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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 13:30
Source: www.sudouest.fr/2019/03/20/gilets-jaunes-les-militaires-de-sentinelle-mobilises-samedi-5914442-10530.php

Source: www.sudouest.fr/2019/03/20/gilets-jaunes-les-militaires-de-sentinelle-mobilises-samedi-5914442-10530.php

Gilets jaunes : L'armée envoyée contre des Français

L'Europe et l'O.N.U ont condamné le 14 février dernier l'usage disproportionné de la force par la police, lors des manifestations des Gilets jaunes. En réponse, Emmanuel Macron et son gouvernement répondent par l'envoie de l'armée contre les Gilets jaunes : les militaires de "Sentinelle" seront mobilisés samedi pour la prochaine manifestation des Gilets jaunes (Sud-Ouest 20/03/2019). Cela amène le commentaire que l'armée n'est pas formée pour faire du "maintien de l'ordre", mais pour faire la guerre.

Serions-nous en guerre ? Que le pouvoir envoie l'armée contre le peuple, c'est déjà arrivé plusieurs fois dans l'histoire de la "république". Quand l'Oligarchie maçonnique (issue de 1789 et de la démocratie dite "représentative") a craint de perdre le pouvoir, elle n'a jamais craint d'envoyer l'armée, de faire tirer sur les Français et d'écraser les principes des droits de l'homme qu'elle avait pourtant elle-même déclarés :

 

- Génocide vendéen de 1793, révolte contre la bourgeoisie (1), 170 000 victimes vendéennes (2),

- Annulation des élections qui virent les royalistes gagner, déportations et mises à morts des mal-pensants les 4 et 5 septembre 1797 (3);

 

"Vivre en travaillant, ou mourir en combattant". Bataille dans les rues de Lyon devant l'église de Saint-Nizier - Révolte des Canuts octobre 1831

 

- Canuts de Lyon, dans les années 1830, ces ouvriers tisserands qui se battaient pour un "salaire minimal" aux cris de "Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant". En 1830, Lyon est la première ville ouvrière de France. L'arrivée des métiers à tisser de grande taille révolutionne le travail de la soie. On s'installe dans les anciens couvents de la Croix-Rousse, aux plafonds très élevés. C'est le quartier des "Canuts", des ouvriers qui travaillent quatorze, quinze heures par jour et qui n'arrivent pas à faire vivre leur famille sur leur salaire, ce qui fait qu'il y a des familles où le père, la mère et les enfants sont obligés de travailler pour survivre. Au milieu du siècle, on compte environ 40 000 compagnons lessivés par les ignobles conditions de travail. Ils partirent en 1831 de la Croix-Rousse, derrière le drapeau noir. Le pouvoir envoya contre eux 20 000 hommes de troupe et 150 canons.(4)

Adolphe Thiers (1797-1877). Photographié par Nadar

"En novembre 1831, les républicains ont tenté de récupérer la révolte des ouvriers tisserands de Lyon, en vain, car ceux-ci, dont l'esprit corporatif était tout le contraire de l'esprit révolutionnaire et dont le meneur, Pierre Charnier (un des fondateurs du mutuellisme, assurance maladie et chômage) était [...] un catholique légitimiste, avaient des revendications purement professionnelles. Le conflit, au demeurant, avait trouvé sa solution par la négociation, sans effusion de sang." (5); En revanche, "le 9 avril 1834, une nouvelle insurrection des Canuts s'étend à d'autres catégories populaires de Lyon. Thiers commence par abandonner la ville aux insurgés, avant de mater la révolte dans le sang au prix de 600 victimes." (6) La révolte des Canuts de Lyon avait été précédée en 1819, d’émeutes écrasées par l'armée à Vienne, lors de l’introduction de nouvelles machines à tondre les draps (7).

 

La Révolte des Gilets jaunes, par sa dimension économique et sociale est une nouvelle révolte de Canuts.

