Article mis à jour en le premier dimanche de l'Avent - 03 décembre 2023.
dubia (cinq questions) des quatre cardinaux eurent une réponse en quatre lignes qui élève (de la propre autorité du pape) la correspondance privée de François avec les évêques d'Argentine au rang de "Magistère authentique" (Source) - indépendamment du contenu (qui permet la distribution de la communion à des divorcés remariés) et de l'accord du reste de l'Église -, et qu'une correctio filialis adressée au pape en 2017 rédigée par 40 théologiens catholiques, a été ignorée, des érudits ont demandé lors de l'octave de Pâques, dimanche 28 avril, à des évêques de déclarer le pape François "hérétique".
Après que les
Comment l'Église peut-elle déclarer un pape hérétique ? Quels exemples trouve-t-on dans l'histoire ?
Un moyen par lequel le crime d'hérésie d'un pape peut être établi: ce sont les avertissements ecclésiastiques. Le pape doit être officiellement mis en garde par des autorités ecclésiastiques.
Les avertissements ecclésiastiques sont émis par les cardinaux (qui sont les plus hautes autorités de l'Église), qui accusent le suspect d'hérésie et l'obligent à répondre avec une correction de ses erreurs, dans le six mois. ["Si, après six mois, à compter du moment où la peine a été contractée, la personne soupçonnée d'hérésie n'a pas été amendée, il faut la considérer comme un hérétique, passible des peines prévues dans le canon 2314. Tandis que les peines énumérées sous (b) sont ferendae sententiae , à infliger selon can. 2223, 3, les peines énoncées sous (c) sont un jure et latae sententiae." (Augustin, Un commentaire sur le nouveau code de droit canonique , vol. VIII, bk. 5, pp. 288-289. "Six mois de plus peuvent être accordés, et si à la fin de cette période la partie soupçonnée d'hérésie n'a montré aucun signe d'amendement, elle doit être considéré comme un hérétique et puni en conséquence."]
C'est ce à quoi faisait référence le Cardinal Burke dans son interview au Catholic Herald du 16 novembre 2016 lorsqu'il dit: "Il y a, dans la Tradition de l'Église, la pratique de la correction du Pontife Romain. C'est quelque chose qui est clairement assez rare. Mais s'il n'y a pas de réponse à ces questions, alors je dirais qu'il s'agirait d'un acte formel de correction d'une erreur grave." Si le Pape ne répondait pas à ces avertissements, l'Église supposerait que le pape est incorrigible et endurci dans son hérésie.
La capacité de l'Église à mettre en garde et à juger un pape pour hérésie en établissant son obstination a été enseignée par :
- le pape Innocent III ;
- le pape Adrien ;
[qui a écrit: "Premièrement, qu'un Pape hérétique peut être jugé est expressément tenu dans Can. Si papa dist . 40, et par Innocent III (Sermon II de Consécré Pontif.) En outre, dans le 8ème Concile, (Actes 7), les actes du Concile romain sous le pape Adrien sont récités, dans lequel on trouve que le pape Honorius semble être anathématisé justement, parce qu'il avait été reconnu coupable d'hérésie..." (De Romano Pontifice, livre 2, chapitre 30)].
[Le pape Honorius Ier fut condamné post-mortem sous le pontificat de l'un de ses successeurs, Léon II comme monothéliste au troisième concile de Constantinople (680-681) et il subit l'anathème posthume en tant que pape de Rome. Dans sa réponse au patriarche Sergius qui soutenait qu'il n'y avait qu'une activité dans le Christ, il approuva sa politique de silence sur la question de savoir s'il fallait admettre une ou deux activités dans le Christ, une humaine et une divine. Le Concile de Constantinople de 680-681 définira qu'il y a dans le Seigneur Jésus-Christ deux activités et deux volontés distinctes, l'une divine, l'autre humaine, celle-ci subordonnée à la première, unies inséparablement mais sans confusion et conrourant ensemble au salut du genre humain. L'excès de prudence pastorale d'Honorius lui valut d'être déclaré anathème par le concile, approuvé par Léon II en 681, y compris l'anathème contre Honorius qui "n'a pas essayé de purifier cette Église apostolique en enseignant la tradition apostolique, mais qui, par une trahison profane, a laissé souiller ce qui était sans tache". (Paul CHRISTOPHE, 2000 ans d'Histoire de l'Église, Nouvelle Édition Mame Desclée, Paris 2017, p. 207-210.)]
"Selon Bellarmin, il est clair que personne ne peut déclarer un pape hérétique sans que l'Église ne l'ait d'abord jugé comme tel. Et ce type de jugement (non coercitif) ne contredirait pas, selon lui, la non-juridiction du premier Siège, ni ne tomberait dans une forme de conciliarisme mitigé."
Le pape a un domaine dans lequel son commandement est légitime, donc obligatoire. Mais cette sphère n’est ni infinie ni indéterminée. A tel point que Bellarmin affirme que "de même qu'il est licite de résister au Pontife qui attaque les corps, de même il est licite de résister à celui qui attaque les âmes ou trouble l'ordre civil, et, surtout tout cela, à celui qui tente de détruire l’Église. Je dis qu'il est permis de lui résister en ne faisant pas ce qu'il ordonne et en empêchant l'exécution de sa volonté : cependant, il n'est pas permis de le juger, de le punir et de le destituer, puisque ces actes sont propres à un supérieur" (De Romano Pontifice , livre 2, vers 19) .
