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Christ Roi

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23 janvier 2019 3 23 /01 /janvier /2019 07:00
Jeanne d'Arc: Réponses aux falsificateurs de l'histoire de Jeanne d'Arc

En 2007, le journaliste au quotidien L’Est républicain, Marcel Gay, et le latiniste paléographe Roger Senzig, publiaient le livre "L'Affaire Jeanne d'Arc" (Florent Massot, 2007), dont les propos guère innovants, datent comme la presque totalité des pamphlets anticléricaux du XIXe siècle. Dans la tradition des auteurs "survivo-bâtardisants" comme on les appelle, Marcel Gay affirmait que la sainte de Domrémy n’était pas morte sur le bûcher mais dans son lit ; qu’elle aurait été mariée au chevalier lorrain Robert des Armoises. Entre temps, elle fut manipulée par la machiavélique Yolande d’Aragon, qui n’eut aucune difficulté à trouver cette jeune fille puisque, toujours d’après Gay, elle était ni plus ni moins que la fille d’Isabeau de Bavière et du duc d’Orléans ! Bâtarde donc de sang royale… Quelques mois plus tard, la chaîne de télévision Arte diffusait un reportage au cours duquel Marcel Gay fut largement interviewé en situation favorable tandis que la caution universitaire, elle, était cantonnée à l’obscurité des bibliothèques. Au cours de ce docu-fiction, la thèse de monsieur Gay fut largement retenue et exploitée quand celle des historiens fut déformée pour ne pas dire amputée… [1] Indignée par les inepties du livre et le montage du film, l'historienne Colette Beaune, agrégée d'histoire, professeur  émérite à l'université Paris X - Nanterre, qui avait pourtant été consultée par Arte, décida dans Jeanne d'Arc, Vérités et légendes (Perrin, Paris, 2008), de réagir et de répondre point par point aux bêtises qui circulent aujourd'hui sur le compte de la Pucelle. Or le résultat dépasse de loin le simple écrit de circonstances. Au-delà des rectifications nécessaires, le volume constitue une très bonne présentation, à jour, de l'histoire de Jeanne d'Arc et des enjeux dont elle est porteuse pour comprendre la fin du Moyen Age. [2]

 

Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée, Jeanne d'Arc a été condamnée pour hérésie par un tribunal ecclésiastique acheté par les Anglais en 1431. Prétendre que l'histoire de Jeanne d'Arc est un mythe inventé par l'Église de France à des fins de propagande monarchique est ridicule : c'est oublier que l'Angleterre, à cette époque-là, était également de cette même religion catholique romaine que la France; c'est écarter près de cinq cents ans entre le martyre de Jeanne et sa canonisation (1920) : un peu long pour y voir un "complot" de l'Église ! Et c'est ignorer que le roi Charles VII, ayant reconquis le pays, entreprit à la demande de la famille de Jeanne d'Arc un procès en annulation de la condamnation parce qu'il  n'était pas possible que le roi dut sa couronne à une "hérétique". Ce qui élimine également la thèse du "complot" monarchique.

 

On imagine en outre que Jeanne d'Arc est depuis longtemps l'une des saintes patronnes du pays. En réalité, sa sainteté est récente, elle date du début du XXe siècle. La démarche fut enclenchée en 1874 par l'évêque d'Orléans, Mgr Dupanloup, tandis que Jeanne d'Arc est déjà entrée dans le panthéon des grandes figures de la nation. [3]

 

Jeanne appartient à une famille de cinq enfants : Jeanne, Jacquemin, Catherine, Jean et Pierre. Elle n'était pas bergère, c'est vrai, et elle l'a déclaré elle-même : à Domrémy, elle s'occupait notamment des chevaux que possédait son père - un laboureur, doyen du village -, chevaux qu'elle montait à l'occasion. [4]

 

« Contrairement à ce que pensent nos chers mythographes du XIXe siècle, écrit Colette Beaune, le cheval n'est pas réservé aux nobles. Tous se déplacent ainsi dès que le trajet est un peu long. Destrier et haquenée sont de nobles montures mais le cheval de labour, le mulet ou le bourricot sont en revanche accessibles au plus grand nombre. » [5]

