Article mis à jour le 8 août 2019
Une lettre de la congrégation romaine pour la liturgie du 29 juin 2008 indique qu'il ne faut plus dire Yavhé. "Par respect pour le Nom de Dieu, pour la Tradition de l’Eglise, pour le Peuple Juif, et pour des raisons philologiques, il ne faut plus prononcer le nom de Dieu en disant «Yavhé »". Le synode des évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise a mis en pratique cette nouvelle disposition de la Congrégation romaine pour le culte divin qui demande – « par directive du Saint-Père » – qu’on n’emploie plus la transcription des quatre consonnes hébraïques – « le Tétragramme sacré » – vocalisées en « Yavhé » ou « Yahweh », dans les traductions, « les célébrations liturgiques, dans les chants, et dans les prières » de l’Eglise catholique.
A une question de Zenit sur ce point, Mgr Gianfranco Ravasi président du Conseil pontifical de la culture, bibliste, et président de la commission du Message du synode des évêques, a révélé que quelque membre du synode avait employé ce mot et qu’on a alors rappelé cette disposition nouvelle. Mgr Ravasi a souligné l’importance de respecter l’usage de la communauté juive sur ce point et il a avancé les raisons philologiques.
En effet, les quatre lettres hébraïques désignant le nom de Dieu, révélé à Moïse (Cf. Exode 3), sont quatre consonnes, le « Tétragramme » (Yod-Heh-Waw-Heh, souvent transcrites dans notre alphabet: YHWH). Ces quatre consonnes sont imprononçables parce qu’on ignore comment ce nom était vocalisé. Ou plutôt, dans la tradition de l’Ancien Testament, le nom de Dieu est imprononçable.
Seul le grand prêtre pouvait le prononcer, une fois l’an, lorsqu’il pénétrait dans la Saint des Saints du Temple de Jérusalem. La vocalisation a ainsi été gardée secrète et perdue. Certains suggèrent même qu’il n’y a jamais eu de vocalisation, personne ne pouvant prétendre mettre la main sur Dieu en prononçant son Nom.
Le livre de l’Ecclésiastique par exemple dit du grand prêtre Simon : « Alors il descendait et élevait les mains, vers toute l’assemblée des enfants d’Israël, pour donner à haute voix la bénédiction du Seigneur et avoir l’honneur de prononcer son nom » (Ecclésiastique, ch. 50, v. 20).
Mgr Ravasi a rappelé que la traduction de la bible de l’hébreu en grec par les « Septante » sages juifs (72 traducteurs, vers 270 av. J.-C.), a remplacé le Tétragramme par le mot grec « Kurios », signifiant « le Seigneur ». La traduction de la « Vetus latina » et la « Vulgate » de saint Jérôme a traduit « Dominus » « le Seigneur », comme le rappelle le document de la Congrégation romaine qui demande donc de revenir à cet usage de dire « le Seigneur », à chaque fois que le texte emploie le Tétragramme.
Dans sa Lettre aux conférences des évêques du monde entier sur le Nom de Dieu, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements demande ainsi la suppression de cette transcription du tétragramme dans les livres destinés à la lecture liturgique.
Ce document, en date du 29 de juin 2008, a été publié dans la revue « Notitiae » de la Congrégation. Il est signé par le préfet de cette congrégation, le cardinal Francis Arinze, et par Mgr Albert Malcom Ranjith, secrétaire de ce même dicastère.
La congrégation rappelle son document « Liturgiam Authenticam », de 2001, sur les traductions liturgiques, où il est demandé que « le nom du Dieu tout-puissant », exprimé par « le tétragramme hébreu » et rendu en latin par le mot « Dominus », soit rendu « dans les langues vernaculaires » par un mot de sens « équivalent ».
Or, la pratique s’est répandue de « prononcer le nom propre au Dieu d’Israël », de le vocaliser dans la lecture des textes bibliques des lectionnaires liturgiques, mais aussi dans les hymnes et les prières : « Yahweh », « Jahweh » ou « Yehovah ».
En France, les textes liturgiques n’utilisent pas la vocalisation « Yavhé », mais elle apparaît dans les traductions de la Bible – qui ne sont pas normatives pour la liturgie – ou des chants.
Après une argumentation scripturaire, le document affirme : « L’omission de la prononciation du tétragramme du nom de Dieu de la part de l’Eglise a donc sa raison d’être. En plus d’un motif d’ordre purement philologique, il y a aussi celui de demeurer fidèle à la tradition ecclésiale, puisque le tétragramme sacré n’a jamais été prononcé dans le contexte chrétien, ni traduit dans aucune des langues dans lesquelles on a traduit la Bible ».
Les différents courants du judaïsme moderne maintiennent cette tradition que le Tétragramme ne peut être prononcé que par le Grand Prêtre dans le Temple, et même que celui-ci ne le prononçait généralement qu’à Yom Kippour (le jour du Grand Pardon, des « Expiations »).