( https://lanuovabq.it/it/un-papa-eretico-cosa-ne-pensava-san-roberto-bellarmino )
De même S. Robert Bellarmin écrit également : "Mais [les protestants] diront [...] que l'Église est sans remède si elle a un mauvais pape, et que le pape peut tout déranger impunément, détruire et que personne ne pourra résister. Je réponds : "Il n'y a rien d'étonnant à cela : Il n'y a rien d'étonnant à ce que l'Église reste sans remède humain efficace, puisque sa sécurité ne repose pas principalement sur l'industrie humaine, mais sur la protection divine, puisque Dieu est son roi. Par conséquent, même si l'Église ne pouvait pas déposer un pape, elle peut et doit supplier le Seigneur d'appliquer le remède, et il est certain que Dieu se soucie de sa sécurité, qu'il convertira le pape ou l'abolira de son sein avant qu'il ne détruise l'Église. Cependant, il ne s'ensuit pas qu'il n'est pas licite de résister à un pape qui détruit l'Église ; car il est licite de l'admonester en conservant toute révérence, et de le corriger modestement, même de s'opposer à lui par la force et les armes s'il a l'intention de détruire l'Église". (Saint Robert Bellarmin, De Controversiis, Sur l'Église : Sur les Conciles, Sur l'Église Militante, Sur les Marques de l'Église, p. 220)
- le célèbre chapitre Si Papa du décret de Gratien ["Qu'aucun mortel ne prétende accuser le Pape de faute, car, puisqu'il lui incombe de juger tout le monde, il ne doit être jugé par personne, à moins qu'il ne soit soudainement surpris en train de dévier de la foi" (Si Papa Dist 40). Le latin trouvé dans Brian Tierney, La crise de l'Église et de l'État, Englewood Cliffs, New Jersey: Prentice-Hall, 1964, p. 124. Autre source : Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, qui a écrit dans Oeuvres, Livre I, chapitre VI : "Pierre d'Ailly & les autres docteurs insistent beaucoup sur ce décret et sa glose; mais ils s'appuient essentiellement sur ce principe : le pape pouvant errer, est soumis à l'Église & au Concile, qui ne peut errer. Ces expressions peut errer, ne peut errer, si souvent répétées par nos Docteurs, sont tirées du chapitre Si papa. Le voici tel qu'on le trouve dans Gratien : 'Si le pape néglige son salut & celui de ses frères; si, inutile à l'Eglise & nonchalant dans l'accomplissement de ses devoirs, il garde encore un silence criminel sur la vérité; silence plus préjudiciable à lui & aux autres, que tout le reste, quoiqu'il soit suivi de peuples innombrables, qui, comme lui, seront livrés au prince des ténèbres, pour être sévèrement punis pendant l'éternité; cependant qu'aucun mortel ne soit assez téméraire pour le reprendre de ses fautes; car c'est à lui qu'appartient le droit de juger tout le monde, sans que personne puisse le juger, à moins qu'il ne soit convaincu d'errer dans la foi.' Voilà la source de cette expression appliquée au pape. Il peut errer; d'où l'on a tiré cette conséquence indubitable, que l'Église, qui ne peut errer, a droit de lui imposer & de lui prescrire des lois."] ;
- et d'autres, et reste l'enseignement commun des docteurs et des théologiens de l'Église.
Il est plus difficile d'établir l'opiniâtreté du pape que de juger de l'hérésie (par exemple, les enseignements), car cela implique quelque chose qui existe dans le for interne (le domaine de la conscience). Si une personne ne quitte pas ouvertement l'Église, ou admet publiquement qu'elle rejette sciemment ce que l'Église enseigne définitivement sur la foi ou la morale (ce que François n'a jamais fait), la pertinacité devra être établie d'une autre manière. L'autre manière, selon la loi divine et le droit canonique, est d'émettre un avertissement ecclésiastique au suspect ou, comme le décrit le cardinal Burke, un "acte formel de correction".
Un avertissement ecclésiastique sert de moyen efficace pour établir la pertinacité, puisque la réponse déterminera, avec un degré de certitude suffisant, si la personne qui a professé l'hérésie (pas une moindre erreur) est réellement opiniâtre (il s'en écarte consciemment dogme de la foi), plutôt que de se tromper simplement - ce qui pourrait être encore un péché, mais pas nécessairement le péché d'hérésie. Parce que la pertinacité est elle-même un élément nécessaire de l'hérésie, il ne suffit pas que sa présence soit présumée, surtout par les catholiques sans autorité ecclésiastique; il doit être prouvé, et par les autorités de l'Église. Les avertissements ecclésiastiques accomplissent cela en supprimant toute chance d'ignorance innocente.
C'est pourquoi saint Robert Bellarmin a dit qu'un clerc "se montre manifestement obstiné" dans son hérésie en vertu des deux avertissements.
Bellarmin a écrit: "Car, en premier lieu, il est prouvé avec des arguments d'autorité et de raison que l'hérétique manifeste est ipso facto déposé. L'argument de l'autorité est basé sur Saint Paul (Tite 3:10), qui ordonne que l'hérétique soit évité après deux avertissements, c'est-à-dire après s'être manifestement entêté... " (De Romano Pontifice , bk. 2, ch. 30)
Dans son Commentaire sur l'épître de saint Paul à Tite, saint Thomas d'Aquin confirme que les avertissements dont il est question dans Tite 3:10 proviennent de l'autorité officielle, ecclésiastique, et non d'un catholique dans le banc. Parlant d'une personne qui a dévié de la foi, saint Thomas a écrit: "Une telle personne devrait être avertie, et si elle ne renonce pas, elle devra être évitée. Et il [l'Apôtre] dit, après le premier et le deuxième avertissement, car c'est ainsi que l'Église procède en excommuniant ."