Que les paysans n'auraient pas le droit de monter à cheval « est une invention pure et simple. » [6]

 

Le père de Jeanne, Jacques d'Arc, devait être un laboureur aisé. Il bénéficiait d'une certaine notoriété à Domrémy, où il représenta à plusieurs reprises la communauté des villageois. Il avait été doyen (l'équivalent de maire du village), mais il avait été aussi procureur de celui-ci lors d'affaires évoquées devant Robert de Baudricourt, le capitaine royal de Vaucouleurs [7], forteresse voisine de Domrémy qui faisait partie des Marches de Lorraine (enclave française en terres barroises.) Les parents de Jeanne étaient armagnacs.

 

La légende de la bergère résulte probablement de la volonté des Armagnacs de transmettre cette image (plus symbolique qu'une simple fille de paysan) à des fins de propagande politico-religieuse pour montrer qu'une « simple d'esprit » pouvait aider le chef de la chrétienté du royaume de France et guider son armée, illuminée par la foi. [8]

 

De l'autre côté, se trouvaient les Bourguignons. « Aucun de ces deux ensembles mythiques n'est ni plus vrai ni plus rationnel que l'autre, contrairement à ce que croient les mythographes d'aujourd'hui, acharnés à détruire l'imaginaire armagnac mais prêts à gober tout ce que racontent les Bourguignons. » [9]

 

Jeanne, habitait à Vaucouleurs, qui appartenait au Royaume de France : elle parlait français. « Son adresse dans l'équitation [...] fut expliquée [...] par le fait qu'elle avait, quelque temps, fréquenté des gens de guerre, notamment à Neufchâteau: comme le dit Jean d'Estivet, ce fut là qu'elle "apprit la manière de monter à cheval et à avoir une connaissance des armes." Pour ce qui est de sa maîtrise du français de France, prononcé avec l'accent lorrain, il n'étonne pas les spécialistes des "francophonies" du XVe siècle non plus. » [10]

 

Elle n'était pas illettrée. ll est vrai qu'elle n'a jamais porté le nom de d'Arc : les filles, dans sa région, portaient le nom de leur mère. [11] 

 

Jeanne, fille d'Isabeau de Bavière ? Absurde. Si Charles VI ne pouvait pas coucher avec Isabeau de Bavière du fait de sa maladie, Charles VII serait également un bâtard (thèse bourguignonne du temps de Jeanne d'Arc). Mais si les deux enfants étaient des bâtards, quel eut été l'intérêt pour l'Église de légitimer des adultères et d'inventer toute une histoire pour défendre des enfants adultérins ? Cela n'a aucun sens. De même, si Jeanne était la soeur de Charles, comment expliquer que Charles VII ait pu abandonner sa soeur ? 

 

L'explication de l'abandon de sa soeur par Charles sera tentée par Jean Grimod en 1952 : « Charles VII n'avait pas abandonné sa soeur : elle avait survécu, c'était la dame des Armoises ! » [12] (Voir plus bas.)

 

Selon les bâtardisants, Jeanne aurait été amenée à Domremy en 1408. «[E]n acceptant que l'escorte imaginée ait réellement apportée une enfant pour la faire passer pour la fille d'Isabelle Romée, on aurait eu bien du mal à faire croire, même au paysan le plus crédule, qu'une enfant née en 1407 serait née dans la nuit du 6 janvier 1412; il y a quand même quelques différences visibles entre un nouveau-né et un enfant de quatre ans révolus. [...] Enfin, en acceptant même l'idée que Louis d'Orléans et Isabeau de Bavière ait eu un enfant, pourquoi la mener à Domremy, qui se trouve à la frontière de la Lorraine ? Le duc d'Orléans était justement en conflit avec le duc de Lorraine pour la question de Neufchâteau, qui lui avait été confisqué. On voit bien que son bâtard - lui, certifié comme tel - le futur comte de Dunois, avait été au contraire mis à l'abri en plein centre des domaines orléanais, à Blois. Comme les raisons du choix de Domremy restaient effectivement douteuses, on a voulu faire des d'Arc des familiers de la famille d'Orléans ou de la reine. Et comme il n'y avait pas qu'un âne qui s'appelle Martin, on a effectivement trouvé des d'Arc, harc ou Dart dans l'entourage d'Isabeau de Bavière. Les bâtardisants en ont tiré argument pour conforter leur choix de Domremy pour abriter une petite bâtarde, et les survivistes y ont trouvé des preuves que jeanne était de naissance bien plus noble que ce que les pauvres historiens bornés par les textes pouvaient croire. mais qu'il existe des d'Arc ailleurs qu'à Domremy ne constitue pas une preuve qu'ils faisaient partie de la même famille. [...] Il existe même deux autres authentiques Jeanne d'Arc quasi contemporaines, repérées par Marie-Thérèse Caron dans son étude sur la noblesse bourguignonne [...] : heureusement, personne n'a encore songé à affirmer que l'une ou l'autre était de la famille de la Jeanne de Domremy ! » [13]