En 1845, Mgr Giraud, évêque de Rodez, dans son mandement s'en prit à cet édifice d'orgueil et d'ambition (Sur la loi du travail) qui "s'élève sur les débris d'intelligences abaissées, de santés ruinées, de consciences perverties, d'âmes immortelles perdues pour l'éternité." Il écrivit une page vengeresse contre l'injustice des salaires et les odieuses conditions de travail : "Pour tout dire en un mot, la religion proteste contre cette exploitation de l'homme par l'homme qui spécule sur son semblable comme un vil bétail, ou comme sur un agent et un pur instrument de production; qui calcule froidement jusqu'à quelles limites ont peu ajouter à sa tâche, sans qu'il tombe écrasé sous le poids; qui suppute goûte à goûte ce que des ruisseaux de sueur peuvent lui rapporter d'or, pareille à ces vampires que la sombre imagination des enfants de la Germanie nous représente s'abattant sur des corps pleins de force et de vie, et n'abandonnant leur proie qu'après lui avoir tirée toute la moëlle de ses os et tout le sang de ses veines!" Ainsi, trois ans avant le Manifeste du Parti communiste, Mgr Giraud dénonce "l'exploitation de l'homme par l'homme". Il a emprunté l'expression aux catholiques sociaux qu'il cite dans son mandement : Villeneuve, de Coux, Rousseau. Dans les années 1840-1841, Louis Rousseau écrivait : "L'état normal de la civilisation consiste dans la lutte du principe spirituel qui tend incessamment à éliminer de la société l'élément païen, c'est-à-dire l'exploitation de l'homme par l'homme, contre le principe matériel qui tend à retenir cet élément subversif." (J. TOUCHARD, Aux Origines du catholicisme social, Louis Rousseau, A. Colin, 1968, p. 151, note 126.) Aux ouvriers de Lyon, dont la condition est particulièrement dure, Mgr de Bonald s'adresse dès son arrivée en juillet 1840. Dans son mandement de Carême de 1842, l'archevêque de Lyon proteste contre les économistes qui ne voient dans l'ouvrier que son utilité et son rendement. Il montre la caractère impitoyable de la production industrielle et l'asservissement auquel elle condamne les ouvriers. En 1847, il réclame "une justice rigoureuse pour proportionner le salaire au labeur." La plupart de ces interventions épiscopales dénoncent en un vigoureux langage, l'exploitation des ouvriers par un salaire insuffisant, blâment la condition qui leur est faite et qui constitue un attentat permanent contre leur conscience religieuse (travail le dimanche), mais aussi contre leur santé, contre leur intelligence. Ils réclament un salaire juste. Ils protestent vigoureusement contre tout ce qui porte atteinte à la dignité de l'homme. (8)

 

Communards fusillés, 1871

Communards de 1871, fusillés et écrasés par le franc-maçon adhérent de la Charbonnerie Adolphe Thiers (9) (7 000 morts a minima), le même que celui qui écrasa les Canuts en 1834. La répression contre les communards est impitoyable : tous les témoins mentionnent les nombreuses exécutions sommaires commises par les troupes versaillaise. En 1876, le journaliste et polémiste socialiste Prosper-Olivier Lissagaray, ancien communard, estime de 17 000 à 20 000 le nombre des fusillés (10), nombre revu à la baisse par l'historien britannique Robert Tombs, qui estime que les communards ont eu entre 6 000 et 7 500 morts, dont environ 1 400 fusillés. (11) Thiers appliqua à la capitale la stratégie qu'il avait mise en oeuvre pour mater l'insurrection de Lyon en 1834 : laisser l'émeute s'étendre, pour mieux l'écraser. Mgr Darboy, l'archevêque de Paris est arrêté avec 200 prêtres. Durant la "Semaine sanglante" qui débute le 21 mai 1871, des dizaines d'otages sont fusillés, dont Mgr Darboy. Les survivants des ultimes affrontements sont alignés contre l'enceinte du cimetière du père-Lachaise, emplacement qui deviendra le légendaire mur des Fédérés. Bilan humain de la "Semaine sanglante" : 3000 à 4000 insurgés tués au combat, 17 000 pris les armes à la main fusillés sans jugement, 43 000 personnes arrêtées, 11 000 condamnées à une peine de prison, 4 500 à la déportation en Nouvelle-Calédonie et une centaine à la peine capitale. En août 1871, Thiers se fait nommer par l'Assemblée président de la République. La répression de la Commune a permis d'instituer la "République" en France. Thiers redit sa foi dans la "République", écartant explicitement toute possibilité de restauration monarchique. (12)

