Il y a quelques jours, Mgr Viganò - le prélat qui a révélé les affaires de pédophilie au sein d’un certain clergé catholique - a mentionné l’existence d’un complot contre l’Eglise dont les origines remontent au milieu des années 1700, au moment où la franc-maçonnerie prenait de l'importance. Ce complot, étudié dans les ouvrages du théologien et philosophe Taylor Marshall a été et est mené par les partisans du libéralisme et du modernisme qui ont toujours souhaité tout changer en vidant la doctrine de son contenu, la liturgie de ses règles, la mission de sa visée surnaturelle. Tout doit être sécularisé.
Pour Mgr Viganò ce processus d’infiltration des démolisseurs de la foi est devenu évident : nous assistons maintenant au « triomphe d'un plan vieux de 60 ans » visant à révolutionner l’Eglise « grâce au jésuite qui occupe le siège de Pierre ». Comme le rappelle encore Mgr Viganò, ceux qui voulaient aller bien plus loin que ce que Vatican II avait enseigné, quitte à trahir l’Eglise, étaient des jésuites qui ont manœuvré pour remplacer les schémas préparés par les pères conciliaires par ceux qu’ils avaient élaborés eux-mêmes en catimini. Le plus influent de ces jésuites était le P. Karl Rahner, souvent présenté comme l’idéologue le plus influent du Concile. « Ce fut le début d’une ouverture… vers le processus de création d’une nouvelle Eglise.»
L’ancien nonce n’est d’ailleurs pas le seul à parler d’une « nouvelle » Eglise à la mode jésuite.
Dans « La Nuova Chiesa di Karl Rahner » (« La nouvelle Eglise de Karl Rahner »), Stefano Fontana fait la généalogie de « l’Eglise ouverte » voulue par le pape François et la ramène à Rahner, le théologien radical soupçonné d’hétérodoxie sous le pape Pie XII. Comme le montre clairement Fontana, le P. Rahner a négocié une « reddition au monde » qui figure dans l’agenda du pontificat actuel : de la communion pour les « divorcés-remariés » et l’ordination des hommes mariés en passant par l’introduction du rôle de la conscience comme seul critère d’orthodoxie et à l’abandon de la théologie on en vient à une Eglise vaporeuse bâtie sur l’absence de toute doctrine claire.
De son côté, l’historien Roberto de Mattei appelle Karl Rahner le « grand-père du pape François », affirmant que les deux jésuites étaient liés par l’amitié commune d’un troisième : Mgr Carlo Cardinal Martini, grand timonier de la « mafia de Saint-Gall » et père spirituel du pape actuel. « L’agenda du cardinal Martini - dit encore Roberto Mattei - était d'ailleurs le même que celui du P. Rahner : il nous offre la clé pour comprendre la papauté actuelle ».
Aujourd’hui, c’est le cardinal Kasper (immense théologien, selon François) et les autres membre de la « maffia de Saint-Gall » qui organisent les ruptures avec l’ « Eglise du passé » que souhaite le pape employé à critiquer les catholiques qui, avec leur amour de la liturgie et leur goût pour un enseignement doctrinal clair, pratiquent encore une religion de musée.
Mgr Vigano explique que, par le passé, une « énorme machine de propagande médiatique » prêchait, sous couvert de fidélité à Vatican II, une « herméneutique de la rupture ». Les malheureux prêtres qui ont été formés (!) dans les séminaires diocésains au cours des années 1970-80 peuvent en témoigner. Aujourd’hui, c’est un « système médiatique sophistiqué, comprenant des photos du pape François en compagnie du pape émérite Benoît, qui est utilisé pour affirmer que les enseignements du pape François sont en totale continuité avec ceux de ses prédécesseurs. Mais ce n’est pas du tout le cas : en réalité c’est bien une nouvelle Eglise anti-catholique qui est en train d’être imaginée en haut-lieu. »
Selon Benoît XVI, un esprit révolutionnaire venu du monde athée et matérialiste est entré dans l’Eglise au cours des années 1960. Possédés par cet esprit, des théologiens arrogants et déterminés à créer « une autre Eglise » ont détruit la théologie morale traditionnelle greffée sur la foi ; ce qui a eu pour conséquences un effondrement total de la discipline dans le clergé et l’émergence d’un esprit généralisé de blasphème que Benoît XVI lie intimement au phénomène de maltraitance des enfants.
Aujourd’hui, à l’approche du synode amazonien, cet esprit préjudiciable à la foi semble avoir fait du mensonge un outil de gouvernance de l’Eglise. Ainsi, en public, le pape François ne craint-il plus d’affirmer qu’il est dans la droite ligne des enseignements de Saint Jean-Paul II et un fidèle exécutant de Vatican II. Et il pourra même ajouter que ceux qui le critiquent ne sont que des pharisiens, des faux-prophètes, des fidèles d’un autre temps... et que c’est un honneur que d’être attaqué par ces représentants d’un catholicisme rigide et inadapté au monde actuel.
Et Mgr Vigano de conclure : « Le pape François dit qu’il sait que le synode amazonien pourrait provoquer un schisme. Mais il ne le craint pas ; il ne se remet jamais en cause : ce sont, bien entendu, les autres qui provoqueront un schisme, pas lui. Donc il achèvera ce qu’il a commencé. Mais est-ce là l’attitude d’un pasteur qui se soucie des fidèles ? N’est-il pas de son devoir d’empêcher un schisme ? De tout faire pour protéger l’Eglise ? »
* * * * NOUVEAU Mercredi, 18 septembre 2019. Grâce au pape François qui dit une chose, en pense une autre et finalement fait tout autre chose, les nouveaux professeurs de morale et de théologie nommés à l’Institut « Jean-Paul II pour la famille » pourront enseigner, en se basant plus particulièrement sur le chapitre 8 d’ « Amoris laetitia », que l’Eglise catholique admet (à défaut d’encourager) le concubinage et l’homosexualité active.
C’est ce qui ressort très clairement des propos du professeur de théologie morale Maurizio Chiodi qui ont été diffusés par le journal italien « Avvenire » en juillet dernier.
Source: Pro Liturgia, Actualité du mercredi 18 septembre 2019