Le Temple de Jérusalem ayant été détruit, ce Nom n’est jamais prononcé par les Juifs lors de rituels religieux, ni lors de conversations privées. Dans la prière, le Tétragramme est remplacé par « Adonaï » (« le Seigneur »), et dans la conversation courante par HaShem (« le Nom »). (Source: Anita S. Bourdin, ZENIT)
L'ouvrage "Les mots du christianisme, Catholicisme, orthodoxie, protestantisme", du Père Dominique Le Tourneau, publié chez Fayard en 2005, indique au mot "JEHOVAH" (p. 341):
"Transcription médiévale du nom de Dieu, Yahvé, à partir d'une lecture errronée du texte hébreu, vocalisé par les massorètes - des savants juifs des VIIIe et IXe siècles - qui ont fixé le texte hébreu de la Bible.
[...] Cette transcription est abandonnée. Elle ne subsiste que dans le nom de l'organisation religieuse dite des 'Témoins de Jéhovah'", et chez les francs-maçons :
Ne jamais prononcer le nom de Dieu. Les Juifs ne prononcent pas le nom de Dieu. Quand les Juifs lisent le nom du tétragramme de Dieu, ils pensent Adonaï :
Dans cette video, le rav Ron Chaya explique que les Juifs ne prononcent pas le nom de Dieu en vain, "parce qu'en faisant cela tu transgresses le commandement divin. C'est un manque de respect très grand."
Pourtant, les Témoins dits de "Jéhovah" accordent une grande importance à l'utilisation du nom personnel de Dieu. Ils revendiquent bien souvent être les seuls à employer ce nom, qu'ils considèrent être "Jéhovah" (avec ces trois voyelles). Ils se servent de cet argument pour démontrer qu'ils sont (selon eux), la seule vraie religion sur terre. Voici par exemple ce que nous pouvons lire dans leurs publications :
LA PLUPART des Églises évitent d’utiliser le nom de Dieu. Par exemple, dans l’introduction d’une bible, il est dit que les croyants ne devraient jamais appeler Dieu par un nom propre. Nous, les Témoins de Jéhovah, nous pensons le contraire. Nous sommes fiers de porter le nom de Dieu et de lui rendre gloire (lire Psaume 86:12 ; Isaïe 43:10). - La Tour de Garde du 15/03/2013 page 24 (édition simplifiée)
Dans cette citation on constate que les Témoins de Jéhovah établissent une généralité à partir d'une seule phrase (tronquée) tirée d'une seule Bible.
La chrétienté, pour sa part, mérite d’être détruite, car elle a favorisé l’ignorance spirituelle de ses fidèles et a manifesté un mépris flagrant à l’égard du nom de Dieu [...] Quant aux chefs des autres religions, de la chrétienté ou non, ils ont eux aussi caché à des millions de croyants l’identité du vrai Dieu. - La Tour de Garde du 15/01/2011 page 4
Ces affirmations sont-elles justifiées ? Les Témoins de Jéhovah ont-ils raison de juger et de condamner ainsi les autres chrétiens ?
Quel est le nom de Dieu dans la Bible ?
Dans les manuscrits bibliques disponibles, le nom de Dieu apparaît sous la forme d'un "tétragramme", soit quatre caractères hébraïques que l'on peut retranscrire dans notre alphabet par "YHWH". Ce tétragramme apparaît 6519 fois dans les manuscrits de l'Ancien testament. Je ne vais pas développer davantage car les Témoins de Jéhovah connaissent déjà très bien ces choses. Pour en savoir plus vous pouvez consulter les liens suivants :
Voir la page Wikipedia sur YHWH
Etude sur le Tétragramme dans la Bible
Ce qu'il faut retenir ici c'est que le nom biblique de Dieu n'est pas "Jéhovah" mais "YHWH". La prononciation exacte de ce nom s'est malheureusement perdue avec le temps depuis que les Juifs, par superstition [ou par respect, Note de Christ-Roi], ont cessé de le prononcer. Donc prétendre que les Témoins de Jéhovah sont la vraie religion parce qu'ils appellent Dieu "Jéhovah" est une erreur. De fait, le nom "Jéhovah" n'existe dans aucun manuscrit et n'est qu'une construction tardive, datant du Moyen-Âge. Mais alors comment peut-on aujourd'hui prononcer ce tétragramme ?
[...]
Pourquoi certaines Bibles remplacent-elles le tétragramme par "SEIGNEUR" ?
Certaines Bibles ont choisi de remplacer le tétragramme par le titre "SEIGNEUR" dans l'ancien testament. Pourquoi ? Elles font ce choix pour harmoniser l'ancien testament avec le nouveau testament dans lequel le tétragramme n'apparaît pas (aucun manuscrit du nouveau testament ne contient le tétragramme).
De plus la Septante [IIIe s. av. J.-C.], première traduction en grec de l'ancien testament [bible hébraïque], remplaçait également le tétragramme par "kurios" ("Seigneur"). Remplacer le tétragramme par "Seigneur" dans l'ancien testament dans un souci d'harmonisation, ou pour se conformer à la Septante du premier siècle utilisée par les chrétiens de l'époque est donc un choix de traduction. D'ailleurs les Témoins de Jéhovah ont choisi de faire la même chose dans l'autre sens, à savoir harmoniser le nouveau testament avec l'ancien en remplaçant "kurios" par "Jéhovah" à de nombreux endroits dans le texte grec. Toutefois, là où dans le premier cas on peut facilement prouver à l'aide des manuscrits originaux que "Seigneur" correspond bien au tétragramme, dans le cas de la Traduction du Monde Nouveau il est impossible de prouver que le nom "Jéhovah" a été inséré à raison dans le nouveau testament (voir l'article La Traduction du Monde Nouveau).
