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Un lecteur nous envoie cette réflexion:

 

La déclaration d’Abou Dhabi, en date du 4 février 2019, continuant à constituer une quasi apostasie “qui ne passe pas”, la question est de savoir à laquelle de ces deux prises de position du pape François nous devons et pouvons adhérer:

– devons-nous et pouvons-nous adhérer à la prise de position de François, quand il dit, en mars 2013, “Quand on ne confesse pas Jésus-Christ me vient la phrase de Léon Bloy : “Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable.” Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon”,

OU

– devons-nous et pouvons-nous adhérer à la prise de position de François, quand il dit, en février 2019, “Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents” ?

 

A. Dans le prolongement de la manifestation de “post-véracité” à laquelle nous avons eu droit, à Abou Dhabi, au début de février 2019, toujours rien, ou presque, en provenance de la quasi-totalité des docteurs et des pasteurs catholiques, mais qu’attendre de théologiens et d’évêques qui sont les continuateurs des clercs qui n’ont pas voulu voir où est le problème, à l’intérieur de la “post-orthodoxie” d’Assise, alors que cette “post-orthodoxie” est pourtant manifeste, notamment au sein du plaidoyer qui en a été fait, lors du discours de Jean-Paul II devant la Curie romaine, le 22 décembre 1986 ?

B. Pour autant, si les mots ont encore tout leur sens (et non celui que l’on voudrait qu’ils puissent avoir, dans le cadre d’une approche “dialogale” ou “pastorale” placée sous le signe de l’ambivalence ou de l’autocensure diplomatiste, du consensualisme ou du confusionnisme fraternitaire, du modérantisme pusillanime et du perspectivisme humanitaire), il convient de signaler ou de souligner au moins deux “conséquences” du fait que Dieu veut la diversité des religions.

C. D’une part, si Dieu veut pleinement la diversité des religions, cela signifie que, à travers l’histoire, chaque fois qu’une religion perd de son importance puis de son influence, au point de finir par disparaître, cette disparition contrarie, au moins en partie, la volonté de Dieu, puisque la même disparition porte atteinte à au moins une partie de la diversité des religions.

D. D’autre part, si Dieu veut tout à fait la diversité des religions, cela signifie que, à travers l’histoire, chaque fois que des croyants qui adhèrent à telle ou telle religion en général, renoncent à l’une ou l’autre de ces religions, et commencent tous à rejoindre une tout autre religion en particulier, au point de consolider cette tout autre religion et de fragiliser chacune des autres religions, d’où ces croyants proviennent, ce phénomène contrarie lui-aussi, au moins en partie, la volonté de Dieu, puisque le même phénomène porte atteinte, au moins en partie, à la diversité des religions.

E. Les catholiques qui connaissent un peu l’histoire des religions, ou qui connaissent un peu certaines religions non chrétiennes qui ont disparu, notamment dans le bassin méditerranéen, en Europe, en Amérique, ne comprennent-ils pas que, si Dieu veut réellement la diversité des religions, cela signifie que la disparition de chacune de ces religions s’est effectuée, d’un point de vue “diversitaire”, en contradiction avec la volonté de Dieu ?

F. De même, les catholiques qui connaissent un peu l’histoire de l’Eglise, ou qui connaissent un peu l’histoire de l’évangélisation de certains territoires et de la conversion de certaines populations, non seulement en Europe et en Amérique, mais aussi en Afrique, en Asie, et dans l’Océanie, ne comprennent-ils pas que si Dieu veut vraiment la diversité des religions, cela veut dire que cette évangélisation et ces conversions ne se pas sont produites en conformité avec la volonté de Dieu ? Et ne comprennent-ils pas pourquoi François, et d’autres clercs, n’aiment pas le “pro-sé-ly-tis-me” ?

G. Les paragraphes qui précèdent inspirent le questionnement qui suit : quand le pape François affirme que Dieu veut la diversité des religions, de quel “Dieu” parle-t-il ?