 

En fait, les rumeurs sur Isabeau de Bavière, soufflées par le parti bourguignon qui cherchait à délégitimer Charles, commencèrent vers 1404-1405 : « le duc de Bourgogne fit semer faux mensonges de la reine et du duc d'Orléans. » Le petit Philippe dont les mythographes disent qu'il devait être Jeanne d'Arc, a « toute chance d'avoir été un enfant légitime. [...] On ne peut donc pas dire tout à trac : "Les mœurs légères d'Isabeau étaient connues de tous", parce que ce n'est pas vrai. Les rumeurs sont chronologiquement (1404-1407, 1428-1429) et géographiquement situées. Elles sont instrumentalisées par la propagande bourguignonne. Toute femme de pouvoir est potentiellement une Marie-couche-toi-là. Encore aujourd'hui ? » [14] Notons au passage que c'est le même mauvais procès que la Révolution dite française fit à Marie-Antoinette pour pouvoir la décapiter.

 

« La victoire de la monarchie et l'écriture d'une histoire nationale de plus en plus unitaire font prévaloir au XVIe siècle la vision des armagnacs. Celle des Bourguignons subsiste en contrepoint chez les protestants et nourrit l'illusion d'une Jeanne cachée au grand public mais qui serait la vraie » [15] « Les mythographes, écrit Colette Beaune, ne racontent son parcours que d'après les textes bourguignons. » [16]  

 

Ce petit garçon - Philippe - que les mythographes ont déclaré bâtard, […] a été enterré à Saint-Denis où le religieux moine Chantre de l'abbaye, […] Michel Pintouin […] dit qu'il fut inhumé près de ses frères, probablement donc dans le même tombeau que Charles, mort en 1386 à trois mois, que décrit le 10 août 1793 procès-verbal des exhumations à Saint-Denis. […] C'était un garçon : lors d'un accouchement public, il est difficile de tricher sur le sexe, qui est vérifié (un garçon est un héritier possible, une fille non). Que faire donc ? P. de Sermoise, mythographe notoire, fait naître des jumeaux : un petit Philippe qui meurt et une petite Jeanne conduite à Domrémy. » [17] 

 

Lors de son procès en 1430, Jeanne n'a pas affirmé qu'elle avait vingt-trois ou vingt-quatre ans, puisque, aux deux premières séances du procès de condamnation (1430), lorsque les juges demandèrent son âge à Jeanne, elle répondit qu'elle était âgée de 19 ans environ et ne rien savoir de plus sur ce sujet. [18]

 

Jeanne savait son âge approximativement comme la plupart de ses contemporains ; il n'est guère d'usage de fournir alors sa date de naissance. [19] 1412 est la date que les historiens sérieux retiennent aujourd'hui comme l'année de naissance de Jeanne.  « Nous n'avons pas de registre paroissial conservé. Il n'y a pas lieu de soupçonner un complot qui viserait à nous priver d'une date exacte puisque seuls trois registres de baptême-mariage-funérailles sont conservés pour cette période (Givry, Lyon, Porrentruy) et pour tout le royaume. » [20] 

 

L'armure de Jeanne, son cheval, lui furent donnés par Charles VII. Ce n'est donc pas Jeanne qui se serait elle-même « financé » son armure et son cheval.

