Lors de sa conférence de presse du 25 avril, Emmanuel Macron a estimé que les Français travaillaient moins que leurs voisins européens. Le 2 mai, pour RT France, l'économiste Jacques Sapir fait le point.
Pour sa chronique du 2 mai sur RT France, l'économiste Jacques Sapir revient sur l'intervention du 25 avril d'Emmanuel Macron au cours de laquelle le président a affirmé que les Français travaillaient moins que leurs voisins européens. La France est-elle réellement le bonnet d’âne européen ? Jacques Sapir apporte son décryptage sur cette thématique :
"La France se situe à peu de choses près dans la moyenne européenne. [...] Par contre on travaille moins qu'au Japon, en Italie ou aux Etats-Unis.
"Le temps de travail est fixé à 35 heures par semaine, légalement, mais en réalité les Français travaillent 38,7 h par semaine. Ce qui fait une différence de quasiment 10%. Et ces heures supplémentaires sont payées en heures supplémentaires. De même, le nombre de jours fériés légaux n'est pas en France si extraordinaire que cela : il y a toute une série de pays européens où il y en a plus qu'en France.
"(Le discours politique qui dit qu'il faut que nous les Français on travaille plus) remonte à Nicolas Sarkozy. Or, si on augmente la durée légale de travail, cela veut dire que l'on va faire disparaître les heures supplémentaires avec pour résultat que les gens auront moins d'argent sur leur feuille de paye. Si on augmente l'âge de départ à la retraite, ou si l'on pousse par un système de points les gens à travailler plus longtemps, il n'est pas du tout sûr qu'ils puissent travailler plus longtemps puisqu'on sait que de plus en plus les entreprises licencient dès que les gens atteignent 50 - 55 ans. Résultat : les retraites seront nettement plus basses.
"Donc globalement, tout ce discours qui est tenu au nom du 'il faut revaloriser le travail contribue en réalité à dévaloriser le travail.
"Le problème est que l'on est dans un système induit par toute une série de structures économiques (l'euro, mais aussi l'Union européenne), il y a une concurrence acharnée provoquée par cela sur le marché du travail. Cela aboutit toujours à donner moins aux gens qui travaillent et à pousser les gens à rester en activité mais comme ils ne peuvent pas rester en activité, c'est essentiellement les retraites qui vont baisser. Et là on le voit, c'est très lié au système économique dans lequel nous sommes."
Source: RT