– du “D-i-e-u” des “bâtisseurs de paix”, qui ne recourent pas à Jésus-Christ en tant que Fils unique du seul vrai Dieu, ou du Dieu des chrétiens ?

– du “D-i-e-u” qui fait souffler “l’esprit de Babel”, ou du Dieu qui souffle lui-même, en tant qu’Esprit, qui procède du Père et du Fils, à la Pentecôte ?

Ou encore, ce “Dieu” dont parle le pape François inspire-t-il une stratégie de conciliation, ou résulte-t-il d’une volonté de conciliation, qui est pourtant, par nature, équivoque et chimérique, et qui est aussi, par principe, imprécise et imprudente, entre “l’esprit de Babel” et “l’Esprit de Pentecôte” ?

H. Pourquoi et comment se fait-il que des questions et des remarques proches de celles, ou telles que celles qui précèdent, n’aient presque pas “droit de cité”, dans l’Eglise catholique, ou ne bénéficient de presque aucun espace d’expression et de discussion, à l’intérieur de l’Eglise catholique ?

I. Les catholiques ont-ils peur de commencer ou de continuer à interroger le bien-fondé officiel de bien des enseignements et de bien des évitements pontificaux consensualistes, dans le domaine du dialogue interreligieux et en direction des religions non chrétiennes, et surtout ont-ils peur de devoir en tirer les conclusions, éclairantes ou instructives, mais aussi déplaisantes ou dérangeantes, qui risquent fort de finir par s’imposer à leur esprit ?

J. Enfin, à qui donc fera-t-on croire qu’il n’y a pas un minimum de désinvolture dans la précision papale qui semble avoir été apportée, après la publication de la déclaration d’Abou Dhabi, et d’après laquelle, quand Dieu veut la diversité des religions, il s’agit de la “volonté permissive” de Dieu ?

K. L’annonce de Jésus-Christ, la conversion vers Jésus-Christ, le salut en Jésus-Christ ont un caractère universel, or Dieu veut ce qu’Il veut pour nous tous, catholiques ou non, chrétiens ou non, croyants ou non, à savoir la réception de cette annonce de Jésus-Christ, puis cette conversion effective vers Jésus-Christ, en vue de ce salut en Jésus-Christ, et il s’agit là, en quelque sorte, de la “volonté prescriptrice” de Dieu.

L. Mais Dieu aurait aussi, en plus de cette “volonté prescriptrice”, une “volonté permissive”, par laquelle Il voudrait pleinement que les religions non chrétiennes existent, pour ainsi dire au même titre que la religion chrétienne, comme si la religion chrétienne et les religions non chrétiennes étaient des “religions soeurs”, et comme si les religions non chrétiennes n’avaient pas, entre autres effets, plus ou moins positifs, sous l’angle de la fécondité morale et spirituelle,

– l’effet d’induire en erreur puis de maintenir dans l’erreur sur la volonté de Dieu et la vocation de l’homme,

– ou celui de mettre dans l’éloignement ou dans l’ignorance à l’égard d’une perspective de conversion vers Jésus-Christ,

– ou celui de placer dans l’hostilité ou dans l’opposition vis-à-vis de cette perspective de conversion vers Jésus-Christ ?

Jean-Paul II et le futur Benoît XVI, au moins une fois, sont allés aux antipodes de cet “oecuménisme interreligieux”, dans Dominus Iesus, en 2000.

C’était il y aura bientôt vingt ans, et certains analystes ou observateurs de la mutation de l’Eglise vont finir par croire que c’était “il y a un siècle”…

Mais les catholiques vivant en 2020 auront-ils besoin d’attendre pendant encore vingt ans pour avoir la confirmation du fait que l’Eglise catholique et la foi catholique, promues par bien des responsables religieux catholiques “inclusifs”, sont en fait une Eglise post-missionnaire et une foi post-trinitaire ?