Dans la Summa, saint Thomas confirme le même point quand il note que "l'Église" condamne non pas immédiatement, mais après le premier et le second avertissement, selon l'enseignement de saint Paul. Il a écrit: "Cependant, de la part de l'Église , il y a une miséricorde qui regarde la conversion du vagabond, c'est pourquoi elle ne condamne pas tout de suite, mais 'après la première et la seconde exhortation', comme l'apôtre le dit: pourtant têtu, l'Église n'espérant plus sa conversion, regarde au salut des autres, en l'excommuniant et en le séparant de l'Église, et de plus le livre au tribunal séculier pour être exterminé du monde par la mort." [ST, II-II, q. 11, a. 3, sed contra . Comme nous pouvons le voir, contrairement à l'enseignement du pape François, saint Thomas affirme également la justice de la peine capitale dans la mesure où elle est proportionnelle à la gravité du crime (et la peine de mort est proportionnelle au crime de nuire au "salut des autres"). Voir, par exemple, ST, II-II, q. 11, a. 3; q. 64, a. 3; Genèse 9: 6; Lc 19:27; Rom 13: 4.]
Dans un article de 1909 publié dans The American Catholic Quarterly Review , le p. Maurice Hassett a également confirmé que les admonitions dont parle saint Paul doivent provenir des autorités ecclésiastiques appropriées: "Dès les premiers temps chrétiens, l'hérésie était universellement considérée comme le plus odieux des péchés. L'hérétique, dit saint Paul, sera averti une première et une seconde fois du caractère grave de son offense; s'il ne tient pas compte, il doit être évité par les chrétiens en tant qu'homme manifestement de mauvaise foi, qui se condamne lui-même - Tite 3:10. (...) Les hérétiques étaient par conséquent coupés de toute association avec les fidèles, qui ne doivent pas avoir de relations avec eux tant qu'ils refusent obstinément de tenir compte des remontrances officielles des autorités de l'Église. " [Hassett, "Church and State in the Fourth Century", publié dans The American Catholic Quarterly Review , vol. 34, janvier - octobre 1909, p. 301-302.]
Ainsi, pour établir la pertinacité (que l'hérétique est "manifestement obstiné"), le droit canonique exige que l'Église adresse des avertissements à un prélat avant qu'il ne soit déposé pour le crime d'hérésie. [Le Canon 2314.1-2 (Code de droit canon de 1917. "Tous les apostats de la foi chrétienne, tous les hérétiques ou schismatiques et chacun d’eux: 1° Encourent par le fait même une excommunication; 2° Si après monition, ils ne viennent pas à résipiscence, qu’on les prive de tout bénéfice, dignité, pension, office ou autre charge, s’ils en avaient dans l’Église, et qu’on les déclare infâmes; après deux monitions, ceux qui sont clercs doivent être déposés."]
Comme Bellarmin l'indique, cet aspect du droit canonique est fondé sur la loi divine, telle qu'elle est révélée dans les Écritures (voir Tt 3:10), et est considéré comme si nécessaire que même dans le cas extrême où un clerc rejoint publiquement une fausse religion (ce que François n'a pas fait non plus), il doit être dûment averti par l'Église avant d'être dégradé. ["Un clerc doit, en outre, être dégradé si, après avoir été dûment averti, il persiste à être membre d'une telle société (secte non-catholique). Tous les postes qu'il peut occuper deviennent vacants, ipso facto, sans aucune nouvelle déclaration. Il s'agit d'une démission tacite reconnue par la loi (canon 188.4) (Code de droit canon de 1917. NdCR.) et, par conséquent, la vacance est de facto et jure (de fait et de droit)." Augustin, Commentaire sur le nouveau code de droit canonique, vol. 8, bk. 5, p. 280 (pas d'italique dans l'original)]
Parce que l'Église n'a aucune autorité sur le pape, ces avertissements ne constituent pas un acte de juridiction (comme ils le feraient pour les autres catholiques), mais seulement un acte de charité, comme saint Thomas l'enseigne à propos de la correction fraternelle. [Sur la question de savoir si un homme est tenu de corriger son prélat, saint Thomas enseigne: "Un sujet n'est pas compétent pour administrer à son prélat la correction qui est un acte de justice par la nature coercitive du châtiment: mais la correction fraternelle est un acte de charité qui est de la compétence de tout le monde à l'égard de toute personne envers laquelle il est lié par la charité, à condition qu'il y ait quelque chose dans cette personne qui nécessite une correction." ST, II-II, q. 33, a. 4.]
Bien que le Pape ne soit pas soumis à la loi positive de l'Église, parce que ces avertissements sont enracinés dans la Loi Divine, et sont accordés aux moindres clercs dans l'espoir de leur amendement, ils sont très certainement accordés au Vicaire du Christ, aussi bien par la justice que par le principe philosophique omne majus continet in se minus - "le plus grand comprend le moindre".
En fait, Cajetan dit que c'est parce qu'un Pape n'est pas soumis au droit canon que les avertissements ecclésiastiques sont pour lui absolument nécessaires avant qu'il soit déclaré hérétique. Il explique que parce que d'autres hérétiques peuvent automatiquement encourir l'excommunication latae sententiae (la censure) par l'application du droit canonique [Ici, nous pouvons penser à certains politiciens catholiques qui reconnaissent et défient ouvertement l'enseignement catholique (par exemple, l'avortement) au monde, établissant ainsi leur opiniâtreté comme notoire par la notoriété des faits. En tant que non-clercs, leur excommunication peut être reconnue par l'Église sans avoir besoin d'un avertissement ou d'une censure ecclésiastique.] (auquel le pape n'est pas soumis), il n'est pas absolument nécessaire que l'Église leur adresse des avertissements avant de les déclarer excommuniés. ["Il n'est pas non plus toujours demandé dans le for externe qu'il y ait un avertissement et une réprimande comme décrit ci-dessus pour que quelqu'un soit puni comme hérétique et obstiné, et une telle exigence n'est en aucun cas toujours admise dans la pratique par le Saint-Office." (De Lugo , dossier XX, section IV, n ° l57-158, cité dans "Essay on Heresy", par Arnaldo da Silveira).]