 

Clemenceau photographié par Henri Manuel (1904)

- Carriers et vignerons grévistes de 1906-1908 écrasés par le franc-maçon (13) anticlérical George Clémenceau, journaliste enterré par sa compromission dans le scandale de Panama (14), une affaire de corruption liée au percement du canal de Panama, qui éclaboussa plusieurs hommes politiques et industriels français, (jusqu'auboutiste de la Guerre de 14-18 alors qu'une offre de paix de l'empereur d'Autriche Charles Ier proposait la paix, l'Alsace et la Moselle à la France dès 1917), n'hésita pas à envoyer la troupe (il n'y avait pas encore de gendarmerie mobile) lors des grèves de 1906-1908.

En juin et juillet 1908, à Draveil-Vigneux et Villeneuve-Saint-Georges, où le 27e régiment de dragons affronta des carriers déterminés, on déplora neuf morts et deux cents blessés. "'Premier flic de France', comme il aimait s'appelait, Clémenceau n'hésitait pas à faire infiltrer les manifestations par des agents provocateurs" (15)

Clémenceau "inaugure même la tactique consistant à susciter la violence en infiltrant des agents provocateurs parmi les manifestants, ce qui lui permet de justifier ensuite la rigueur de la répression : une technique qui fera des émules parmi ses successeurs... 'Premier flic de France', le ministre de l'Intérieur modernise la police, créant notamment les mobiles 'brigades du Tigre', la brigade mondaine et l'identité judiciaire." (16)
 
En 1907, dans le Midi, les vignerons avaient hissé le drapeau noir, sonné le tocsin et organisé la grève administrative. À Montpellier, l'évêque du lieu, le très royaliste Mgr de Cabrières ouvrit sa cathédrale aux grévistes. À Narbonne, le cafetier-vigneron Marcelin Albert prit la tête d'un soulèvement : il y eut cinq morts devant l'hôtel-de-ville. 

 

- Épuration de 1945, 10 000 morts (17),

 

Guerre d'Algérie.

 

L’opération Sentinelle, opération de l’armée française déployée au lendemain des attentats islamistes des 7, 8 et 9 janvier 2015, pour faire face à la menace terroriste sur le territoire national et protéger les "points" sensibles du territoire (synagogues), renforcée lors des attaques du 13 novembre 2015 en Île-de-France, renvoie immanquablement à cette défense du système oligarchique depuis deux siècles. 

De mémoire, quoiqu'il en soit, que l'armée soit envoyée contre des Français, cela ne s'est pas vu depuis la Guerre d'Algérie. Que l'armée soit envoyée contre des manifestants ouvriers, paysans, salariés, cela ne s'est pas vu depuis Clémenceau en 1908 et Thiers en 1834. De nouveau, des civils Français en révolte contre "l'exploitation de l'homme par l'homme" et luttant pour leur survie sont considérés comme des émeutiers bons à être massacrés. Avec en plus cette incroyable assimilation qui les associe aux terroristes de "Daesh - État islamique".

 

Conclusion

Cela ne s'arrêtera jamais, tant que la Secte maçonnique ne sera pas séparée de l'État, chaque révolte populaire et sociale authentique sera impitoyablement écrasée.

