La "mondialisation heureuse" est derrière nous. Un article de FranceTvInfo du 04 avril reconnaît entre les lignes que la pénurie médicale est due à la délocalisation de la production en Chine et en Inde. Après les masques, les tests, les appareils respiratoires, les médicaments et l'oxygène pourraient manquer.
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/notre-stock-se-compte-plutot-en-jours-des-medicaments-de-premiere-ligne-risquent-de-manquer-en-pleine-epidemie-decovid-19_3894583.html
Après les masques, ce sont les médicaments qui inquiètent les professionnels de santé. Neuf grands hôpitaux européens, dont l'AP-HP, sonnent l'alerte. "Nous serons bientôt à court de médicaments essentiels pour traiter les patients atteints du Covid-19, hospitalisés en unités de réanimation", préviennent-ils, dans une lettre publiée par Le Monde, mardi 31 mars. Dans le contexte de l'épidémie mondiale, cette pénurie pourrait prendre une dimension inédite.
… Des "médicaments de première ligne", dont les stocks s'amenuisent à grande vitesse.
… Au même titre que les respirateurs, certaines molécules sont indispensables. "Quand on réanime les patients, on a besoin de les faire dormir, donc, on a besoin d'hypnotiques", … midazolam, un anxiolytique, et le propofol, un anesthésique. "Ensuite, il faut faire respirer ces patients à l'aide d'appareils et pour qu'il n'y ait pas de contracture musculaire et qu'ils soient correctement oxygénés, on est obligés d'utiliser les curares".
Troisième catégorie : les antibiotiques, "pour éviter les surinfections". ... "Normalement, il y a énormément d'antibiotiques, mais il n'y a quasiment plus aucune usine en dehors de Chine et d'Inde qui en produit", déplore-t-il. Ainsi, 90% de la pénicilline, utilisée dans les antibiotiques, est produite en Chine, premier pays touché par l'épidémie. De son côté, l'Inde a décidé de limiter l'exportation de 26 médicaments et principes actifs, parmi lesquels plusieurs antibiotiques.
...Nombre de ces médicaments "n'ont pas d'équivalent, ou très difficilement", prévient Bernard Bégaud, pharmacologue. Pour assurer la continuité des soins, il faut donc garantir leur approvisionnement.
… En fin de semaine dernière, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, révélait que les stocks des hôpitaux franciliens étaient "très courts sur certains médicaments". Dans des régions moins touchées comme la Nouvelle Aquitaine, les tiroirs à pharmacie sont encore fournis, mais pour combien de temps ? "On observe des retards d'acheminement", s'inquiète la cheffe de la pharmacie d'un CHU de Nouvelle-Aquitaine, qui a souhaité garder l'anonymat. "Je n'ai pas de boule de cristal, mais notre stock ne se compte pas en semaines, plutôt en jours !", prévient-elle.
… Emmanuel Macron a annoncé avoir passé des "commandes massives" de médicaments pour renflouer les stocks. Toutefois, comme le précise l'ANSM, la pénurie "...s'exprime à l'identique à l'échelle européenne et internationale". Les raisons sont identiques : le circuit pharmaceutique mondial est dépendant de l'Asie et les besoins ont été démultipliés. Le prix des médicaments "simples à produire" et "peu chers" pourrait ainsi exploser.
… L'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament et plusieurs associations de soignants ont déposé lundi une requête devant le Conseil d'Etat pour demander la "réquisition des moyens de production". "Quand on est en guerre, on réquisitionne", justifie Pauline Londeix, qui souligne que les molécules de première urgence sont simples et les brevets tombés dans le domaine public. Il serait donc possible de les produire dans l'espace national ou européen. Le Conseil d'Etat a rejeté la demande, estimant que la "carence" dénoncée était "sérieusement contestable".
"Nous n'accepterons pas un scénario identique à celui des masques", prévient l'Union nationale des associations agréées d'usagers du système de santé, qui pointe aussi les besoins croissants en oxygène médical : "Oui, nous avons besoin d'oxygène, et oui, il est possible d'en produire plus."
Source: FranceTvInfo