Cependant, parce que le pape n'est pas sujet à la censure ecclésiastique, l'enseignement de St Paul à Tite devrait logiquement être suivi à la lettre. Dans les propres mots de Cajetan: "La deuxième conséquence est qu'un pape hérétique ne devrait pas être déposé avant les admonestations: car il n'est pas excommunié pour cause d'hérésie, mais devrait être excommunié en étant déposé. Par conséquent, l'ordre de l'apôtre concernant la double admonition, qui ne doit pas être respectée [à la lettre] pour les autres, qui sont inférieurs, en raison de l'adjonction d'excommunication latae sententiae, que l'Église impose aux hérétiques, doit être observé à la lettre avec lui." [De Comparatione Auctoritatis Papae et Concilii , p. 103.]
Ainsi, avant que le pape François puisse être considéré publiquement comme hérétique, il faut qu'il reçoive "une première et une deuxième correction" (avertissements) des "cardinaux" (ou d'une autre autorité officielle de l'Église, comme un "synode romain"), et il lui faudrait ensuite "continuer opiniâtrement dans une opinion contraire à un dogme manifeste ou défini" après au moins six mois (comme ses hérésies matérielles que personne ne soit condamné pour toujours ou que des actes intrinsèquement mauvais admettent des exceptions). Parce que ces avertissements sont publics et émis par les autorités compétentes, un refus de les écouter établirait une "opiniâtreté publique" qui est nécessaire pour condamner quelqu'un publiquement (c'est-à-dire le crime d'hérésie). (Source: John F. Salza, 1P5, 25 octobre 2017)
La condamnation formelle de l'Église qui déclare officiellement le Pape coupable du crime d'hérésie est si importante et nécessaire que le théologien scolastique espagnol Jean de Saint-Thomas dit que cette déclaration doit provenir d'un concile général.
Le brillant théologien dominicain utilise aussi des exemples historiques pour prouver son cas :
"Il faut dire que la déclaration du crime ne vienne pas des cardinaux, mais d'un concile général. Cela est évident, d'abord, par la pratique de l'Église. En effet, dans le cas du pape Marcellin, qui offrait de l'encens aux idoles, un synode était réuni pour discuter de l'affaire, comme il est dit dans la distinction 21, chapitre 7 ("Nunc autem")...
"De même, dans le cas du pape Symmaque, un concile fut réuni à Rome pour traiter l'affaire contre lui, comme rapporté par Antonio Agustín (Antoine Augustin), dans son Epitome Juris Pontifice Veteris (Titre 13, Chapitre 14); et les sections du droit canon citées ci-dessus montrent que les Pontifes qui voulaient se défendre contre les crimes qui leur étaient imputés l'ont fait devant un concile.
"Deuxièmement, il est communément admis que le pouvoir de traiter les cas de Papes, et celui qui a trait à leur déposition, n'a pas été confié aux cardinaux. Car la déposition appartient à l'Église, dont l'autorité est représentée par un concile général ; en effet, seule l'élection est confiée aux cardinaux et pas plus, comme on peut le voir clairement en lisant ces choses que nous avons tirées de la loi..." (Cursus Theologici II-II, Jean de Saint-Thomas, De Auctoritate Summi Pontificis , Disp. II, Art. III, De Depositione (soulignement ajouté)
La question évidente est la suivante: comment l'Église peut-elle convoquer un concile général pour surveiller la déchéance d'un Pape hérétique, lorsqu'un concile général doit être convoqué et supervisé par un pape, personnellement ou par l'intermédiaire de ses légats? Pour répondre à cette question, Cajetan fait la distinction classique entre un concile parfait et un concile imparfait ; ou, comme il le dit, un concile absolument parfait, et un concile parfait par rapport à l'état actuel de l'Église. (De Comparatione Auctoritatis Papae et Concilii , p. 67.)
Cajetan explique qu'un concile parfait est absolument celui dans lequel le corps est uni à sa tête, et donc se compose du Pape et des évêques. [De Comparatione Auctoritatis Papae et Concilii , ibid.] Un tel concile a le pouvoir de définir des dogmes et de publier des décrets qui règlent l'Église universelle. [ibid. p.68] Cajetan explique ensuite qu '"un concile parfait selon l'état actuel" de l'Église (c.-à-d. Un concile "imparfait") est composé uniquement des membres qui peuvent être trouvés lorsque l'Église est dans une condition donnée (par exemple, avec plusieurs papes douteux, ou avec un pape apparemment hérétique) et ne peut que "s'impliquer dans l'Église universelle jusqu'à un certain point". [ibid. p. 68] Ainsi, un concile imparfait ne peut définir de doctrines ou édicter des décrets réglant l'Église universelle, mais possède seulement l'autorité pour décider de la question qui a causé sa convocation. Cajetan note qu'il n'y a que deux cas qui justifient la convocation d'un tel concile : "...quand il y a un seul pape hérétique à déposer, et quand il y a plusieurs pontifes suprêmes douteux".
Dans de tels cas exceptionnels, un concile général peut être appelé sans l'approbation, et même contre la volonté, du pape. Cajetan explique:
"Un concile parfait selon l'état actuel de l'Église [c'est-à-dire un concile imparfait] peut être convoqué sans le Pape et contre sa volonté, si, bien que demandé, il ne veut pas lui-même l'invoquer; mais il n'a pas l'autorité pour réglementer l'Église universelle, seulement pour répondre au problème alors en jeu. Bien que les cas humains varient de façon infinie... il y a seulement deux cas qui se sont produits ou peuvent se produire, dans lesquels, je déclare qu'un tel concile devrait être convoqué. Le premier est quand le Pape doit être déposé pour cause d'hérésie ; car alors, s'il refusait, quoique demandé, les cardinaux, l'empereur ou les prélats peuvent faire assembler un concile qui n'aura pas pour objet le soin de l'Église universelle, mais seulement le pouvoir de déposer le Pape. " [Ibid., p. 70. Cajetan explique que le second cas est celui où un ou plusieurs papes souffrent d'incertitude quant à leur élection, et il utilise le concile de Constance pendant le grand schisme d'Occident comme un autre exemple historique d'un "concile imparfait".]
