Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 08:00

Depuis le début des événements, les références à la Révolution sont légion et elles sont toutes à côté de la plaque. Marion Sigaut remet les pendules à l’heure.

Verbatim :

 

« Bonjour, c'est Marion Sigaut. Il était tentant pour les Français pétris de culture républicaine que nous sommes de faire le parallèle entre l'actuel soulèvement des Gilets jaunes et la Révolution française. Cela n'a pas manqué. Et on entend régulièrement Macron comparer avec Louis XVI, la classe politique avec la noblesse, et ce système en décomposition avec l'Ancien Régime. J'aimerais qu'on remette les pendules à l'heure. Oui le peuple français avait faim avant la Révolution française, mais la raison n'est pas que la noblesse et le clergé s'en seraient mis les poches au détriment du peuple comme on l'entend souvent (Il y avait même de très nombreux nobles, à qui le commerce était interdit, plus pauvres que les bourgeois. Ndlr.) les foules désespérées qui faisaient le coup de point avec des forces de l'ordre complètement dépassées ne réclamaient pas la fin de l'Ancien Régime mais son sauvetage et l'interdiction du nouveau.

 

« Toujours les rois de France avaient assuré au peuple que le pain du peuple serait accessible à tous au meilleur prix et là était la raison d'être de la royauté. Le roi était le père nourricier et son autorité envoyait sur les marchés une police dont la fonction consistait à protéger le peuple contre les appétits des marchands. Pointilleuse, respectée, dotée de pouvoirs réels, la police des grains assurait une sorte de service public de l'alimentation, et ne laissait les marchands faire leurs achats qu'une fois que la population locale, toute la population locale s'était servie. En cas de disettes, quand pour des raisons politiques comme une guerre ou des raisons climatiques, le grain manquait, son prix était fixé par la négociation entre les autorités locales et les marchands. On appelait cette négociation la taxation ou la fixation d'un taux. Le peuple faisait confiance au roi pour le protéger des profiteurs, et Henri IV avait fait de l'exportation de blé en cas de disette un crime de lèse-majesté, donc puni de la peine de mort : le pain du peuple était sacré au nom du Bien commun.

 

« Un jour sont arrivées "les Lumières" qui ont prétendu remplacer le Bien commun par "la recherche du profit". Des gens sans scrupules ont poussé le roi à s'endetter jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, puis l'ont convaincu que pour qu'il puisse rembourser la dette il libéralise le commerce des subsistances. Laisser circuler les blés sans la tracasserie de la police des grains, laisser la loi de l'offre et de la demande en fixer le prix. Laisser faire, laisser passer. Louis XV décida de tenter l'expérience en 1763 mais devant les violences et les cris de la population indignée par la hausse des prix, il choisit de reculer et de revenir à l'ancien système. À son avènement au trône en 1774, le jeune Louis XVI fut convaincu par les arguments du brillant Jacques Turgot, homme des Lumières, qui lui présenta tous les avantages qu'il aurait à libéraliser le commerce des subsistances. Intimidé, désireux de bien faire et manquant d'expérience, Louis XVI laissa Turgot vider les greniers à l'orée de l'hiver et laisser les marchands rafler les grains à la place des consommateurs, sous les applaudissements nourris d'un Voltaire qui voyait enfin se réaliser ses rêves. Ce fut un soulèvement. Comme un seul homme mais femmes en tête, et au cri de taxation, taxation, la population partit récupérer son grain et le distribua au bon prix, celui qui ne lèse personne et permet à tout le monde de vivre.

 