 

La mort de Jeanne sur le bûcher a été constatée par des témoins « qui ne l'ont pas quittée des yeux » [21] et qui ont témoigné au procès de réhabilitation en 1452-1456, à commencer par son bourreau. Olivier Bouzy cite quinze témoins [22] qui la virent mourir sur le bûcher de Rouen, en les citant in extenso : malgré ces témoignages convergents, les auteurs survivistes ne mentionnent jamais leur existence et proposent à la place des descriptions de l'évasion !

Selon les survivistes il n'y a pas de procès-verbal ou d'acte de décès de Jeanne. « Utilisé par Grimod (p. 81), l'argument a été rarement réutilisé par ses successeurs. Il est en effet à double tranchant : si l'on réclame un acte de décès pour la vraie Jeanne d'Arc, le moins qu'on puisse faire est d'en produire un pour la fausse. Or il n'y a pas non plus d'acte de décès pour Claude des Armoises, pour laquelle les survivistes sont déjà bien en peine de fournir un acte de mariage. Il serait même fort suspect qu'acte de décès il y  eût : ce serait le seul du Moyen-Âge. Rappelons que l'état civil n'existe pas, et que ce n'est que François Ier qui rend obligatoire la tenue de registres de baptêmes, de mariages et de décès. Faudrait-il en conclure que Claude des Armoises est toujours vivante ? » [23]

La tête de Jeanne sur le bûcher ne fut pas recouvert ou dissimulé. « Grimod a rajouté [...] un voile qui n'est attesté dans aucun texte. [...] [A]ucun des témoins directs ne signale de "visage embronché" ni de voile ni davantage de substitution. Jeanne, le jour où elle fut brûlée, n'était pas méconnaissable. » [24]

 

Jeanne d'Arc mariée en 1436 à Robert des Armoises ?

« La nouvelle commence à circuler au mois de juin 1436 : Jeanne la Pucelle serait vivante, elle se serait manifestée aux environs de son pays d'origine ! [...] Après s'être fait remettre quelques cadeaux par les uns et les autres, un cheval, une épée, une armure, être allée à Metz et à Notre-Dame de Liesse, l'aventurière épouse un chevalier, Robert des Armoises, et le couple s'installe à Metz. La même aventurière est mentionnée dans un ouvrage de l'inquisiteur alsacien Jean Nider, prieur des Dominicains de Nuremberg, qui s'intitule le Formicarium. [...] Il termine son récit en disant que la fausse Pucelle aurait épousé un certain chevalier, dont il ne donne pas le nom. En 1440, [...] la carrière de "Jeanne" ou "Claude" des Armoises semble s'être achevée à Paris, où sa supercherie aurait été démasquée par le roi lui-même. La cité orléanaise mentionnent expressément le service funèbre fait, comme chaque année, à la mémoire de Jeanne d'Arc. D'où l'on peut conclure qu'on ne croyait guère à l'identité de la fausse Pucelle. » [25] 

 

Johannes Nyder

« Peut-être [...] n'a-t-on pas assez tiré parti du texte de Jean Nyder (vers 1380-13 août 1438), prieur des dominicains de Bâle (la cité du concile, où les informations ne manquaient pas de circuler) tel qu'il figure dans son célèbre Formicarius ? (1435-1437, Un traité sur les questions sociales du temps. Ndlr.) Il y expose les mesures prises à Cologne par son collègue Henri Kaltyseren, professeur de théologie et inquisiteur de la perversité hérétique, contre celle que nous appelons Jeanne des Armoises. [...] Nyder distingue parfaitement les deux femmes, celle de Cologne et celle de Rouen. » [26]

 

Pour authentifier Claude des Armoises, « curieusement, aucun examen de virginité n'est envisagé (j'ai quelques doutes sur le résultat!) et nul ne semble avoir demandé à la ressuscitée ce qu'elle avait bien pu faire pendant presque cinq ans ! », ironise Colette Beaune [27] « Quel aurait été l'intérêt, pour les partisans de Charles VII qui organisèrent le procès de réhabilitation (en 1452-1456), de dissimuler la survie de Jeanne si elle avait échappé au bûcher ? » [28]