Comme nous l'avons vu, Jean de Saint-Thomas a évoqué le Concile de Sinuessa comme exemple de "concile imparfait" convoqué par les évêques afin de superviser la déposition du pape Marcellin (304). [Dans une lettre à l'empereur Michel en 865, le pape Nicolas a écrit: "Dans le règne des souverains Dioclétien et Maximien, l'évêque de Rome, Marcellin, qui devint ensuite un illustre martyr, fut si persécuté par les païens qu'il entra dans un de leurs temples et y offrit de l'encens." (Rev. Reuben Parsons, Studies in Church History , vol. II, (Philadelphie, Pennsylvanie: John Joseph McVey, 1900), page 510. Voir aussi Bréviaire romain, 5 avril, cité in "Can the Church Depose an Heretical Pope?", Written by Robert J. Siscoe, The Remnant, 18 novembre 2014, note 40.]
Après que le pape Marcellin a commis le péché public grave contre la foi en offrant l'encens à l'autel de Jupiter, un concile a été convoqué et le pape compromis, par honte, fut déposé. [Voir Hidgen, Polychronicon Ranulphi Higden maonachi Cestrensis , vol. 5 (Londres: Longman, 1865), p. 107.]
"Les registres du concile de Sinuessa (IVe siècle) - concile considéré comme imaginaire par George Finch, dans Sketch of the Romish Controversy (publié chez G. Norman en 1831, p. 303) - sont fabriqués au début du VIe siècle", selon l'article Wikipedia sur le pape Marcellin. La source de cette assertion est le livre de G. Finch, publié par la British society pour la promotion des principes religieux de la Réforme, 1850. Selon Victor Martin, "personne n'admet plus, aujourd'hui, l'authenticité, du prétendu concile de Sinuessa" (Victor Martin, Comment s'est formée la doctrine de la supériorité du concile sur le Pape, Revue des Sciences Religieuses Année 1937 Volume 17 Numéro 2 p. 122).
À propos du pape Marcellin qui a offert de l'encens aux idôles, l'auteur de l'article "Can the Church Depose an Heretical Pope?", Robert J. Siscoe, qui va dans le même sens que celui de l'article présent, donne cette source : "Bréviaire romain, 5 avril". Il explique : "Aujourd'hui, de telles actions papales seraient probablement expliquées ('10 raisons pour lesquelles le pape Marcellin n'offrait pas vraiment d'encens aux idoles"), ou louées comme un geste œcuménique positif. Cependant, à l'époque de l'Église primitive, il y eut une réaction différente : un concile fut appelé, et le pape, par honte, fut déposé. Mais cette histoire tragique a eu une fin heureuse. Car les évêques étaient tellement édifiés par sa repentance publique qu'ils l'ont réélu à la papauté. Le pape Marcellin est mort en martyr pour la foi et est maintenant un saint canonisé. Ici nous voyons le bon fruit qui a suivi un tel concile. Combien sa fin aurait été différente si ses actions scandaleuses avaient été expliquées ou, pire encore, défendues et louées comme un bien positif ?"
Dans la deuxième partie du IVe siècle, sous la pression politico-théologique des ariens, le pape Libère (352-356) condamna le héraut de l’orthodoxie saint Athanase d'Alexandrie. Il signa sous la contrainte de l'empereur arien Constance II une déclaration équivoque sur la Trinité qui pouvait être interprétée dans un sens arien aussi bien que catholique.
Au VIIe siècle, pour justifier un arrangement avec les hérétiques, le pape Honorius (625-638) déclara en 634 : “Nous devons faire attention de ne pas raviver les querelles anciennes.” A partir de cet argument, le pape permit la libre propagation des erreurs avec comme résultat le bannissement de la vérité et de l'orthodoxie... S. Sophrone de Jérusalem, presque seul, s’opposa à Honorius et l’accusa d’hérésie. Le pape, finalement, se repentit, mais il mourut sans réparer le préjudice incommensurable qu’il avait fait à l’Eglise, en cherchant toujours les compromis. Le troisième concile de Constantinople (680-681) le considèrera anathème, jugement qui sera confirmé par le pape saint Léon II.
Au IXe siècle, le pape Nicolas Ier (858-867) enseigna que le baptême était valide, qu’il soit administré au nom des trois personnes de la Sainte Trinité ou au seul nom du Christ. Il se trompait. Le baptême administré au seul nom du Christ est invalide.
Une autre question dans l'esprit des catholiques est de savoir combien de cardinaux et d'évêques seraient nécessaires pour convoquer un concile général imparfait qui déclarerait le crime d'hérésie d'un pape ? Une majorité des cardinaux et des évêques seraient-ils tenus d'appeler un tel concile? Ou bien une minorité suffirait-elle? Et le refus de participer de ceux qui soutiennent le pape aboutirait-il à un schisme formel dans l'Église?
