intellectuelle qui peut conduire la répression républicaine à méconnaître effectivement les qualités d'hommes et de citoyen chez les insurgés, ou à tendre à le faire, voir notre ouvrage Sur les Droits de l'Homme et la Vendée, Bouère, 1995 ; il s'articule intégralement sur cette problématique. - Sur tout cela voir également A. Gérard , "Par principe d'humanité...", La Terreur et la Vendée, Paris, 1999.]

Fouché, de Lyon, en dit autant : "Oui, nous devons l'avouer, nous faisons répandre beaucoup de sang impur, mais c'est par humanité, par devoir" [Lettre de Fouché à la Convention, 27 décembre 1793 : cité de seconde main d'après A. Gérard, op. cit., p, 25.] Fouché dit "par humanité" ; Carrier dit "par principe d'humanité" ; le médecin du camp (nazi) exprime-t-il autre chose lorsque disant éradiquer "un appendice purulent", il déclare agir "par respect pour la vie humaine" ?

Source de ces citations : Xavier MARTIN, "Régénérer l'espèce humaine. Utopie médicale des Lumières (1750-1850) (Dominique Martin Morin édition, Mayenne 2008.)

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