« Si les gigantesques manifestations de Gilets jaunes réclamant un carburant à prix abordable ressemble à quelque chose c'est bien à ces foules de la guerre des farines : dans les deux cas le peuple exige d'être entendu et refuse de payer pour une dette qui n'est pas la sienne. En 1776 encore le roi entendit son peuple et revint à l'ancien système, celui de la police des grains. Il renvoya Turgot. Or la dette continua d'augmenter encore et encore. Et quand elle fut telle que l'État risquait de ne plus pouvoir payer ses fonctionnaires, quand furent épuisés tous lés expédients habituels, le roi, acculé, accepta une nouvelle fois de libéraliser le commerce des subsistances. Puis il fut contraint de réunir les États généraux, assemblée chargée de répartir l'impôt, et d'apporter au roi les doléances du peuple, et rien d'autre. Les libéraux avaient eu le vent en poupe et avaient obtenu en même temps que la libre circulation des subsistances, un contrat de libre échange entre la France et l'Angleterre, qui inonda le marché français de produits à bas prix, fabriqués par des enfants et des ouvriers réduits à la misère en Angleterre. La hausse du prix du pain se doubla donc d'un chômage abominable et les six mois qui précédèrent la prise de la Bastille furent faits d'émeutes de chômeurs et de familles exigeant le retour du système protecteur qui avait eu cours jusque-là et non son abolition : le peuple ne contestait pas l'Ancien Régime mais le nouveau, celui du capitalisme appliqué à sa substance.

 

Chauffés par les loges maçonniques déterminées à renverser toutes les protections du peuple et les entraves au profit, les députés aux États généraux s'auto-proclamèrent "Assemblée Constituante", et inscrivirent dans le marbre l'économie de marché que le peuple rejetait de toutes ses forces. C'est cela la Révolution. Le roi ne pouvait plus rien puisqu'il était renversé. Il n'allait plus gêner les profiteurs enfin au pouvoir ! Ceux qui ont pris sa place et l'ont tué sont ceux qui ont imposé au peuple français la barbarie économique qui a cours encore aujourd'hui. C'est la bourgeoisie qui a voulu, fait et gagné la Révolution française pour imposer au peuple un régime que celui-ci ne voulait pas.  On le lui a imposé par la Terreur et les massacres (et la famine organisée. Ndlr.) Il a subi la pauvreté, la prolétarisation, la barbarie économique et la perte de toute sa tradition. Si Macron ressemble à quelqu'un ce n'est certainement pas au roi que le peuple chérissait et considérait comme son père. Macron n'est que le dernier en date des successeurs de ceux qui l'ont assassiné pour imposer le règne de l'argent-roi contre le Bien commun. » (Fin de citation)

 

 

Note du blog Christ Roi. Ajoutons qu'en 1788-89, le financier Necker, rappelé au trône, affama volontairement le peuple en organisant une flambée des prix agricoles (due soit-disant selon la légende républicaine par des mauvaises récoltes...) En réalité, la libéralisation des prix du grain demandée par les libéraux provoqua une famine. Et hasard : 

 

« De retour au trône, Necker affamera ce peuple pour le forcer à l'insurrection; les frères excitateurs enverront de Paris les harpies des faubourgs demander du pain à Louis XVI... »

 

(Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'Histoire du jacobinisme, tome 2, Editions de Chiré, Poitiers 2005, p. 458.)

 

L'historienne Marion Sigaut explique cette flambée des prix agricoles par l'introduction sous Turgot (1775) de la libéralisation du prix des subsistances et du libéralisme économique. « Le plus grand pas qu'ait à faire l'administration vers la régénération du royaume », expliquait Turgot. Le dogme « laissez-faire, laissez passer », c'est à ce moment-là que cela se joua. Laisser faire, c'était laisser les ouvriers travailler sans les corporations; laisser passer, c'était laisser passer les marchands et les marchandises.

 

La Révolution dite française n'est qu'un coup d'Etat, une immense escroquerie soutenue par la banque et la bourgeoisie d'affaires contre le peuple, l'acte de naissance d'« une oligarchie composée de professionnels de la politique.» (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-207), dont le moteur est la haine dans la division, le "diviser pour régner" des partis républicains.   