Ce sont des questions troublantes pour des temps troublés. Un schisme matériel se développe déjà au sein de l'Église parmi les cardinaux et les évêques au sujet de l'attaque de François sur la doctrine et la morale, tout comme l'a prophétisé Notre-Dame d'Akita. ["L'œuvre du diable s'infiltrera jusque dans l'Église de telle manière que l'on verra des Cardinaux s'opposer aux Cardinaux, aux évêques contre les évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et contrés par leurs confrères ... des églises et des autels saccagés; l'Église sera pleine de ceux qui font des compromis et le démon pressera beaucoup de prêtres et d'âmes consacrées de quitter le service du Seigneur." (Notre-Dame d'Akita, à Sœur Agnes Sasagawa, 13 octobre 1973).] Il a été rapporté que des prélats de haut rang se sont publiquement opposés, comme l'échange récent entre le cardinal désigné Kevin Farrell et l'archevêque Charles Chaput de Philadelphie. [Le Cardinal américain Kevin Farrell a publiquement réprimandé l'Archevêque Charles Chaput pour son refus de donner la Sainte Communion aux adultères publics (contrairement au programme de François). Chaput a répondu en disant que les paroles de Jésus étaient claires et que Farrell ne comprenait pas les lignes directrices de Philadelphie (NB: la révélation de Jésus-Christ) il s'interrogeait. Voir http://www.catholicnews.com/services/englishnews/2016/bishops-need-shared-approach-to-amoris-laetitia-new-cardinal-s.cfm ]
Dans une récente interview de TV Libertes, Mgr Athanasius Schneider a admis que "nous assistons aujourd'hui à une forme étrange de schisme" et qu'"un certain schisme existe déjà dans l'Église" sur l'enseignement du pape François dans Amoris Laetitia. [https://www.lifesitenews.com/news/bishop-schneider-we-are-witnessing-today-a-strange-form-of-schism-within-th. ]
[NdCR. Lire : "Une sorte de schisme existe déjà dans l'Eglise" (Mgr Athanasius Schneider)
Mgr Scheider : "Au cours de ce pontificat, nous avons eu plusieurs actes qui ne correspondaient pas à l'enseignement du Magistère précédent" (CatholicHerald.co.uk, 1er décembre 2023) comme : l'affirmation de la validité du pluralisme religieux à Abou Dhabi ou l'autorisation donnée aux évêques argentins d'autoriser les catholiques divorcés et "remariés" de recevoir la Sainte Communion. Mgr Schneider est d’accord avec le cardinal Sarah pour dire qu'un manque de clarté a créé "une cacophonie" de voix contraires et contradictoires. Et c'est contraire à la foi catholique. Il n'y a qu'une seule foi."
Dans un article publié sur LifeSiteNews le 9 novembre, le cardinal Gerhard Müller a déclaré que "certaines des déclarations du pape François sont formulées de telle manière qu'elles pourraient raisonnablement être comprises comme une hérésie matérielle. ]
Cependant, il ne semble pas nécessaire que même une majorité, encore moins la totalité des cardinaux et des évêques soit obligée de déclarer ce que l'incorrigibilité du pape aurait déjà prouvé, à savoir, qu'il est coupable du crime d'hérésie. Parce qu'un concile légitime et imparfait a le pouvoir de lier les fidèles sans l'approbation du Pape, il s'ensuit qu'il ne nécessiterait pas non plus l'approbation ou la participation de chaque évêque, ni même de la majorité d'entre eux. Rappelez-vous que Cajetan décrit ce type de concile comme "convoqué selon l'état actuel de l'Église". Cela signifie que le concile est composé uniquement de membres qui peuvent être trouvés dans la condition actuelle, qui se réunissent ici "seulement pour répondre à la question alors en jeu", de déclarer que le pape est coupable du crime d'hérésie.
Peu importe si un nombre significatif de cardinaux et d'évêques s'oppose au concile; l'hérésie publique du pape a déjà été établie par l'autorité de l'Église et a simplement besoin d'être déclarée (officiellement reconnue et communiquée) par ces autorités. De plus, les prélats qui refuseraient de se soumettre à la sentence déclaratoire et au commandement du concile pour éviter le pape hérétique se séparaient de l'Église par un schisme formel, en restant en communion avec un hérétique.
Jean XXII (pape 1316-1334) nia la doctrine de la vision béatifique immédiate du bienheureux après la mort. Il se rétracta avant de mourir. Dans un sermon à Notre-Dame des Doms prononcé le 1er novembre 1331, commentant un texte de Bernard de Clairvaux, Jean XXII affirma, contrairement à l’opinion générale des théologiens, que les âmes des justes ne contemplent pas Dieu avant la résurrection des corps et que c’est seulement après celle-ci qu’elles auront la contemplation de l’essence divine. Cette idée fut reprise dans deux autres sermons les 15 décembre 1331 et 5 janvier 1332. Dans ce prêche, il conclut sa nouvelle orientation théologique en déclarant que les damnés n’iraient en enfer qu’après la résurrection des corps. Il y eut une insurrection dans l’Église. Il fut accusé d’hérésie. Napoléon Orsini, le cardinal qui avait été à l’origine de son élection, le lâcha. On parla de destitution. Philippe de Majorque fut pressenti pour lui succéder. Ce frère de la Pauvre Vie, était le candidat du cardinal Napoleone qui œuvra ouvertement pour un concile déposant le "pape hérétique". Une assemblée de prélats et de théologiens réunie le 19 décembre 1333 et présidée par le dominicain Pierre La Palud, se prononça contre la doctrine pontificale. La Sorbonne ne manqua pas de faire part au roi de France de ses inquiétudes. Les théologiens de l’Université de Paris reprirent le Souverain Pontife en lui montrant que son enseignement était hérétique (Exemple: le bon larron Dismas sur la croix auquel le Christ Notre Seigneur dit: "Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis". Lc 23:43). Le pape se rétracta le 3 décembre 1334, la veille de sa mort, en ces termes : "Nous déclarons comme suit la pensée qui est et qui était la nôtre. […] Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps sont rassemblées au ciel […] et que, suivant la loi commune, elles voient Dieu et l'essence divine face à face." (Jean XXII : bulle Ne super his du 3 décembre 1334, rédigée peu avant sa mort).
[L'opinion dominante des érudits de l'Eglise (Aquin/Cajetan/Jean de St Thomas & Néoscolastiques) est qu'un Pape VALIDE ne peut commettre QUE des hérésies matérielles, occultes & temporaires - on lui accorde toujours le bénéfice du doute, il est sur le point d'être rétracté/clarifié jusqu'à sa mort - par exemple le Pape Jean XXII.]