 

« Claude-Jeanne » aurait fondé son imposture sur une vague ressemblance avec l'héroïne du siège d'Orléans. Les frères de Jeanne d'Arc et quelques membres de l'aristocratie messine auraient feint ou l'auraient reconnue pour leur sœur. Plusieurs personnages naïfs ou douteux auraient pu être dupés ou vouloir devenir les complices de l'aventurière pour tirer quelque subside de l'escroquerie. Soumise à une enquête de l'Université et du Parlement de Paris, Jeanne des Armoises (Claude des Armoises) est démasquée et condamnée en 1440. » [29]

 

Claude des Armoises s’effondra aux pieds du roi Charles VII, en sollicitant son pardon pour la supercherie. Elle admit publiquement son imposture et se retira avec son mari en son château de Jaulny, où elle termina ses jours. Est-il donc si difficile aujourd’hui d’accéder aux textes concernant Jeanne d’Arc ? Non. Le chartiste Quicherat publia, au milieu du XIXe siècle, l’intégralité des sources connues de son temps ; et il n’eut garde d’oublier la dame des Armoises, cette femme qui se fit passer pour Jeanne d’Arc après la mort de la Pucelle.

 

Les sources historiques sur Jeanne d'Arc sont les deux procès, celui de condamnation en 1431 à Rouen, et celui en annulation de la condamnation de 1452-1456.

 

« [L]e peu qu'on sache d'elle (la dame des Armoises) la situe très loin de la figure de l'authentique Jeanne d'Arc telle que la simple lecture des deux procès, de condamnation et de réhabilitation, permet de la reconstituer. [...] La difficulté vient d'ailleurs, en réaction. En effet, on a du mal à admettre que cette petite paysanne, [...] ait pu avoir l'idée, à elle toute seule, entre treize et dix-sept ans, de sauver le royaume de France, par sa propre action guerrière. [...] On a du mal à admettre qu'elle ait eu la capacité matérielle de ce faire [...], comme on a du mal à comprendre comment que Charles VII, [...] l'ait admise en audience, ait été convaincu par elle et lui ait confié la tâche urgentissime de porter secours à la cité d'Orléans, laquelle pouvait ouvrir ses portes d'un moment à l'autre à l'adversaire d'Angleterre. » [30] 

 

« L'ouvrage de Jules Quicherat, paru de 1841 à 1849, et réunissant la documentation du XVe siècle alors connue sur Jeanne d'Arc, à commencer par les deux procès de condamnation (1430) et de réhabilitation (1452-1456), [...] fut pris pour base des travaux [de canonisation de Jeanne]; ce qui ne laisse pas d'être paradoxal, lorsqu'on sait que Jules Quicherat, s'il fut un admirable érudit, était aussi un athée et un anticlérical convaincu. Il reste que c'est encore lui qui a élevé à Jeanne d'Arc le plus irremplaçable des monuments. » [31]

 

Dans les années 1960, la Société d’histoire de France fit traduire et publier les deux procès de Jeanne. Régine Pernoud et Georges Duby en ont publié des extraits facilement accessibles. Quant à Colette Beaune, professeur agrégée d'histoire médiévale à Paris Nanterre, elle en a édité le Journal d’un bourgeois de Paris qui est la source sur la dame des Armoises. Chacun peut le trouver en livre de poche pour 8,50 €. Une chose est sûre : les sources sont manuscrites, en latin, ou en vieux français [32]. Claude des Armoises qui se fit passer pour Jeanne d’Arc n’est pas Jeanne d’Arc mais l’imposture de cette aventurière fascinante est bien documentée. La notion d’une Jeanne manipulée est une nouveauté du XXe siècle : nul n’a jamais pensé avant les années 1900 qu’elle l’avait été par Yolande d’Aragon ou par l’internationale franciscaine ! [33]

 

« Les franciscains (à une autre époque, l'Opus Dei ou les Jésuites auraient tout aussi bien pu faire l'affaire) seraient à l'oeuvre dès la naissance de Jeanne. Ils organiseraient son apparition puis ses victoires. Reste à expliquer pourquoi Yolande ne se soucie nullement de la capture de Jeanne et pourquoi il y a des franciscains parmi les juges de Rouen. » [34]