 

***

Sources : (1) Histoire et Dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, J. TULARD, J-F. FAYARD, A. FIERRO, Bouquins Robert Laffont, Paris 2004, p. 1135-1136: "Vendée. L'insurrection contre le régime révolutionnaire à l'annonce de la levée de 300 000 hommes décidée par la Convention ; [...] la vente des biens nationaux. [...] L'insurrection vendéenne est une révolte contre la bourgeoisie des villes assimilée à juste titre à la classe dirigeante et bénéficiaire de la Révolution. [...] La Vendée est dévastée par douze colonnes infernales, organisées sous les ordres de Turreau pour "exterminer sans réserve tous les individus de tout âge et de tout sexe convaincus d'avoir participé à la guerre"; (2) La Révolution française, Préface de Michel WINOCK, L'Histoire Editions, 2014, p. 120 ; (3) François FURET, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. 413-415 ; Histoire et Dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, J. TULARD, J-F. FAYARD, A. FIERRO, Bouquins Robert Laffont, Paris 2004, p. 222 ; Frédéric BLUCHE, Stéphane RIALS, Jean TULARD, La Révolution française, Que sais-je? Puf, n°142, p. 116 ; (4) Jean-Christian PETITFILS, Histoire de la France, Le Vrai roman national, Fayard, Lonrai 2018, p. 545 ; (5) Jean SÉVILLIA, Histoire passionnée de la France, Perrin, Paris 2013, p. 294 ; (6) Jean SÉVILLIA, Histoire passionnée de la France, ibid., p. 295 ; (7) Gérard GAYOT, Le Second Empire drapier des Neuflize à Sedan (1800-1830) dans Histoire, économie & société  Année 1986  5-1  pp. 103-123, p. 11 ; (8) Paul CHRISTOPHE, 2000 ans d'Histoire de l'Église, Nouvelle Édition Mame Desclée, Paris 2017, p. 929-930 ; (9) Adolphe Thiers, "Adhérent de la Charbonnerie (franc-maçonnerie)", "fondamentalement assassin si le peuple demande à manger à sa faim." "Un ambitieux traître à toutes les causes qu’Honoré de Balzac dépeint magnifiquement dans ses romans sous le nom de Rastignac." "Honoré de Balzac a dégagé son portrait "Mr THIERS est une girouette qui malgré son incessante mobilité reste sur le même bâtiment… Mr THIERS a toujours voulu la même chose, il n’a jamais eu une seule pensée, un seul système, un seul but. Tous ses efforts y ont constamment tendu : il a toujours songé à Mr THIERS. (Chronique de Paris, 12 mai 1836)." Source: Midi Insoumis, 31 août 1871 : Adolphe Thiers, le massacreur du peuple, élu premier président de la 3ème République bourgeoise de France. samedi 16 mars 2019. Jacques Serieys Sélection 40 ; (10) Prosper-Olivier LISSAGARAY, L'histoire de la commune de 1871, rééd. La Découverte, 526 p. 2004 / Première publication en 1876 ; (11) H-France Salon, How bloody was la Semaine Sanglante? A revision. Robert Tombs, St John’s College, Cambridge ; (12) Jean SÉVILLIA, Histoire passionnée de la France, ibid., p. 342-345 ; (13) Clémenceau franc-maçon. Première source : "François Mitterrand ne l'était pas", La Dépêche.fr, Publié le 19/04/2001 ; Deuxième source: Jean Ousset, Pour qu'Il règne, DMM, Niort 1998, p. 243 ; (14) Jean SÉVILLIA, Histoire passionnée de la France, ibid., p. 372 ; (15) Jean-Christian PETITFILS, Histoire de la France, Le Vrai Roman national, Fayard, Lonrai 2018, p. 706 ; (16) Jean SÉVILLIA, Histoire passionnée de la France, Perrin, Paris 2013, p. 373 ; (17) Wikipedia.

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