En 1409, "les théologiens nombreux au Concile (de Pise) savent que le pape ne peut être jugé par personne, sauf en cas d'hérésie. Mais depuis longtemps l'idée s'était imposée aux canonistes, que le refus des papes de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour rétablir l'unité les rendait fauteurs d'hérésie et qu''un schisme invétéré devient une hérésie.'
"Le concile proclama la déposition de Grégoire XII (pape) et de Benoît XIII (antipape d'Avignon) pour leur endurcissement dans le schisme et l'hérésie." (Paul CHRISTOPHE, 2000 ans d'Histoire de l'Église, Nouvelle Édition Mame Desclée, Paris 2017, p. 516.)
"Le 31 juillet (1437), [...] la majorité (au concile de Bâle), dans un Commonitorium, citait le pape à comparaître devant le concile, dans un délai de soixante jours, pour répondre des accusations de simonie [qui est l'achat ou la vente de réalités spirituelles - CEC 2121 -, d'un sacrement, la grâce, par ex., ou d'un office, fonction ecclésiastique] de népotisme, d'impôts excessifs et de mépris du concile.
"L'assemblée de Bâle(-Ferrare-Florence-Rome) suspend le pape Eugène, le 24 janvier 1438, et interdit à la chrétienté de lui obéir.
"[...] Restée à Bâle, malgré les défections qui se multiplient, l'ancienne majorité entame le procès d'Eugène IV : un long procès, car, pour les juristes, il est capital d'établir contre lui l'accusation d'hérésie. Leur procédé va consister à proclamer 'vérités de foi' les décisions de la cinquième session du concile de Constance (1414-1418). En vertu de quoi l'assemblée de Bâle proclame hérétique la position d'Eugène IV qui affirme que le pape peut transférer, ajourner ou dissoudre un concile légitimement convoqué.
"Finalement, la majorité, demeurée à Bâle et en voie de désagrégation, dépose Eugène IV comme hérétique, obstiné et rebelle aux ordres de l'Église universelle, le 25 juin 1439." (Paul CHRISTOPHE, 2000 ans d'Histoire de l'Église, Nouvelle Édition Mame Desclée, Paris 2017, p. 533-534.) Le ecclésiastiques élisent un antipape, Félix V (le duc Amédée VIII de Savoie), qui ne fut reconnu que par la Lithuanie et la Pologne.
Que se passe-t-il si l'Église déclare que François est un hérétique?
L'Opinion jésuite tenue par Bellarmin et Suarez, soutient que le Pape hérétique tombe du pontificat ipso facto (immédiatement et "par le fait") sur la déclaration de l'Église du crime (qui sert de cause déterminante). [L'opinion la plus répandue, cependant, est que l'Église est non seulement capable d'établir le crime d'hérésie, mais aussi de prononcer une sentence déclaratoire, puisqu'une peine purement déclaratoire n'implique pas de coercition ou de punition. Voir, par exemple, Wernz-Vidal, Ius Canonicum . Rome: Grégorien 1943. 2: 453; et, Cajetan, De Comparatione Auctoritatis Papae et Concilii , ch. XXI.] Par exemple, Suarez dit:
"S'il est hérétique et incorrigible, le pape cesse d'être pape dès qu'une sentence déclaratoire de son crime est prononcée contre lui par la juridiction légitime de l'Église. Telle est la position commune des docteurs." Et encore: "Par conséquent, en déposant un pape hérétique, l'Église n'agirait pas comme supérieure à lui, mais juridiquement et par le consentement du Christ, elle le déclarerait hérétique et donc indigne des honneurs pontificaux; il serait alors ipso facto et immédiatement déposé par le Christ." [De Fide , disp. X, sect. VI, nn. 3-10, pages 316-317. C'est pourquoi Bellarmin a écrit: "La juridiction est certainement donnée au Pontife par Dieu, mais avec l'accord des hommes [c'est-à-dire l'élection] comme il est évident; parce que cet homme, qui n'était pas pape auparavant, a des hommes qu'il deviendrait pape, donc il n'est pas enlevé par Dieu à moins que ce soit par les hommes ... dans le cas de l'hérésie, un pontife romain peut être jugé." Romano Pontifice , bk. 2 ch. 30.]
Jean de Saint-Thomas affirme que Bellarmin et Suarez croient que le pape tombe immédiatement de son poste après que l'Église a déclaré le crime:
"Bellarmin et Suarez, cependant, croient que le Pape, par le fait même qu'il est un hérétique manifeste et a été déclaré incorrigible [crime d'hérésie], est déposé immédiatement par le Christ le Seigneur et non par aucune autorité de l'Eglise." [Cursus Theologici (Cours de théologie), II-II, De Auctoritate Summi Pontificis, Disputatio, Disp. II, Art. III, De Depositione Papae , p. 138.]