 

« En fait, les survivo-bâtardisants partent d'une conviction souvent politisée, accablent leur lecteur sous un flot d'hypothèses et en cherchent ensuite désespérément les preuves, quitte à écarter les indices et réécrire les textes qui ne rentrent pas dans leur système. La bonne méthode aurait été de commencer par rassembler les textes disponibles, de chercher ensuite à en faire une synthèse, et d'écarter non pas les textes, mais les hypothèses qui ne conviennent pas. » [35]

***

 

Sources : (1) Source: Canal Academie; (2) Le Monde, 09 octobre 2008); (3) Le Point, Jeanne d'Arc : 8 mensonges sur la Pucelle d'Orléans, le 01/05/2017 ; (4) Marie-Véronique Clin, directrice de la Maison Jeanne d'Arc à Orléans et conservatrice du Musée d'histoire de la Médecine, qui a réfuté la plupart des hypothèses des mythographes Roger Senzig et Marcel Gay. Dans La Dépêche.fr, Et si l'Histoire de Jeanne d'Arc avait été falsifiée ? ; (5) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, Pour en finir avec ceux qui racontent n'importe quoi !, Perrin, Paris, 2008, p. 95 ; (6) (7) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, Perrin, Paris, 2008, p. 39 ; (8) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc : mythes et réalités, La Ferté-Saint-Aubin, l'Atelier de l'Archer, 1999, p. 48 ; (9) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 16 ; (10) Préface de Philippe Contamine dans Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, Éditions CLD, Tours 2008, p. 12 ; (11) Philippe Contamine, Olivier Bouzy et Xavier Hélary, Jeanne d'Arc. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2012 ; (12) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, Éditions CLD, Tours 2008, p.  36 ; (13) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 82-86 ; (14) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 61 ; (15) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 17 ; (16) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 20 ; (17) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 61 ; (18) G. Duby, Le Procès de Jeanne d'Arc, Paris, réed. 1995 ; (19) R. Boucher de Molandon, Les Comptes de la Ville d'Orléans aux XIVe et XVe siècles, Orléans, 1884 ; (20) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 58-61 ; (21) Le Point, Jeanne d'Arc : 8 mensonges sur la Pucelle d'Orléans, le 01/05/2017 ; (22) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 135-144 ; (23) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 148-149 ; (24) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 155 ; (25) Régine Pernoud, Jeanne d'Arc, La Reconquête de la France, Gallimard, Saint-Amand 1997, p. 59-62 ; (26) Préface de Philippe Contamine dans Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 16-17 ; (27) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, ibid., p. 185-186 ; (28) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 148 ; (29) Colette Beaune, « Une nouvelle affaire Jeanne d’Arc », Libération.fr, 10 juin 2009) ; (30) Préface de Philippe Contamine dans Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, ibid., p. 9 ; (31) Régine Pernoud, Les Saints au moyen-Âge, La sainteté d'hier est-elle pour aujourd'hui ?, Éditions Plon, Paris 1984, p. 273-274 ; (32) Libération.fr ; (33) Une nouvelle affaire Jeanne d’Arc, Par Colette Beaune, médiéviste, professeur émérite à l'université de Paris-X. — 10 juin 2009, Libération.fr ; (34) Colette Beaune, Jeanne d'Arc, Vérités et légendes, Perrin, Paris, 2008, p. 232-233; (35) Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, L'histoire à l'endroit !, Éditions CLD, Tours 2008, p. 22.

***

Sources internet :

* www.ladepeche.fr/article/2007/09/09/10767-si-histoire-jeanne-arc-avait-ete-falsifiee.html

* https://www.liberation.fr/societe/2009/06/10/une-nouvelle-affaire-jeanne-d-arc_563566

* www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/09/jeanne-d-arc-verites-et-legendes-de-colette-beaune_1104811_3260.html

* www.lepoint.fr/histoire/jeanne-d-arc-8-mensonges-sur-la-pucelle-d-orleans-01-05-2017-2123913_1615.php

* https://montjoye.net/jeanne-des-armoises-fausse-jeanne-darc

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