[...]
Le tétragramme, pour les hébreux, n'était pas qu'une succession de quatre lettres mais c'était un mot qui avait un sens bien particulier, sens qui n'est malheureusement pas préservé par les prononciations "Jéhovah" ou "Yahweh". C'est pour cela que, dans le souci de respecter le sens du nom divin, certains traducteurs bibliques ont choisi de rendre le tétragramme par "L’Éternel". On retrouve dans ce terme une idée du sens originel tel que révélé à Moïse à savoir "JE SUIS", "JE SERAI", "L'Etant", "l'Existant" (voir aussi Apocalypse 1:4, 8; 11:17; 16:4). Ce nom, contrairement à ce que disent certains Témoins de Jéhovah n'est donc pas un titre mais une tentative de traduction du tétragramme tandis que "Jéhovah" ou "Yahweh" sont des tentatives de prononciation (ou vocalisation) du tétragramme.
L'Eglise catholique n'utilise officiellement plus le nom de Dieu, mais "Seigneur" depuis 2001. De nombreuses Eglises protestantes, évangéliques ou non, l'utilisent toujours dans leur culte ou dans leurs chants. (Source: Jw-verite.org )
L'ouvrage "Les mots du christianisme, Catholicisme, orthodoxie, protestantisme", du Père Dominique Le Tourneau, publié chez Fayard en 2005, indique au mot "JEHOVAH" (p. 341): "Transcription médiévale du nom de Dieu, Yahvé, à partir d'une lecture erronée du texte hébreu, vocalisé par les massorètes - des savants juifs des VIIIe et IXe siècles - qui ont fixé le texte hébreu de la Bible. [...] Cette transcription est abandonnée. Elle ne subsiste que dans le nom de l'organisation religieuse dite des 'Témoins de Jéhovah'."
Au premier siècle, l'utilisation de ce nom était strictement interdite dans le temple de Jérusalem, dans les synagogues ou ailleurs (seul le grand prêtre pouvait l'utiliser dans des célébrations spéciales). Chaque fois qu'ils lisaient les écrits sacrés et qu'ils rencontraient le Tétragramme YHWH, ils disaient à haute voix «Adonaï» ou «Elohim». Progressivement l'utilisation du nom divin est mise de côté et ainsi la prononciation exacte de YHWH disparait. Par la suite, les voyelles de ces deux noms substitutifs ont été superposées au Tétragramme, comme un rappel qu'il faut dire chaque fois «Adonaï» ou «Elohim». Mais, vers l'année 1100 de notre ère., ne comprenant pas la signification de cette façon d'écrire, les voyelles d’Elohim (e o i) et celles d'Adonaï (e o a) ont été intercalées entre les lettres qui constituent le nom divin YHWH. Ainsi avec les voyelles d'Elohim, on a obtenu la prononciation de YéHoWiH, et avec celles d'Adonaï YéHoWaH. L'emploi «Yéhowih» n'a pas eu trop de succès, mais «Yéhovah» est devenu rapidement d’un usage courant. Donc, presque tous les spécialistes sont d'accord pour dire que la prononciation «Jéhovah» est le produit d'une erreur linguistique, né par le mélange des voyelles d'Adonaï avec les consonnes YHWH.
Depuis, ce nom a été utilisé dans les églises, dans les cultes, dans les cantiques, dans les traductions de la Bible, et même gravé sur les murs ou portes des bâtiments religieux. Les chrétiens l’utilisaient souvent et ne le cachaient pas comme prétendent les Témoins de Jéhovah; mais, au début du XIXème siècle, lorsque des spécialistes tels que Driver, Thierry et Alfrink, ont mis en évidence l’erreur de prononciation «Jéhovah», les chrétiens ont commencé à le remplacer par Yahweh ou Seigneur dans leurs traductions de la Bible. Ceux qui préfèrent «le Seigneur» se basaient sur le fait que, déjà, le Nouveau Testament et la traduction de la Septante en grec (250 ans av. J.-C.) utilisaient «le Seigneur» à la place de Yhwh.
Dans le Talmud de Babylone (Yoma, 39b; Tosephta, Sota, XIII, 8) que les prêtres du Temple cessent de prononcer ce nom à la mort de Simon le juste, vers 195 av J.-C.. L’historien juif Flavius Josèphe (37-100), issu d’une famille de prêtres, et contemporain des apôtres, dit vers 94 ap. J.-C. : «Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler» (Antiquités Judaïques, II, XII, 4, p. 276). Donc, au temps des apôtres, il n'était pas permis de prononcer le nom divin et celui qui prononçait le nom divin était considéré comme quelqu’un n'ayant pas part au monde à venir.