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Mais le duc d'Anjou ne travaille-t-il pas dans une banque ? Et Marion Sigaut semble ne pas tenir compte du rôle du duc d'Orléans, Grand Maître du Grand Orient.
Répondre
I
Le fait de travailler dans une banque est-il hérétique ? Non à ce que je sache. Le duc d'Anjou a travaillé trois ans chez BNP qui est une banque de dépôt (qui n'est pas une banque d'affaires. Merci de faire la nuance et si vous ne la faites pas ce n'est pas très honnête.) Il est vice-président international de la Banco Occidental de Descuento (BOD) basée à Caracas, au Venezuela, ce qui ne fait pas de lui un agent des banksters... Les Templiers faisaient aussi office de banque de dépôt et de prêts aux rois, de même que les banques génoises et italiennes au Moyen-Âge. Ce qui est interdit par l'Eglise et l'est toujours pour les clercs (code de droit canon) c'est l'usure.<br /> <br /> Quant au fait que Marion Sigaut n'évoque pas le rôle du duc d'Orléans, "grand maître du grand Orient de France" en 1789 et son rôle dans les évènements du 14 juillet et de la prise de la Bastille, elle ne peut pas parlé de tout dans une video dont le but est de réhabiliter Louis XVI et la royauté. Pourriez-vous faire aussi bien qu'elle en six minutes et cinq secondes ? Merci de nous répondre et de produire le même genre de video qu'on ne manquera pas de publier sur notre blog.

Articles RÉCents

  • Saint Silvère, pape et martyr (536-537)
    Silvère succéda au Pape Agapet, l'an 536, à une époque fort difficile, où l'Église était troublée par les intrigues et les hérésies. L'impératrice de Constantinople, Théodora, femme de l'empereur Justinien, ayant voulu obtenir de lui le rétablissement,...
  • "Pourquoi dois-je confesser mes péchés à un prêtre ?"
    « Pourquoi dois-je confesser mes péchés à un prêtre ? » Eh bien, vous pouvez confesser vos péchés à Dieu Mais si vous voulez que vos péchés soient *pardonnés*, les Écritures disent que vous devez passer par un prêtre. Considérez Jean 20:22–23 Après la...
  • Saint Romuald, abbé (952-1027), fondateur de l'ordre camaldule
    Figure majeure de la "Renaissance de l'ascèse érémitique" du XIe siècle, Saint Romuald naquit à Ravenne, vers 952, d'une des plus illustres familles d'Italie. Sa jeunesse fut orageuse, mais bientôt la grâce, qui le poursuivait, triompha de ses résistances,...
  • Saint Léonce de Tripoli, martyr (Ier siècle)
    Soldat phénicien engagé dans une des légions romaines basées à Tripoli (Liban), Léonce fut arrêté à cause de sa foi. Reniant les dieux romains et s'en moquant, il fut condamné à être décapité. D'après la tradition, il aurait été martyrisé avec deux autres...
  • L’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières
    L’image de l’Église brûlant des milliers de sorcières est profondément ancrée dans l’imaginaire populaire. Mais la vérité est bien plus complexe. En fait, l’Église catholique n’a pas cautionné la chasse aux sorcières. Commençons d’abord par définir la...
  • Saint Hervé, Ermite en Bretagne († VIe s.)
    Saint Hervé - statue de S. Hervé dans l'église de Guimiliau Hyvarnion, barde renommé de l'île de Bretagne, est convié à la cour de Childebert, mais, pieux et chaste, la vie de cour ne lui convient pas. Résolu à se consacrer totalement à Dieu, il retourne...
  • Pourquoi devrions-nous croire que Dieu est ''bon'' ?
    Pourquoi devrions-nous croire que Dieu est ''bon'' ? De nombreux athées posent des questions à ce sujet. Voici donc trois raisons pour lesquelles nous devrions croire que Dieu est bon. 1. Nier la bonté de Dieu est contre-productif. Si Dieu n'était pas...
  • Saint Jean-François Régis (1597-1640)
    Jésuite français, apôtre du Velay et du Vivarais, missionnaire des campagnes et en particulier de l'Ardèche. Saint Jean-François Régis fut l'un des plus illustres missionnaires de la Compagnie de Jésus et l'émule de saint François-Xavier. Il fut ordonné...
  • Sainte Trinité, solennité
    La trinité de personnes en Dieu est un concept divin concernant la réalité de Dieu que l'on trouve dans toute l' Écriture sainte. Même si le mot lui-même ne s'y trouve pas, d'autres mots ne sont pas dans la Bible (comme le mot bible lui-même) ; Pourtant...
  • Le Dr Peter McCullough soutient la mission de LifeSiteNews
    Lorsque je sonnais l’alarme concernant les obligations de port du masque, les confinements et les vaccins génétiques dangereux, presque tous les médias m’ont ignoré, à l’exception de LifeSiteNews. Début 2020, lorsque je tirais la sonnette d’alarme concernant...