L'opinion dominicaine tenue par Cajetan et Jean de Saint-Thomas maintient que le pape tombe de son poste, pas quand l'Église établit et déclare le crime, mais après un pas supplémentaire. Cette étape supplémentaire se réalise lorsque l'Église, après avoir déclaré le crime, ordonne également aux fidèles, par l'autorité d'un concile, d'éviter l'hérétique (vitandus), selon les instructions de saint Paul à Tite (Tite 3:10). Ce commandement, qui est enraciné dans la loi divine, est un acte juridique (la cause déterminante de la déposition) qui a un pouvoir coercitif sur les fidèles. De même que l'Église (l'ecclesia docens) dit nécessairement aux fidèles (l'ecclesia discens) qui recevoir comme pape, elle doit aussi nécessairement dire aux fidèles qui éviter comme pape (un pape hérétique, jugé comme tel par l'Église). Dans les mots de Jean de St. Thomas:
"Il faut que, de même que l'Église désigne l'homme et le propose aux fidèles comme étant élu pape, il faut aussi que l'Église le déclare hérétique et leur propose comme un être à éviter. Par conséquent, nous voyons par la pratique de l'Église que c'est ainsi que cela a été fait; car, dans le cas de la déposition d'un pape, sa cause fut traitée dans un concile général avant d'être considéré comme n'étant pas pape, comme nous l'avons dit plus haut. Ce n'est donc pas parce que le Pape est hérétique, même publiquement, qu'il cessera ipso facto d'être Pape, avant la déclaration de l'Église et avant qu'elle le proclame comme 'à éviter' par les fidèles." [Jean de Saint-Thomas, Cursus Theologici II-II, Sur l'autorité du Souverain Pontife, Disp. 2, Art. ]
En résumé, selon l'Opinion des Jésuites, le Pape se sépare de l'Église par la déclaration de l'Église du crime, et selon l'opinion dominicaine, l'Église se sépare du Pape par le commandement de l'Église aux fidèles pour l'éviter comme un vitandus, après la déclaration du crime. Mais ces différences portent sur des questions de théologie spéculative; les deux opinions exigent que l'Église juge et déclare le pape coupable du crime d'hérésie avant que le Christ le destitue. Et, d'un point de vue pratique, il semble clair que l'Église pourrait tout accomplir à la fois, c'est-à-dire qu'un concile pourrait délivrer un seul document qui : 1) déclarerait que le pape est coupable du crime d'hérésie; 2) commanderait à l'Église qu'il doive être évité (vitandus); et 3) déclarerait le siège vacant et excommunierait publiquement l'ancien pape. Bien sûr, la procédure exacte serait déterminée par les autorités de l'Église, qui, sans doute, s'appuieront sur la sagesse de certains de ses plus grands théologiens.
Ce que cela signifie, c'est que nous avons un chemin à parcourir avant que François puisse être considéré comme un "hérétique" public qui a perdu son poste. Combien de temps? Tant qu'il faut que l'Église émette les deux avertissements (Les dubia des cardinaux et la correctio filialis peuvent-ils tenir lieu des deux avertissements requis ? NdCR.), puis convoque un concile pour déclarer son crime et ordonner aux fidèles de l'éviter s'il refuse la correction. (Source: 1- 2 John F. Salza)
En septembre 2013, "Pape François a assuré aux athées : Vous n'avez pas besoin de croire en Dieu pour aller au ciel." (Source) :
https://www.independent.co.uk/news/world/europe/pope-francis-assures-atheists-you-don-t-have-to-believe-in-god-to-go-to-heaven-8810062.html
Plus récemment, dans le document sur "la fraternité humaine pour la paix dans le monde et le vivre ensemble" que le pape François et le grand imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, ont signé le 4 février 2019 à Abou Dhabi, le pape François affirme que "le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains." (Source)
Dans l'article sous le titre : "Vives inquiétudes à propos du document d’Abou Dhabi du pape François", le Professeur Josef Seifert, philosophe autrichien, docteur de l’université de Salzbourg, demande :
"Comment Dieu peut-il vouloir des religions qui nient la divinité et la résurrection du Christ ? Comment cela est-il compatible avec la logique ? Dieu peut-il vouloir que les hommes aient des croyances contradictoires à propos de Jésus-Christ, de Dieu ou de toute autre chose?
"Comment Dieu dès sa création a-t-il voulu que les hommes tombent dans le péché, adorent les faux dieux, deviennent victimes d'erreurs et de superstitions de toutes sortes, qu'ils adhèrent à des religions subtilement athées ou panthéistes telles que le bouddhisme ou à des religions maudites par l'Ancien Testament et attribuées aux démons et au culte des démons?
"Comment Dieu, qui veut que ses disciples aillent prêcher au monde entier et les baptisent, a-t-il voulu une hérésie chrétienne, sans parler des religions qui nient la foi dont Jésus dit à Nicodème que celui qui croit en lui sera sauvé et celui qui ne le fera pas sera damné (Jn 3,18) ? Si nous lisons l'Ancien et le Nouveau Testament, ou regardons les enseignements universels de l'Église sur l'ordre divin, donné par Christ lui-même, de prêcher l'Évangile à toutes les nations, sur la nécessité du baptême et de la foi pour le salut, etc., c’est clairement le cas contraire.
"Comment peut-il être vrai que Dieu, dans sa sagesse, a voulu depuis la création que beaucoup de gens ne croient pas en leur seul Rédempteur ?
"Je ne vois aucune acrobatie mentale astucieuse qui soit capable de nier que cette déclaration contient non seulement toutes les hérésies, mais allègue également la volonté divine qu'une grande majorité de l'humanité épouse tous les types de croyances religieuses fausses et non chrétiennes.
"En outre, en attribuant à Dieu la volonté qu'il existe des religions contredisant sa révélation divine, au lieu de lui attribuer la volonté que toutes les nations en viennent à croire en l'unique vrai Dieu, en son Fils et en notre Rédempteur, Dieu est transformé en un relativiste qui ne sait pas qu'il n'y a qu'une seule vérité et que son contraire ne peut pas être vrai pour différentes nations, ou qui se moque de savoir si les hommes croient en la vérité ou en la fausseté. Cette expression prétend que Dieu veut les erreurs religieuses.
"En signant la déclaration selon laquelle Dieu veut une pluralité de religions, le pape a défié à la fois la fides et la ratio et a rejeté le christianisme qui est indissociable de la croyance en Jésus-Christ, qui est l’unus Dominus. (Je suppose que les plus hautes autorités islamiques vont aussi expulser cet imam parce que l'islam revendique également la vérité de manière absolue).
"En fait, si vraiment Dieu 'veut toutes les religions', alors il doit haïr l'Église catholique surtout parce qu'elle prétend être l’Église unique, catholique et apostolique et qu'elle rejette, dans ses dogmes et ses enseignements magistériels pérennes, toute relativisation de la religion chrétienne qui transformerait le christianisme en une des nombreuses religions contradictoires." (Fin de citation)